Paraeurypterus

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Paraeurypterus anatoliensis

Paraeurypterus anatoliensis
Description de cette image, également commentée ci-après
Photographie du spécimen holotype MTANHMSETR 10-İZ-01-1 de Paraeurypterus anatoliensis
455.0–445.2 Ma
1 collection
Classification
Règne Animalia
Embranchement Arthropoda
Sous-embr. Chelicerata
Ordre  Eurypterida
Sous-ordre  Eurypterina
Super-famille  Eurypteroidea

Genre

 Paraeurypterus
Lamsdell, Hoşgör & Selden, 2013

Espèce

 Paraeurypterus anatoliensis
Lamsdell, Hoşgör & Selden, 2013

Paraeurypterus anatoliensis est une espèce fossile d’euryptéride (chélicérates aquatiques du Paléozoïque) provenant de l'Ordovicien supérieur de Turquie. Elle est la seule espèce du genre Paraeurypterus.

Présentation[modifier | modifier le code]

Paraeurypterus anatoliensis est un euryptéride de taille relativement petite (l'holotype incomplet mesure moins de 10 centimètres) dont le seul spécimen connu provient du Katien de la Formation de Şort Tepe, dans le sud-est de la Turquie[1]. Il est l'unique représentant pré-Silurien de la super-famille des Eurypteroidea[2].

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le nom Paraeurypterus est dérivé de la forte ressemblance de cet euryptéride avec le genre Eurypterus. L'épithète spécifique anatoliensis à été choisi en référence à l'origine géographique des fossiles du taxon qui ont été trouvés dans la péninsule anatolienne, qui constitue une partie importante du territoire de la Turquie[1].

Description[modifier | modifier le code]

Paraeurypterus ressemble très fortement à Eurypterus, seuls quelques caractères différenciant clairement les deux genres. Le prosome est de forme quadratique avec des angles antérieurs arrondis et la carapace est ornementé de quelques pustules (chez Eurypterus ces pustules peuvent être présents mais sont sur la périphérie postérieure de la carapace)[1]. L'altération de l'exosquelette sur le côté droit du prosome fossilisé indique la présence de stratification en terrasse sous la cuticule, des structures rencontrées aussi chez certains trilobites et supposées avoir un rôle sensoriel[3]. Les yeux composés latéraux sont de petite taille, nettement arqués et montés sur de grands lobes palpébraux positionnés sur la moitié avant du prosome. Les yeux simples médians (=ocelles) sont situés entre les yeux médians, un peu en retrait de ces derniers. L'opisthosome n'est connu que via un mésosome partiel et son ornementation est composée d'écailles fines à l'exception du centre des segments où des écailles plus massives sont visibles (ces grandes écailles sont par ailleurs plus développées que chez n'importe quelle espèce d'Eurypterus). Aucune des pattes n'est préservée dans sa totalité mais leur étude laisse supposer une morphologie similaire à celles des autres Eurypteroidea avec des épines bien développées sur les pattes[1], supposées servir à la capture des proies chez Eurypterus et les Dolichopteridae[4]. Bien que ressemblant fortement à Eurypterus, les nombreux caractères d'Eurypteroidea ancestraux chez Paraeurypterus soutiennent la création d'un genre spécifique par rapport à la morphologie plus dérivée d'Eurypterus[1].

Classification[modifier | modifier le code]

Paraeurypterus est considéré comme un membre de la super-famille des Eurypteroidea[2], cependant sa morphologie l'exclue des critères définissant les familles contenues dans ce groupe. Bien qu'étant le plus ancien membre de la super-famille, il est un taxon plus dérivé dans l'évolution du groupe que d'autres familles mieux connues en étant très proche du clade Eurypterus+Erieopterus, une relation de parenté reflétant son aspect similaire à Eurypterus[1],[5].

Cladogramme simplifié des euryptérines d'après une publication de 2015 de Lamsdell et al.[5], illustrant la place de Paraeurypterus anatoliensis au sein de la super-famille (ou aussi grade de par sa paraphylie) des Eurypteroidea (les relations entre les Dolichopteridae et les Strobilopteridae sont incertaines, les deux familles étant parfois groupes frères selon les études[1]) :

Eurypterina

Moselopteridae




Onychopterellidae



"Eurypteroidea"

Dolichopteridae




Strobilopteridae




Pentlandopterus




Paraeurypterus anatoliensis



Eurypterus + Erieopterus et Diploperculata









Importance dans l'évolution des euryptérides[modifier | modifier le code]

Représentation paléoartistique d'un Paraeurypterus anatoliensis en train de capturer un graptolite.
Paléogéographie de l'Ordovicien supérieur.

