Place de l'Hôtel-de-Ville - esplanade de la Libération

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Place de l'Hôtel-de-Ville
Esplanade de la Libération
Voir la photo.
La place de l’Hôtel-de-Ville.
Voir la plaque.
Situation
Arrondissement 4e
Quartier Saint-Merri
Début 2, quai de Gesvres et quai de l'Hôtel-de-Ville
Fin 31, rue de Rivoli
Morphologie
Longueur 155 m
Largeur 82 m
Historique
Ancien nom place de l’Hôtel-de-Ville (1803-2013)
place de Grève ( -1803)
Géocodification
Ville de Paris 4579
DGI 4665
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
place de l'Hôtel-de-Ville Esplanade de la Libération
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La place de l'Hôtel-de-Ville - Esplanade de la Libération[1], ancienne place de Grève jusqu'en 1803, est une place de Paris, en France. Cette place est située sur les berges de la Seine, d’où son ancien nom (grève : terrain plat composé de graviers ou de sable en bord de mer ou de cours d'eau).

Ce site est desservi par la station de métro Hôtel de Ville.

Histoire

L'ancien Hôtel de ville et place de grève vers 1610, par Claude Chastillon

La place de Grève sous l'Ancien Régime

Le site était occupé autrefois par une ancienne grève, donc une sorte de plage faite de sable et de gravier, d'où il était facile de décharger des marchandises arrivant par la Seine[2]. Ainsi, très vite s’y installe un port remplaçant le Port Saint Landry situé sur l’île de la Cité. Le port de la Grève devient le plus important de Paris : le bois, le blé, le vin, le foin y sont déchargés, facilitant ainsi l’installation d’un marché. C’est autour de ce port que va ainsi se développer sur la rive droite, un quartier très dense. Un marché s’installa à proximité au commencement du XIIe siècle[2]. Aussi les hommes sans emploi y trouvaient-ils facilement du travail. L'expression "faire grève" a donc d'abord signifié "se tenir sur la place de Grève en attendant de l'ouvrage" avant d'évoluer vers le sens qu'on lui connaît aujourd'hui, à savoir cesser le travail "en se liguant pour obtenir une augmentation de salaire" (Littré, 1872).

« La place de Grève, vis-à-vis de l’hôtel-de-ville, fut établie en vertu d’une charte du roi Louis le Jeune [Louis VII de France, dit Louis le Jeune, né en 1120, mort en 1180 à Melun, roi de 1137 à 1180], sur la demande des bourgeois de Paris. Ce monarque y déclara que, moyennant la somme de soixante-dix livres parisis que ces bourgeois lui paieraient, la place resterait libre et qu’on n’y élèverait aucun bâtiment. Depuis ce temps, on fait dans cette place différentes cérémonies, telles que celle du feu de la Saint Jean : la ville y donne des fêtes ; et c’est là que se font ordinairement les exécutions. La première est de l’année 1310, époque à laquelle une femme hérétique, nommée Marguerite Perrette, y fut brûlée. La halle au vin y fut transportée en 1413, et la place au charbon, en 1642. »

Le marché est supprimé par la charte de 1141 de Louis VII[2].

Le siège de la municipalité parisienne s'y installe vers 1357, quand Étienne Marcel, prévôt des marchands, acquiert là à tel effet « la maison aux piliers ». À son retour des guerres d’Italie, François Ier décide de lui substituer un nouvel édifice qu’il commande à l’Italien Dominique Boccador. Le nouveau bâtiment, conçu en 1533, n’est achevé qu’en 1628.

En 1362, l'hôpital du Saint-Esprit est fondé au nord de l'hôtel de ville. Son église est construite en 1406. L'ensemble est détruit en 1798[3].

Sous l'Ancien Régime, cette place servait aussi aux exécutions et aux supplices publics. Robert François Damiens, qui avait tenté de tuer Louis XV, y fut exécuté. La Révolution continua la tradition : la première exécution par guillotine eut lieu en place de Grève en 1792.

