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Pietro Micca

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Pietro Micca
Tableau représentant Pietro Micca, héros italien, peint au XIXe siècle par Andrea Gastaldi (1858)
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 29 ans)
TurinVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
MilitaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Arme
Royal Sardinian Army (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Grade militaire

Pietro Micca (né Pierre Micha le à Sagliano, dans l'actuelle province de Biella, au Piémont et mort le (à 29 ans) à Turin), surnommé Passepërtut ("passe-partout" en piémontais), est un militaire piémontais mort héroïquement pour sa patrie, lors de la défense de la citadelle de Turin, assiégée par les Français, au cours de la guerre de succession d'Espagne. Il est célébré comme héros italien.

Contexte historique

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La guerre de succession d'Espagne qui a duré de 1701 à 1714 oppose le roi de France Louis XIV et l'empereur d'Autriche Léopold Ier de Habsbourg auquel succède en 1705 l'empereur Joseph Ier de Habsbourg: les deux dynasties se disputent la succession du trône d'Espagne laissé vacant par la mort du roi Charles II d'Espagne survenue le [1].

Le duc de Savoie, Victor-Amédée II, ayant conclu un traité d'alliance avec l'empereur d'Autriche, va subir de plein fouet l'invasion du Duché de Savoie et de la Principauté de Piémont par les troupes françaises du Maréchal de Catinat qui occupent les places de Suze, Verceil, Chivasso, Ivrée et le Comté de Nice. Le successeur de Catinat, le maréchal de Villeroy, confronté au prince Eugène de Savoie[2] venu au secours de son cousin, subit des revers et sera fait prisonnier en 1702 à la bataille de Crémone[3].

C'est dans ce conflit que se situe l'épisode du siège de Turin en 1706. Les Français, sous les ordres du lieutenant-général, duc de Lafeuillade, tentent d'investir la Citadelle dont la défense a été confiée par le duc Victor-Amédée II au général Giusepe Mario Solaro della Margherita, commandant de l'artillerie turinoise. Par la voie des souterrains, les troupes françaises tentent de pénétrer dans la citadelle[4] et en sont empêchées par l'action héroïque de Pietro Micca qui fait exploser les voies d'accès et meurt dans l'effondrement de l'édifice. Les Français, vaincus au cours de la contre-attaque piémontaise, retraitent jusqu'au fort de Pignerol[5] . Le duc de Savoie et son cousin le prince Eugène[6] font leur entrée dans Turin libéré le [7].

Le Piémont est célèbre pour avoir formé nombre de ses enfants aux métiers de mineur, de maçon et de terrassier. La plupart des jeunes Piémontais, une fois aguerris à ces métiers, se répartissaient à travers l'Europe, et notamment en France, aux XVIIe et XVIIIe siècles, où de nombreux ouvrages d'art témoignent de leur savoir-faire ancestral.

Pietro Micca n'a pas échappé à cette tradition et son père, Jacques Micca, l'a orienté vers le métier de maçon dès son plus jeune âge. Devant les difficultés de recrutement en pays de Piémont, Pietro, plutôt que de s'exiler à l'étranger, choisit de s'engager dans l'armée du duc de Savoie comme mineur dans un régiment d'artillerie . C'est ainsi que le soldat-mineur Micca est affecté à la défense souterraine de la citadelle de Turin en 1706, pour parer aux attaques des troupes françaises qui tentent d'éliminer Victor-Amédée II, en détruisant son centre de commandement et le siège de la garnison turinoise protégés par de remarquables fortifications.

La construction de la citadelle, au centre des épaisses murailles entourant la ville[8], a été voulue par le duc Emmanuel-Philibert de Savoie au XVIe siècle. Il avait transféré sa capitale de Chambéry à Turin en 1562 pour se préserver des invasions françaises qui, d'habitude, à chaque génération, envahissaient la Savoie et l'occupaient[9]. L'édification de la citadelle fut commencée en 1564 d'après le projet du capitaine et architecte Francesco Pacciotto. Elle comportait un donjon et des bâtiments basés sur des souterrains dont les galeries restaient vulnérables aux attaques ennemies. Le commandement savoyard avait donc prévu de protéger les voies d'accès souterraines en y plaçant des troupes spécialisées dans la défense de siège, capables de répondre aux attaques des sapeurs français par des moyens appropriés et notamment par l'utilisation d'explosifs.

