Tanguy Viel

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Tanguy Viel
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Tanguy Viel en 2015.
Naissance (50 ans)
Brest
Activité principale
Distinctions
Auteur
Genres

Tanguy Viel, né le à Brest, est un écrivain français.

Biographie

Après une enfance en Bretagne, Tanguy Viel vit successivement à Bourges, Tours puis Nantes avant de venir s'installer près d'Orléans[1].

Il a été pensionnaire de la Villa Médicis en 2003-2004. Publié dès son premier ouvrage par les éditions de Minuit, il a reçu le prix Fénéon et le prix littéraire de la vocation pour son roman L'Absolue Perfection du crime, le Grand prix RTL-Lire[2] et le Prix François-Mauriac de la région Aquitaine pour Article 353 du Code pénal.

Style

Tanguy Viel est réputé pour une mise en place d’intrigues complexes, une réflexion sur quelques thèmes récurrents (les liens familiaux, les duperies, les inégalités de classes et les difficultés à prendre l’ascenseur social), et un travail formel. Il s’inscrit dans la tradition des éditions de Minuit[3], c’est-à-dire selon un modèle de distanciation. Ses romans sont fondés sur beaucoup de romanesque et font même usage du suspense. Bien qu’il ne le revendique pas lui-même[1], L'Absolue Perfection du crime, Insoupçonnable, Paris-Brest et Article 353 du Code pénal sont généralement considérés comme des romans policiers en raison d’éléments récurrents : des personnages de gangsters ou d’escrocs, des crimes soigneusement préparés, l’intervention de procès ou de grosses sommes d’argent.

Les stéréotypes sont cependant retravaillés parfois mis en évidence par une forme de réflexivité[4]. La Disparition de Jim Sullivan en est le meilleur exemple. Le lecteur est souvent invité à participer « le narrateur n'a pas d'avance sur lui du point de vue de l'intrigue »[5]. L'écriture est l'objet d'une enquête : c'est au lecteur de reconstruire le puzzle en désordre du protagoniste.

Tanguy Viel emprunte également au cinéma[6], mais cela est surtout notable dans son style : les effets de montage, l'usage de l'ellipse, la mise en place de scènes fortes et la variation des points de vue.

Le style de Tanguy Viel se caractérise par sa précision et son économie[7]. Ses phrases sont jugées longues et saccadées au service d’un style très dynamique[8]. La notion de « musique »[9] est également importante pour Tanguy Viel, qui commente son style de cette manière :

Souvent le style c’est d’abord de fabriquer des phrases qui viennent naturellement. Le style c’est quelque chose qui vient un peu par bloc. Ce qui est très long et demande beaucoup de travail c’est de composer, d’enchaîner les paragraphes, pour qu’ils tombent en cascade les uns sur les autres, pour qu’il y ait une forme de fluidité ou d’évidence du récit, pour qu’on ait le sentiment que chaque chose est absolument nécessaire et à sa place. Et cela prend beaucoup de temps[9]."

Un effet d’oralité est visible : tous ses romans sont des monologues intérieurs de personnages issus de classes socio-culturelles peu cultivées qui pratiquent ainsi souvent la dislocation ou la répétition[10]. Le discours du narrateur est justement en perpétuelle tension, parasité par celui des autres personnages et souvent incertain du langage qu’il manipule[3]. La narration est brouillée par un usage hétérogène du présent de l’indicatif. Pour Tanguy Viel, le but n’est « pas tant de savoir si l’acte est juste ou non, mais si le narrateur a réussi à raconter sa vie, à la reconstruire sous forme de récit »[11] L’humour et l’ironie interviennent souvent, même si Article 353 du Code pénal, par exemple, reste assez sombre, et plus réaliste que les autres[12]. Son écriture a beaucoup évolué, comme il l’explique :

J’ai commencé à écrire il y a vingt ans dans un épais brouillard […]. Mon langage flottait […]. Et puis peu à peu, l’écriture a fini par faire ce que je lui demande depuis vingt ans : me déposer sur un sol, s’approcher des choses, les circonscrire dans le langage. Mais ce n’est pas un changement de vision, c’est seulement une confiance augmentée, travaillée au fil du temps, dans les liens du langage avec le monde. Peu à peu je parviens à habiter une langue qui a ses connivences dans le réel, qui s’ouvre à sa propre confiance, presque transitive. Les mots et les choses se reconnectent et la vie circule des uns aux autres[13].

Ainsi, Tanguy Viel est aujourd’hui presque unanimement considéré comme un virtuose au service d’un style d’une grande richesse[réf. nécessaire].

Œuvre

Sur quelques ouvrages

Icebergs (2019)

Cet essai est annoncé atypique : cet ouvrage, à la limite, est un poisson, mais plutôt même, une algue. Son biotope est pélagique : il vit dans ce que les océanographes appellent la zone photique, là où il est encore possible qu'un peu de lumière irrigue la faune, avant que la nuit tombe sur la profondeur (p. 7-8).

Il y est question de lecture, d'écriture, de culture, de fonctionnement mental de l'écrivain. En attestent les titres des chapitres : Le mal par le mal, Le démon de la citation, Dans les abysses, La fuite des idées, Psychostatisme, Une rencontre, Une intuition, Un secret, Visite chez Montaigne, Défense du négatif. Sont convoqués bon nombre d'écrivains notables, mais aussi Ferdinand Cheval.

Notes et références

  1. a et b Tanguy Viel : «Je me laisse habiter par des mondes» par David Carzon dans Libération du 6 janvier 2017.
  2. a et b Tanguy Viel, Grand Prix RTL-Lire 2017 : "J'ai une grande sensibilité à l'injustice" par Bernard Lehut sur RTL le 20 mars 2017.
  3. a et b Alice Richir, « Hétérogénéisation de l’énonciation dans l’œuvre de Tanguy Viel », Tangence,‎ (lire en ligne)
  4. « Tanguy Viel, confiance aveugle », sur Le Monde.fr
  5. « "Paris-Brest", de Tanguy Viel », Bibliobs,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. Philippe Lançon, « Complètement à l’ouest », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées :4
  8. « Cinéma », Viabooks,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. a et b « VIDÉO - "Je suis sensible à l'injustice", déclare Tanguy Viel, lauréat du Grand Prix RTL-Lire », RTL.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. La Nouvelle Quinzaine Littéraire, « La Nouvelle Quinzaine Littéraire - Le roman américain », sur www.nouvelle-quinzaine-litteraire.fr,
  11. Librairie Dialogues, « www.librairiedialogues.fr », sur www.librairiedialogues.fr,
  12. Nathalie Crom, « Article 353 du Code pénal », Télérama.fr,‎ (lire en ligne)
  13. « Tanguy Viel : « Il faut être résolument idiot au moment où on se met à écrire et même plus qu’idiot : animal, végétal, sauvage, moléculaire » (Le grand entretien) », DIACRITIK,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. Jean-Louis Ezine, « Comment faire de la littérature américaine quand on est français », sur nouvelobs.com,
  15. [PDF] Prix 2017 sur le site du domaine de Malagar.
  16. https://diacritik.com/2019/10/22/divagations-marines-tanguy-viel-icebergs/
  17. https://www.fabula.org/actualites/t-viel-icebergs_93259.php
  18. https://www.en-attendant-nadeau.fr/2019/11/05/a-quoi-sert-ecrire-viel/

Annexes

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes