Aller au contenu

Réseau de l'Alpe

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Réseau de l'Alpe
Vue sur le vallon où se développe le réseau de l'Alpe.
Localisation
Coordonnées
Pays
France
Département
Massif
Localité voisine
Caractéristiques
Type
calcaire
Longueur connue
72 300 m
Localisation sur la carte d’Isère
voir sur la carte d’Isère
Localisation sur la carte de la Savoie
voir sur la carte de la Savoie
Localisation sur la carte de France
voir sur la carte de France

Le réseau de l'Alpe est le plus grand réseau souterrain des Alpes françaises et le troisième en France en développement. Il est situé dans le massif de la Chartreuse au sud du mont Granier, entre le col de l'Alpe et de l'Alpette. Le réseau s'étend sur deux communes de l'Isère : Sainte-Marie-du-Mont et Chapareillan, ainsi que sur une commune de Savoie : Entremont-le-Vieux. Les prairies et forêts sous lesquelles se développe ce réseau karstique font partie de la réserve naturelle nationale des Hauts de Chartreuse et du parc naturel régional de Chartreuse.

La première cavité à être explorée est la grotte du Biolet avant 1947. En juin 1947 et 1948, des équipes avec Pierre Chevalier y atteignent la profondeur de −338 mètres[1].

En 1964, le collecteur[N 1], nommé la Rivière de Jade, est atteint par le spéléo-club de Savoie de Chambéry, ainsi que le siphon terminal en 1965. Le golet du Tambourin, après un puits de 205 mètres, jonctionne le réseau en 1970.

La grotte aux Ours rejoint le réseau le [3].

Cette même année, le golin du Tabouret est rattaché au réseau ; le développement passe à 21 638 mètres pour une profondeur de 520 mètres[4],[5].

Le gouffre Brutus, placé au milieu du synclinal, donne accès au collecteur en 1981[6].

Les puits d'entrée du golet de la Combe des Arches se libérent de la glace en 1982 ; cela permet, au spéléo club Savoie, l'exploration et la jonction avec le gouffre Brutus. Le club des tritons de Lyon découvre, également en 1982, le gouffre de la Vache Enragée et réalise une série de jonctions[7],[8].

En 1983, une nouvelle cavité est trouvée, le golet de Source Vieille[9] et le collecteur est atteint. Le , l'ensemble des gouffres ne forme plus qu'un : le réseau de l'Alpe de 51 042 m pour −602 m[10].

La plongée du siphon terminal du gouffre de la Combe de l'Arche amène la profondeur à −655 mètres[N 2]. Le gouffre du Migolet est découvert le et relié à la rivière de Jade en 1990[11].

Le dernier accès au réseau est le gouffre du Villaret, cavité développant plus de six kilomètres, jonctionnant en 2004 avec le réseau[12].

Description

[modifier | modifier le code]

Le collecteur du réseau peut être suivi en trois tronçons:

  • Grotte du Biolet - gouffre du Berger[13] - golet du Tambourin[14],
  • Grotte aux Ours - gouffre de la Vache Enragée[15],[16] - gouffre de Source Vieille[17],
  • Gouffre Brutus[18]. - gouffre de la Combe de l'Arche[19].

De nombreuses cavités se situent au fond du synclinal orienté sud-nord : Migolet, Berger, Tambourin, Vache Enragée, Source Vieille, Brutus, Combe de l'Arche.

Deux autres : Biolet et grotte aux Ours, se trouvent sur une vire dans les barres rocheuses au dessus de la vallée des Entremonts.

Les entrées les plus élevées, proches du golet du Pompier[20], sont sur le versant ouest constitué de dalles de lapiaz[21].


Principales entrées

[modifier | modifier le code]
Vallon herbeux vert avec des arbres
Le vallon de l'Alpe-Alpette vu du nord.
Chaos rocheux au dessus de pâturages
Les lapiaz du versant ouest où se situent les plus hautes cavités.
Barres rocheuses dominant des pâturages verts
Le mont Granier, limite nord du réseau.

En 2018, le réseau comporte 37 entrées, dont les principales sont :

La cuvette synclinale perchée Alpe-Alpette se déverse vers le nord-est avec des hautes surfaces lapiazées à l'ouest (Mont Pinet: 1 867 m)[22].

Les puits et méandres se développent dans le calcaire Urgonien et le collecteur dans les marnes Hauteriviennes. La source du Cernon[N 3], située à 1 160 m d'altitude à Chapareillan, est la sortie des eaux du réseau de l'Alpe[23],[24].

Des anciens collecteurs fossiles ont été mis en évidence dans la grotte du Biolet, ils doivent remonter au Pliocène[25]. Les glaciations quaternaires ont dû creuser les conduits les plus récents[26],[27].