La datation ordovicienne de Paraeurypterus et sa place dans la phylogénie des Eurypteroidea indique une origine de la super-famille ancrée profondément dans l'Ordovicien et prédatant leur radiation au Silurien, ainsi qu'un registre fossile cryptique d'Eurypteroidea ordoviciens dont Paraeurypterus est actuellement le seul représentant[1],[2]. Son origine turque combinée à sa datation apportent aussi de nouvelles données à la compréhension de la biogéographie des euryptérides au cours de leur histoire évolutive. La diversification rapide des euryptérides dans les eaux de la Laurentia, de la Baltica et d'Avalonia au cours du Silurien a toujours été difficile à comprendre dû au peu d'euryptérides ordoviciens dans les gisements historiques d'Amérique du Nord et d'Europe, et les Eurypteroidea les plus anciens du Silurien laissaient supposer une invasion des eaux de la Laurentia depuis la Baltica[6],[7]. La découverte de Paraeurypterus en Turquie (faisant alors partie du Gondwana) amène à la considération d'un autre scénario qui propose une origine gondwanienne des euryptérides enracinée entre l'Ordovicien moyen et l'Ordovicien supérieur, une hypothèse qui permettrait d'expliquer la présence gondwanienne à l'Ordovicien d'un euryptérine basal aux capacités de nages limitées comme Onychopterella. Le groupe aurait ensuite migré massivement dans les eaux des autres continents, où ils auraient expérimenté une forte radiation entre la fin de l'Ordovicien et le début du Silurien jusqu'à dominer en nombre de spécimens les assemblages d'euryptérides[1]. Cette hypothèse demande cependant à être davantage testée pour répondre à certains questions comme la dispersion océanique des euryptérides, jugée jusqu'encore récemment comme réservée à certains groupes comme les Pterygotidae, alors qu'à l'inverse les Eurypteroidea se distinguent par une distribution paléogéographique cantonnée aux milieux côtiers[6],[7]. La description et l'incorporation d'autres euryptérides ordoviciens et/ou du Gondwana (par exemples des gisements chinois et de la Formation de Fezouata) dans les phylogénies est un axe de recherche considéré comme prometteur par les paléontologues travaillant sur le sujet et qui pourrait permettre de valider ou non ce nouveau scénario[1]. La situation des Eurypteroidea par rapport à leur registre fossile ordovicien fragmentaire n'est pas inédite au sein des euryptérides, de nombreux clades dominants au Silurien étant supposé avoir une origine dans la fin de l'Ordovicien. Plusieurs découvertes récentes comme les genres Paraeurypterus et Pentecopterus ainsi que leurs placements plutôt dérivés dans les phylogénies par rapport à leur datation suggèrent une origine des euryptérides au début de l'Ordovicien (voir à la toute fin du Cambrien)[1],[5].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Publication originale[modifier | modifier le code]

[2013] (en) Lamsdell J. C., Hoşgör İ. et Selden P. A., « A new Ordovician eurypterid (Arthropoda: Chelicerata) from southeast Turkey: Evidence for a cryptic Ordovician record of Eurypterida », Gondwana Research, vol. 23,‎ , p. 354-366 (DOI https://doi.org/10.1016/j.gr.2012.04.006 Accès limité, lire en ligne Accès libre). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j et k (en) Lamsdell J. C., Hoşgör İ. et Selden P. A., « A new Ordovician eurypterid (Arthropoda: Chelicerata) from southeast Turkey: Evidence for a cryptic Ordovician record of Eurypterida », Gondwana Research, vol. 23,‎ , p. 354–366 (DOI https://doi.org/10.1016/j.gr.2012.04.006, lire en ligne Accès libre)
  2. a b et c (en) Dunlop J. A., Penney D. et Jekel D., « A summary list of fossil spiders and their relatives, version 23.5 » Accès libre [PDF], sur World Spider Catalog, Natural History Museum Bern, (consulté le )
  3. (es) Rábano I. et Gutiérrez-Marco J. C., « Revisión del género Ectillaenus Salter, 1867 (Trilobita, Illaenina) en el Ordovícico de la Península Ibérica », Bol. R. Soc. Espanola Hist. Nat. (Geol.), vol. 81, nos 3-4,‎ , p. 225-246 (lire en ligne Accès libre)
  4. (en) Selden P. A., « Autecology of Silurian eurypterids », Special Papers in Palaeontology, vol. 32,‎ , p. 39-54 (lire en ligne Accès libre)
  5. a b et c (en) Lamsdell J. C., Briggs D. E. G., Liu H. P., Witzke B. J. et McKay R. M., « The oldest described eurypterid: a giant Middle Ordovician (Darriwilian) megalograptid from the Winneshiek Lagerstätte of Iowa », BMC Evolutionary Biology, vol. 15, no 1,‎ , p. 1-31, article no 169 (DOI https://doi.org/10.1186/s12862-015-0443-9 Accès libre)
  6. a et b Lebrun P., « "Scorpions des mers" ! Les euryptérides du Silurien de New York (Etats-Unis) », Fossiles, Editions du Piat, no 22,‎ , p. 5-30
  7. a et b (en) Tetlie O. E., « Distribution and dispersal history of Eurypterida (Chelicerata) », Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology, vol. 252,‎ , p. 557–574 (DOI https://doi.org/10.1016/j.palaeo.2007.05.011, lire en ligne Accès libre)