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Périple d'Hannon

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Le Périple d'Hannon est un court texte antique anonyme écrit en grec ancien qui se présente comme un périple, un récit de voyage maritime, voyage qui aurait été effectué, à une date indéterminée (entre le VIe et IIe siècles av. J.-C.), par la flotte carthaginoise commandée par « Hannon, roi des Carthaginois », connu par la postérité sous le nom d'Hannon le Navigateur pour le distinguer de ses homonymes carthaginois. Au cours de l'expédition, une partie de la côte atlantique du nord-ouest de l'Afrique a été explorée et colonisée.

Résumé[modifier | modifier le code]

Le texte se compose d'une introduction puis de dix-huit paragraphes.

Datation[modifier | modifier le code]

Le texte est très difficile à dater. Dans le Dictionnaire de l'Antiquité dirigé par Jean Leclant en 2005, Anca Dan l'estime « impossible à situer dans le temps (entre le VIe et IIe siècles av. J.-C.) »[1].

Postérité dans l'Antiquité[modifier | modifier le code]

Au IVe siècle apr. J.-C., le périple d'Hannon est évoqué par le poète romain Avienus, aux côtés d'autres voyages comme le périple d'Himilcon[2].

Analyses[modifier | modifier le code]

Le texte du Périple affirme que le texte a été gravé et suspendu par Hannon dans « le temple de Kronos ». Mais ce supposé original n'a jamais été retrouvé et l'unique version du texte connue est en grec[3]. Les Carthaginois et les Phéniciens ne vénéraient pas Cronos : le texte fournit peut-être une équivalence grecque pour le dieu carthaginois Ba'al Hammon[4].

Plusieurs analyses ont considéré le texte comme le récit d'un voyage qui aurait véritablement eu lieu. L'expédition aurait pu atteindre le golfe de Guinée, en Afrique de l'Ouest[4]. Cependant, les délais indiqués pour les différentes étapes du voyage paraissent peu compatibles avec les réalités des conditions de voyage des marins carthaginois antiques. En tenant compte de ces critères et des courants marins, d'autres analyses suggèrent que le voyage n'a pas dépassé les îles Canaries[4].

Selon l'historien Christian Jacob, le Périple d'Hannon ne raconte pas un voyage réel et la part des représentations et de l'imaginaire y est prépondérante. D'après son analyse, le texte est régi par les catégories de la pensée grecque et s'inspire de l’Odyssée et de l'Enquête d'Hérodote pour décrire des rencontres avec des peuples de plus en plus étranges et inhumains à mesure que l'expédition s'avance vers l'inconnu. Il indique[5] : « Tout se passe comme si l'auteur grec de ce texte grec avait voulu condenser des situations extrêmes sous la forme d'un récit de voyage aussi court que possible, s'ouvrant sur le modèle classique de l'expédition de colonisation et se refermant sur un périple odysséen, où se mêlent l'épouvantable et le merveilleux. »

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Anca Dan, « Périple (Grèce) », dans Leclant 2005, p. 1702
  2. Elayi 2018, p. 37.
  3. Jacob 1991, p. 76.
  4. a b et c Dridi 2009, p. 231.
  5. Jacob 1991, chapitre 5, « Le Périple d'Hannon », p.84.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Hédi Dridi, Carthage et le monde punique, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Guides des civilisations », (1re éd. 2006), 288 p. (ISBN 978-2-251-41033-3)
  • Josette Elayi, Histoire de la Phénicie, Paris, Perrin, coll. « Tempus », (1re éd. 2013), 480 p. (ISBN 978-2-262-07446-3)
  • Christian Jacob, Géographie et ethnographie en Grèce ancienne, Paris, Armand Colin, coll. « Cursus », , 184 p. (ISBN 2-200-33068-5)
  • Francisco J. González Ponce, « Hanno von Karthago (2208) », dans Die Fragmente der Griechischen Historiker Part V : Die Geographen [= FGrH V], en cours de publication (voir en ligne).
  • Francisco J. González Ponce (article traduit avec Andrés Generás), « Xénophon de Lampsaque et le Périple d'Hannon de Heidelberg », dans Orbis Terrarum, 9, Stuttgart, 2007, p. 95-118 (en ligne).
  • Jehan Desanges, « La toponymie du périple d'Hannon dans la Géographie de Ptolémée » [extrait de Le monde et les mots, Mélanges Germaine Aujac = Pallas, 72, 2006, ρ 21-34], dans Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 2004-2005, Paris, 2011, p. 46-47 (en ligne).
  • Didier Marcotte, Les Géographes grecs. Tome I, Introduction générale. Pseudo-Scymnos, Circuit de la terre, Paris, 2000, p. XXIV-XXVI (CUF, 403) (ISBN 2-251-00487-4).
  • Kai Brodersen (de), « Hanno 1 », dans Der Neue Pauly [= DNP], 5, Stuttgart, 1998, p. 155 (ISBN 3-476-01475-4).
  • Maurice Euzennat, « Le périple d'Hannon », dans Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 138-2, Paris, 1994. p. 559-580 (en ligne).
  • Jehan Desanges, Recherches sur l'activité des méditerranéens aux confins de l'Afrique : VIe siècle av. J.-C. - IVe siècle après J.-C., Rome, 1978, p. 392-397 (Collection de l'École française de Rome, 38) (en ligne).
    Traduction française de la partie africaine du Périple d'Hannon accompagnée en regard du texte grec établi par Wolfgang Aly. Voir aussi le commentaire p. 38-85.
  • Jean Leclant, Dictionnaire de l’Antiquité, Paris, PUF, coll. « Quadrige », , 2464 p. (ISBN 2-13-055018-5)
  • Wolfgang Aly, « Die Entdeckung des Westens », dans Hermes, Zeitschrift für classische Philologie, 62, 1927, éd. du texte grec p. 321-324, une introduction p. 320-321 et un commentaire p. 324-330 (en ligne).
  • Kurt Th. Fischer (de), De Hannonis Carthaginiensis periplo, Leipzig, 1892 (en ligne).
  • Geographi graeci minores (GGM), 1, éd. et trad. lat. par Karl Müller, Paris, 1855, p. XVIII-XXXIII (introd.), 1-14 (texte gr. et trad. lat.) (en ligne) ; repr. Hildesheim, 1965 et 1990 (ISBN 3-487-09218-2).
Autres études

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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