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Raffaele Palizzolo

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Raffaele Palizzolo
Portrait de Raffaele Palizzolo
Fonctions
Député
XXe législature du royaume d'Italie
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Député
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XVIIIe législature du royaume d'Italie
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XVIe législature du royaume d'Italie
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Député
XVe législature du royaume d'Italie
-
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
italienne ( - )Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités

Raffaele Palizzolo, né à Termini Imerese en 1843 et mort en 1910 est un homme politique italien.

Conseiller communal de Palerme et député national, à la Belle Époque, ainsi qu'administrateur de la Banque de Sicile.

Au centre d'un système de clientélisme important pendant 40 ans de carrière politique, il est lié à la mafia sicilienne et a été publiquement soupçonné d'être le commanditaire du meurtre de Emanuele Notarbartolo.

Clientélisme et mafia

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Aristocrate palermitain né à Termini Imerese, Palizzolo est élu au conseil municipal dirigé par le marquis Di Rudini (1863-1868), chargé de la police urbaine selon Jean-Yves Frétigné[1] ou plus vraisemblablement dans les juntes de Domenico Peranni (1868-1873)[2].

Candidat régionaliste dans la première circonscription de Palerme lors des élections politiques de 1880, soutenu par le ministre de l'Intérieur Depretis, par l'intermédiaire du préfet Bardesono, il est battu par Francesco Crispi, qui engrange les voix des modérés grâce à l'appui de Di Rudinì[3].

La lourde défaite des régionalistes de 1880 entraine la retraite des principales figures du parti et laisse la place à des élus plus portés vers la défense d'intérêts particuliers que par une vision politique dont Raffaele Palizzolo prend la tête[2]. Il est élu député de Cefalù-Termini en 1882 avec l'aide du préfet après lui avoir promis de soutenir le gouvernement et de ne pas s'intéresser aux affaires municipales. Soupçonné d'avoir soutenu le bandit Leone, il est réélu conseiller municipal en 1885, largement réélu député en 1886 grâce à la mafia de Caccamo, puis est victorieusement à nouveau à Palerme aux élections législatives de 1892 avec le soutien du clan d'Albergheria[1],[2]. Il soutient tous les gouvernements à l'exception de ceux dirigés par Crispi[2].

Propriétaire terrien qui louait des terres aux gabelluti (en), Palizzolo passa sa vie au cœur d'un système de clientélisme élargi, recevant chaque matin de nombreux visiteurs lui quémandant des faveurs et usant de son influence politique, en tant que conseiller municipal et provincial, à leur profit, à son domicile de Palerme, le Palazzo Villarosa, rue Ruggero-Settimo[4]. Il s'en servait, entre autres, pour obtenir des permis de port d'armes pour les mafieux[4]. En échange, ceux-ci s'assuraient, par l'intimidation ou d'autres formes de persuasion, que les villageois votent pour lui[4]. Lors du procès de 1883 contre les cinq frères Amoroso, anciens participants révolte de Sette e mezzo accusés responsables de neuf meurtres et d'une tentative, il est témoin de la défense avec le député Caminneci[5].

Il est l'un des chefs de file sicilianistes, réunissant sous son nom aussi bien la famille industrielle Florio que les ouvriers des chantiers navals[1].

Raffaele Pallizolo était par ailleurs administrateur de la Banque de Sicile, de charités, directeur du fonds d'assurance santé de la marine marchande, et président du conseil d'administration d'un hôpital psychiatrique[4].

Protecteur de la cosca (en) (clan mafieux) de Villabate, son influence était centrée autour de ce village à l'est de Palerme, mais s'étendait sur la côte Est de la Sicile, allant jusqu'à Caccamo, Termini Imerese et Cefalù[4]. Son territoire servait de point d'arrivée pour le vol du bétail[4]. Il était aussi puissant à Palerme, où il fut élu trois fois en tant que député national dans les années 1890[4].

