Numéros Un (magazine)

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Numéro Un est un magazine mensuel, centré sur les nouveaux artistes de musique pop, rock et variétés, qui a renouvelé l'histoire de la presse pour adolescents, filles et garçons, s'appuyant en particulier sur un phénomène musical comme la popularité du chanteur Jean-Jacques Goldman, à laquelle a œuvré Didier Varrod son futur biographe.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le magazine est lancé à l'époque où le marché est dominé par des titres comme Best et Rock and folk, ce dernier développant peu à peu une vision intellectualisée du rock. Il subit ensuite la concurre d'un autre magazine Les Inrockuptibles créé en 1986 par Christian Fevret et Arnaud Deverre, étudiants en droit et en philo à Nanterre et ex-animateurs de radio libre[1].

La première grande interview du chanteur Jean-Jacques Goldman, alors en pleine ascension et encore un peu sous-estimé par les grands médias généralistes[2], est parue dans l'édition du magazine Numéros 1 de mars 1983 (1er numéro - dernier numéro, janvier 1986 - numéro 35 )[2]. Cela contribue à l'invitation de Goldman sur France Inter[2] à l'émission de Jean-Louis Foulquier pour son émission Pollen, les copains d'abord[3] diffusée sur France Inter et pour le festival des Francofolies de La Rochelle en tant que programmateur, et à l'embauche de Didier Varrod à Chanson magazine puis à France Inter en 1985[2], où ce dernier grimpera rapidement les échelons.

Le magazine Numéros Un, de mars 1984 publie après ce passage chez Jean-Louis Foulquier une compilation des articles dans la presse généraliste constatant qu'il bénéficie d'assez bonnes critiques mais que cette dernière déplore de ne pas pouvoir l'interviewer plus souvent car le chanteur, en se dérobant, manque à "son devoir"[4], même si le magazine explique qu'il est surtout "resté sur ses gardes"[4] pour ne pas apparaitre dans ce type de média sous le visage éventuel de "l'homme public"[4], quelques années seulement après l'assassinat de son demi-frère Pierre Goldman, et ses chansons comme "une banale révolte façon soixante huitarde"[4].

Le magazine fait ainsi, cependant, l'inventaire des passages parfois critiques, au sein des articles louangeurs de la presse généraliste, observant que Libération a vu dans la chanson "Il suffira d'un signe" un "signe réellement encourageant pour du très bon" mais déploré que tube suivant se soit fourvoyé dans une "ritournelle plagiée et sans saveur"[4]. La chanson « Quand la musique est bonne » sortie en 1982, hommage à Tobacco Road de John D. Loudermilk et reprise par de nombreux artistes[5], plagie effectivement sa trouvaille musicale, selon le livre de l'expert Alister[6],[7] mais la cite et y fait référence explicitement (« J'ai trop rôdé dans les tobacco road ».

L'Express moque de son côté un public avec "à peine des ados, des pré-ados. Du 12-13 ans, filles et garçons tout droit sortis de "La Boum 3", sans rien de sulfureux dans la socquette ni le T-shirt…"[4], en ironisant sur "le look gentil, la voix gentille et le public gentil", mais Libération estime que cette gentillesse est sincère et la clé de sa popularité, déclenchant un mouvement de sympathie que le journaliste reconnait partager mais préférant rester prudent pour ne pas "perdre tout sens critique"[4], d'autant qu'il fut l'ami personnel du demi-frère du chanteur.

Une autre grande interview d'un chanteur alors en pleine ascension, Daniel Balavoine, est réalisée dans ce magazine par le même journaliste Didier Varrod [2], qui était au début des années 1980 secrétaire général de Radio Fréquence Gaie[8],[9]. Daniel Balavoine, qui s'était engagée dans la campagne présidentielle de 1981 en faveur de la gauche, estime que la presse rock et pop, notamment les titres Best, Rock & Folk, ou encore Rock News, est trop frileuse quand il s'agit de parler de lui, mais aussi de son ami Michel Berger ou encore de Jean Jacques Goldman[10].

Références[modifier | modifier le code]

  1. "Les Inrockuptibles, le purisme rock, la variété culturelle et l'engagement politique" par Patrick Simon, dans la revue Mouvements en 2009 [1]
  2. a b c d et e "Jean-Jacques Goldman : vivre sa vie" par Frédéric Quinonero en 2017 chez l'éditeur Hachette Book Group [2]
  3. « Pollen, les copains d'abord », France Inter (consulté le )
  4. a b c d e f et g "J.J. Goldman sous presse" dans Numéros Un de mars 1984 [3]
  5. Zycopolis TV, « Jean-Jacques GOLDMAN - Michael JONES - Gildas ARZEL - "Tobacco Road" - Autour du Blues... Le Film », Interview à 06:30, (consulté le )
  6. "Anthologie des bourdes et autres curiosités de la chanson française" par Alister en 2021 [4]
  7. "Plagiat ou pas ? Ecoutez ces chansons et tendez bien l’oreille" par François Sionneau dans L'Obs le 21 décembre 2022 [5]
  8. Ina.fr, « Il y a 35 ans, la dépénalisation de l'homosexualité.pic.twitter.com/T8M9i5sFFx », sur @Inafr_officiel, (consulté le )
  9. Institut national de l’audiovisuel – Ina.fr, « Fréquence gaie », sur Ina.fr, (consulté le )
  10. "Génération Balavoine" par Didier Varrod en 2016 chez l'éditeur Fayard [6]