Touroulia guianensis

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Touroulia
Description de cette image, également commentée ci-après
Planche 194 : Touroulia guianensis par Aublet (1775)
L'on a groſſi un peu la fleur. Le fruit eſt repréſenté dans ſa forme naturelle. - 1. Bouton de fleur garni de deux écailles. - 2. Fleur épanouie vue en deſſus. - 3. Étamine. - 4. Fleur vue en deſſous. - 5. Baie vue en deſſous. - 6. Baie. - 7. Baie coupée en travers. - 8. Semence[1].
Classification
Règne Plantae
Classe Magnoliopsida
Ordre Theales
Famille Ochnaceae
Genre Touroulia

Espèce

Touroulia guianensis
Aubl., 1775

Classification phylogénétique

Ordre Malpighiales
Famille Ochnaceae

Statut de conservation UICN

( LC )
LC  : Préoccupation mineure

Synonymes

Selon GBIF (11 avril 2022)[2] :

  • Robinsonia guianensis (Aubl.) J.F.Gmel.
  • Robinsonia melianthifolia Willd.
  • Touroulia solitaria Stokes

Touroulia guianensis est une espèce d'arbuste appartenant à la famille des Ochnaceae (anciennement des Quiinaceae), et qui est l'espèce type du genre Touroulia Aubl..


L'espèce est connue en Guyane sous les noms de Bois macaque[3], Bois flambeau (Créole), Touroulier de la Guyane[4] (Français), Yooka wiwii (nom générique, "âme-feuille" en Nenge tongo)[5], Mongui oudou [monki-oedoe, mangui-oedoe] (Nenge tongo), Yoyo mosi, Palmito ou Oulatalheua. On rapporte le nom de Redi-oedoe au Suriname[6].

Description[modifier | modifier le code]

Touroulia guianensis est un arbre atteignant 10-15(–30) m de haut, pour 60 cm de diamètre. Ses rameaux sont cylindriques, lenticellés, finement et nettement poilus, glabrescents. Son écorce est épaisse et ridée[7]. Son bois lourd (densité : 0,91) est de couleur brun foncé, légèrement rougeâtre et un peu veiné[8].

Les feuilles sont opposées, composées imparipennées (aussi bien sur les juvéniles que sur l'arbre adulte), chartacées ou subcoriaces, longues de 15 à 25 cm, à rachis ailé par les pennes décurrente. Les 3-5 paires de pennes (7-11 folioles) sont opposées, sessiles, de forme étroitement oblongue ou oblongue-lancéolée, longues de 5 à 15 cm pour 1,5 à 4 cm de large, acuminées-cuspidées à l'apex, et à base arrondie et décurrente. On compte 10 à 20 paires de nervures secondaires saillantes sur les deux faces (surtout dessous), arquées vers le haut près de la marge, et finissant en denticules courbes dans la marge. Les nervures tertiaires sont courbées de manière géniculée vers le milieu des zones intercostales. Le pétiole est long de 4-7 cm, finement pubérulent, dans la partie supérieure étroitement ailé par les limbes décurrents. Le rachis est finement pubérulent. Les stipules sont précocement caduques (non visibles), laissant un relief entre les feuilles.

Les inflorescences sont terminales, longues de 10–15 cm, en grappes composées, velues roussâtres, à rameaux latéraux entourés de bractées, formant des involucres avec leurs stipules, formées de fleurs sessiles ou presque groupées par 8-10 à l'aisselle de bractées. On distingue des inflorescences dont toutes les fleurs sont staminées, ou avec toutes les fleurs bisexuées.

Les inflorescences staminées (mâles), sont des grappes composées longues de 15 à 20 cm, avec des rameaux latéraux étalés longs de 5 à 1,2 cm, sous-tendus par des bractées triangulaires finement pubescentes, qui forment un involucre avec leurs grandes stipules largement triangulaires.

Les fleurs staminées sont petites (4-5 mm de diamètre), sessiles ou subsessiles, groupées par 8-10, et formant des glomérules à l'aisselle de petites bractées triangulaires, portées sur des branches assez densément couvertes de courts poils brunâtres. Les 5 sépales sont imbriqués, unis à la base, courtement poilus à l'extérieur. Les 5 pétales sont cuculés, plus longs que les sépales, glabres, concaves, de couleur jaune pâle. On compte environ 60 étamines, avec des filets longs d'environ 1 mm, et des anthères de 0,3 X 0,45 mm, à cellules étalées et à connectif large.

