Moontan

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Moontan

Album de Golden Earring
Sortie 1973
Enregistré Phonogram studio Holland, Hilversum, Pays-Bas
Durée 40:16
Genre Hard rock
Format disque vinyle long play (LP)
CD (rééditions)
Producteur Golden Earring
Fred Haayen
Label Polydor, Track Records, MCA Records
Critique

Albums de Golden Earring

Singles

  1. Radar Love
    Sortie : 1973

Moontan, sorti en 1973, est le neuvième album du groupe de hard rock néerlandais Golden Earring, « le groupe de rock le plus ancien et le plus couronné de succès que les Pays-Bas aient jamais produit »[2], surnommé les « Hollandais Volants »[3].

Cet album au « succès planétaire »[3], seul disque d'or de Golden Earring aux États-Unis[4], contient le plus grand succès du groupe : le single Radar Love, numéro un aux Pays-Bas et en Espagne, numéro 7 au Royaume-Uni et numéro 10/13 (US Cash Box / Billboard) aux États-Unis[5],[6], considéré comme une des meilleures « driving songs » ou « road songs » de tous les temps[7],[8],[9],[10],[11],[12],[13], si pas la meilleure[14],[15],[16], et qui reste un grand classique sur les chaînes radio de classic rock[2],[6],[17],[18].

Historique[modifier | modifier le code]

Contexte[modifier | modifier le code]

Le guitariste George Kooymans et le batteur Rinus Gerritsen forment un groupe instrumental de rock 'n' roll, les Tornados, en 1961[6]. Peu de temps après, ils changent le nom du groupe en « The Golden Earrings » (avec S)[2]. En 1967, ils sont rejoints par le chanteur britannique Barry Hay, puis deviennent « Golden Earring » (sans S) à la fin des années 1960, avant d'être enfin rejoints en 1970 par le batteur Cesar Zuiderwijk[6],[3],[19].

En 1972, le groupe est invité à faire la première partie de la tournée européenne des Who[20]. « Cette expérience a non seulement donné au groupe une nouvelle inspiration, mais elle lui a aussi permis d'établir de précieux contacts. Golden Earring a décidé de tout mettre en œuvre pour réaliser un album à la hauteur de ses ambitions. Le résultat fut Moontan »[20].

Moontan est le premier album sur lequel Barry Hay chante la majorité des chansons et dont il co-écrit l'entièreté des titres[17].

En mai 1974, Golden Earring se lance dans une tournée de 5 semaines aux États-Unis en première partie du J. Geils Band, du Edgar Winter Group et du Steve Miller Band afin de soutenir les ventes de l'album Moontan et du single Radar Love[21]. Durant cette tournée, le groupe se produit également avec Boz Scaggs, Procol Harum, Billy Joel, Blue Öyster Cult et les Doobie Brothers[21].

Enregistrement, production et publication[modifier | modifier le code]

L'album est enregistré en 1973 par Pieter Nieboer au Phonogram Studio à Hilversum aux Pays-Bas et mixé aux Studios I.B.C. à Londres au Royaume-Uni par leur ingénieur du son attitré Damon Lyon-Shaw, qui a donné à l'album un son solide[22],[23],[24],[17],[20].

Produit par Golden Earring et Fred Hayen[22],[24], il est publié en disque vinyle long play (LP), en musicassette et en cartouche huit pistes en 1973 et en 1974 dans de nombreux pays sous une cinquantaine de références par les labels Polydor, Track Record, MCA Records et Karussell[25].

Les cordes et les cuivres sont arrangés par Job Maarse[22],[24], un arrangeur et chef d'orchestre néerlandais[26].

Version anglaise et américaine[modifier | modifier le code]

La version originale de l'album (Pays-Bas plus Europe continentale) contient quatre chansons longues (Candy's Going Bad, Are You Receiving Me, Radar Love et The Vanilla Queen) et deux chansons plus courtes (Suzy Lunacy et Just Like Vince Taylor).

Pour donner plus d'unité à Moontan, les deux chansons courtes ont été remplacées pour le marché anglo-saxon (donc sur le LP anglais et le LP américain) par une version longue de Big Tree, Blue Sea (de l'album Golden Earring de 1970) , qui dure deux minutes de plus que la version originale[17],[24],[27],[28].

