Raymond Burnier

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Raymond Burnier
Biographie
Naissance
Décès
(à 56 ans)
Zagarolo
Nationalité
Activité
Conjoint
Radha Burnier (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

Raymond Burnier, né le à Lausanne et mort le à Zagarolo[1], est un photographe suisse.

Biographie[modifier | modifier le code]

Raymond Burnier est issu d'une famille suisse[2] de banquiers. On compte parmi ses ancêtres les fondateurs de la banque Du Pasquier-Montmollin[3], rachetée par l'UBS, ainsi que Jules Monnerat, initiateur de la reprise de l'entreprise d'Henri Nestlé[4].

Il passe la majeure partie de son enfance dans une propriété que possède son père en Algérie, se passionne pour la photographie et devient un adepte du Leica.

En 1931, lors d'un séjour sur la Côte d'Azur, il rencontre l'indianiste et musicologue Alain Daniélou, qui deviendra son compagnon.

Tous deux entreprennent de nombreux voyages. Après s'être rendus cette même année en Afghanistan, en 1936, ils décident d'effectuer un tour du monde qui les mènera en Chine, au Japon, en Indonésie, en Afghanistan, aux États-Unis, puis en Inde où, fascinés par cette civilisation, ils s'établiront en 1938.

C'est ainsi qu'ils installent à Bénarès dans le palais de Rewa sur les bords du Gange. Ils y habiteront près de quinze ans, étudieront la culture et la civilisation auprès des lettrés de la ville, le Sanscrit, le Hindi…, et adopteront la religion hindoue à laquelle ils seront initiés. Alain Daniélou prendra la nom de Shiva Sharan, le protégé de Shiva, tandis que Raymond Burnier prendra celui de Har Sharan, le protégé du libérateur.

Raymond Burnier s'intéresse à la sculpture hindoue, particulièrement celle de la période dite médiévale (du IXe au XIVe siècle). En 1940, il est nommé membre des services archéologiques de l'Inde.

Temple de Vishvanatha (Khajurâho, Inde).

Avec Alain Daniélou, il effectue de longs séjours d'étude à travers le pays, notamment en Inde du Nord, aux temples de Khajurâho, de Bhuvaneshwar (en), de Konârak, ainsi que dans de nombreux sites moins connus de l'Inde centrale et du Rajputana.

Pour pouvoir se déplacer dans les régions les plus isolées de cet immense pays, ils font venir une caravane de Californie et vont jusqu'à faire construire des échafaudages pour nettoyer les parois encrassées des temples, huilant même des pierres afin de mieux mettre en valeur les sculptures.

Raymond Burnier sera le premier à révéler la beauté de ces grands temples et à immortaliser les sculptures érotiques qui les ornent[5]. À l'époque, outre les difficultés d'accès, nul ne s'y intéresse.

Plus de 8 000 négatifs réalisés entre 1935 et 1955 témoignent de ce travail conservé à la fondation Alain Daniélou près de Rome.

Temple de Mukteshvara (Bhubaneswar, Inde).

Ce sont ces photographies qui illustrent entre autres L'érotisme divinisé et Le temple hindou, dans lequel Alain Daniélou, qui a découvert dans le Tantrisme et le Shivaïsme une spiritualité qui reconnaît autant l’art que la sexualité, ouvre les lecteurs à la métaphysique de l'érotisme tel qu'il est vécu et représenté dans l'art et la littérature sacrés de l'Inde.

Revenu en Europe en 1958, Raymond Burnier participe à la création de l'Institut international d'Études Comparatives de la Musique fondé par Alain Daniélou à Berlin et à Venise, dont il fut secrétaire général jusqu'à sa mort.

Expositions, collaborations[modifier | modifier le code]

Raymond Burnier se lie d'amitié avec les photographes Cecil Beaton, qu'il reçoit en Inde, et Cartier-Bresson. Tous deux admirent son travail. Rapidement, il acquiert une reconnaissance internationale.

Sa première exposition se tient en juin 1948 à la galerie de l'éditeur Pierre Berès, qui publiera par la suite la plupart des clichés dans l'ouvrage d'art Visages de l'Inde médiévale[6].

Il sera en outre le premier photographe à exposer au Metropolitan Museum de New York[7],[8], exposition célèbre dont il avait fait lui-même les grands tirages, présentés comme de véritables oeuvres d'art. Après avoir fait le tour du monde, ces tirages ont été légués au Musée de l'Elysée à Lausanne[9].

Raymond Burnier exposera également à Delhi et à Calcutta (expositions inaugurées  par Sarvepalli Radhakrishnan, président de la République indienne), à Rome (1967), au Salon d'Automne de Paris (1985), etc.

Il a collaboré à l'iconographie de plusieurs ouvrages pour Alain Daniélou et Stella Kramrisch (en).

Il sera par ailleurs l’initiateur de la vocation d’ Angelo Frontoni (it) pour la photographie.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages illustrés par Raymond Burnier

  • Le Temple hindou : Centre magique du monde, éditions Buchet-Chastel, 1977 — photographies de Raymond Burnier.
  • L'érotisme divinisé, éditions Buchet-Chastel, Paris 1962, (ISBN 2-268-04392-4), mille exemplaires numérotés réservés aux sociétaires du cercle du Livre Précieux, seconde édition complétée (texte et illustrations) et rééditée sous le titre La sculpture érotique hindoue en 1973, (ISBN 2-402-62376-4), réédité en association avec l’ouvrage Le temple hindou sous le titre L'érotisme divinisé, Architecture et sculpture du temple hindou en 2002 aux Editions du Rocher, Paris, (ISBN 978-2-268-04392-0), préface de Jean-Louis Gabin — photographies de Raymond Burnier.
  • Visage de l'Inde médiévale, Hermann, 1985, (ISBN 2-7056-6018-6) — photographies de Raymond Burnier.
  • Il Giro del mondo nel 1936, éditions Casadeilibri, 2007, (ISBN 978-8889466209)— dessins d'Alain Daniélou, photographies de Raymond Burnier.
  • The Hindu Temple, Volumes 1 and 2, Stella Kramrisch, University of Calcutta, 1946 — photographies de Raymond Burnier.
  • The Hindu Temple, Volume I, Stella Kramrisch, Motilal Banarsidass, 1991, (ISBN 978-8120802223) — photographies de Raymond Burnier.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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