En 1961, deux jeunes filles, monitrices d'une colonie de vacances, décident d'entrer dans la grotte du Biolet pour ressortir à Saint-Pierre d'Entremont. En jupette de scout et petits souliers, munies d'une simple lampe de poche, elles n'hésitent pas à se laisser glisser dans le premier puits de 6 mètres. Elles continuent en ramping, franchissent un puits en faisant le grand écart, se désaltèrent et mangent avant de se résoudre à faire demi-tour. Au village les secours s'organisent mais après deux jours de recherche pas de traces des jeunes filles. Les spéléos appelés en renfort les retrouvent au pied du premier puits qu'elles ne peuvent remonter sans matériel[28].

un vallon couleur automnale avec une barre de falaise au fond
Vue du vallon depuis le col de l'Alpe, le collecteur est 350 à 400 mètres sous les paturages.[N 4].

Notes et références

[modifier | modifier le code]

wikilien alternatif2

Les coordonnées de Réseau de l'Alpe :

  1. En spéléologie un collecteur est une « galerie principale recueillant les eaux des autres galeries[2] ».
  2. En spéléologie, les mesures négatives ou positives se définissent par rapport à un point de référence qui est l'entrée du réseau, connue, la plus élevée en altitude
  3. La grotte de Cernon a pour coordonnées 45° 27′ 04″ N, 5° 56′ 23″ E.
  4. Les haberts et le mont Granier sont visibles en passant la souris sur cette illustration sur Wikimedia Commons.