Dans la nuit du 29 août au , en plein siège de Turin par l'armée française, les forces ennemies entrent dans les tunnels souterrains de la citadelle, tuant les sentinelles et tentant de briser l'une des portes d'accès aux galeries. Le soldat-mineur Micca qui est de garde à cette porte, prend l'initiative de faire évacuer ses camarades de combat et, seul face aux sapeurs ennemis qui avaient forcé les défenses, il mit le feu aux poudres stockées dans la galerie[10]. Pietro Micca est mort héroïquement pour sa patrie au cours de l'explosion. Sa mission de sacrifice ne fut pas vaine, car l'effondrement de l'édifice empêcha l'ennemi de pénétrer dans la citadelle et les contre-attaques austro-savoyardes du duc de Savoie et de son cousin, le prince Eugène de Savoie ont mis les Français en déroute.

L'héroïsme de Piettro Micca est aujourd'hui célébré dans toute l'Italie[11]. Il est comparé au chevalier Bayard. Turin a érigé un monument en son souvenir, ainsi qu'un musée à son nom dans le donjon de la Citadelle, seul édifice subsistant après les combats de 1706.

Petro Micca est né à Sagliano le . Il a donné son nom à son village natal : aujourd'hui Sagliano-Micca. Il est le fils de Jacques Micca et d'Anne Martinazzo-Riabella.

Il épouse le Marie-Catherine Bonino qui lui donne un fils, Giacomo-Antonio Micca (1706-1803). La famille Micca est éteinte en ligne directe.

Dans une supplique envoyée au duc Victor-Amédée II le , la veuve de Pietro Micca demanda une pension. Dans cette requête il est écrit que son mari avait exécuté un ordre du colonel Giuseppe Amico de Castellalfero, peut-être en se sacrifiant volontairement, « incité par la générosité de son esprit à mettre le feu à la dite mine, malgré le danger évident pour sa vie »[12]. La veuve, Maria Bonino, obtint une pension viagère équivalant à deux pains par jour et se remaria en 1709 avec un certain Lorenzo Pavanello, dont elle eut un fils, Francesco[13].

Bibliographie

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  • Giusepe Mario Solaro della Margherita, Journal historique du siège de la ville de Turin, Mortier, Amsterdam, 1708.
  • Francesco Soave, L'amour du Pays, Turin, 1782.
  • Domenico Castorina, Les trois défenses de Turin, 1847.
  • Vittorio Bersezio, Pietro Micca, pièce de théâtre en 5 actes, 1852.
  • Antonio Mano, Pietro Micca et le général Solaro della Margherita, Turin, 1883.

