Utilisateur:Berdea/Palais du Parlement de Catalogne

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Palais du Parlement de Catalogne
(ca) Palau del Parlament de Catalunya

Le Palais du Parlement de Catalogne (en catalan : Palau del Parlament de Catalunya) est situé dans le parc de la Ciutadella à Barcelone (Catalogne, Espagne). C'est le siège du Parlement de Catalogne, institution héritière de la Cort General de Catalunya (en français « Cour générale de Catalogne »). Le bâtiment était originellement un arsenal situé dans l'ancienne citadelle[1]. Il a été construit, comme la citadelle, par l'ingénieur militaire Georges-Prosper de Verboom entre 1716 et 1748[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

L'arsenal de la citadelle[modifier | modifier le code]

L'arsenal de la citadelle en 1725.

Le bâtiment est construit par l'ingénieur militaire Georges-Prosper de Verboom comme arsenal. Il est édifié à l'intérieur de la citadelle également construite par Verboom entre 1716 et 1725 sur ordre de Philippe V afin de contrôler la population de Barcelone[1]. En effet, lors de la guerre de Succession d'Espagne qui dure de 1701 à 1714, les Catalans se sont rangés du côté de Charles VI (maison de Habsbourg) contre Philippe V.

Le bâtiment de l'arsenal a une surface totale de 5 532 m2, répartie en deux étages et des combles. Il est construit avec des pierres de Montjuïc et des tuiles rouges. De style classique français, il est de forme cruciforme. Le rez-de-chaussée est constitué de galeries voûtées. Quatre patios sont situés entre les quatre bras. Le pavillon central est couronné par une coupole. La façade se distingue par un ensemble d'arcades qui forment un porche au rez-de-chaussée[1],[2].

À plusieurs reprises les édiles de Barcelone demandent la démolition de la citadelle. Mais ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle, alors que Barcelone cesse d'être une place-forte et du fait de la Révolution de 1868, qu'il est décidé de démolir la citadelle. C'est le que la junte révolutionnaire décrète la démolition de la citadelle[3]. Le le maître d'œuvre[N 1] républicain Josep Fontserè publie l'« Anteproyecto para la construcción de un jardin o parque y de museos para la Ciencia, el Arte y la Industria en la actual Ciudadela. » [« Avant-projet de construction d'un jardin ou parc dédié à la science, aux arts et à l'industrie dans l'actuelle citadelle »][3]. Dès le , les travaux de démolition commencent[3]. Josep Fontserè n'est pas le seul à s'intéresser au lieu, l'architecte Miquel Garriga propose aux autorités, entre autres réalisations postérieures à la démolition, la réalisation d'un « Panthéon des victimes de la liberté » (Panteó de les Victimes de Llibertat) à la place de l'église paroissiale militaire[3].

Par la loi du , le gouvernement donne officiellement la propriété du terrain occupé par la citadelle à la mairie de Barcelone qui en prend officiellement possession le [3]. Conrad Roure, journaliste et dramaturge catalan, se souvient qu'à ce moment la citadelle n'existe plus, que l'emplacement est devenu une vaste esplanade où ne subsistent que quelques bâtiments qui servent de casernes et l'église[3].

La loi du 12 décembre précise la destination des terrains libérés puisqu'ils doivent être utilisés pour réaliser des parcs et des jardins, de toute manière nécessaire à une ville qui n'en possèdent pas[3]. Le , un appel d'offres public est lancé par la mairie pour la construction d'un jardin de 307 667 m2. Les travaux démarrent en 1875 sous la direction de Josep Fontserè, mais ils sont lents et ne vont s'accélérer qu'avec la perspective de l'exposition universelle de 1888 qui doit s'ouvrir en avril[4].

Les négociations avec l'armée, qui possèdent encore le palais du gouverneur, l'arsenal, l'église et deux casernes adjacentes (du Roi et de la Reine), sont longues et difficiles. Finalement, elle se sont conclues en février 1888. Il est décidé de transformer le palais du gouverneur en palais royal, de restaurer l'église, de destiner l'arsenal en un musée d'art et de démolir la poudrière, le magasin de farine et la majeure partie des deux casernes du roi et de la reine[5].

Seuls trois bâtiments sont conservés, l'arsenal, l'église paroissiale militaire (ca) et le palais du gouverneur, aujourd'hui l'IES Verdaguer[1].

