Pinakes de Penteskouphia
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b4/Plaque_Penteskouphia_MNB2858.jpg/220px-Plaque_Penteskouphia_MNB2858.jpg)
Les pinakes de Penteskouphia sont des plaques votives, ou pinakes, datant de Ces œuvres de la céramique grecque antique ont été retrouvées à Penteskouphia (de), un village grec au sud-ouest de la Corinthe antique, sur l'isthme de Corinthe, qui relie le Péloponnèse à la Grèce continentale.
Présentation du site
[modifier | modifier le code]![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/ba/Penteskoufi_Hill_from_the_Acrocorinth_on_January_10%2C_2020.jpg/220px-Penteskoufi_Hill_from_the_Acrocorinth_on_January_10%2C_2020.jpg)
Penteskouphia (de) est un site archéologique se trouvant au pied de l’Acrocorinthe dans le Péloponnèse, une colline haute d’environ 548 m, située à 1,2 km au sud-ouest de l’antique cité de Corinthe et dont elle était la citadelle. C’est là, vers 1879-1880, au fond d’une crevasse, que furent découvertes des milliers de pinakes (plaquettes votives réalisées en céramique) à l’occasion d’excavations clandestines entreprises par les agriculteurs de la région. Malheureusement, les premières plaquettes font vite l’objet d’une vente illégale et sont dispersées entre les musées de Corinthe, du Louvre à Paris et de l’Antikensammlung de Berlin. Bien plus tard, en 1929, l’école américaine d’Athènes entreprend des fouilles correctes et en fait à son tour la mise au jour. Bon nombre de plaquettes demeurent encore en leur possession[1] et continuent de faire l’objet d’analyses et expertises.
Parallèlement à ces plaquettes votives de Penteskouphia, il existe par ailleurs un petit groupe de fragments également d’origine corinthienne, conservés respectivement à Göttingen (Universität Georg-August) et àl'Antikensammlung de Kiel (L 38)[2]. Il n’y a pas de certitudes sur l’inclusion de ces éléments au corpus de Penteskouphia.
Description et sujets iconographiques
[modifier | modifier le code]Chaque plaquette est de forme rectangulaire, de dimensions de 6 cm sur 8 cm et est réalisée dans de l’argile blanche, enduite d’un engobe blanc crème, parfois avec des rehauts. Elles présentent aussi des trous de perforation à divers endroits afin d’être accrochées et suspendues à des arbres en signe de dévotion. Il est possible de supposer qu’elles provenaient à l’origine d’un ancien sanctuaire dédié à Poséidon. Cependant aucune découverte concrète d’habitat ou de temples, ou de nécropoles, ni même de vestiges ou de constructions, n’a été faite à ce jour. En terme de datation, on les situe entre la seconde moitié du 7e siècle et - 500 avant J.-C.
Des représentations de la fabrication de la céramique
[modifier | modifier le code]De nombreuses thématiques sont présentes sur l’ensemble du corpus de pinakes. L’une des principales est l’artisanat, à savoir la fabrication de la céramique, et les diverses étapes du processus :
- extraction de l’argile par les ouvriers dans des carrières et au moyen de pics ou de haches pour creuser le sol (Antikensammlung F 871 ou F 811)
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- collecte dans des paniers que l’on fait remonter à la surface
- mise en forme par les potiers, montrés en position debout ou assise avec le tour (Louvre MNB 2857, Antikensammlung F 891)
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- cuisson dans les fours : la plupart des scènes montrent soit un ou deux personnages équipés d’un crochet en vue d’ouvrir et fermer l’évent du four pour ensuite contrôler les phases oxydantes et réductrices ; soit des personnages figurant en train de sceller les fours au sol (Louvre MNB 2856) ou de monter dessus par eux-mêmes via une échelle (Antikensammlung F 608+612).
Les fours sont dépeints de forme ronde et de petite taille avec des flammes s’échappant de leur évent, pour accentuer la gravité de la scène. Un cas de pinax assez rare (Antikensammlung F 893) nous permet de voir l’intérieur de l’un de ses fours.
Des représentations de la navigation au 6e siècle avant notre ère
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Parallèlement, l’autre thématique importante est celle de la navigation, sur bon nombre de pièces.
L’une d’entre elles (Antikensammlung F 831) présente une iconographie assez particulière. Sur une face, un artisan est représenté équipé d’une pioche travaillant dans une grotte (ou caverne), à gauche, un oiseau androcéphale dans la partie supérieure et à droite, l’image de Poséidon avec la main droite levée et semblant tenir quelque chose qui est malheureusement pas identifiable. De l’autre côté de cette pièce, figure la représentation d'un bateau qui n’est pas vraiment un navire de guerre mais plutôt de commerce puisqu’on peut observer des formes de vases grecs, suspendus ou accrochées dans le vide. On avancerait l’idée d’œnochoés, vases destinés à la consommation à l’inverse des amphores ou des pithoi qui sont en général employés comme contenants pour le transport des liquides[3].