La couverture était également différente aux USA, la photo de la danseuse de music-hall nue n'étant pas appréciée pour cause de frontal nudity[29] (voir plus loin la section consacrée à la pochette), tandis que la pochette originale était maintenue au Royaume-Uni[24].

Rééditions[modifier | modifier le code]

L'album est réédité en LP et en cassette de très nombreuses fois de 1977 à 2019 par les labels Polydor, MCA Records, Rossil, Music On Vinyl et Red Bullet[25].

Il est également réédité à de très nombreuses reprises en CD à partir de 1987 par les labels Polydor, MCA Records, Red Bullet, ООО "ДОРА" et ООО "Канкард"[25].

Beaucoup d'éditions CD présentent seulement quatre des morceaux du disque d'origine plus le morceau Big Tree, Blue Sea, alors que de rares éditions offrent les six morceaux d'origine plus Big Tree, Blue Sea[25].

Pochette[modifier | modifier le code]

Pochette néerlandaise, anglaise et européenne[modifier | modifier le code]

Moontan est le premier album de Golden Earring dont la pochette ne soit pas ornée d'une photo du groupe[17]. « Grâce au projet de Barry Hay et au travail photographique de Ronnie Hertz, Moontan avait plutôt l'allure d'un album de Roxy Music »[17].

La pochette est illustrée par la photo d'une danseuse de music-hall nue au teint pâle (the bright nocturnal Vanilla Queen[29]), qui fait écho au titre Moontan (que l'on peut traduire par teint lunaire). Cette danseuse, qui joue dans un spectacle à Paris (I hear you've been a dancer at some famous Paris show), arbore une énorme parure de plumes de paon de couleur bleue, qui commence bien au-dessus de sa tête et se termine à hauteur de ses genoux[17]. « Ses tétons sont couverts de diamants scintillants. Son apparence est moins sexy que distante, pour ne pas dire irréelle. Elle est debout sur un miroir rond entouré d'un boa bleu, ce qui renforce l'impression que nous ne voyons pas une danseuse de revue outrancièrement accoutrée, mais une femme d'une autre planète. Une planète où le corps n'est pas bronzé par le soleil mais par la lune : moontan - également une trouvaille de Barry Hay - étant une variation du bronzage (suntan) »[17]. Ses faux ongles, son brillant à lèvres, ses tétons et son maquillage sont également de couleur bleue.

Le mannequin qui pose sur la pochette avait été amené d'Angleterre et ne savait pas qu'elle devait se déshabiller pour la couverture, mais elle a accepté sur l'insistance du photographe Ronny Hertz[29]. Le chanteur Barry Hay a tenu à attacher lui-même les diamants aux tétons de la jeune femme[17],[29].

L'intérieur de cette pochette cartonnée pliante (de type gatefold cover ou gatefold LP sleeve) est illustré par une photo de Barry Hay entièrement nu vu de dos, qui semble sortir comme un fantôme d'une combinaison spatiale, élément qui renvoie également au titre de l'album[17],[29].

La pochette intérieure en papier (inner sleeve) présente, d'un côté, les paroles des chansons et, de l'autre, 17 photos du groupe en concert, dont une photo montrant Cesar Zuiderwijk en plein bond acrobatique par-dessus sa batterie.

Les deux grandes photos de la pochette cartonnée sont de Ronnie Hertz, tandis que Claude Vanheye est l'auteur des photos du groupe en concert[22],[24].

Pochette américaine[modifier | modifier le code]

La photo de la danseuse de music-hall nue qui ornait la pochette des éditions européennes n'était pas appréciée de l'autre côté de l'océan pour cause de frontal nudity et a été remplacée par la photo d'une boucle d'oreille dorée portant une étiquette au nom du groupe[28],[27],[29].

« Après quelques protestations, Track Records se sent obligé de reporter la sortie et de faire imprimer en urgence une nouvelle pochette, moins offensive. Le choix se porte sur la photo d'une oreille avec une boucle d'oreille dorée (golden earring). Les membres du groupe se disent not amused lorsqu'ils sont confrontés à cette nouvelle couverture, discrète et totalement insignifiante. Nous avons bien sûr protesté, mais nous n'avons pas pu faire grand-chose, déclare George en 1974 à la revue Panorama. Les grands magasins, en particulier, ont refusé de vendre l'édition originale. Soit dit en passant, la pochette contestée est disponible en Amérique, mais sous le comptoir »[21].

