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Utilisateur:Alanmkg/Brouillon

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L’eye-tracking est un outil au service de l’ergonomie qui pratique l'analyse du travail et analyse les interactions homme-machine en particulier via l'observation (observation qui permet le mieux de décrire le travail réel). Appliquée au domaine du web, l'ergonomie est utile pour le confort de navigation des internautes mais aussi pour rendre un site attractif, attrayant et efficace.

Si l'on s'en tient à la traduction mot pour mot du terme, eye-tracking signifie « suivi du regard », aussi appelé en français l’oculométrie. Par le biais de l’eye-tracking, on peut analyser l'activité oculaire d'un individu, mettre en évidence où se porte son regard, et ainsi savoir ce qu'il voit et ne voit pas.


Fonctionnement[modifier | modifier le code]

L’eye-tracking vient enrichir les méthodes d’observations outillées en permettant d’objectiver ce que regarde une personne au cours d’une activité aussi bien dans le monde professionnel que dans l’interaction des clients avec les écrans d’internet. Ces observations via l’eye-tracking, si elles n’expliquent pas le pourquoi, précisent le comment. Au sein de ce comment, l’eye-tracking permet de mettre en avant les stéréotypes comportementaux humains : face à un écran d’ordinateurs, où se focalise davantage l’œil, où l’information peut-elle être la mieux placée pour être la plus efficacement appréhendée. L’eye-tracking apporte ainsi une caution plus scientifique, ajoutant de la crédibilité aux recommandations ergonomiques. Dans le cadre de la conception des écrans, l’eye-tracking peut également être utilisé pour tester l’efficacité d’une page ou d’une navigation.

L’eye-tracking est donc un outil parmi d’autres pour objectiver et comprendre le déroulement d’une activité. L’amélioration ergonomique d’un écran découle par conséquent d’une meilleure adéquation entre le « parcours naturel » de lecture et le contenu de l’activité à réaliser, auxquels il faut ajouter une dimension supplémentaire, l’expérience de la personne. L’eye-tracking est avant tout un révélateur, charge à l’ergonome d’observer plus largement, de comprendre.

L’eye-tracking est une mesure objective du parcours visuel sur un écran ou sur un support écrit. Les systèmes d’eye-tracking permettent de mettre en évidence les déplacements effectués par les yeux sur l’écran et de faire apparaître, sous la forme de cartes, les zones où se concentre le regard. Très utilisée dans la création des écrans Internet, cette technique apporte aux concepteurs d’écrans ou aux ergonomes des informations sur la navigation au sein d’un écran ou entre plusieurs écrans et sur la pertinence de l’implantation de telle ou telle information pour attirer le regard et donc l’attention. L’évaluation est objective car elle n’est pas déformée par l’interprétation cependant elle n’explique pas le comportement de l’utilisateur. L’eye-tracking diffère en ce sens du test ou de l’audit ergonomique qui eux peuvent expliquer l’utilisabilité ou la pertinence d’un écran pour la réalisation d’une activité.


Eléments historiques[modifier | modifier le code]

Dans les années 1800, des études s’intéressent au mouvement des yeux via l’observation directe c’est-à-dire l’observation à l’œil nu. A l’origine cette technique a été utilisée afin de mieux comprendre les modes de lecture.

En 1879, Louis Emile Javal, ophtalmologue français et directeur du laboratoire d’ophtalmologie de la Sorbonne, découvre lors d’une de ses études que les yeux des lecteurs ne se déplacent pas de façon continue au fur et à mesure des lignes mais que les yeux font des mouvements rapides et saccadés en marquant de courts arrêts sur certains mots appelés fixation de l’œil. Partant de ces observations, plusieurs questions se sont alors posées, comme l’explication de ces mouvements saccadés ou encore l’explication de l’arrêt des yeux sur des mots en particulier.

Quelques années plus tard, Edmund Burke Huey, auteur et psychologue scolaire, met la science au service de la lecture et de son apprentissage. Beaucoup de parallèles existant entre l’étude de la lecture et la science moderne, il décide de construire un dispositif permettant d’observer la direction du regard et le mouvement des yeux lors de la lecture, ce sera le premier « Eye tracker » dit intrusif. C’est une sorte de lentille de contact trouée et déposée sur l’œil du sujet. La lentille est connectée à un pointeur en aluminium se déplaçant selon les mouvements de l’œil. Il démontre ainsi que tous les mots dans une phrase n’ont pas la même importance et il publiera ses conclusions dans son ouvrage de 1908 The Psychology and Pedagogy of Reading considéré comme un classique par ses pairs.

Après la création de ce premier « Eye Tracker », Dogde et Cline étudient, à leur tour, la vitesse des mouvements oculaires et créent le premier Eye-tracker non intrusif, le photochrinographe, n’enregistrant que les mouvements horizontaux. Quatre ans plus tard, Charles H Judd et Guy Thomas Bushwell approfondissent cette technologie grâce à l’utilisation des faisceaux de lumières reflétés sur les yeux du sujet puis enregistrés et réussissent à enregistrer des mouvements oculaires dans les deux sens.

