Jules Legras

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Jules Legras
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Jules Émile Legras, né à Passy (Yonne) le et mort à Dijon le ) est un ethnologue français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Élève de l'École normale supérieure (1886-1889), agrégé d'allemand, docteur ès lettres, il devient professeur au lycée puis à l'université de Bordeaux.

En 1890, il commence à voyager en Russie et apprend le russe. En 1896, il part de Moscou pour la Sibérie[1] en suivant la Volga puis la vallée de la Kama par laquelle il atteint Perm. En train, il se rend à Ekaterinbourg puis Tioumen et étudie les anciens villages de colonisation autour d'Omsk ainsi que l'installation des nouveaux colons dans la steppe du Kirghizstan.

Chargé de mission du ministère de l'Instruction publique, il emprunte en 1898 le Transsibérien, visite Barnaoul, Tomsk et Krasnoiarsk puis Irkoutsk et Kiakhta. Après le lac Baïkal, il descend la Chilka puis l'Amour et voit Blagovechtchensk et Khabarovsk. Legras, en outre de l'ethnologie, étudie aussi la colonisation agricole[2], l'exploitation des mines et la croissance des villes traversées par le Transsibérien.

Legras observe les convois de forçats en route pour Tchita, visite Kiakhta et Vladivostok puis se rend au Japon où il se repose un mois et qu'il parcourt de Nagasaki à Osaka et de Kyoto à Tokyo.

Il traverse ensuite le Pacifique puis l'Amérique du Nord et l'Atlantique pour rentrer en France après avoir ainsi effectué un tour du monde.

Le 24 février 1897, il soutient ses deux thèses de doctorat ès lettres à la Faculté de Paris[3]. La première, en français, traite de Henrich Heine poète[4]. La deuxième, en latin, traite de philosophie[5]. Cette même année 1897, Legras parvient à introduire l'étude du russe à la faculté des lettres de Dijon. Il traduit en 1904 le livre sur le Transsibérien de Koulomzine.

Bien qu'âgé de près de 50 ans, il est volontaire et mobilisé comme officier-interprète au cours de la Première Guerre mondiale. En 1916, il est envoyé (avec le grade de lieutenant) en Russie pour faire des conférences, affecté au 2e Bureau. Puis il est affecté directement dans l'armée russe où il reçoit un grade d'officier et sert sous l'uniforme russe dans un corps d'armée sibérien. En 1916, il est promu capitaine dans l'armée française, puis la Révolution prenant le dessus il est rapatrié par Mourmansk. Il raconte en détail ces événements et péripéties dans ses intéressants Mémoires de Russie parus en 1921 chez Payot. Il termine la guerre chef de bataillon, officier de la Légion d'honneur (1920), décoré de la Croix de guerre 1914-1918 avec plusieurs citations ainsi que de décorations russes.

Legras a passé un total de dix ans en Russie au cours des vingt-huit ans de sa vie.

Il reprend alors ses fonctions universitaires et devient en 1929 professeur de littérature russe à la Sorbonne[6]. En parallèle de ces fonctions universitaires, Jules Legras est visiting professor à l'Université Columbia de New York (automne 1920), collaborateur du Journal des Débats (1893 : enquêtes politiques en Serbie, Bulgarie et Allemagne), collaborateur des Annales de géographie, du Temps (enquête en Russie en 1900, 1904 et 1905), de la Revue des Deux mondes, de la Revue bourguignonne, de la Vie des peuples, ou encore de la Revue critique[6].

Il est conseiller municipal de Dijon de 1908 à 1914.

Doyen honoraire de la faculté des lettres de Dijon, il y meurt le .

Le Fonds Legras est conservé à la Bibliothèque municipale de Dijon[7]. Il contient notamment le journal personnel[8] de Legras, manuscrit autographe de 9000 pages environ, qui couvre près de cinquante années de vie publique et privée, jusqu'en 1939, année de son décès. Ce journal, entre autres, est une véritable encyclopédie de la vie russe prérévolutionnaire et mérite d'être publié.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Georges Chabot, Jules Legras (1867-1939), Annales de Géographie, vol.49, no 277, 1940, p. 65 (nécrologie) (Lire en ligne)
  • Numa Broc, Dictionnaire des explorateurs français du XIXe siècle, T.2, Asie, CTHS, 1992, p. 288 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Marina Gorboff, L’âme russe de Jules Legras, 2015
  • Marina Gorboff, Loin de Moscou : Jules Legras et la famille Gorboff, 2017
  • Christine Lamarre, Sébastien Langlois (dir.), Jules Legras, professeur et grand voyageur : de la Sibérie à la Sorbonne, actes du colloque organisé à Dijon les 8-9 décembre 2017, organisé par l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, Dijon, Editions universitaires de Dijon, 2020

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Cédric Gras, L'hiver aux trousses : Voyage en Russie d'Extrême-Orient, Paris, Gallimard, , 267 p. (ISBN 978-2-07-046794-5), p. 86
  2. Cédric Gras, L'hiver aux trousses : voyage en Russie d'Extrême-Orient, Paris, Gallimard, , 267 p. (ISBN 978-2-07-046794-5), p. 241
  3. https://eslettres.bis-sorbonne.fr/notice/Doctorant/5431, consulté le 11 décembre 2023.
  4. Jules Legras, Henri Heine poète [en ligne], Paris C. Lévy, 1897, 438 p., URL : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t53477134, consulté le 11 décembre 2023.
  5. Jules Legras, De Karamzinio : Laurentii Sternii et J.-J. Rousseau nostri discipulo [en ligne], Paris, Goupy, 1897, 100 p., URL : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5347696q, consulté le 11 décembre 2023.
  6. a et b Christophe Charle, « 65. Legras (Jules, Emile) », Publications de l'Institut national de recherche pédagogique, vol. 2, no 2,‎ , p. 133–135 (lire en ligne, consulté le )
  7. Voir le fonds et photographie
  8. Lien vers le journal numérisé http://patrimoine.bm-dijon.fr/pleade/ead.html?id=FR212316101_legras&c=FR212316101_legras_Ms3036-3047

Liens externes[modifier | modifier le code]

Jules Legras (Wikisource)