Les inflorescences bisexuées sont plus petites, avec des fleurs dioïques, petites, sessiles ou presque, de ≤ 10 mm de diamètre. Le calice verdâtre à 5 segments imbriqués, unis à la base, 5 pétales jaunes, et environ 60 étamines à filet filiforme dans les fleurs mâles. Les fleurs pistillées portent 5 sépales, 5 pétales de couleur jaune pâle, environ 60 étamines, et un ovaire à 7 loges uni-ovulées.

Le fruit réputé comestible, est bacciforme, non déhiscente, vivement colorée jaune orangé, plus ou moins globuleux, obovoïde, ou elliptique, mesurant 2-2,5 x 2 cm, à 7 loges, sillonné longitudinalement, couronné par les segments du calice. L'exocarpe est peu épais (0,1 à 0,2 cm), assez résistant, et longitudinalement sulqué. Le mésocarpe est pulpeux, peu épais (0,2 à 0,3 cm), mou, translucide. Il contient 5 à 6(7) graines ou moins oblongues, ellipsoïdes, comprimées sur les deux faces et convexes sur le dos, couvertes d'un tégument vileux brun roux, longues de 1-2 cm pour 5-6 cm de large[9],[4],[10],[3],[11],[12].

Répartition[modifier | modifier le code]

Touroulia guianensis est présent au Venezuela (Bolívar, Amazonas), au Guyana, au Suriname, en Guyane, et au Brésil[13].


Touroulia guianensis est répandu, tandis que Touroulia amazonica est beaucoup plus rare[13].

Écologie[modifier | modifier le code]

Touroulia guianensis pousse au Venezuela dans les forêts sempervirentes de plaine de basse montagne, les forêts anciennes et secondaires, sur sol préférentiellement sableux, autour de 200–700 m d'altitude[13],[6]. En Guyane, c'est un arbre moyen du sous-étage à la canopée, présent dans les forêts anciennes de terre ferme (non inondées)[9].

Touroulia guianensis peut être multiplié par graines[4].

La nervation et l'histologie de Touroulia guianensis ont été étudiées[14]. Les stomates sont paracytiques. Le mésophylle de Touroulia guianensis contient des cellules cristarques (amas de cellules cristallifères à épaississement en forme de U)[15].

Touroulia guianensis est l'hôte d'insectes galligènes[16].

Une étude phylogénétique de Touroulia guianensis indique que le genre Tourouliaest un groupe frère de Lacunaria[17].

Utilisations[modifier | modifier le code]

La pulpe du fruit, acide mais de goût agréable, peut être consommée crue[4].

Chimie[modifier | modifier le code]

Le bois de Touroulia guianensis contient de la 2,6-dimethoxy-p-benzoquinone, du friedelan-3∝-ol, de la friedeline, du sitostérol, de la β-sitostenone, et du syringaresinol[18].

Protologue[modifier | modifier le code]

En 1775, le botaniste Aublet propose le protologue suivant[1] :

« Touroulia Guianenſis. (Tabula 194.)

Arbor trunco quadraginta & quinquaginta-pedali, hi ſummitate ramoſo ; ramis & ramulis tetragonis, rectis, nodoſis, hinc & indè ſparſis. Folia oppoſita, petiolata, imparipinnata ; foliolis oppoſitis-, ſeſſilibus, quatuor ab utroque latere coſtæ alatæ adnexis. Foliola ovato-oblonga, acuta, dentata; denticulis acutis, inferiora ſuperioribus minora. Stipulæ geminæ, breves, flavæ, ad baſim petiolorum, Flores racemoſi, terminales, racemulis oppoſitis. Bracteæ geminæ, flavæ, ad baſim pedicellorum & ramuſculorum.

Florebat Novembri, fructum ferebat Maio.

Habitat in ſylvis Sinémarienſibus, & ad ripam amnis Galibienſis.

Nomen Caribæum TOUROULIA.


LE TOROULIER de la Guiane. (Tabula 194.)

