Ugli
Ugli ou Tangelo de Jamaïque, Tangelo jamaïcain en français du Canada est un agrume jamaïcain et UGLI une marque déposée de Cabel Hall Citrus Limited (Jamaïque)[1],[2].
Histoire
[modifier | modifier le code]La plante a été découverte, cultivée, améliorée, le fruit est commercialisé et promu en Amérique du Nord et en Europe par la famille Sharp, d'origine britannique installée à la Jamaïque, dans le domaine de Trout Hall Estate[3].
Dénomination
[modifier | modifier le code]À l'origine F.G. Sharp appelait le fruit Harry orange (l'orange de Harry). Exotic Tangelo from Jamaica et Tangelo de la Jamaïque se rencontrent aussi[4].
Marketing de la laideur
[modifier | modifier le code]Dès l'origine de l'exportation (le fruit n'est pas commercialisé à la Jamaïque) le fruit est décrit comme laid, ugly en anglais. Le qualificatif viendrait du Canada[5]. Lorsqu'un juge américain statuant sur le niveau des droits de douane (1940) demande à l'importateur de décrire le fruit, il répond : « Eh bien ! Ugli fruit est la chose la plus laide que vous pouvez imaginer… la peau est très très moche (coarse), il est rond en bas et pointu du côté de la queue »[6]. La marque qui donne son nom au fruit s'écrit UGLI et non ugly, elle ne manque jamais une occasion de jouer sur l'idée de laideur (alors que le fruit n'est pas hideux mais plutôt imposant)[5]. Le nom comme la marque sont les mêmes partout dans le monde.
Un producteur de Floride a créé la marque Uniq Fruit sous laquelle il diffuse le fruit surnommé ugly fruit[7].
Fruit métaphorique
[modifier | modifier le code]En 2016, le Dr. Albert Holloway utilise l'allégorie de l'Ugli dans son livre Ugly fruit : le développement spirituel (l'intérieur bon et beau du fruit Ugli) donne la santé mentale et prime l'apparence. « J'ai trouvé dans l'ugli fruit une métaphore »[8].
Histoire
[modifier | modifier le code]Cabel Hall Citrus Limited écrit que la découverte fortuite de la plante a eu lieu en 1924[9]. Pour H. J. Webber, la date est incertaine, la plante a été trouvée près de Brown's Town (Jamaïque) par F.G. Sharp entre 1914 et 1917[10]. À l'origine, il s'agit probablement d'un heureux hasard de semis[11]. GGR Sharp, son fils, commence l'exportation de fruits vers l'Angleterre et le Canada en 1934[6],[12]. La famille Sharp s'assure l'exclusivité de la culture, en décembre 1938, année de dépôt de la marque UGLI, le surintendant des jardins publics de Kingston écrit que ce fruit n'est cultivé qu'à Trout Hall Estate, propriété de F.G. Sharp[3]. Henry Kelly & Sons Co (N-Y) commence l'importation aux USA en 1939 sous le nom de Ugli fruit[13],[14].
En 1942, H. J. Weber met en culture des graines d'un fruit jamaïcain, c'est le cultivar le plus proche du fruit commercialisé qui est actuellement conservé à Riverside sous n° CRC 2780[6]. D'autres semis sont réalisés en Nouvelle-Zélande et probablement à la Jamaïque même où le producteur mène une sélection active en vue d'éliminer les fruits avec graines[15],[11]. Il existe donc divers cultivars de ce fruit.
Généalogie
[modifier | modifier le code]Il n'y a pas d'arbre phylogénétique des Ugli publié mais, au sens strict, il ne s'agit probablement pas d'un tangelo (C. reticulata x C. paradisis) comme souvent affirmé, mais d'un agrume à généalogie complexe[16].
Les considérations morphologiques en ont fait (1940) d'après Walter T. Swingle un hybride de l'orange King (qui n'est pas une orange mais un tangor), d'après le producteur jamaïcain un hybride de bigarade, de pomelo (C. xparadisi) et de tangerine[13],[17],[18]. Sa forme (base plate et sommet pointu) évoque le pamplemousse (C. maxima) de Cayenne ou Chadek de taille comparable[19]. Filiation probable que confirme Amel Oueslati Bahri (2017) : « la presque la totalité du chromosome 8 de la variété Ugli reproduit en homozygotie le génome de C. maxima »[20]. D'ailleurs quand Webber a classé provisoirement Ugli comme tangelo (à cause de ses graines monoembryonées ) il écrit que le pamplemoussier (pummelo, C. maxima) est le parent en question au lieu du pomelo (grapefruit, C. xparadisi)[6].