Après l'affaire des quatre cadavres découverts dans un puits en 1897, victimes d'une guerre entre le clan d'Antonino Giammona et Francesco Siino, le préfet de police de Palerme supprima les autorisations de port d'armes d'un certain nombre de bandits présumés. Palizzolo usa alors de son influence pour les leur accorder de nouveau[6].

Inculpation pour le meurtre de Notarbartolo

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Palizzolo fut inculpé en tant que commanditaire de l'assassinat du marquis Emanuele Notarbartolo, ex-gouverneur de la Banque de Sicile alors que Palizollo était membre de son conseil d'administration[7]. Les deux hommes se haïssaient, Notarbartolo refusant l'instrumentalisation politique de la Banque et ses manœuvres frauduleuses faites avec la société de navigation (NGI) du richissime héritier Ignazio Florio Jr., membre de l'une des deux grandes familles de Palerme. En 1889, Palizzolo aurait fait voler une lettre envoyée par Notarbartolo au ministère de l'Agriculture, de l'Industrie et du Commerce, demandant de réformer la composition du conseil d'administration afin de soustraire la banque aux influences néfastes[8]. Peu après la démission contrainte de Notarbartolo, en 1890, Palizzolo fut réélu au conseil d'administration de la Banque et devint l'un des bénéficiaires de l'escroquerie organisée avec la Société de navigation (NGI)[8].

Nobartolo fut exécuté le dans le train reliant Termini à Palerme[1] par Matteo Filippello et Giuseppe Fontana, membres de la cosca de Villabate. Ce meurtre choqua l'opinion publique et provoqua un important débat sur l'existence de la Mafia et sur ses liens avec les sphères politiques. Il est pourtant réélu en 1895[1].

En novembre 1899, la Chambre des députés leva l'immunité parlementaire de Palizzolo à la demande du président du Conseil Luigi Pelloux. Par peur qu'il ne s'enfuie à l'étranger, le gouvernement coupa alors les communications télégraphiques avec la Sicile lors du vote[8]. Palizzolo fut arrêté le soir même[8]. Alors qu'il était en détention préventive, ses soutiens — parmi lesquels la famille mafieuse Pedone et de nombreux affiliés mais aussi la Sicilia Cattolica et un comité de nobles dames autour des sœurs de Palizzolo, dont la duchesse de Villarosa et Giovanna d'Ondes Trigona, mère d'Ignazio Florio Jr. qui s'implique également —[9] organisent en sa campagne électorale, sans réussir à le faire réélire[10], son adversaire, un avocat inconnu, Giuseppe Di Stefano Napolitani, obtenant 816 voix contre 687[9].

Lors de son procès en 1901-1902 pour le meurtre du propriétaire terrien Miceli en 1892 et du banquier en 1893[11], il fut défendu par la famille Florio, qui s'indignait de son inculpation dans son journal, L'Ora, ainsi que par l'ethnologue Giuseppe Pitrè (1841-1916) qui affirma que le fait que Palizzolo ait écrit un roman dans sa jeunesse montre qu'il possédait « une âme noble et vertueuse »[12]. À l'origine de la thèse selon laquelle le mot « mafia » signifierait « honneur » et « bravoure » et ne désignerait en aucun cas une organisation criminelle, selon lui inexistante, Pitrè était, coïncidence heureuse, collaborateur proche du conseiller communal Palizzolo[13]. Il prétendit lors du procès que le mot « mafia » dérivait de l'arabe mascias qui signifierait avoir une trop haute opinion de soi-même et refuser de se soumettre[12].

Avec le mafieux Fontana, Palizzolo fut toutefois condamné en première instance à 30 ans de prison pour homicide par la Cour de Bologne, le [12],[14]. Palerme observe un lutto cittadino, une opération de ville morte de plusieurs jours. Les députés Bonanno et Di Stefano, avec Pitré, formèrent un « Comité pro-Sicilia » pour défendre Palizzolo, qui reçut l'adhésion de 200 000 personnes[12] dont six députés et de nombreuses personnalités siciliennes. Il relaye la théorie d'une sentence politique et raciste, et incarne une aspiration séparatiste locale[1].