Durant la tournée américaine de 1974, un grand panneau d'affichage reproduisant la couverture de Moontan est placé le long du Sunset Strip à Hollywood mais, pour ne pas offenser les Américains conservateurs, la danseuse est habillée pour l'occasion d'un bikini[21].

Accueil critique[modifier | modifier le code]

AllMusic[modifier | modifier le code]

Le site AllMusic attribue 4 étoiles à l'album[1]. Pour le critique musical Donald A. Guarisco d'AllMusic « Cette production de 1973 est l'album qui a élevé Golden Earring à un niveau international de popularité, principalement grâce à la puissance du single et éternel succès en radio Radar Love. Toutefois, cet album ne se limite pas à ce seul tube. Le résultat est un album qui conserve toute sa puissance aujourd'hui. En fin de compte, Moontan est un must pour les fans de Golden Earring, et une écoute intéressante pour tous ceux qui s'intéressent au rock des années 1970 dans ce qu'il a de plus aventureux. »[1].

Presse[modifier | modifier le code]

En 1974, Ken Barnes du magazine Rolling Stone écrit : « Golden Earring est l'un des meilleurs groupes de Hollande depuis huit ans et vient juste d'approcher un succès mondial généralement mérité en tant que bon groupe de hard-rock. Malheureusement, il a aussi des prétentions paralysantes. La plupart de l'efficacité de la deuxième face (NDLR : de l'édition anglo-saxonne) est diluée par de longs et fastidieux méandres instrumentaux. Même Vanilla Queen souffre de bruits spatiaux et de riffs inférieurs. Mais le tube britannique Radar Love (qui aurait pu être plus habilement édité) reste un road song superbement envoûtant, avec une délicieuse référence à Coming On Strong de Brenda Lee en 1966 et un grand refrain. Si Golden Earring parvient à vaincre ses tendances à l'improvisation, ce sera un groupe avec lequel il faudra compter »[17],[30].

La même année, Billboard écrit : « Le meilleur groupe néerlandais pourrait percer ici, avec un mélange intéressant de hard rock comme sur Radar Love et de matériel plus doux comme Vanilla Queen »[30].

Livres[modifier | modifier le code]

Pour Jean-Marie Vandersmissen, auteur de Parcours hors pistes : le Rock, de l'ombre à la lumière, il n'est pas abusif de considérer Moontan comme « le point culminant » de la production de Golden Earring[3]. « Un disque pivot en quelque sorte. Un disque pivot car il existe bien un avant et un après Moontan. Un des meilleurs disques de rock tous genres confondus, nul ne le contestera, Moontan reste à Golden Earring ce que l'album runique est à Led Zeppelin, In Rock à Deep Purple ou Aqualung à Jethro Tull »[3].

Pour Robert Haagsma et Erik de Zwart, auteurs de l'e-book 40 Topjaren, « Moontan est avant tout la création d'un groupe qui s'est surpassé, avec la chanson classique Radar Love comme meilleur exemple. Au cours des 40 dernières années, elle a su se nicher si profondément dans notre conscience collective que l'on en oublierait presque à quel point la chanson était géniale : du texte imagé de Barry Hay et des accords de George Kooymans aux rythmes entraînants de Rinus Gerritsen et de Cesar Zuiderwijk. »[20].

Public[modifier | modifier le code]

En 2008, Moontan est élu meilleur album de tous les temps de pop néerlandaise par les lecteurs du magazine Oor[20],[28].

Titres[modifier | modifier le code]

Tous les morceaux ont été composés par le guitariste George Kooymans et le chanteur Barry Hay, sauf Are You Receiving Me et Suzy Lunacy qui ont été composés par George Kooymans, Barry Hay et John Fenton[22],[31],[23].

Titres des versions européennes[modifier | modifier le code]

No TitreAuteur Durée
1. Candy's Going BadGeorge Kooymans - Barry Hay 5:49
2. Are You Receiving MeGeorge Kooymans - Barry Hay - John Fenton 9:53
3. Suzy Lunacy (Mental Rock)George Kooymans - Barry Hay - John Fenton 4:24
4. Radar LoveGeorge Kooymans - Barry Hay 6:22
5. Just Like Vince TaylorGeorge Kooymans - Barry Hay 4:33
6. The Vanilla QueenGeorge Kooymans - Barry Hay 9:15

Titres des versions UK et US[modifier | modifier le code]

Comme il a été dit plus haut, pour donner plus d'unité à Moontan, les deux chansons les plus courtes (Suzy Lunacy et Just Like Vince Taylor) ont été remplacées sur le LP anglais et sur le LP américain par une version longue du morceau Big Tree, Blue Sea, de l'album Golden Earring (1970)[17],[24],[27].