Sous l'Ancien Régime, et après la Révolution cette place servait aussi aux exécutions et aux supplices publics : Robert François Damiens, François Ravaillac entre autres y furent écartelés. C'est également sur la place que l'on brûla, Catherine Deshayes, dite la Voisin pour sorcellerie le 22 février 1680, pour l'affaire des poisons.

On y dressait également le feu de la Saint-Jean qui était traditionnellement allumé par le roi de France en personne, coutume qui perdura jusqu’en 1648, date à laquelle Louis XIV officia pour la dernière fois[4].

La place est agrandie vers 1770[2].

Liste non exhaustive d’exécutions sous l’Ancien Régime

Anne du Bourg, pendu puis brûlé en place de Grève en 1559.
1310 : Marguerite Porete (brûlée)[2]
1549 : Jacques Ier de Coucy (décapité)
1559 : Anne du Bourg (pendu puis brûlé)
1574 : le Comte de Montgomery (décapité)
1574 : Joseph Boniface de la Môle (décapité)
1602 : Guy Éder de La Fontenelle (roué vif)
2 décembre 1603: Julien de Ravalet et sa sœur Marguerite (décapités)
1610 : François Ravaillac (écartelé)
8 juillet 1617 : Léonora Galigaï Veuve de Concino Concini (décapitée puis brûlée)
1627 : François de Montmorency-Bouteville (décapité)
1632 : Louis de Marillac (décapité)
1670 : François Sarrazin (poing coupé puis brûlé)
1676 : Marie Madeleine Dreux d'Aubray, marquise de Brinvilliers (décapitée)
1680 : Catherine Deshayes, dite la Voisin (brûlée)
1681 : Anne de Caradas, veuve de François du Saussay, procureur du roi aux eaux et forêts de Rouen, arrêtée le 12 juin, décapitée le 25 juin 1681, sa tête jetée dans le brasier. (brûlée)
1721 : Louis Dominique Cartouche (roué vif)
1757 : Robert François Damiens (écartelé)[2]
1766 : Thomas Arthur de Lally-Tollendal (décapité)

Place de Grève sous la Révolution

Le , eut lieu en place de Grève la première exécution par guillotine. Le condamné, Nicolas Jacques Pelletier, était un simple voleur. La foule, accoutumée depuis le Moyen Âge à des supplices plus « raffinés », se montra déçue de la rapidité du procédé. Le lendemain, une chanson courait les rues : Rendez-moi ma potence de bois, rendez-moi ma potence[5]. La guillotine devait à nouveau être montée en place de Grève, de novembre 1794 à mai 1795. Parmi les dernières têtes à tomber furent celles du député de la Convention Jean-Baptiste Carrier et de l'accusateur public Fouquier-Tinville.

L'extension et le réaménagement de la place de l'Hôtel-de-Ville au XIXe siècle

La place sur un extrait du plan de Edme Verniquet (fin XVIIIe siècle) avant son agrandissement au milieu du XIXe siècle
Place de l’Hôtel-de-Ville en hiver (décembre 2011), avec une patinoire.

La place de l'Hôtel-de-Ville, ainsi nommée le [6].

La place prend sa physionomie actuelle dans la deuxième partie du XIXe siècle dans le cadre des travaux de transformations de Paris sous le Second Empire. La place est alors prolongée vers le nord jusqu'à la rue de Rivoli, tracée à la même époque. Le côté occidental de la place est aligné dans l'axe de la rue du Renard élargie[7]. La place absorbe alors la rue du Mouton au nord et la rue Jean de l'Épine à l'ouest.

Après sa destruction lors de la Commune, l'hôtel de ville de Paris, qui avait fait l’objet au début du XIXe siècle d’importants remaniements qui avait altéré son style initial, est reconstruit .

