Ultima verba

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« Toi aussi, mon fils ?! » (La Mort de César, par Vincenzo Camuccini, 1806).

On appelle Ultima verba (en latin « derniers mots ») les dernières paroles d'un mourant.

Principe

De nombreux ultima verba sont devenus célèbres, comme ceux de Jules César (« toi aussi, mon fils ! »), constituant au fil des siècles un genre littéraire à part entière, particulièrement illustré sous la Révolution française ou pendant la période romantique. Parfois imaginés par l'entourage du mourant ou soigneusement préparés des années à l'avance, les derniers mots de plusieurs grands intellectuels sont devenus des adages. Mark Twain ironisait « Les gens célèbres devraient toujours faire attention à leurs derniers mots. Les écrire sur un morceau de papier et les faire lire à leurs amis. Il ne faut certainement pas attendre la fin de sa vie pour ce genre de chose... ».

Les ultima verba sont généralement courts et chargés de symbole (ils tiennent alors de l'apophtegme[1]), mais aussi parfois empreints d'humour, volontaire ou non.

Les condamnations à mort sont généralement l'occasion d'ultima verba préparés et facilement authentifiables.

Ultima verba célèbres

  • « toi aussi, mon fils ! » -- Jules César, assassiné par son fils adoptif en - 44 av. J.-C.
  • « La pièce est terminée, vous pouvez applaudir. »—empereur Auguste, 14.
  • « Même pas mal » -- Arria, femme du sénateur romain Caecina Paetus condamné à se suicider, venant elle-même de se poignarder à mort pour encourager son mari à l'imiter sans peur, en 42.
  • « Quel grand artiste périt avec moi ! »—empereur Néron, mort en 68.
  • « La bataille fait rage : portez mon armure et battez mon tambour de guerre ; n'annoncez pas ma mort. »—général Yi Sun-sin, blessé à mort au combat en 1598.
  • « Tout ce que je possède pour un instant de plus »—reine Élisabeth Ire d'Angleterre, 1603.
  • « Je m'en vais, mais l'État demeurera toujours. » -- Louis XIV, 1715.
  • « Ne pleurez pas pour moi : je vais là où la musique est née. » -- Jean-Sébastien Bach, 1750.
  • « Je vois que vous avez fait trois fautes d'orthographe » -- marquis de Favras, lisant sa condamnation à mort en 1790.
  • « Pardonnez-moi, monsieur. Je ne l'ai pas fait exprès. » -- Marie-Antoinette d'Autriche, au bourreau dont elle venait de marcher sur le pied, en 1793.
  • « Peuple, je meurs innocent ! », puis aux bourreaux « Messieurs, je suis innocent de tout ce dont on m'inculpe. Je souhaite que mon sang puisse cimenter le bonheur des Français » -- Louis XVI, guillotiné en 1793.
Socrate, buvant le poison : « Criton, nous devons un coq à Esculape. Payez cette dette, ne soyez pas négligents. » (J-L. David, La Mort de Socrate, 1787).
  • « C'est bien. » -- Emmanuel Kant, 1804.
  • « Je ne veux rien, à part la mort. » -- Jane Austen, 1817.
  • « Au ciel, j'entendrai. » -- Beethoven, souffrant de surdité depuis de longues année, 1832.
  • « Plus de lumière ! » -- Goethe, 1832.
  • « Encore cinq ans et je serais devenu un grand artiste. » -- Hokusaï, 1849.
  • « Appelez Bianchon ! Seul Bianchon peut me sauver ! » -- Honoré de Balzac, citant le nom du médecin qu'il avait imaginé dans ses romans. Mort en 1850.
  • « C'est ici le combat du jour et de la nuit… Je vois de la lumière noire. » -- Victor Hugo, mort en 1885.
  • « Ou c'est ce papier peint qui disparaît, ou c'est moi. » -- Oscar Wilde, mort en 1900.
  • « Mozart ! »—le compositeur Gustav Mahler, mort en 1911.
  • « Dix-huit whiskys secs : je crois que c'est un record. » -- Dylan Thomas, 1953.
  • « Et maintenant, foutez-moi la paix ! » -- Paul Léautaud, 1956.
  • « T'inquiète. Regarde : il n'est même pas chargé. » -- Terry Kath, avant de se tirer accidentellement une balle dans la tête en 1978.
  • « J'ai l'impression qu'il y a une histoire d'amour entre l'infirmière et le grand Noir qui fait le ménage... »[2] -- Jacques Tati, 1982.
  • « J'emmerde la mort ! » -- Marlon Brando, 2004.

On notera que certains auteurs ont volontairement évité ce lieu commun, tel Karl Marx déclarant avant d'expirer « Les dernières paroles sont pour les imbéciles qui n'en ont pas assez dit de leur vivant ».

Ultima verba célèbres dans la fiction

  • « Mon panache. »—Cyrano, dans Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand (1897).
  • « Rosebud »—Charles Foster Kane, dans Citizen Kane d’Orson Welles (1941).
  • « J'ai vu tant de chose que vous humains ne pourrez pas croire. De grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion. J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons C, briller dans l'ombre de la Porte de Tannhäuser. Tous ces... moments se perdront... dans l'oubli. comme... les larmes... dans la pluie... Il est temps... de mourir. »—aussi appelé « Monologue des larmes dans la pluie » (like tears in rain), par le réplicant Roy Batty dans Blade Runner de Ridley Scott, en 1982.

Bibliographie

  • Marie-Claire Thomine, « Le bon mot sur l’échafaud. Quand les ultima verba sont plaisanteries… », Actes du colloque "Juges et criminels dans la narration brève du XVIe siècle",‎ (lire en ligne).
  • (en) Samuel Arthur Bent, Familiar Short Sayings of Great Men, Chatto and Windus, .

Liens externes

Voir aussi

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Notes et références

  1. Marie-Claire Thomine, « Le bon mot sur l’échafaud. Quand les ultima verba sont plaisanteries… », Actes du colloque "Juges et criminels dans la narration brève du XVIe siècle",‎ (lire en ligne).
  2. Jean Lebrun, « La société des vivants et des morts : oraisons funèbres et derniers mots », sur France Inter, .