Kikkuli

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Tablette du traité de Kikkuli, Pergamon Museum.

Kikkuli (XVe siècle av. J.-C.), écuyer d'origine mitanienne, fut l'écuyer du roi des Hittites Suppiluliuma 1er[1].

Traité d'équitation[modifier | modifier le code]

Quatre tablettes en écriture cunéiforme (et le fragment d'une cinquième, soit 1080 lignes au total) reprenant son enseignement ont été découvertes, au milieu de milliers d'autres, enfouies sous terre, en 1906 sur le site d'Hattousa[2] en Anatolie centrale par Hugo Winckler[1]. Elles ont été regroupées et publiées sous le titre L'art de soigner et d'entraîner les chevaux. Ce recueil est considéré comme le premier traité d'équitation qui nous soit parvenu. C'est un manuel sur les soins et le dressage des chevaux attelés destiné à l'armée hittite. A l'époque, la cavalerie était relativement inconnue des civilisations qui fleurissaient sur le pourtour méditerranéen. Ce traité propose un programme d'entrainement détaillé sur 184 jours. Pour chacune des journées, il détaille les rations de nourriture, le nombre de distribution d'eau, les entrainements et les périodes de repos[1].

Théorie de Kikkuli[modifier | modifier le code]

Les techniques d'entraînement progressif développées par Kikkuli sont étonnamment semblables à celles utilisées de nos jours par les cavaliers de concours complet et d'endurance. Par exemple, on retrouve le principe de progression dans l'entraînement, de développement de l'effort maximum, de l'apport en électrolytes, la variation de l'intensité de l'effort dans la même séance de travail (fartlek training). L'entrainement décrit par Kikkuli s'étend sur 184 jours[3]. Kikkuli recommande de maintenir les chevaux à l'écurie, de les couvrir, de les laver à l'eau tiède et de les nourrir d'avoine, d'orge et de foin trois fois par jour, recommandations toujours appliquées dans les meilleurs élevages. Il préconise des temps suffisants de repos, de façon à éviter les crampes et les raideurs, propose un travail non attelé fréquent. L'université de Sydney a évalué la méthode de Kikkuli sur des chevaux modernes et a mis en évidence une augmentation significative des performances avec notamment une augmentation de la VO2 max. (consommation maximale d'oxygène) et une diminution de la production de lactates à l'effort.

Kikkuli est également un des protagonistes du manga Anatolia Story / Red Riverdont l'action correspond au règne du roi Hittite Mursuli II. Bien que Mursuli II et Kikkuli n'aient pas été contemporains, l'auteur fait bien référence à son service dans la chariotrie Hatti et a consacré un chapitre du manga au recueil d'équitation de Kikkuli.

Citations[modifier | modifier le code]

  • Premier jour : quand il (l'écuyer) mène les chevaux à l'herbage en automne, il les attelle et il les fait aller au trot 3 milles (2700m), mais il les fait galoper jusqu'à 7 champs (63m). Au retour, en revanche, il les fait galoper jusqu'à 10 champs (90m)
  • Ensuite, il les conduit à l'écurie et il leur donne une poignée d'épeautre, deux poignées de grain d'orge une poignée de foin, mélangés.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (en) Giovanni Battista Tomassini, The Italian Tradition of Equestrian Art, Franktown, Virginia, USA, Xenophon Press, , 288 p. (ISBN 9780933316386), The firts treatises dedicated to the horse (page 49)
  2. (en) Steven Weingartner, « A horse master from Mitanni - Kikkuli », Ancient Warfare Magazine,‎ (lire en ligne)
  3. Le guide Marabout de l'équitation, E. Toebosch et J.P. Musette, 1976

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Kikkuli (trad. Émilia Masson), L'Art de soigner et d'entraîner les chevaux, Favre, 1998. (ISBN 282890542X)
  • Ann Nyland, The Kikkuli Method of Horse Training, Kikkuli Research, Armidale, 1993. (ISBN 0646131605)
  • A. Nyland, "Penna- and -parh in the Hittite Horse Training texts", Journal of Near Eastern Studies,51 no. 4 (1992) 293-296.
  • A. Nyland, "De Kikkuli-Trainingsmethode voor Paarden : De Kikkuli-Tekst in de Praktijk", Phoenix 39,2 (1993)57-65.
  • A. Kammenhuber, Hippologia hethitica, 1962
  • Peter Raulwing, "Zur etymologischen Beurteilung der Berufsbezeichnung assussanni des Pferdetrainers Kikkuli von Mittani" Anreiter et al. (eds.), Man and the Animal World, Studies in Archaeozoology, Archaeology, Anthropology and Paleolinguistics in memoriam S. Bökönyi, Budapest, 1996, 1-57.
  • Frank Starke, Ausbildung und Training von Streitwagenpferden, eine hippologisch orientierte Interpretation des Kikkuli-Textes, Wiesbaden, 1995