Notes et références

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  1. La Guerre de Succession d'Espagne a réuni l'Autriche, l'Angleterre, le Portugal, Les Provinces-Unies, la Prusse, la Savoie et le Hanovre contre la France de Louis XIV. C'est, finalement, le petit-fils du roi de France, Philippe V qui va prendre la succession de Charles II d'Espagne. Sa descendance est toujours en place, avec Philippe VI d'Espagne qui a succédé le 18 juin 2014 au roi Juan Carlos Ier.
  2. Le duc de Savoie Victor Amédée II de Savoie, (1666-1732), descendant de la branche aînée de la Maison de Savoie et le prince Eugène de Savoie-Carignan, (1663-1736), général des troupes autrichiennes alliées à la Savoie, descendant de la branche cadette, sont les arrière-petits-fils de Charles Emmanuel Ier de Savoie (1562-1630).
  3. En l'abordant, Magdonel lui dit qu'il le faisait prisonnier. Le maréchal se courba, comme pour lui parler à l'oreille: Écoutez, lui dit-il, je suis le maréchal de Villeroy. Je puis faire votre fortune si vous me menez à la citadelle et que vous vouliez vous sauver avec moi. Je vous offre un régiment de cavalerie et une pension de 2000 écus. Magdonel répliqua qu'il y avait longtemps qu'il servait l'empereur avec fidélité et qu'il ne lui était pas encore arrivé de commettre une perfidie… (Histoire du prince François Eugène de Savoie, t. II, p. 21).
  4. Les troupes françaises de Louis XIV se sont spécialisées dans les attaques souterraines des citadelles en appliquant les méthodes édictées par Vauban. Dans son Traité des sièges et attaques de places fortes, publié en 1704, il préconise la nomination d'"un Directeur des attaques qui doit commander aux ingénieurs, mineurs, sapeurs, et tout ce qui a rapport aux attaques dont il est comptable au général seul".
  5. Les généraux français, aussi éperdus et troublés que leurs soldats, fuyaient à vau-de-route avec eux, après avoir fait mettre le feu à leurs magasins, et brisé les affuts de quelques pièces de canon. Leur trouble était si grand qu'ils prirent la fuite du côté par où ils devaient le moins fuir, je veux dire celui de Pignerol (Histoire du prince François Eugène de Savoie, généralissime des armées de l'Empereur et de l'Empire, chez Briffaut, à Vienne en Autriche, 1741, t. III, page 131).
  6. Les deux cousins, victorieux des Français, depuis la colline de Superga, observaient le théâtre des opérations. Ils font alors le vœu d'élever la basilique de Superga dédiée à la Vierge Marie. Celle-ci sera inaugurée 25 ans plus tard, en 1731, par Charles-Emmanuel III de Sardaigne.
  7. "Le prince Eugène fut reçu dans la ville de Turin au bruit des acclamations d'une foule de peuple qui l'appelait son sauveur, son libérateur. Ce ne fut qu'avec bien de la peine qu'il put arriver à la Métropole, tant la presse était grande. Les deux princes y furent reçus par l'archevêque à la tête de son clergé. On chanta le Te Deum pour remercier Dieu de la délivrance de Turin". (Histoire du prince François Eugène de Savoie, t. III, p. 139).
  8. L'enceinte fortifiée comportait 16 remparts. De longues murailles et de profonds fossés entouraient la citadelle pentagonale (5 côtés en forme d'étoile). Deux modes de défense se conjuguaient: d'abord l'artillerie et la mousqueterie et d'autre part, la défense souterraine par l'usage de contre-mines, confiée aux soldats-mineurs dont faisait partie Vittorio Micca. Un réseau de 14 kilomètres de galeries allant jusqu'à 14 mètres de profondeur tapissait le sous-sol. Les portes de ces galeries étaient défendues par des sections militaires. Pietro Micca était chargé de la défense de la porte principale attaquée par les grenadiers français.
  9. Son père Charles III de Savoie fut obligé de s'exiler, cependant que le roi François Ier de France et son fils Henri II de France ont annexé la Savoie et la plus grande partie du Piémont pendant vingt-trois ans . Le duc Emmanuel-Philibert avait dû reconquérir son pays à la pointe de l'épée en battant les Français à la bataille de Saint-Quentin (1557) et s'était juré de protéger ses arrières en transférant sa capitale de Chambéry à Turin.
  10. M. de La Feuillade n'avait pas cessé de presser ses attaques. Les assiégés, auxquels l'approche de l'armée de secours donnait un nouveau courage, redoublaient d'opiniâtreté à se défendre. Ils allumaient toutes les nuits de grands feux devant les brèches, autant pour en rendre le passage difficile, que pour empêcher le travail des mines sous un terrain embrasé. Malgré ces précautions, un détachement de grenadiers français entra dans le fossé et attaqua la porte de la grande galerie. La garde surprise et accablée par le nombre fut dispersée et les ennemis allaient entrer dans la galerie qui conduisait dans la place… Cette porte allait être enfoncée à coups de hache si le généreux Micca eût hésité à s'immoler au salut commun… (Histoire militaire du Piémont, par Alexandre de Saluces, Turin, 1818, Vol.5, p. 203-204).
  11. Manifestation d'anniversaire : Le , la Brigade de Savoie a participé au 306e anniversaire de la bataille de Turin. Le matin, les responsables du musée Pietro Micca nous firent l'honneur de nous faire visiter les lieux ainsi que les célèbres galeries souterraines entourant la forteresse de la ville qui permirent aux Turinois et aux Savoyards, avec l'appui de l'Armée impériale autrichienne sous les ordres du prince Eugène, de chasser les Français de la région. L'après midi, les hommes de la Brigade de Savoie participèrent à la parade dans les rues de Turin. À la Tribune d'Honneur avaient pris place, le maire de la ville ainsi que toutes les autorités civiles et militaires (Compte-rendu municipal).
  12. Il ricorso della vedova di Pietro Micca.
  13. Article « MICCA Pietro » de l'Encyclopédie Treccani.

Articles connexes

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Liens externes

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