En 1931, Earl, James et Carl Taylor créent deux dispositifs ; l’Ophtalmographe et le métronoscope afin d’enregistrer le mouvement des yeux lors de la lecture. Durant de nombreuses années et bien qu’extrêmement cher, l’eye-tracking fut utilisé comme un outil de recherche pour l’éducation et notamment la lecture. Ce n’est qu’un siècle plus tard qu’il sera plus abordable et destiné à un but commercial.

En 1947, Paul Fitts, fondateur de la Loi de Fitts, découvre une relation entre le mouvement des yeux d’une personne et son activité cognitive.

Dans les années 1950, Alfred Iarbous, psychologue russe, explique que les mouvements des yeux et les fixations oculaires sont étroitement liés à l’intérêt du sujet. Bien que la trajectoire de l’œil soit complexe, elle n’est faite ni au hasard ni de manière uniforme.

Entre les années 1970 et 1980, les études se poursuivent et se développent rapidement grâce à la science informatique qui elle-même se développe notamment via l’apparition de l’ordinateur qui permet aux scientifiques de traiter leurs données plus efficacement. En 1980, l’eye-tracking est utilisée pour répondre à des questions relatives aux interactions existantes entre humains et ordinateur. Les progrès technologiques permettent d’avoir un résultat des mouvements de l’œil en temps réel.

D’autres sources expliquent que l’eye-tracking a d’abord été utilisé dans le monde du nucléaire en vue d’améliorer la sécurité selon des protocoles qui permettent aux ergonomes de comparer par exemple le comportement d’un ingénieur débutant ou d’un ingénieur chevronné face à une alarme par une analyse des déplacements du regard. La méthodologie de l’eye-tracking connait aujourd’hui un essor dans tous les domaines, la conception des interfaces d’écran, l’industrie, les tableaux de bord, la sécurité aérienne. Des sociétés comme Pertech développent des outils et des méthodes destinés aux différents secteurs qui souhaitent utiliser l’eye-tracking pour prendre en compte le comportement humain et améliorer les performances. En sécurité aérienne, l’eye-tracking a permis de mettre en évidence des comportements différents entre des pilotes anciennes et nouvelle génération, plus ou moins portés vers les écrans.


Le marketing et l’eye-tracking[modifier | modifier le code]

Avec le progrès de la science informatique, les chercheurs commencent à étudier comment le suivi de l’œil peut être utilisé au sein de l’interaction Homme-Ordinateur. A la base, les chercheurs souhaitent aider les personnes handicapées en améliorant leurs conditions de vie mais des marqueteurs y voient un moyen d’améliorer leurs annonces et campagnes publicitaires en comprenant quelles sont les pages les plus lues et quel est le comportement des utilisateurs face à leurs interfaces. Dans ce contexte plus commercial, Joe Theismann, analyste, étudie plusieurs fans de Football et détermine quelles parties de l’écran télévisé a été le plus observé et quelles parties l’a moins été. EURO RSCG, grande agence de publicité de l’époque, se tourne vers cette technologie afin d’évaluer et de mesurer les réactions des internautes face à l’information diffusée sur les sites web. Aujourd’hui l’Eye-tracking se démocratise et son utilisation se diversifie. Cette technologie est largement utilisée dans la communauté scientifique mais aussi par les spécialistes du marketing. Elle permet à ces derniers de mieux comprendre les motivations et freins que peuvent avoir les consommateurs ou les utilisateurs ; bien que couteuse elle met l’accent sur l’importance d’une bonne ergonomie sur le web ainsi que d’un bon merchandising en magasin.


Les outils d'eye-tracking[modifier | modifier le code]

La très récente méthode de l’eye-tracking en marketing, issue de l'ophtalmologie et des sciences cognitives, permet de rendre compte des zones regardées, des zones d'intérêt fixées par le cerveau. Afin de mesurer ces zones d’intérêts, deux systèmes d’eye-tracking existent, répondant à des objectifs bien différents : un système fixe et un système mobile.

Le système fixe[modifier | modifier le code]

Il correspond à un ordinateur, doté de caméras infrarouges, sur l'écran sur lequel est affichée une image elle-même fixe ou mobile - visuel de produit ou film publicitaire. On demande alors à un individu de regarder ce qu'on lui propose à l'écran tandis que les caméras infrarouges enregistrent le parcours visuel - autrement appelé le parcours fovéal (partie de la rétine où la vision des détails est la plus précise.) - par rapport à l'image regardée. Le dispositif permet d'identifier les zones regardées dans l'image, dans quel ordre elles le sont et la durée de fixation sur chacune d'entre-elles.

Le système mobile[modifier | modifier le code]

Le système mobile ressemble quant à lui à une paire de lunettes où l'on a fixé des caméras vidéo miniatures avec un double système de lentilles qui enregistre le champ visuel de l'individu qui les porte ainsi que, à l'intérieur de ce champs, le parcours fovéal (partie de la rétine où la vision des détails est la plus précise.)