Il faut donc interpréter au travers de ce pinax que l’ensemble renvoie au thème du commerce, ou plus exactement l’élaboration des vases par l’intermédiaire du personnage dans sa grotte (qui serait en réalité son atelier) et qui sont par la suite embarqués sur les navires pour être vendus et diffusés dans le bassin méditerranéen ; d’autre part le personnage de Poséidon veillant à la protection des marins, l’apaisement des mers et prodiguant la sécurité de la navigation.
Inscriptions et dédicaces
[modifier | modifier le code]Une partie des inscriptions attestées sur les plaquettes de Penteskouphia semble renvoyer à des peintres, des potiers ou même à de simples dédicants. Toute une série de noms nous sont parvenus tels que Onymon, Sordis, Milonidas, Timonidas, Eustratos, Simion, Politas, Thrasumachos, Phlebon, K(u)olidas, Aisimilles, A(e)sphulimos, Antiphias, Damophilos, Dorkon, Eukrine(u)s, Eurymedes, Kanthar(i)os, Lusiadas, Komios, Kopris (ou Korris), Zanthos, Kaminos et Locris, Deris, Stipon, Diomède, Lusipos, Arnesios, Aristophilos, Kul(l)as et Komios.
Simultanément, l’autre partie des inscriptions identifie clairement Poséidon et son épouse Amphitrite comme étant les principales divinités honorées à Penteskouphia.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Voir le site ASCSA.net, Corinth Monument : Penteskouphia, via www.corinth.ascsa.net/
- Voir le site du Beazley Archive – Classical Art Research Center
- PALMIERI, Maria Grazia, "Navi mitiche, artigiani e commerci sui pinakes corinzi da Penteskouphi : alcune riflessioni", in CAMIO, Francisco et PRIVITERA Santo (dir.), « Contatti, scambi e valori nel Mediterraneo antico. Studi offerti a Nicolas Parise », Obeloi, Fondazione Paestum, éd. Scuola Archeologica Italiana di Atene, Tekmeria, vol. 11, Paestum-Atene (2009), pp. 94-96
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Claudia Antonetti, « Phalanthos entre "Corinthe et Sicyone" », Dialogues d'histoire ancienne, nos 22/1, , p. 65-78 (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Helen A. Geagan, « Themes on the Plaques from Penteskouphia », Archäologischen Anzeiger, no 85, , p. 31-48.
- (en) Hall Jonathan M., A History of the Archaic Greece World: ca. 1200-479 BCE, Malden, Blackwell Publishing, (ISBN 0-631-22667-2), p. 111-114.
- (en) Eleni Hasaki, Potters at work in ancient Corinth: Industry, religion, and the Penteskouphia pinakes, Princeton, École américaine d'études classiques à Athènes, (ISBN 978-0-87661-553-9).
- (it) Maria Grazia Palmieri, « Navi mitiche, artigiani e commerci sui pinakes corinzi da Penteskouphi : alcune riflessioni », dans Francisco Camio et Santo Privitera, Obeloi. Contatti, scambi e valori nel Mediterraneo antico. Studi offerti a Nicola Parise, Paestum et Athènes, Fondazione Paestum et Scuola archeologica italiana di Atene, coll. « Tekmeria » (no 11), (ISBN 88-87744-24-6), p. 85-99.
- François de Polignac, La naissance de la cité grecque : cultes, espace et société, VIIIe – VIIe siècles, Paris, La Découverte, coll. « Textes à l'appui / Histoire classique », (ISBN 2-7071-2474-5), p. 84.
- (en) Betsey Ann Robinson, Histories of Peirene. A Corinthian fountain in three millennia, Princeton, École américaine d'études classiques à Athènes, (ISBN 978-0-87661-965-0), p. 162-163.
- (en) Thesaurus Cultus et Rituum Antiquorum (de), vol. I : Processions, Sacrifices, Libations, Fumigations, Dedications, Los Angeles, Getty Publications, (ISBN 0-89236-788-1), p. 293-295.
- Maria Vamvouri Ruffy, La fabrique du divin. Les Hymnes de Callimaque à la lumière des Hymnes homériques et des Hymnes épigraphes, Liège, Presses universitaires de Liège, coll. « Suppléments Kernos » (no 14), (ISBN 978-2-8218-2902-2), p. 73-92.
Liens externes
[modifier | modifier le code]- ASCSA.net, Corinth Monument : Penteskouphia, sur www.corinth.ascsa.net/, consulté le 6 janvier 2018.
- BEAZLEY ARCHIVE – CLASSICAL ART RESEARCH CENTER, sur http://www.beazley.ox.ac.uk/
- THE SCYHIAN PHOENIX, Making Sense after Rudolf Wachter VIII (Pinakes1), disponible sur www.scythianphoenix.hisbiro.hu/ , consulté le 6 janvier 2018.