Description
[modifier | modifier le code]Le fruit est obovoïde, aplati à la base, pointu au sommet d'un diamètre de 12 à 15 cm et d'une hauteur de 9 à 12 cm. La pulpe orange lumineux, juteuse est divisée en douze segments avec des membranes dures mais faciles à séparer, peu ou pas de pépins[12]. Il est bouffi, bosselé, facile à peler, l'albedo est très aéré.
Le goût est équilibré, il est sucré sans excès (10,4 à 11,4 degrés Brix), il évoque les pamplemousses asiatiques légèrement acides et amers, ou les oranges selon d'autres, mais moins acides et amers que les pomelo (C. xparadisi)[21],[22].
Répartition
[modifier | modifier le code]L'arbre s'adapte bien à de multiples climats (Australie, Brésil, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, États-Unis, Portugal). Sous l'influence du climat la peau va du jaune clair avec des zones vertes à un rouge-orangé. De même le gout est plus marqué en climat méditerranéen qu'en climat tropical.
Consommation
[modifier | modifier le code]L'Ugli est fréquemment mangé nature ou au sucre, coupé en deux à la cuillère, pelé il accompagne les salades (de fenouil, de roquette), le fromage ou les yaourts, et les pâtisseries[23],[24].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Groupe des Nouveaux Médias, « Radio-Canada.ca | Information, radio, télé, sports, Arts et divertissement », sur Radio-Canada (consulté le )
- Dr Natasha Campbell-McBride, Le syndrome entéropsychologique (GAPS) : Un traitement naturel pour l’hyperactivité, la dyspraxie, l’autisme, le déficit d’attention, la dyslexie, la dépression et la schizophrénie., Editions Nutrition Holistique, (ISBN 978-2-8399-0893-1, lire en ligne).
- (en) Herbert J. Webber et Leon Dexter Batchelor, The Citrus Industry, University of California Press, (lire en ligne).
- (en) « UGLI® Fruit », sur specialtyproduce.com (consulté le )
- (en) Gayle Brandeis, Fruitflesh: Seeds of Inspiration for Women Who Write, Zondervan, (ISBN 978-0-06-173711-4, lire en ligne)
- « ugli_2780 », sur citrusvariety.ucr.edu (consulté le )
- (en-US) « Uniq Fruit », sur Brooks Tropicals (consulté le )
- (en) Dr Al L. Holloway, The Ugli Fruit: Tapping the Inner Spirit for Greater Mental Health, iUniverse, (ISBN 978-1-5320-0477-3, lire en ligne)
- « About Us - UGLI », sur www.ugli.com (consulté le )
- (en) Ernest Small, Top 100 Food Plants, NRC Research Press, (ISBN 978-0-660-19858-3, lire en ligne)
- « ugli_4171 », sur citrusvariety.ucr.edu (consulté le )
- « Tangelo », sur hort.purdue.edu (consulté le )
- (en) United States Customs Court, United States Customs Court Reports: Cases Adjudged in the United States Customs Court, The Court, (lire en ligne)
- (en-US) « Henry A. Kelly 3D (Published 1976) », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
- « CRC4127 », sur citrusvariety.ucr.edu (consulté le )
- (en) Jean Meadows and Mary King, Florida Food Fare, Sarasota, University of Florida / IFAS, 4 p. (lire en ligne), Tangelo.
- « king », sur citrusvariety.ucr.edu (consulté le )
- (en) « UGLI conquers disease », sur jamaica-gleaner.com, (consulté le )
- « Pamplemousse de Cayenne ou Schadeck », sur www.pommiers.com (consulté le )
- Amel Ouestali Bahri, Diversité et origine génétique des espèces de la sous-famille des Aurantioideae et décryptage des structures interspécifiques des génomes des agrumes modernes, Tunis, Université des Sciences Thèse de Doctorat en Biologie, (lire en ligne), p. 117 Tangelo (C. reticulata x C. paradisi)
- (en) « UGLI®, an exclusive fruit from Jamaica », sur www.freshplaza.com (consulté le )
- (en-US) Marius Lix et ru, « Properties and Benefits of Ugli Fruit », sur NatureWord (consulté le )
- (en) « Simple and delicious home cooked ugly fruit recipes », sur Cookpad (consulté le )
- (en-US) Leigh Belanger et Photographer Evi Abeler, « Pairing Ugli Fruit and Cheese », sur culture: the word on cheese, (consulté le )
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Site officiel de la marque UGLI
- The Specialty Produce Ugli