Rue des Prouvaires
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Rue des Prouvaires ; en arrière-plan, l'église Saint-Eustache. | ||
Situation | ||
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Arrondissement | 1er | |
Quartier | Halles | |
Début | 48, rue Saint-Honoré | |
Fin | 31, rue Berger | |
Morphologie | ||
Longueur | 53 m | |
Largeur | 15 m | |
Historique | ||
Ancien nom | Vicus Presbyterorum Rue des Provoires Rue des Provoirs Rue des Prévoires Rue des Preuvoires Rue des Prouvoires Rue des Provaires Rue des Prouvelles |
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Géocodification | ||
Ville de Paris | 7844 | |
DGI | 7863 | |
Géolocalisation sur la carte : Paris | ||
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La rue des Prouvaires est une voie du quartier des Halles, dans le 1er arrondissement de Paris, en France.
Sommaire
Situation et accès[modifier | modifier le code]
Cette rue longue de 53 mètres fait partie du 1er arrondissement, quartier des Halles.
Origine du nom[modifier | modifier le code]
Cette rue est nommée « rue des Prouvaires » ou « rue des Provoires », « prouvaire » signifiant prêtre en moyen français, parce que les prêtres de Saint-Eustache l'ont habitée, dès le XIIIe siècle[1],[2],[3].
Historique[modifier | modifier le code]
Au XIIIe siècle, les prêtres de Saint-Eustache logent dans une rue du quartier Saint-Eustache qui mène à l'église. « Prouvaire » est en moyen français le cas régime du mot « prêtre ». Exceptionnellement, c’est le cas régime qui ici a fini par disparaître[4] mais après hésitation[5]. On lit ainsi dans une chronique du XIVe siècle : « […] li provoires chantèrent leurs litanies par la ville, et gittèrent eau bénite par les hosteux[3]. »
Cette rue est citée dans Le Dit des rues de Paris de Guillot de Paris, vers 1300, sous la forme « rue à Prouvoires ».
Cette rue, dont le nom fut déformé, s’appelle au fil du temps : en latin « vicus Presbyterorum », puis en vieux français « rue des Provoires », « rue des Provoirs », « rue des Prévoires », « rue des Preuvoires », « rue des Prouvoires », « rue des Provaires », « rue des Prouvelles », etc., ce qui finit par donner en moyen français le nom « rue des Prouvaires[3],[2],[1] ».
Sous Louis XI, cette rue est une des plus belles de la capitale.
En 1476, Alphonse V, roi de Portugal, vient à Paris solliciter des secours contre Ferdinand d'Aragon, fils de Jean roi d'Aragon, qui lui a enlevé la Castille. Louis XI, qui a de grands embarras à surmonter et qui désire conserver l'amitié de Ferdinand sans toutefois compromettre l'alliance d'Alphonse V, commence par ordonner qu'on rendît dans tout son royaume les plus grands honneurs à son hôte. Dès qu'il arrive à Paris, il lui procure tous les agréments possibles, et le loge rue des Prouvaires, chez un nommé Laurent Herbelol, riche épicier, qui possède une demeure vraiment royale.
Flatté de cette réception, le roi de Portugal laisse passer quelques jours sans parler au roi de France du motif de son voyage. Enfin, après avoir observé très exactement toutes les convenances, Alphonse se rend à la Bastille, séjour ordinaire de Louis XI, lorsqu'il daigne venir à Paris. « Mon frère de Portugal, dit le roi de France, dès qu'il l'aperçut, nous vous prions de nous faire l'honneur d'aller avec nous au Palais, nous entendrons plaider une cause qui promet d'être intéressante. »
Charmé de cette nouvelle politesse, le Portugais ne peut décemment causer d'une autre affaire. Le lendemain, il revient à la Bastille. À peine ouvre-il la bouche, que Louis XI lui annonce qu'il a promis en son nom à l'évêque, d'assister à la réception d'un docteur en théologie, il est également conduit au Palais de Justice pour entendre la plaidoirie de deux avocats qui défendent une belle cause, puis il est convié à une visite des prisons du Grand-Châtelet. Pour le contraindre à rester dans sa demeure, il continue sur le même ton, en l'accablant de protestations d'amitié : « Nous avons ordonné pour le 1er décembre une procession de l'Université, qui doit avoir l'honneur de passer sous vos fenêtres. »
Alphonse V reçoit quelques jours après plusieurs messages qui l'engagent à retourner en Portugal. Il quitte la France sans avoir pu obtenir le secours qu'il demandait, mais trop pénétré cependant de l'accueil cordial que lui avait fait Louis XI, pour penser à devenir son ennemi[3],[2].