Cependant, la Cour de cassation annula le jugement en raison d'un vice de procédure mineur (un témoin avait « oublié » de prêter serment lors d'une seconde déposition[12]), et il fut acquitté le par le jury de la Cour d'assises de Florence en raison d'un manque allégué de preuves[15], la quasi-totalité des témoins s'étant rétractés ou appuyant au contraire Palizollo, comme le fit Ignazio Florio Jr.. Ceci fut accueilli par une explosion de joie des défenseurs de Palizzolo en Sicile, qui firent repousser la fête de la Madonna de Carmine afin que l'acquitté puisse y participer[15].

Mais quoique déclaré innocent, Palizzolo, écrit Gaetano Mosca qui ne croit pas à sa culpabilité « apparaît sous son plus mauvais jour, sinon comme un délinquant, du moins comme un protecteur de délinquants et même soupçonné de relations avec des brigands »[16].

Défaite électorale et voyage à New York

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En , il fut toutefois battu de loin aux élections parlementaires[15]. Il est renvoyé au conseil municipal alors que ni Tasca Lanza ni Camporeale ne l'intègrent sur leurs listes[17].. Giuseppe Fontana, acquitté lui aussi, quitta quant à lui la Sicile pour New York où il s'intégra à la mafia locale[15], devenant membre du gang de Giuseppe Morello [18].

Palizzolo lui-même se rendit également à New York en voyage, où il débarqua le , demeurant au domicile du Dr G. A. Purpura[19]. Il y aurait visité G. Fontana, Giuseppe Morello et Ignazio Lupo (en) [19]. Selon certaines sources, l'inspecteur italo-américain Giuseppe Michele Pasquale Petrosino, qui avait en public vanté son honnêteté, l'aurait persuadé de retourner en Sicile[19]. Petrosino fut assassiné en 1909 en raison de ses enquêtes sur la Mano Nera.

Bibliographie

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  • (it) Orazio Cancila, Palermo, Laterza, coll. « Storia delle città italiane », (ISBN 978-88-420-5781-9).
  • John Dickie, Cosa Nostra. La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, éd. Perrin, .
  • Jean-Yves Frétigné, « La Sicile : un laboratoire politique à l’époque de la Monarchie libérale (1860-1922) », Cahiers de la Méditerranée, no 96,‎ , p. 179–195 (ISSN 0395-9317, DOI 10.4000/cdlm.10800, lire en ligne, consulté le ).

Notes et références

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  1. a b c d e et f Frétigné 2018.
  2. a b c et d Cancila 1999, p. 165.
  3. Cancila 1999, p. 161-162.
  4. a b c d e f et g Dickie 2007, chap. III, p. 123-125.
  5. Cancila 1999, p. 216.
  6. Dickie 2007, p. 150.
  7. Dickie 2007, p. 163.
  8. a b c et d Dickie 2007, p. 164-165.
  9. a et b Cancila 1999, p. 220.
  10. Dickie 2007, p. 169.
  11. « A l'étranger », Le Figaro,‎ , p. 2 (lire en ligne).
  12. a b c d et e Dickie 2007, p. 171-175.
  13. Dickie 2007, p. 119.
  14. (de) « A l'étranger », Le Figaro,‎ , p. 2 (lire en ligne).
  15. a b c et d Dickie 2007, p. 177-178.
  16. Cancila 1999, p. 225.
  17. Orazio Cancila, Palermo, Laterza, coll. « Storia delle città italiane », 1999, p. 238.
  18. Dickie 2007, chap. V, p. 229-233.
  19. a b et c Notice biographique succincte

Liens externes

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