Le parcours fovéal correspond aux images présentées ci-dessous, à l'intersection des deux lignes rouges, ici, en situation réelle d’achat en magasin.

Les softwares[modifier | modifier le code]

Ces outils d’eye-tracking, mobiles et fixes nécessitent donc des logiciels spécifiques (softwares). Ces logiciels sont ainsi programmés pour détecter la pupille, décrypter l’image vue, filtrer l’information et enregistrer des mouvements de l’œil en fonction d’un point fixe, de sa durée ou encore de mouvements vifs.


Usages en marketing[modifier | modifier le code]

Les outils d’eye-tracking n’étant que de simples caméras, ils ne sont pas douloureux pour le sujet observé. L’objectif de l’eye-tracking est d’enregistrer et de suivre le parcours de l’œil face à des stimuli et ainsi enrichir les déclarations du consommateur en mesurant objectivement ce qu’ils regardent. Son utilisation première concerne le marketing traditionnel notamment via le merchandising mais aussi le marketing digital (produits, packaging, optimisation de l’expérience digital). Elle peut aussi servir aux annonceurs souhaitant tester leurs publicités. Ce dispositif marketing permet de comprendre la stratégie de prise d'information d'un individu

En identifiant le parcours de l’œil (ordre et durée de fixation), les professionnels peuvent ainsi évaluer l’efficacité d’une affiche, d’un point promotionnel dans un rayon en magasin ou d’une page web.

Si cette méthode permet de mettre en lumière les éléments regardés par l’œil, elle permet également de repérer les zones où le regard ne s’arrête pas et par conséquent permet d’améliorer les points problématiques ou de réajuster la stratégie marketing.

Un des avantages de l’eye-tracking est qu’il ne ment pas, en effet, le regard est dit « inconscient », c’est-à-dire qu’il est spontané. Cette étude du regard permet de mesurer avec précision le processus cognitif dans une situation donnée.

Une analyse du comportement peut donc porter sur plusieurs points d’intérêts en fonction de l’objectif des tests organisés par l’organisme demandeur : nombre de regards, temps, sens de lecture, ordre de découverte ...

Aujourd’hui, l’usage des techniques et technologies d’eye-tracking par l’intermédiaire de Soft et Hardwares ne sont plus réservés qu’aux chercheurs. Des sociétés privées (SensoMotoric Instrument, Tobii, MyGaze commercialisent ainsi ces outils destinés à un usage commercial (neuromarketing) et non scientifique. Ces dispositifs restent assez couteux. A cet effet, des équipes de chercheurs ont mis au point des outils d’eye-tracking low cost (Hardware et Software).


Critiques et éthique[modifier | modifier le code]

L’eye-tracking présente des limites et doit faire l’objet d’une interprétation par les ergonomes car le regard est certes le vecteur de prédilection pour capter l’information, il n’en demeure pas moins qu’il est en interaction avec les comportements cognitifs. Le parcours visuel peut se modifier chez un opérateur utilisant une application au travail. Après un certain temps et avec l’expérience, il va anticiper ses déplacements oculaires pour se porter là où se trouve l’information pertinente même si cette dernière est mal placée et n’aurait pas fait l’objet d’une priorité dans la découverte d’une page écran.

L’eye-tracking est une méthode adaptée au marketing relativement intrusive puisque qu’elle observe à l’intérieur même du cerveau du consommateur ses réactions face à la prise de décision lors de situation d’achat potentiel, ce qui peut soulever quelques problématiques éthiques.


A voir aussi[modifier | modifier le code]

Le mouse-tracking analyse le déplacement de la souris et suit globalement celui de l’œil sur une page web.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Thierry Bouillot, l’eye-tracking face aux méthodes ergonomiques : 1/2 ce que le regard nous dit
  • Thierry Bouillot, l’eye-tracking face aux méthodes ergonomiques : 2/2 ce que le regard ne dit pas
  • Patrick Anspach, l’eye-tracking, outil pour la sécurité aérienne
  • Olivier Sauvage, 7 enseignements pratiques tirés du eye-tracking : le F-pattern
  • Nicolas Bournez-Desvigne, L’eye-tracking – le regard vous parle – Comment analyser le regard pour mieux diriger l’internaute
  • Bertrand David / René Chalon / Magali Beldame, Œil et IHM : suivi du regard et Interaction « à l’œil »
  • Antoine Gagneux/Hilbert Emptoz : Le Document Web, Lisibilité, Structure et Oculométrie
  • A Survey of Eye Tracking Methods and Application by Robert Gabriel Lupu and Florina Ungureanu , “Gheorghe Asachi” Technical University of Iasi, Faculty of Automatic Control and Computer Engineering
  • Eye-tracker (ASISTSYS 2008) - A Survey of Eye Tracking Methods and Application by Robert Gabriel Lupu and Florina Ungureanu , “Gheorghe Asachi” Technical University of Iasi, Faculty of Automatic Control and Computer Engineering

Webographie[modifier | modifier le code]