L'exposition universelle de 1888[modifier | modifier le code]

Il ne semble pas que le bâtiment de l'arsenal ait été utilisé pendant l'exposition.

Les travaux de démolition prévus ne commencent qu'en mars 1888[5]. Les travaux de transformation de l'arsenal, encore occupé par les troupe de cavalerie, ne démarrent eux qu'en juillet[5]. Encore a-t-il fallu qu'un groupe de conseiller municipaux occupât pacifiquement les lieux pour que les derniers militaires s'en aillent[5].

Résidence royale en 1889[modifier | modifier le code]

Par une lettre du le consistori barceloní s'adresse à la Comisión de Fomento pour proposer de transformer l'arsenal en palais royal[6]. Il est à noter que depuis l'incendie qui a détruit en 1875 le palais du vice-roi (ca) situé à la plaça del Palau (aujourd'hui pla del Palau), la famille royale ne dispose plus de résidence à Barcelone. Les travaux d'adaptation démarrent le [6]. Le projet de transformation est conduit par Pere Falqués avec l'aval d'Elies Rogent et de José Segundo de Lema, architecte du Palais royal de Madrid[6].

Pere Falqués ouvre des balcons au premier étage et fait de la cour centrale un escalier d'honneur. Plus tard, entre 1904 et 1915, il ajoute deux corps latéraux au bâtiment principal. À l'intérieur, il développe un décor de style moderniste, inspiré de l'Opéra de Paris, mettant en valeur des éléments décoratifs tels que blasons, ferronnerie, artisanat et sgraffites. Il décore également la façade extérieure de sgraffite, et place à la hauteur du grenier l'écu de pierre qu'il y avait sur l'ancienne porte de secours de la citadelle, avec les armes de la maison de Bourbon[1].

Musée des arts décoratifs et d'archéologie en 1902[modifier | modifier le code]

Au mois de janvier 1900, alors que les travaux de transformation de Pere Falqués ne sont pas encore terminés, la Comissió Municipal de Governació de la mairie de Barcelone décide que l'édifice sera le siège de trois musées municipaux de la ville. Il s'agit du Musée des reproductions artistiques (Museu de Reproduccions Artístiques) situé dans le Palais de l'Industrie, du Musée municipal des Beaux-Arts (Museu Municipal de Belles Arts) situé dans le Palais des Beaux-Arts et du Musée d'histoire (Museu d'Història) situé dans le Château des trois dragons[7]. Finalement, le Musée municipal des Beaux-Arts ne sera pas transféré[7].

Le musée qui prend le nom de Musée des arts décoratifs (Museu de les Arts Decoratives) (mais souvent appelé Musée de la Citadelle) ouvre ses portes le [7]. Il occupe le premier étage du palais, sachant que le rez-de-chaussée est réservé pour des événements culturels[7]. Y sont présentés des monnaies et médailles, des instruments de musique, des armes, des tissus, des céramiques, verres et émaux, des ivoires, des reliures, des meubles[7].

Deux mois plus tard, le musée est réorganisé et occupe dorénavant l'étage du rez de chaussée. Les arts décoratifs restent installés au premier étage, tandis que les sections d'ethnographie, de protohistoire, de « curiosités locales » et de sculpture sont installées au rez-de-chaussée[8].

Mais il manque encore de la place pour exposer les fonds artistiques municipaux. Ainsi la Junta de Museus demande à la mairie d'agrandir le bâtiment en ajoutant deux ailes latérales pour y installer les collections d'art antique et moderne toujours localisées au Palais des Beaux-Arts[8]. La décision de l'agrandissement est prise le [8],[1].

Les travaux d'agrandissement sont également confiés à Pere Falqués, mais ne seront réellement terminés qu'en 1915[9],[1].

Le musée de la Citadelle prend comme nom indistinctement Musée des arts décoratifs et d'archéologie ou encore Musée archéologique et des reproductions[10].

Les bustes de vingt-huit artistes catalans sont ajoutés à la façade vers 1912[11],[1].

En 1927, un jardin, conçu par le paysagiste français Jean Claude Nicolas Forestier, est construit en face du palais, à l'emplacement de l'ancienne place d'Armes de la citadelle. La sculpture centrale Desconsol, en marbre, est de Josep Llimona. Il réalise en 1917 cette réplique de la sculpture en gypse qu'il avait réalisé en 1903 (aujourd'hui conservée au Musée national d'Art de Catalogne). Cette réplique est remplacée en 1984 par une copie, l'original de la réplique étant conservé à l'intérieur du palais du Parlement[1],[12].

