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Pinakes de Penteskouphia

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Pinax de Penteskouphia représentant un atelier de potier datée de à (musée du Louvre, MNB 2858).

Les pinakes de Penteskouphia sont des plaques votives, ou pinakes, datant de Ces œuvres de la céramique grecque antique ont été retrouvées à Penteskouphia (de), un village grec au sud-ouest de la Corinthe antique, sur l'isthme de Corinthe, qui relie le Péloponnèse à la Grèce continentale.

Présentation du site

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La colline de Penteskouphia (de) vue depuis l'Acrocorinthe en .

Penteskouphia (de) est un site archéologique se trouvant au pied de l’Acrocorinthe dans le Péloponnèse, une colline haute d’environ 548 m, située à 1,2 km au sud-ouest de l’antique cité de Corinthe et dont elle était la citadelle. C’est là, vers 1879-1880, au fond d’une crevasse, que furent découvertes des milliers de pinakes (plaquettes votives réalisées en céramique) à l’occasion d’excavations clandestines entreprises par les agriculteurs de la région. Malheureusement, les premières plaquettes font vite l’objet d’une vente illégale et sont dispersées entre les musées de Corinthe, du Louvre à Paris et de l’Antikensammlung de Berlin. Bien plus tard, en 1929, l’école américaine d’Athènes entreprend des fouilles correctes et en fait à son tour la mise au jour. Bon nombre de plaquettes demeurent encore en leur possession[1] et continuent de faire l’objet d’analyses et expertises.

Parallèlement à ces plaquettes votives de Penteskouphia, il existe par ailleurs un petit groupe de fragments également d’origine corinthienne, conservés respectivement à Göttingen (Universität Georg-August) et àl'Antikensammlung de Kiel (L 38)[2]. Il n’y a pas de certitudes sur l’inclusion de ces éléments au corpus de Penteskouphia.

Description et sujets iconographiques

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Chaque plaquette est de forme rectangulaire, de dimensions de 6 cm sur 8 cm et est réalisée dans de l’argile blanche, enduite d’un engobe blanc crème, parfois avec des rehauts. Elles présentent aussi des trous de perforation à divers endroits afin d’être accrochées et suspendues à des arbres en signe de dévotion. Il est possible de supposer qu’elles provenaient à l’origine d’un ancien sanctuaire dédié à Poséidon. Cependant aucune découverte concrète d’habitat ou de temples, ou de nécropoles, ni même de vestiges ou de constructions, n’a été faite à ce jour. En terme de datation, on les situe entre la seconde moitié du 7e siècle et - 500 avant J.-C.

Des représentations de la fabrication de la céramique

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De nombreuses thématiques sont présentes sur l’ensemble du corpus de pinakes. L’une des principales est l’artisanat, à savoir la fabrication de la céramique, et les diverses étapes du processus :

  • extraction de l’argile par les ouvriers dans des carrières et au moyen de pics ou de haches pour creuser le sol (Antikensammlung F 871 ou F 811)
Extraction de l'argile, Altes Museum, Berlin
  • collecte dans des paniers que l’on fait remonter à la surface
  • mise en forme par les potiers, montrés en position debout ou assise avec le tour (Louvre MNB 2857, Antikensammlung F 891)
Potier au tour, Altes Museum, Berlin
  • cuisson dans les fours : la plupart des scènes montrent soit un ou deux personnages équipés d’un crochet en vue d’ouvrir et fermer l’évent du four pour ensuite contrôler les phases oxydantes et réductrices ; soit des personnages figurant en train de sceller les fours au sol (Louvre MNB 2856) ou de monter dessus par eux-mêmes via une échelle (Antikensammlung F 608+612).

Les fours sont dépeints de forme ronde et de petite taille avec des flammes s’échappant de leur évent, pour accentuer la gravité de la scène. Un cas de pinax assez rare (Antikensammlung F 893) nous permet de voir l’intérieur de l’un de ses fours.

Des représentations de la navigation au 6e siècle avant notre ère

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Navire et poisson, Altes Museum, Berlin

Parallèlement, l’autre thématique importante est celle de la navigation, sur bon nombre de pièces.

L’une d’entre elles (Antikensammlung F 831) présente une iconographie assez particulière. Sur une face, un artisan est représenté équipé d’une pioche travaillant dans une grotte (ou caverne), à gauche, un oiseau androcéphale dans la partie supérieure et à droite, l’image de Poséidon avec la main droite levée et semblant tenir quelque chose qui est malheureusement pas identifiable. De l’autre côté de cette pièce, figure la représentation d'un bateau qui n’est pas vraiment un navire de guerre mais plutôt de commerce puisqu’on peut observer des formes de vases grecs, suspendus ou accrochées dans le vide. On avancerait l’idée d’œnochoés, vases destinés à la consommation à l’inverse des amphores ou des pithoi qui sont en général employés comme contenants pour le transport des liquides[3].

Il faut donc interpréter au travers de ce pinax que l’ensemble renvoie au thème du commerce, ou plus exactement l’élaboration des vases par l’intermédiaire du personnage dans sa grotte (qui serait en réalité son atelier) et qui sont par la suite embarqués sur les navires pour être vendus et diffusés dans le bassin méditerranéen ; d’autre part le personnage de Poséidon veillant à la protection des marins, l’apaisement des mers et prodiguant la sécurité de la navigation.

Inscriptions et dédicaces

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Poséidon et Amphitrite, Musée du Louvre, Paris

Une partie des inscriptions attestées sur les plaquettes de Penteskouphia semble renvoyer à des peintres, des potiers ou même à de simples dédicants. Toute une série de noms nous sont parvenus tels que Onymon, Sordis, Milonidas, Timonidas, Eustratos, Simion, Politas, Thrasumachos, Phlebon, K(u)olidas, Aisimilles, A(e)sphulimos, Antiphias, Damophilos, Dorkon, Eukrine(u)s, Eurymedes, Kanthar(i)os, Lusiadas, Komios, Kopris (ou Korris), Zanthos, Kaminos et Locris, Deris, Stipon, Diomède, Lusipos, Arnesios, Aristophilos, Kul(l)as et Komios.

Simultanément, l’autre partie des inscriptions identifie clairement Poséidon et son épouse Amphitrite comme étant les principales divinités honorées à Penteskouphia.

Notes et références

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  1. Voir le site ASCSA.net, Corinth Monument : Penteskouphia, via www.corinth.ascsa.net/
  2. Voir le site du Beazley Archive – Classical Art Research Center
  3. PALMIERI, Maria Grazia, "Navi mitiche, artigiani e commerci sui pinakes corinzi da Penteskouphi : alcune riflessioni", in CAMIO, Francisco et PRIVITERA Santo (dir.), « Contatti, scambi e valori nel Mediterraneo antico. Studi offerti a Nicolas Parise », Obeloi, Fondazione Paestum, éd. Scuola Archeologica Italiana di Atene, Tekmeria, vol. 11, Paestum-Atene (2009), pp. 94-96

Bibliographie

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Liens externes

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Sur les autres projets Wikimedia :

  • ASCSA.net, Corinth Monument : Penteskouphia, sur www.corinth.ascsa.net/, consulté le 6 janvier 2018.
  • BEAZLEY ARCHIVE – CLASSICAL ART RESEARCH CENTER, sur http://www.beazley.ox.ac.uk/
  • THE SCYHIAN PHOENIX, Making Sense after Rudolf Wachter VIII (Pinakes1), disponible sur www.scythianphoenix.hisbiro.hu/ , consulté le 6 janvier 2018.