John Rogers Commons

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John Rogers Commons
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John Rogers Commons né le à Hollansburg (Ohio) et mort le à Fort Lauderdale, est un économiste américain, considéré comme l'un des fondateurs de l'institutionnalisme.

Il a notamment étudié l'évolution légale de la propriété privée et le domaine des commons (commons), et milité pour un capitalisme raisonnable.

Parcours et carrière[modifier | modifier le code]

Né en 1862 dans l'Ohio, J.R. Commons est considéré comme l'un des fondateurs du courant institutionnaliste américain, avec Thorstein Veblen et Wesley Clair Mitchell. Le parcours suivi par Commons est assez atypique. Ayant fait ses études à l'université Johns-Hopkins, et suivant notamment les cours de Richard T. Ely, Commons ne parvient pas à terminer son doctorat. De 1883 à 1904, Commons effectue de très nombreuses participations dans diverses commissions, réalise des expertises, effectue des arbitrages et participe à la rédaction d'un certain nombre de textes de loi. Ce n'est qu'en 1904, à l'âge de 42 ans, que Commons accède à un poste stable à l'université du Wisconsin[1],[2].

Jusqu'au début des années 1920, ses investigations sont essentiellement empiriques et portent surtout sur ce que l'on a appelé alors les « problèmes du travail ». Il participe ainsi à l’American Association for Labor Legislation et son apport de praticien culmine avec l'édiction, en 1932, d'une législation sur l'indemnisation du chômage, le Wisconsin Unemployment Act[2],[3].

La carrière de Commons en tant que théoricien ne débute véritablement qu'en 1924 avec la publication de son ouvrage Legal Foundations of Capitalism dans lequel il retrace l'évolution institutionnelle ayant conduit à l'apparition du système capitaliste. Il accorde une attention particulière au statut et à l'importance de la propriété privée. Suivront deux autres ouvrages en 1934 (Institutional Economics) et en 1950 (à titre posthume, The Economics of Collective Action) dans lesquels Commons synthétisera l'essentiel de son expérience pour en faire une systématisation théorique et un cadre analytique à part entière[2].

L'économie institutionnelle[modifier | modifier le code]

La contribution théorique de Commons est très largement ignorée. Pour une part, cela tient au fait que Commons, à travers la carrière de ses étudiants, a été essentiellement considéré comme un praticien, bien que J.M.Keynes l'ait au contraire considéré comme un théoricien majeur[4],[5]. Mais cette faible reconnaissance vient plus largement de la difficulté de ses écrits, tant sur le fond que sur la forme. La particularité de l'économie institutionnelle de Commons est en effet de mobiliser des concepts qui lui sont propres et qu'on ne retrouve pas par ailleurs en économie.

Selon Commons, l'erreur des économistes a été d'ignorer l'importance de l'action collective en se focalisant uniquement sur les actions individuelles. Par ailleurs, ces mêmes économistes se sont concentrés sur les rapports entre les hommes et la nature là où, selon Commons, ce sont les rapports des hommes entre eux qui importent. Pour corriger ces deux défaillances, Commons introduit deux concepts clés, les institutions et les transactions :

  • L'institution est définie comme "l'action collective contrôlant l'action individuelle" ("we may define an institution as Collective Action in Control of individual Action"[6]. Commons distingue alors les institutions informelles (comme la "coutume inorganisée", "inorganized Custom" ) des institutions formelles (les organisations comme l'État, l'entreprise, les syndicats ou le Federal Reserve System)[7].
  • La transaction constitue quant à elle l'unité d'analyse. Elle désigne l'interaction par laquelle deux ou plusieurs individus s'échangent des droits de propriété et des libertés d'action.

Le projet de Commons était en fait d'élaborer un cadre conceptuel permettant de comprendre comment les institutions de la société capitaliste avaient évolué et de déterminer quels étaient les facteurs à l'origine de cette évolution.

La défense d'un capitalisme raisonnable[modifier | modifier le code]

La particularité de l'œuvre de Commons est d'articuler constamment les considérations juridiques et économiques. Selon ses propres mots, l'objectif de Commons était de réunir l'économie, le droit et l'éthique. Il s'agissait en fait pour Commons de comprendre comment les sphères juridique et économique s'influençaient mutuellement et le rôle que jouaient, dans ces rapports, les croyances et les valeurs humaines. Dans cette optique, Commons a porté une attention particulière au rôle joué par la jurisprudence de la Cour Suprême. Il voit en effet dans le juge l'un des acteurs majeurs de ce qu'il a appelé la « sélection artificielle » des règles et des comportements économiques. Plus largement, Commons s'est attelé à mettre en valeur le rôle joué par certaines institutions (l'État, les entreprises, les tribunaux) dans l'évolution des règles encadrant l'activité économique.

Les apports essentiels de Commons se situent dans les domaines de l'économie du travail, de l'économie monétaire et de l'économie publique. Ces apports forment un tout destiné à expliquer les facteurs contribuant à l'évolution du capitalisme. L'attention particulière accordée par Commons aux problèmes du travail, notamment concernant l'asymétrie de pouvoir entre les employeurs et les employés, l'a conduit notamment à défendre l'idée d'un « capitalisme raisonnable », c’est-à-dire un système économique où, tout en préservant le système d'allocation des ressources offert par le marché, les acteurs accepteraient de prendre part à des négociations pour définir des critères de répartition du revenu « raisonnable ». Ce qui évoque le système de négociation entre syndicats et patronat qui a prévalu en Allemagne dans la seconde moitié du XXè siècle.

Ouvrages majeurs[modifier | modifier le code]

  • A Documentary History of American Industrial Society, 1910
  • History of Labor in The United States, 1918 (vol I, II) et 1935 (vol. III, IV)
  • Legal Foundations of Capitalism, 1924
  • Institutional Economics. Its Place in Political Economy, 1934
  • The Economics of Collective Action, 1950

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « John R. Commons | American economist | Britannica », sur www.britannica.com (consulté le ).
  2. a b et c « Commons, John R. | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com (consulté le ).
  3. (en-US) « American Association for Labor Legislation | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com (consulté le ).
  4. THABET Slim, « Keynes et Commons : histoires parallèles, destins croisés », L'Économie politique, no 38,‎ , p. 77-100 (www.cairn.info/revue-l-economie-politique-2008-2-page-77.htm).
  5. WHALEN Charles, « John R. Commons and John Maynard Keynes on Economic History and Policy: The 1920s and Today », Journal of Economic Issues, no 42(1),‎ , p. 225-242 (lire en ligne).
  6. (en) John R. Commons, Institutional Economics - Its Place in Political Economy -, Volume 1, Londres, Transaction Publishers, 1990 (1934 pour le première édition) (lire en ligne), p. 69
  7. Ibid., p. 70

Liens externes[modifier | modifier le code]