La Clôture (Perec)

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La Clôture est un recueil de poèmes de l’écrivain Georges Perec, paru en 1980.

Contenu[modifier | modifier le code]

Le recueil contient :

  • La Clôture : dix-sept poèmes hétérogrammatiques, chacun construit avec les lettres E S A R T I N U L O C plus une lettre joker pour chaque poème. La première édition[1] comportait les matrices typographiques des poèmes. Les textes, ainsi que les photographies de la première édition, sont centrés autour de la rue Vilin, où Perec passa son enfance[2].
  • Trompe-l’œil : six poèmes franglais[3].
  • Métaux : quatre sonnets hétérogrammatiques, construits sur la série E S A R T I N U L O D M + une lettre spécifique à chaque poème + un joker[4].
  • Palindrome : un palindrome de 5566 lettres[5] commençant par «Trace l'inégal palindrome ».
  • Ulcérations : onze poèmes hétérogrammatiques basés sur la série E S A R T I N U L O C sans lettre supplémentaire ni joker[6].
  • Des textes divers, dont Dos, caddy d'aisselles, palindrome syllabique de El Desdichado[7] de Gérard de Nerval ; et Un poème, l'un des deux seuls poèmes de Perec écrits sans contrainte[8].

Ces textes correspondent à ce que Perec attendait de la poésie, et qu'il avait déjà mis en œuvre dans Alphabets : « C'est une poésie assez hermétique et assez précieuse mais qui m'apporte tout ce que je demande à la poésie[9]. » Il souhaite également que le lecteur les reçoive comme tels, ce qui est la principale raison de la suppression des matrices typographiques : « On risque de n'en lire que l'exploit, le record. Sans donner la clé, finalement, le lecteur peut les recevoir comme un poème[10].

À ce propos, Bernard Magné fait remarquer que « paradoxalement, aux yeux de Perec, la lisibilité du code nuit à la lisibilité du message[11] » et aboutit à une certaine opacité lexicale, priorité étant donnée au texte sur la langue[11].

Poésie dense et impénétrable[12], l’hétérogramme est un cas particulier du lipogramme et par là rejoint l’écriture du manque et de l’absence[11].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Éric Beaumatin, Le révélé de l’envers : ordre de la langue et ordre du texte chez Gérard de Verlan (Etude de [ka]), Semen, n° 19, 2005. Lire en ligne. (à propos de Dos, caddy d'aisselles).
  • Jacques-Denis Bertharion, Quelle petite voiture rouge au fond de la mémoire ?, Le Cabinet d'amateur , n° 7-8, Presses Universitaires du Mirail, Toulouse, 1999. ISSN 1165-6557. (à propos de Un poème, dernier texte du recueil, écrit sans contrainte).
  • Michael Bishop, La Clôture et autres poèmes by Georges Perec, The French Review, Vol. 55, n° 3, 1982. Lire en ligne.
  • André Gervais, "Trompe-l’œil" le tour de l'angrais et le retour du temps, Études littéraires, Volume 23, numéro 1-2, été–automne 1990. Lire en ligne.
  • Marc Lapprand, Ulcérations: Tu as l'écriture, la conscrite, Cahiers Georges Perec, n° 8, Le Castor astral, 2004.
  • Bernard Magné, Quelques considérations sur les poèmes hétérogrammatiques de Georges Perec, Cahiers Georges Perec, n° 5, Éditions du Limon, 1992.
  • Jean-Jacques Poucel, The Arc of Reading in Georges Perec's La Clôture, Yale French Studies n° 105, Pereckonings: Reading Georges Perec, Yale University Press, 2004. Lire en ligne.
  • Mireille Ribière, La photographie dans la Clôture, Le Cabinet d'amateur , n° 7-8, Presses Universitaires du Mirail, Toulouse, 1999. ISSN 1165-6557.
  • Mireille Ribière, La poésie en question dans La Clôture et autres poèmes, Le Cabinet d'amateur, 2015. Lire en ligne.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. La Clôture, dix-sept poèmes hétérogrammatiques accompagnés de dix-sept photographies de Christine Lipinska, Paris, Imprimerie Caniel, 1976, tirage limité à cent exemplaires hors commerce.
  2. La rue Vilin était également l'un 12 lieux choisis par Perec pour son projet Lieux.
  3. La première édition était accompagnée de photographies de Cuchi White (Paris, Patrick Guérard, 1978, édition hors-commerce limitée à 125 exemplaires). Perec écrira un texte sur les trompe-l’œil pour un autre ouvrage de Cuchi White : L'Oeil ébloui, Chêne/Hachette, 1981.
  4. L'édition originale (Paris, RLD, 1980, édition limitée à 90 exemplaires) comportait sept sonnets pour accompagner sept graphi-sculptures de Paolo Boni. Seuls les poèmes en B, C, G et V ont été repris dans le recueil de 1980, sans leurs matrices typographiques.
  5. Selon le comptage de Roland Brasseur dans Le Grand palindrome en chiffres, in Perec aujourd'hui, Agora n° 4, 2002, Éditions Napocar Star, Cluj, Roumanie. ISSN 1583-3674. Ce comptage est effectué sur le texte de la version de 1980, les deux précédentes versions (Change n° 6, 1970, et La Littérature potentielle, Gallimard, 1973) comportant une signature : 9691 EDNA D'NILU O, MÛ, ACÉRÉ, PSEG ROEG, soit : Georges Perec au Moulin d'Andé, 1969.
  6. Première parution dans La Bibliothèque oulipienne, fascicule n° 1, 1974. Repris dans La Bibliothèque oulipienne, volume 1, Ramsay, 1987 ; Seghers, 1990, avec 400 matrices hétérogrammatiques.
  7. Texte sur Wikisource.
  8. Le second étant L'Éternité, paru chez Orange Export Ltd en 1981.
  9. Conférence à Copenhague, 29 octobre 1981, reprise dans Entretiens et conférences, Joseph K., 2003, volume II, p. 314.
  10. Interview par Claudette Oriol-Boyer, Entretiens et conférences, Éditions Joseph K., 2003, volume II, p. 171.
  11. a b et c Bernard Magné, Quelques considérations sur les poèmes hétérogrammatiques de Georges Perec, Cahiers Georges Perec, n° 5, Éditions du Limon, 1992, p. 34, 37, 49 et 52.
  12. Jean-Jacques Poucel, The Arc of Reading in Georges Perec's La Clôture, Yale French Studies n° 105, Yale University Press, 2004, p. 128.