Palais du parlement de Catalogne en 1932[modifier | modifier le code]

En 1932, après la proclamation de la Seconde République, le conseil municipal de Barcelone cède le palais le pour qu'il devienne le siège du Parlement de Catalogne[1]. Le bâtiment fait alors l'objet d'une rénovation tant à l'intérieur qu'à l'extérieur par le décorateur barcelonais Santiago Marco. L'ancien salon du Trône est transformé en salon des sessions, le blason des Bourbon est également remplacé par le blason à quatre barres de la Catalogne. La session inaugurale se tient le .

Caserne militaire en 1939[modifier | modifier le code]

En 1939, après la prise de Barcelone par les Nationalistes espagnols, le palais est transformé en caserne le .

Musée d'art moderne en 1945[modifier | modifier le code]

En 1945, le palais redevient un musée, plus précisément le musée d'art moderne.

Palais du parlement de Catalogne et musée d'art moderne en 1980[modifier | modifier le code]

En 1980, à la mort de Franco, et après le retour de la démocratie en Espagne, le Parlement est à nouveau réinstallé dans le palais, et des travaux de restauration sont entrepris. Le musée d'art moderne continue d'occuper une partie des locaux jusqu'en 2004, jusqu'au transfert des collections au Musée national d'Art de Catalogne. Le palais n'est plus alors utilisé qu'à des fins parlementaires.

Palais du parlement de Catalogne en 2004[modifier | modifier le code]

Les éléments décoratifs[modifier | modifier le code]

Bustes de la façade[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

(es)/(ca)/(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu des articles intitulés en espagnol « Palacio del Parlamento de Cataluña » (voir la liste des auteurs), en catalan « Palau del Parlament de Catalunya » (voir la liste des auteurs) et en anglais « Palau del Parlament de Catalunya » (voir la liste des auteurs).
  1. Similaire à architecte.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j et k (ca) Article «Parlament de Catalunya » dans la Gran Enciclopèdia Catalana.
  2. (ca) Présentation du palais sur le site du parlement parlament.cat.
  3. a b c d e f et g (ca) Anguera, 2005., p. 87
  4. (ca) Anguera, 2005., p. 88
  5. a b c et d (ca) Anguera, 2005., p. 90
  6. a b et c (ca) Triadó, 2005., p. 95
  7. a b c d et e (ca) March, 2005., p. 107
  8. a b et c (ca) March, 2005., p. 108
  9. (ca) March, 2005., p. 109
  10. (ca) March, 2005., p. 112
  11. (ca) March, 2005., p. 116
  12. (ca) « Escultura Desconsol », sur w123.bcn.cat (Cercador Patrimoni Arquitèctonic), Ajuntament de Barcelona (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (ca) El Palau del Parlament, Barcelone, Publications du Parlement de Catalogne, , 120 p..
  • (ca) Joan Sureda (ca) (dir.), El Palau del Parlament, Barcelone, Parlement de Catalogne et Lunwerg Editores, , 288 p. (ISBN 84-9785-20-1-X et 978-84-9785-20-1-2).
    • Chap. IV : Juan Miguel Muñoz, « La ciutadella de Barcelona », dans El Palau del Parlament, p. 51-66
    • Chap. V : Rosa Maria Subirana Rebull, « L'arsenal », dans El Palau del Parlament, p. 67-78
    • Chap. VI : Pere Anguera, « La ciutadella, per als ciutadans », dans El Palau del Parlament, p. 79-92
    • Chap. VII : Joan Ramon Triadó, « El Palau reial », dans El Palau del Parlament, p. 93-104
    • Chap. VIII : Eva March, « El Museu », dans El Palau del Parlament, p. 105-
  • (ca) Serveis Juridics et Departament de Relacions institucionals, El Palarment de tothom, Barcelone, Parlement de Catalogne, , 36 p. (lire en ligne) [PDF].
  • (es) Conocer el Parlamento, Barcelone, Parlement de Catalogne, 6 p. (lire en ligne) [PDF].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

{{Portail|architecture|histoire militaire|Barcelone|BIC}} [[Catégorie:Monument historique à Barcelone]] [[Catégorie:Parlement de Catalogne]] [[Catégorie:Parc de la Ciutadella]]