Une décision ministérielle à la date du 9 germinal an XIII (30 mars 1805), signée Champagny, fixe la largeur de la rue des Prouvaires à 11 mètres.
En 1816, les maisons et propriétés des nos 21 à 43 sont démolies pour faciliter l'établissement du marché des Prouvaires[6]. Une ordonnance royale du 15 janvier 1844 fixe la largeur de la voie à 13 mètres.
Initialement, la rue des Prouvaires commençait rue Saint-Honoré et finissait rue Trainée près de l’église Saint-Eustache, mais à la suite de la reconstruction des Halles et du prolongement de la rue Berger, elle est réduite à sa partie méridionale passant de 199 mètres à 53 mètres[7],[8],[9].
En 1817, la rue des Prouvaires commence 52-54, rue Saint-Honoré et finit 13-15, rue Trainée. Elle est alors située dans l'ancien 3e arrondissement, dans le quartier Saint-Eustache[10].
Les numéros de la rue, à l'époque d'une longueur de 224 mètres, sont alors noirs[1], le dernier numéro impair étant le no 45 et le dernier numéro pair était le no 40.
Le , la police déjoue le complot dit « de la rue des Prouvaires » contre Louis-Philippe Ier.
Bâtiments remarquables et lieux de mémoire[modifier | modifier le code]
- Alphonse V, roi de Portugal, loge dans cette rue, chez Laurent Herbelol, un riche épicier, en 1476.
- No 1 : Ferdinando Bosso, qui fonde en 1922 avec Luigi Campolonghi la Ligue italienne des droits de l'homme durant l'exil des antifascistes, et en 1927 la Concentrazione Antifascista Italiana, possède à cette adresse, avec ses frères, la société Bosso Frères, un commerce de fleurs et de peignes sculptés en écaille. La famille Bosso y vit de 1913 à 1995.
- No 1 : Jean Legaret y fonde le club des Prouvaires en 1956.
par Jean Legaret, en 1956.
Notes et références[modifier | modifier le code]
- Jean de La Tynna, Dictionnaire topographique, étymologique et historique des rues de Paris, 1817.
- Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris.
- Félix et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments.
- Petit de Julleville, Histoire de la langue et de la littérature française, 1896, t. 2.
- On trouve ce terme dans une lettre de donation datée d'octobre 1426, cf. Auguste Longnon, Paris pendant la domination anglaise (1420-1436). Documents extraits des registres de la Chancellerie de France, Paris, 1878, p. 144, sur Gallica, gallicalabs.bnf.fr.
- « Marché rue des Prouvaires, 1853 », estampe.
- Auguste Longnon, Paris pendant la domination anglaise (1420-1436) : documents extraits des registres de la Chancellerie de France, Paris, 1878, p. 144 sur Gallica
- « Rue des Prouvaires », vers 1865, gallicalabs.bnf.fr.
- Le Constructeur, 15 janvier 1865.
- Cadastre de Paris par îlot (1810-1836), plan 11e quartier « Saint-Eustache », îlot no 1, F/31/78/01, îlot no 2, F/31/78/02, îlot no 10, F/31/78/10, îlot no 11, F/31/78/11.
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Éditions de Minuit.
- Félix et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments.
- Guillot de Paris, Le Dit des rues de Paris, avec préface, notes et glossaire d'Edgar Mareuse.
- Jean de La Tynna, Dictionnaire topographique, étymologique et historique des rues de Paris, 1817.