Cet arbre s'élève fort haut. Son tronc a quarante ou cinquante pieds de longueur, & environ deux pieds de diamètre. Son écorce eſt épaiſſe & ridée. Son bois eſt rouſſâtre. Du ſommet de ce tronc partent pluſieurs longues branches rameuſes, qui s'étendent de tous côtes, les unes droites, & les autres horiſontales. Les rameaux ſont à quatre angles, noueux & garnis à chaque nœud de deux feuilles oppoſées avec deux petites stipules intermédiaires. Ces feuilles ſont ailées, à deux rangs de folioles, oppoſées, terminées par une impaire. Chaque rang de folioles eſt de quatre. Ces folioles ſont vertes, liſſes, ſeſſiles, ovales, dentelées, pointues, & partagées par une nervure ſaillante en deſſous, de laquelle naiſſent pluſieurs latérales qui aboutiſſent a chaque dentelure, laquelle ſe terminé par un filet aigu. Les folioles ſont portées ſur une côte creuſée en gouttiere en deſſus, bordée de chaque cote d'un feuillet qui eſt un prolongement de chaque foliole. Cette côte a ſix pouces de longueur ; les plus grandes folioles ont cinq pouces de longueur, ſur un & demi de largeur. De l'extrémité des rameaux naît une grande grappe de fleurs dont les branches ſont oppoſées, & garnies à leurs baſes de deux stipules jaunes ainſi que les rameaux. Ces rameaux portent des bouquets de fleurs preſque ſeſſiles.

Le calice eſt garni à ſa naiſſance de deux petites stipules. Il eſt d'une ſeule pièce, de forme conique, découpé en ſon limbe en cinq petites parties verdâtres.

La corolle eſt à cinq pétales jaunes, arrondis, concaves, attaches par un onglet entre les divisions du calice.

Les étamines ſont en grand nombre, rangées au deſſous de l'inſertion des pétales, autour de la partie ſupérieure de l'ovaire.

Leurs filets ſont grêles, & l'anthère eſt à deux bourſes a moitié ſéparées par le bas.

Le piſtil eſt un ovaire qui fait corps avec le fond du calice ; il eſt convexe, ſurmonté d'un stigmate oblong & ſtrié.

L'ovaire, conjointement avec le calice, devient une baie couronnée par les pointes du calice. Elle eſt rouſſâtre, ſtriée, d'un goût agréable & acide. Elle eſt a ſept loges ſéparées par des cloiſons membraneuſes. Chaque loge contient une semence oblongue, comprimée ſur deux faces, & convexe ſur le dos. Elle eſt couverte d'un duvet rouſſâtre.

L'on a groſſi un peu la fleur. Le fruit eſt repréſenté dans ſa forme naturelle.

J'ai trouvé cet arbre dans les forêts déſertes qui ſont voiſines de la rivière de Sinémari, à plus de quarante lieues de ſon embouchure. Il étoit en fleur dans le mois de Novembre. J'en ai cueilli enſuite le fruit en maturité dans le mois de Mai, étant ſur les bords de la crique des Galibis, & peu éloigné de ſa ſource.

Cet arbre eſt nommé TOUROULIA par les Galibis. »

— Fusée-Aublet, 1775.


Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Jean Baptiste Christian Fusée-Aublet, HISTOIRE DES PLANTES DE LA GUIANE FRANÇOISE, rangées suivant la méthode sexuelle, avec plusieurs mémoires sur les différents objets intéreſſants, relatifs à la culture & au commerce de la Guiane françoiſe, & une Notice des plantes de l'Iſle de France. volume II, Londres et Paris, P.-F. Didot jeune, Librairie de la Faculté de Médecine, quai des Augustins, , 867 p. (lire en ligne), p. 492-495
  2. GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 11 avril 2022
  3. a et b (en) Scott A. Mori, Georges Cremers et Carol Gracie, Guide to the Vascular Plants of Central French Guiana : Part 2. Dicotyledons, vol. 76, New York Botanical Garden Pr Dept, coll. « Memoirs of the New York Botanical Garden », , 776 p. (ISBN 978-0-89327-445-0), p. 598
  4. a b c et d Alain Fouqué, Espèces fruitières d'Amérique tropicale, Paris, IFAC, , 320 p.
  5. Marie Fleury, "BUSI-NENGE" - LES HOMMES-FORÊT : Essai d'etnobotanique chez les Alukus (Boni) en Guyane Française, université de Paris 6, coll. « thèse de doctorat », (lire en ligne)
  6. a et b (en) Georg Zizka et Julio V. Schneider, « The Genus Touroulia Aubl. (Quiinaceae) », Willdenowia, vol. 29, nos 1/2,‎ , p. 227-234 (lire en ligne)
  7. B Rollet, « Intérêt de l'étude des écorces dans la détermination des arbres tropicaux sur pied (suite et fin) », BOIS & FORETS DES TROPIQUES, no 195,‎ , p. 31-50 (DOI 10.19182/bft1980.194.a19398, lire en ligne)
  8. Pierre Détienne, Paulette Jacquet et Alain Mariaux, Manuel d'identification des bois tropicaux - Tome 3 Guyane française, Quae, , 315 p. (ISBN 978-2876145962, lire en ligne), p. 165-166
  9. a et b Daniel SABATIER, « FRUCTIFICATION ET DISSEMINATION EN FORET GUYANAISE : L'EXEMPLE DE QUELQUES ESPECES LIGNEUSES », Thèse de l'Université des Sciences et Techniques du Languedoc (ACADEMIE DE MONTPELLIER),‎ , p. 258 + 92
  10. Albert Lemée, Flore de la Guyane française : Tome II - Podostémonacées à Sterculiacées, Brest, LIBRAIRIE LECHEVALlER, , 400 p., p. 167
  11. Albert Lemée, Flore de la Guyane française : Tome III - Dilléniacées à Composées, Brest, LIBRAIRIE LECHEVALIER, , 656 p., p. 26
  12. (en) A. Pulle (Dr), FLORA OF SURINAME (NETHERLANDS GUYANA) : OCHNACEAE (pars) - TURNERACEAE - QUIINACEAE - CARYOCARACEAE - OchnACEAE - DILLENIACEAE - LINACEAE - HUMIRIACEAE - LYTHRACEAE. ADDITIONS AND CORRECTIONS: MALVACEAE - BOMBACACEAE - STERCULIACEAE - TILIACEAE - MELASTOMACEAE, vol. III, PART 1, KON. VER. KOLONIAL INSTITUUT TE AMSTERDAM., , 337-456 p., p. 364-365
  13. a b et c (en) Rupert C. Barneby, Julian A. Steyermark (eds.), Paul E. Berry (eds.), Kay Yatskievych (eds.) et Bruce K. Holst (eds.), Flora of the Venezuelan Guayana, vol. 8, Poaceae–Rubiaceae, St. Louis, MISSOURI BOTANICAL GARDEN PRESS, , 874 p. (ISBN 9781930723368), p. 407
  14. (en) Adriance S. Foster, « Venation and Histology of the Leaflets in Touroulia guianensis Aubl. and Froesia Tricarpa Pires », American Journal of Botany, vol. 37, no 10,‎ , p. 848-862 (DOI 10.2307/2437764, lire en ligne)
  15. (en) K. Kubitzki, « Quiinaceae Engl. (1888), nom. cons. », dans The Families and Genera of Vascular Plants, vol. XI Flowering Plants · Eudicots Malphigiales, springer, , 277–281 p. (DOI 10.1007/978-3-642-39417-1_22)
  16. (en) Valéria Cid Maia, « Characterization of insect galls, gall makers, and associated fauna of Platô Bacaba (Porto de Trombetas, Pará, Brazil) », Biota Neotrop., vol. 11, no 4,‎ , p. 38-53 (DOI 10.1590/S1676-06032011000400003, lire en ligne)
  17. (en) Julio V. Schneider et Georg Zizka, « Phylogeny, taxonomy and biogeography of Neotropical Quiinoideae (Ochnaceae s.l.) », Taxon, vol. 66, no 4,‎ , p. 855-867 (DOI 10.12705/664.4)
  18. (en) Otto R. Gottlieb, Mauro T. Magalhães, Geovane G. de Oliveira et Aroldo Trainotti, « The Chemistry of Brazilian Quiinaceae : 1. Constituents of Touroulia guianensis and Lacunaria jenmani », ACTA AMAZONICA, vol. 7, no 2,‎ , p. 291-292 (lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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