Mayolè

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Mayolè
Combat au bâton entre deux esclaves (un français, l'autre anglais), île de la Dominique. 1779, Agostino Brunias.
Combat au bâton entre deux esclaves (un français, l'autre anglais), île de la Dominique. 1779, Agostino Brunias.

Domaine Art martial
Forme de combat Semi-contact
Pays d’origine Drapeau de la France France

Drapeau de la Guadeloupe Guadeloupe

Fondateur Jacombé
Pratiquants renommés Jacombé, Açon, Louison Boclai, Dantès Davillé, Lin Kanfrin[1], Basile Antoine

Le mayolè est un sport de combat guadeloupéen qui fut développé et exercé par les esclaves, et dont les origines remontent à la traite négrière. Sa pratique consiste à opposer deux combattants munis chacun d'un long bâton et s'affrontant, aux rythmes des tambours, au milieu d'une assemblée de spectateurs. Cette lutte, autrefois extrêmement dangereuse et qui pouvait provoquer de graves blessures (on employait jadis le terme de « mayolè sang »), est aujourd'hui pratiquée à la façon d'une lutte dansée comme la capoeira au Brésil.

Origines[modifier | modifier le code]

Le mayolè tire ses origines d'Afrique et aurait été introduit sur les terres de Sainte-Anne, en Guadeloupe, par un esclave dénommé Jacombé[2] durant la traite négrière. Toutefois, d'autres sources orales affirment que cette pratique aurait été initiée par plusieurs esclaves à la fois.

Anciens pratiquants du tahtib. Tombe de Meryre II,

Le mayolè, en tant qu'art martial utilisant un bâton pour arme, se rapproche de nombreux genre de combat qui se sont développés sur quasiment tous les continents au fil des siècles. Citons par exemple le El Matrag (Algérie), le Tahtib (Égypte, ses origines remontent à [3]), le Zulu Impi (Afrique du Sud, dans l'ancien royaume zoulou), les Dula Meketa et Donga[4] (Éthiopie) pour l'Afrique, la canne de combat (France) et le Bartitsu (Royaume-Uni) en Europe ou encore le Silambam pratiqué dans le Sud de l'Inde.

La Calinda : danse et art martial à la fois. François Aimé Louis Dumoulin, 1783.

Mais le mayolè, tel qu'il a évolué et s'exerce aujourd'hui, se rapproche du Calinda ou du konba bâton en Haïti, du ladja bâton en Martinique ou du mani à Cuba. Arts martiaux eux-mêmes d'origine africaine.

Expression d'une résistance[modifier | modifier le code]

Le mayolè s'est développé au cours du XVIIe siècle durant l'esclavage et son exercice a d'abord consisté, pour les combattants, à retrouver une dignité d'homme et à se réapproprier leur existence. Et au cours du temps, cette pratique a permis aux esclaves de s’affranchir de leur quotidien et de résister au système esclavagiste. De plus, cette pratique a fourni aux esclaves en fuite, les « neg’mawons », une méthode de combat et un entraînement permettant d'affronter ou de contrer leurs poursuivants. Et à cette époque, jugée comme une pratique violente, le mayolè a été interdit[5].

Guerriers de la tribu Mursi, munis de leur bâton nécessaire à la pratique du donga. Éthiopie.

Dispositif et disposition[modifier | modifier le code]

Le mayolé se pratique en faisant participer deux combattants « les bâtonniers » munis chacun d'un bâton taillé dans du bois d'Inde, par exemple, et dont la longueur varie entre 1 m et 1,70 m. L'affrontement se déroule au centre d'une assemblée composée de spectateurs et d'un chanteur, et est rythmé par les tambours ka, à savoir le boula (servant à marquer une rythmique grave, ce qui donne le tempo) et le makè la (dont la sonorité plus aiguë permet à un soliste de réaliser des variations et des improvisations, ayant pour effet d'inciter les combattants à virevolter, à faire tournoyer leur arme et à avoir plus d'audace au combat)[6].

Blessure au bras et à l'épaule après un duel au bâton. Combattant de la tribu Suri, en Éthiopie.

De l'art martial à la lutte dansée[modifier | modifier le code]

La pratique du mayolè d'aujourd'hui diffèrent de celle qui était exercée jadis. Principalement du fait que les duellistes ne recherchent plus à percuter violemment les parties du corps de leur adversaire avec leur arme, mais recherchent à présent, à travers un jeu d'adresse, de parades et d'estocades, à le surpasser en maîtrise. Les nouveaux codes du mayolè ayant évolué vers une confrontation moins violente, les mayoleurs accompagnés par le rythme des tambours, par les chants du soliste et encouragés par les acclamations, doivent désormais faire preuve de virtuosité et de dextérité[7] pour atteindre le titre de majò (champion). Malgré son constant déclin, la transmission et la pratique du mayolé demeurent encore vivaces dans l'Est de l'île de Grande-Terre, notamment dans la commune de Le Moule[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Lin Canfrin, chanteur et danseur de mayolè », sur Montray Kréyol, (consulté le ).
  2. Nicolas Ledain, « Le mayolè fête ses 100 ans au Moule », sur Radio Caraïbes International, (consulté le )
  3. Thomas Saint-Cricq, « Tout en bâton », Le Monde,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  4. « Le donga, un art martial éthiopien en voie de disparition », sur Franceinfo, (consulté le )
  5. Académie de Guadeloupe, « Mayolè (Extrait du document "1er festival mayolè du Moule" (22 et 23 juillet 2005) ASSOCIATION LES MAYOLEURS DU MOULE) », Mission Académique Maîtrise des Langues,‎ n.c., p. 2 (lire en ligne)
  6. « LE MAYOLE | Centre de recherche sur la canne et le bâton » (consulté le )
  7. « [Journées européennes du patrimoine] Le Danmyé (Martinique) et le Mayolé (Guadeloupe), ces arts martiaux antillais », sur Outremers360° (consulté le )
  8. A.D.M.M Le Moule, « Mayolè de Portland », sur ASSOCIATION DES MAYOLEURS DU MOULE (ADMM), 12 décembre 2007 mise à jour le 22 avril 2018 (consulté le )

Articles connexes[modifier | modifier le code]