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Urbicide

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Ruines dans le quartier de Grbavica, à Sarajevo, en 1996, après la guerre de Bosnie-Herzégovine.

L'urbicide (du latin urbs, « ville », et caedere, « couper », « tuer ») est une pratique de destruction du milieu urbain.

Le terme a été employé pour la première fois en 1963 par l'écrivain Michael Moorcock dans la nouvelle d'heroic fantasy « Dead God's Homecoming » (parue dans la revue Science Fantasy), en langue anglaise. Il est repris par la suite par des auteurs comme l'architecte Ada Louise Huxtable[1] et le philosophe et politiste Marshall Berman[2] pour désigner des politiques de réaménagement urbain impliquant la destruction de bâtiments et de modes de vie urbains.

Le terme est également utilisé dans une nouvelle acception à partir des années 1990, pour désigner la destruction d'une ville « non en tant qu'objectif stratégique, mais en tant qu'objectif identitaire[3] », notamment après avoir été employé par l'architecte et ancien maire de Belgrade Bogdan Bogdanovic à propos des villes de Sarajevo, Vukovar et Mostar[4]. Il a été utilisé dans le contexte des guerres de Yougoslavie (années 1990) et de la guerre civile syrienne (années 2010), mais aussi, a posteriori, pour caractériser la politique des Khmers rouges vis-à-vis de Phnom Penh et de sa population[5]. Le concept d'urbicide a été appliqué aux destructions commises à Mossoul par l’État islamique en 2014-2016[6] : l'organisation terroriste s'est appliquée à « effacer toute trace du passé préislamique »[6], détruisant de nombreux monuments historiques ainsi que de nombreux lieux de culte chiites dans cette ville irakienne. Il en est de même pour les ruines de la cité antique de Palmyre, en Syrie[5].

Notes et références

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  1. (en) Ada Louise Huxtable, Lessons in Urbicide, The New York Times, le 22 décembre 1968.
  2. (en) Among The Ruins, New Internationalist, le 5 décembre 1987.
  3. Urbicide sur le site Géoconfluences de l'École normale supérieure de Lyon, citant le blog de la géographe Bénédicte Tratnjek.
  4. Une histoire des catastrophes culturelles (2/4) - Que détruit-on quand on détruit une ville ?, France Culture, le 2 octobre 2018.
  5. a et b Urbicides : on achève bien les villes..., entretien avec François Grünewald, Le Point, le 16 juillet 2017.
  6. a et b « Carte à la une : Mossoul, le patrimoine détruit d'une ville en guerre — Géoconfluences », sur geoconfluences.ens-lyon.fr (consulté le )

Bibliographie

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  • (en) Martin Coward, Urbicide : The Politics of Urban Destruction, Routledge, , 176 p. (ISBN 978-1-134-04392-7, lire en ligne)
  • (en) Nurhan Abujidi, Urbicide in Palestine : Spaces of Oppression and Resilience, Routledge, , 258 p. (ISBN 978-1-317-81884-7, lire en ligne)
  • Véronique Nahoum-Grappe, « L’urbicide : le meurtre du social », Tous urbains,‎ , p. 32-37 (lire en ligne)
  • Gabriel Martinez Gros, « Urbicide : détruire la ruine », Tous urbains,‎ , p. 42-43 (lire en ligne)
  • Leïla Vignal, « Répression, déplacements forcés et destructions urbaines en Syrie », Tous urbains,‎ , p. 38-41 (lire en ligne)
  • Philippe Chassaigne, Christophe Lastécouères et Caroline Le Mao (dir.), Urbicides. Destructions et renaissances urbaines du XVIe siècle à nos jours, Pessac, Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine, 2021 (ISBN 978-2-85892-606-0)