Julius Gehrum

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Julius Gehrum
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StrasbourgVoir et modifier les données sur Wikidata
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Policier, membre de la GestapoVoir et modifier les données sur Wikidata
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Julius Gehrum (, Tiefenbronn - , Strasbourg) est un policier allemand. Membre de la Gestapo durant la Seconde Guerre mondiale, il fut jugé, condamné à mort et exécuté pour crimes de guerre en .

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils d'une famille d'agriculteurs du Grand-duché de Bade, il envisage une carrière d'orfèvre (tout comme son père) après l'école primaire.

Grenadier durant la Première Guerre mondiale, il combat en France et est décoré de la croix de fer et de l'ordre du mérite militaire de Charles-Frédéric de Bade.

À partir de 1926, il travaille pour la gendarmerie de Bad Krozingen, puis devient sergent-major à St. Märgen.

Le Troisième Reich[modifier | modifier le code]

Il devient membre du parti nazi le , et est détaché de la gendarmerie pour la Gestapo l'année suivante, le . 17 jours plus tard, il est chef de la Gestapo à Kehl[1].

En 1937, il rejoint la SS en 1937, avec le grade de Hauptsturmführer. En novembre 1938, il devient Kriminalinspektor[2] de la police SS. Il est alors chargé de la mise en œuvre de la nuit de Cristal à Kehl le même mois : la synagogue est dévastée, les hommes de Gehrum dévastent les maisons des familles juives et emmènent les hommes à la mairie (où ils sont torturés) ou à la gare, avant leur déportation vers Dachau.

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Le , il est muté à Strasbourg, dans la zone annexée, où il est chef de la section III de la Gestapo, chargée de la lutte contre les résistants. En 1941, il démantèle l'organisation du Parti communiste en Alsace[1]. Fin 1943, il est sous les ordres de Erich Isselhorst[1], responsable de la Gestapo dans plusieurs villes allemandes, et transféré à Strasbourg en tant que chef de la Sicherheitspolizei, qui chapeaute la Gestapo et la Kripo.

Selon Auguste Gerhards, Gehrum est également en novembre 1944 chef de l'Abwehrstelle de Strasbourg[3]. Il a alors le grade d'Obersturmführer[2].

À l'approche des troupes alliées du territoire alsacien, il s'occupe d'organiser son nettoyage des éléments de résistance en son pouvoir. On lui confie notamment l'exécution de tous les prisonniers du réseau Alliance encore dans les geôles allemandes, ce qui amène notamment à l'assassinat de 108 hommes et femmes dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944[4],[5] au camp de concentration de Natzweiler-Struthof. Il dirige lui-même l'exécution sommaire de soixante-dix autres prisonniers, des prisons de Rastatt, Kehl[3], Pforzheim[6]... Dans le même temps, il organise sous les ordres d'Isselhorst l'opération Waldfest, entraînant la déportation ou l'exécution sommaire de plusieurs milliers de personnes.

Il tente de se cacher à la fin de la guerre, mais est fait prisonnier par l'armée française le . Rendu responsable avec Isselhorst de l'exécution sommaire et massive des prisonniers du réseau Alliance, il est jugé devant le tribunal militaire de Strasbourg, du 13 au 17 mai 1947, avec sept co-accusés (dont Erich Isselhorst)[2]. Condamné à mort, il est exécuté par balles le à Strasbourg[7],[8]. Au moment de son exécution, il dit : « Je meurs en policier et non en criminel. Je meurs au service de la patrie »[2].

En 1948, son dossier est réexaminé par le tribunal de dénazification de Fribourg, qui le qualifie de « grand terroriste », coupable des crimes reprochés. Sa veuve demande la clémence de la justice du Bade-Wurtemberg ; celle-ci n'annule pas le jugement rendu mais verse une pension mensuelle de 120 DM à la veuve.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Francis Arzalier, Les régions du déshonneur: La dérive fasciste des mouvements identitaires au XXe siècle, La Librairie Vuibert, (ISBN 978-2-311-10044-0, lire en ligne)
  2. a b c et d Charles Béné, L'Alsace dans les griffes nazies (3): L'Alsace dans la Résistance française, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-402-22645-5, lire en ligne)
  3. a et b Auguste GERHARDS, Tribunal de guerre du IIIe Reich : des centaines de Français fusillés ou déportés: Résistants et héros inconnus 1939-1945, Cherche Midi, (ISBN 978-2-7491-2067-6, lire en ligne)
  4. Mémorial de l'Alliance, p. 47.
  5. Selon Alain Guérin, d'autres — comme Jacques Granier, auteur de Schrimeck, un camp de concentration — situent ce massacre la nuit suivante (Guérin 2010, p. 646).
  6. (en) Tony Redding, Bombing Germany: The Final Phase: The Destruction of Pforzhelm and the Closing Months of Bomber Command's War, Pen and Sword, (ISBN 978-1-4738-2354-9, lire en ligne), p. 142
  7. Gérard CHAUVY et Philippe VALODE, La gestapo française, edi8, (ISBN 978-2-7357-0413-2, lire en ligne)
  8. (en) Tony Redding, Bombing Germany: The Final Phase: The Destruction of Pforzhelm and the Closing Months of Bomber Command's War, Pen and Sword, (ISBN 978-1-4738-2354-9, lire en ligne), p. 274

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Alain Guérin (préf. Marie-Madeleine Fourcade, Henri Rol-Tanguy), Chronique de la Résistance : La Résistance : Chronique illustrée (1930-1950), Place des éditeurs (Livre-Club Diderot), (1re éd. 1972-1976), 1812 p. (ISBN 9782258088535). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (de) Eva-Maria Eberle, « Gehrum : Als großer Terrorist bekannt », dans Wolfgang Proske (dir.), NS-Belastete aus Nordbaden + Nordschwarzwald, Kugelberg Verlag, coll. « Täter, Helfer, Trittbrettfahrer (de) », (ISBN 978-3-945893-08-1), p. 73-84

Liens externes[modifier | modifier le code]