De nos jours

La place est devenue un espace réservé aux piétons en 1982.

Par décision du Conseil de Paris en date du , la place prend officiellement le nom de place de l'Hôtel-de-Ville - Esplanade de la Libération, en hommage aux libérateurs de Paris en 1944[1].

Aujourd'hui la place de l'Hôtel-de-Ville est un lieu d'animation :

  • pour Paris Plages de 2004 et 2011, une grande partie de la place était transformée en un terrain de volley-ball ;
  • en hiver, on y place souvent une patinoire géante ;
  • des « salons » s'y tiennent, par exemple pour les étudiants ;
  • au printemps, une manifestation pour le don du sang y a lieu ;
  • en juillet 2007, une partie d'une exposition sur les jardins se déroulait place de l'Hôtel-de-Ville ;
  • lors des grands soirées sportives, un écran géant est installée sur la place (Coupe du monde de football, Coupe du monde de rugby à XV);
  • chaque été, elle accueille les concerts gratuits de Paris Plages du festival Fnac Indétendances depuis 2009 (Ces concerts étaient auparavant situés sur les berges de Seine)
  • En mars 2009, la place fut le siège de la ronde des obstinés, une ronde qui dura plus de 1000 heures (>40 jours, nuit et jour, sans interruption)[8]. Cette ronde avait pour but de protester contre le projet Pécresse de réforme des Universités.

Citations

Extrait du Livre Deuxième, Chapitre II, de Notre Dame de Paris de Victor Hugo (1831) :
« Il ne reste aujourd'hui qu'un bien imperceptible vestige de la place de Grève telle qu'elle existait alors. C'est la charmante tourelle qui occupe l'angle nord de la place, et qui, déjà ensevelie sous l'ignoble badigeonnage qui empâte les vives arêtes de ses sculptures, aura bientôt disparu peut-être, submergée par cette crue de maisons neuves qui dévore si rapidement toutes les vieilles façades de Paris.[...]
La Grève avait dès lors cet aspect sinistre que lui conservent encore aujourd'hui l'idée exécrable qu'elle réveille et le sombre Hôtel de Ville de Boccador, qui a remplacé la Maison-aux-Piliers. Il faut dire qu'un gibet et un pilori permanents, une justice et une échelle, comme on disait alors, dressés côte à côte au milieu du pavé, ne contribuaient pas peu à faire détourner les yeux de cette place fatale, où tant d'êtres pleins de santé et de vie ont agonisé ; où devait naître cinquante ans plus tard cette fièvre de Saint-Vallier, cette maladie de la terreur de l'échafaud, la plus monstrueuse de toutes les maladies, parce qu'elle ne vient pas de Dieu, mais de l'homme. »

Notes et références

  1. a et b « Paris : la place de l'Hôtel de Ville devient place de l'Hôtel de Ville - l'Esplanade de la Libération », sur lexpress.fr,
  2. a b c d e et f Félix et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues et des monuments de Paris, édition de 1844, p. 322–324 [lire en ligne]
  3. Ibid., p. 317–322
  4. Yves-Marie Bercé, Fête et révolte : des mentalités populaires du XVIe au XVIIIe siècle, Hachette (coll. Le Temps et les hommes), Paris, 1976, p. 62.
  5. 25 avril 1792 : première utilisation de la guillotine sur un condamné - france-pittoresque.com
  6. Site de la ville de Paris, arrêté du 28 ventôse an XI (19 mars 1803)
  7. Eugène Andriveau-Goujon, Plan d'ensemble des travaux de Paris à l'échelle de 0,001 pour 10 mètres (1/10 000) indiquant les voies exécutées et projetées de 1851 à 1868, Paris, E. Andriveau-Goujon, 1868 [lire en ligne]
  8. Article de Libération: http://www.liberation.fr/education/0101558875-la-ronde-des-obstines-s-elargit

Annexe

Articles connexes

Lien externe

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