No TitreAuteur Durée
1. Radar LoveGeorge Kooymans - Barry Hay 6:22
2. Candy's Going BadGeorge Kooymans - Barry Hay 5:49
3. The Vanilla QueenGeorge Kooymans - Barry Hay 9:15
4. Big Tree, Blue Sea 8:13
5. Are You Receiving MeGeorge Kooymans - Barry Hay - John Fenton 9:53

Musiciens[modifier | modifier le code]

George Kooymans en 1974.

Golden Earring[modifier | modifier le code]

Musiciens additionnels[modifier | modifier le code]

Classements et certification comme Disque d'or[modifier | modifier le code]

Charts album
Pays Durée du
classement
Meilleur
classement
Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas[32] 10 semaines 1er
Drapeau des États-Unis États-Unis[30],[20] 29 semaines 12
Certification
Pays Ventes Certification Date
Drapeau des États-Unis États-Unis[4],[30],[5] 500 000 + Disque d'or Or 20/09/1974
Drapeau du Canada Canada[5] 40 000 + Disque d'or Or

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (en) Donald A. Guarisco, « Moontan », sur allmusic.com (consulté le ).
  2. a b et c (en) Steve Huey, « George Kooymans Biography », AllMusic (consulté le )
  3. a b c d et e Jean-Marie Vandersmissen, Parcours hors pistes : le Rock, de l'ombre à la lumière, Camion Blanc, 2010
  4. a et b Gold & Platinum RIAA - Golden Earring - Moontan
  5. a b et c (en) Radar-love.net
  6. a b c et d (en) Steve Huey, « Golden Earring Biography », AllMusic (consulté le ).
  7. (en) « Top Gear: Series 6, Episode 11 », Topgearbox
  8. (en) BBC Press Office, « Top Gear - Seventies rock rules », BBC,
  9. (en) Discogs : Top Gear Anthems - The Greatest Ever Driving Songs
  10. (en) « Top Gear Anthems (2007) », Top Gear Fan Wiki (Fandom TV),
  11. (en) « Top Gear Anthems », MusicBrainz
  12. (en) Noe Gold, « 10 Great Rock Driving Songs », sur Best Classic Bands
  13. « Radar Love, by Golden Earring », sur Songfacts
  14. (en) « Radar Love wins rock driving vote », music-news.com,
  15. (en) « Get your motor running with these top driving songs », The Globe and Mail,
  16. (en) Tim Falconer, Drive: A Road Trip Through Our Complicated Affair With The Automobile, Viking Canada (Penguin Canada), 2008.
  17. a b c d e f g h i j k et l (nl) Maarten Steenmeijer, Golden Earring in 50 songs: biografie van een band, Nieuw Amsterdam, 2017.
  18. (nl) Robert Haagsma, « Golden Earring - Biografie », Golden Earring,
  19. (en) Malcolm Dome, « 10 of the best rock bands from Holland », Louder,
  20. a b c d e et f (nl) Robert Haagsma et Erik de Zwart, 40 Topjaren.
  21. a b c et d (nl) Jeroen Ras et Robert Haagsma, De Amerikaanse droom, Spectrum, 2012.
  22. a b c d et e (en) Pochette du LP Moontan, Polydor 2310 288, 1973.
  23. a et b (en) Discogs : Moontan - édition originale Polydor 1973
  24. a b c d e f et g (en) Discogs : Moontan - édition UK 1973 (Track Record)
  25. a b c et d (en) Discogs : Moontan - Liste des versions publiées
  26. (en) Discogs : Job Maarse
  27. a b et c (en) Discogs : Moontan - édition US 1973 (MCA Records)
  28. a b et c (nl) Stefan, « 40 jaar geleden: Golden Earring brengt meesterwerk Moontan uit », Classic Rock Mag,
  29. a b c d e et f (en) RadaR, « Golden Earring [3] », RadaRoligy,
  30. a b c et d (en) « Moontan - Golden Earring », sur Super Seventies
  31. (en) Pochette du CD Moontan , CD Red Bullet RB 66.206, 2001.
  32. « Ultratop.be - Golden Earring - Moontan » (consulté le )