Références

[modifier | modifier le code]
  1. Pierre Chevalier et Baudouin Lismonde (responsable publication), Fédération française de spéléologie, « Grotte du Biolet », Scialet : bulletin du CDS de l'Isère, Grenoble, Comité départemental de spéléologie de l'Isère, no 5,‎ , p. 52-53 (ISSN 0336-0326, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  2. David Pujol, « Glossaire : Collecteur », termes spéléologiques, sur site personnel, mis à jour le 07 juillet 2009 (consulté le ), p. C.
  3. Marc Papet, Robert Durand et Baudouin Lismonde (responsable publication), Fédération française de spéléologie, « Le réseau de la grotte aux ours », Scialet : bulletin du CDS de l'Isère, Grenoble, Comité départemental de spéléologie de l'Isère, no 3,‎ , p. 39-42 (ISSN 0336-0326, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  4. Patrick Blusson, Jean-Claude Henrich, Gilbert Bohec (respons. publication) et Baudouin Lismonde (respons. publication), Fédération française de spéléologie, « Le Golin du Tabouret », Scialet : bulletin du CDS de l'Isère, Grenoble, Comité départemental de spéléologie de l'Isère, no 6,‎ , p. 58-66 (ISSN 0336-0326, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  5. Patrick Blusson, Jean-Claude Henrich, Gilbert Bohec (respons. publication) et Baudouin Lismonde (respons. publication), Fédération française de spéléologie, « Le Golin du Tabouret », Scialet : bulletin du CDS de l'Isère, Grenoble, Comité départemental de spéléologie de l'Isère, no 7,‎ , p. 43-50 (ISSN 0336-0326, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  6. C Hermen et Baudouin Lismonde (responsable publication), Fédération française de spéléologie, « Le lingot du ratoubin ou gouffre Brutus », Scialet : bulletin du CDS de l'Isère, Grenoble, Comité départemental de spéléologie de l'Isère, no 11,‎ , p. 71-75 (ISSN 0336-0326, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  7. Jean-Philippe Grancolas, « Les tritons ont 40 ans (1955-1995) », p. 7.
  8. Jean-Philippe Grancolas, « Activités 1997 à 2008 du clan des Tritons », p. 6.
  9. « Golet de source vieille », coupe du Golet de Source vieille, sur souterweb.free.fr (consulté le ).
  10. Baudouin Lismonde et Philippe Drouin, Chartreuse souterraine, Grenoble, Comité départemental de spéléologie de l'Isère, , 389 p. (ISBN 2-902670-19-2), p. 48-64.
  11. Thierry Miguet, David Wolozan et Baudouin Lismonde (responsable publication), Fédération française de spéléologie, « Le Migolet », Scialet : bulletin du CDS de l'Isère, Grenoble, Comité départemental de spéléologie de l'Isère, no 20,‎ , p. 103-107 (ISSN 0336-0326, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  12. Philippe Cabréjas, Baudouin Lismonde (responsable publication) et Agnès Daburon (responsable publication), Fédération française de spéléologie, « Le gouffre du Villaret », Scialet : bulletin du CDS de l'Isère, Grenoble, Comité départemental de spéléologie de l'Isère, no 33,‎ , p. 85-94 (ISSN 0336-0326).
  13. Jean-Louis Fantoli, « gouffre du Berger », sur grottocenter.org (consulté le ).
  14. Jean-Louis Fantoli, « Tambourin 1 (Golet du) [n°171.1] », sur grottocenter.org (consulté le ).
  15. Jean-Philippe Grancolas, « Gouffre de la Vache Enragée », Spéléo Dossiers, no 19,‎ , p. 25-32 (lire en ligne, consulté le ).
  16. Jean-Philippe Grancolas, « Gouffre de la Vache Enragée », Spéléo Dossiers, no 20,‎ , p. 43-44 (ISSN 0755-8813, lire en ligne, consulté le ).
  17. Jean-Louis Fantoli, « Gouffre de Source Vieille », sur grottocenter.org (consulté le ).
  18. Jean-Louis Fantoli, « Brutus (Gouffre) [n°180.1 et 180.3] », sur grottocenter.org (consulté le ).
  19. Jean-Louis Fantoli, « Golet de la Combe des Arches », sur grottocenter.org (consulté le ).
  20. Jean-Louis Fantoli, « Golet du Pompier », sur grottocenter.org (consulté le ).
  21. « Réseau de l'Alpe », plan du réseau de l'Alpe, sur souterweb.free.fr (consulté le ).
  22. « Roc du Pinet, Plateau de l'Alpette », sur geol-alp.com (consulté le ).
  23. « Cascade et source du Cernon », sur gresivaudan-tourisme.com (consulté le ).
  24. Jean-Louis Fantoli, « Grotte-exsurgence du Cernon », sur grottocenter.org (consulté le ).
  25. Bruno Talour, Hydrologie karstique du massif du Grand Som (Chartreuse-Isère) (Thèse: sciences de la terre, mention géologie appliquée: Faculté des sciences de l'université de Grenoble), Grenoble, , 109 p., 24 cm (lire en ligne), p. 144.
  26. Fabien Hobléa, Jacques Nant, Robert Durand, Bruno Cabrol, Denys Bourgeois, Pierre-Olivier Chabod et Philippe Audra (responsable d'édition), «  Grottes et karts de France », Karstologia Mémoires, Paris, Association française de karstologie, no 19,‎ , p. 93 (ISBN 978-2-9504222-5-5, lire en ligne, consulté le ).
  27. (en) Fabien Hobléa, Philipp Häuselmann et Peter Kubik, « Cosmogenic nuclide dating of cave deposits of Mount Granier (Hauts de Chartreuse Nature Reserve, France): morphogenic and palaeogeographical implications Datation par la méthode des isotopes cosmogéniques de sédiments endokarstiques du mont Granier (Réserve Naturelle des Hauts de Chartreuse, France) : implications morphogéniques et paléogéographiques », Géomorphologie relief processus environnement, Groupe français de géomorphologie, no 4,‎ , p. 395-406 (lire en ligne, consulté le ).
  28. CDS Savoie, L'aventure souterraine en Savoie, La Ravoire, GAP, coll. « aventure », , 302 p. (ISBN 2-7417-0085-0), p. 65-68.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Jean-Jacques Delannoy et Richard Maire, « Les grandes cavités alpines. Répartition et contexte hydrogéologique », revue Karstologia, vol. 3,‎ , p. 63-64 (lire en ligne, consulté le ).
  • Jean-Louis Fantoli, Fédération française de spéléologie, « Le golet de source vieille, une entrée du réseau de l'Alpe », Spelunca., Paris, Fédération française de spéléologie, no 20,‎ , p. 16-24 (ISSN 0249-0544, lire en ligne, consulté le ).
  • Jean-Louis Fantoli, Fédération française de spéléologie, « Plongées à la Combe des Arches et au Cernon », Scialet : bulletin du CDS de l'Isère, Grenoble, Comité départemental de spéléologie de l'Isère, no 15,‎ , p. 86-87 (ISSN 0336-0326, lire en ligne, consulté le ).
  • Bruno Talour et Pascale Talour, Le karst ou le relief calcaire de Chartreuse, (lire en ligne).
  • Bruno Talour, Quelques classiques spéléologiques en Chartreuse, , 22-24 p. (lire en ligne).
  • CDS Savoie, Atlas des Grottes de Savoie, Prospect-98, La Ravoire, GAP, , 216 p. (ISBN 2-7417-0228-4), p. 131-148.
  • Yannick Zanardi et Philippe Cabréjas, Fédération française de spéléologie, « Le gouffre du Villaret », Scialet : bulletin du CDS de l'Isère, Grenoble, Comité départemental de spéléologie de l'Isère, no 28,‎ , p. 49b-50 (ISSN 0336-0326, lire en ligne, consulté le ).
  • Yannick Zanardi et Philippe Cabréjas, Fédération française de spéléologie, « Le gouffre du Villaret », Scialet : bulletin du CDS de l'Isère, Grenoble, Comité départemental de spéléologie de l'Isère, no 29,‎ , p. 102-106 (ISSN 0336-0326, lire en ligne, consulté le ).
  • Yannick Zanardi et Philippe Cabréjas, Fédération française de spéléologie, « Le gouffre du Villaret », Scialet : bulletin du CDS de l'Isère, Grenoble, Comité départemental de spéléologie de l'Isère, no 30,‎ , p. 73-78 (ISSN 0336-0326, lire en ligne, consulté le ).

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]