Jean Svagelski

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Jean Svagelski
Jean Svagelski en 1989.
Biographie
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DijonVoir et modifier les données sur Wikidata
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Activité
Enfant
Anne Brousmiche (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Jean Svagelski, né le , à Châlons-en-Champagne (Marne) et mort le , à Dijon (Côte- d'Or), est un philosophe français. Élève et disciple des philosophes Gaston Bachelard et Georges Canguilhem, il s'inscrit dans la tradition de l'épistémologie française en y apportant un éclairage novateur.

Spécialiste du Siècle des Lumières, il accède au grade de Docteur d’État avec sa thèse consacrée à « L’idée de compensation en France, 1750-1850 », publiée en 1981. Il y montre l’importance heuristique de cette notion dans l’histoire des idées et le développement de la connaissance. Sa vie et son œuvre témoignent d’un attachement indéfectible pour l’enseignement de la philosophie, discipline qu’il fait rayonner jusqu’à la fin de sa vie dans la communauté scolaire et universitaire, à la fois comme pédagogue et comme penseur.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jean Svagelski naît le , à Châlons-en-Champagne.Son père Henri Svagelski est militaire, sous-officier, et sa mère Simone née Neuhauser, fille d'agriculteur de la Marne, s'occupe de ses enfants. Il est l'aîné d'une fratrie de quatre enfants, Ginette, Françoise et Philippe. Après des études secondaires au lycée de sa ville natale, il poursuivit ses études supérieures à Paris, en khâgne au lycée Henri-IV, études interrompues épisodiquement pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, il poursuivit son activité comme penseur engagé au cœur du savoir, en Philosophie, discipline charnière la plus à même, pour lui, de faire le lien entre la connaissance des idées et celle de la vie et du vivant.

Il fit ses études de philosophie à Paris, à l'Université de la Sorbonne, où il suivit les cours du philosophe Gaston Bachelard et où il obtint une licence et une maîtrise. Il décida de consacrer alors sa vie à l’enseignement de la philosophie et d’apporter sa contribution au développement des idées. Il épouse Paulette Modin, fille de l'artiste-peintre Véronique Filozof, en 1948.

L’amitié que lui porta au cours de sa jeunesse châlonnaise l’écrivain et poète Henri Vendel influença son parcours [1]. Henri Vendel était notamment directeur de la bibliothèque municipale et des musées de Châlons-en-Champagne, fondateur des bibliothèques circulantes. Il s’imprégna alors non seulement des grands textes classiques mais aussi des idées contemporaines comme celles de Jean-Paul Sartre et de Gaston Bachelard, champenois comme lui [2].

Il enseigna d’abord la philosophie à Strasbourg, au lycée Fustel-de-Coulanges, puis, après l’obtention du CAEC de philosophie en 1950, à Nîmes et Dijon. Il fut nommé au Lycée Alphonse-Daudet, à Nîmes, où il enseigna de 1951 à 1965 avant de rejoindre un poste en classe de terminale et en classe préparatoire aux grandes écoles, au Lycée Carnot de Dijon, de 1965 à 1977. Devenu agrégé de Philosophie, il fut nommé Inspecteur d'académie - inspecteur pédagogique régional auprès des enseignants de philosophie dans les Académies de Strasbourg, Reims, Lyon, Dijon, mission qu’il exerça jusqu’à son départ en retraite, en 1989.

D’un point de vue philosophique, tout en menant des activités d’enseignement, de conseil et de formation auprès des enseignants eux-mêmes, il orienta sa réflexion vers l’épistémologie et l’histoire des sciences aux côtés de Georges Canguilhem. Celui-ci ne cessa de l'accompagner tout au long de sa carrière, dans le cadre de ses fonctions d'Inspecteur Général de Philosophie et de ses multiples activités, dont celles menées à l'Institut d'Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques dont Gaston Bachelard fut auparavant le directeur. Jean Svagelski fit ainsi la connaissance de François Dagognet, disciple également de Georges Canguilhem. Une amitié durable lia ces philosophes.

Spécialiste du Siècle des Lumières, il accéda au grade de Docteur d’État avec sa thèse consacrée à « L’idée de compensation en France, 1750-1850 », publiée en 1981, qui montre l’importance heuristique de ce concept comme principe essentiel de découverte dans le domaine de l’histoire des idées et dans le développement de la connaissance.

Ainsi que l'écrit le philosophe Jean-Claude Beaune :

« [cet ouvrage] présente un point nodal de l'histoire des idées[…] met au jour une interrogation éternelle, que peut-on, que doit-on sacrifier à l'ordre absolu, à la transitivité généralisée, à l'éternel retour de l'unique et du même ? Question de philosophe, question de pédagogue, question engagée[…] C'est proposer une lecture ouverte, originale, de l'histoire des sciences et de la philosophie[…][3] »

Jusqu’à son décès, le à Dijon, il ne cessa d’apporter sa contribution au débat sur l'histoire des idées, au développement de la connaissance, indissociable, à ses yeux, de la connaissance de la vie et du vivant, et de faire avancer l’enseignement de la philosophie, comme ses publications et conférences en apportent le témoignage.

Il est le père de la poétesse Anne Brousmiche[4].

Œuvre[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liste non exhaustive

Ouvrages :

  • Jean Svagelski, Les affections et le sentiment, Paris, Hachette, coll. « Classiques Hachette / Textes et documents philosophiques », .
  • Jean Svagelski (préf. François Dagognet), L'Idée de compensation en France, 1750-1850, L’Hermès,
    Thèse de doctorat d’état

Contributions à des ouvrages :

  • Notice pédagogique à l'usage du professeur de philo, Hachette, (lire en ligne), « Des philosophies et du philosophique »
    article de Jean Svagelski cité in extenso par Léon-Louis Grateloup
  • François Dagognet, médecin, épistémologue, philosophe, Hachette, , « Une philosophie à l’œuvre »
    article de Jean Svagelski in Jean-Claude Beaune

Articles :

  • Jean Svagelski, « Déontologie vive et cachée de l'instruction publique », Cahiers philosophiques 072,‎ , p. 106
  • Jean Svagelski, « Melancholia ou variations sur le thèmes kantiens du pessimisme et de l’optimisme », Une philosophie cosmopolite, Centre Gaston Bachelard de Recherches sur l'Imaginaire et la Rationalité, Université de Bourgogne,‎ , p. 81-95
    traduction en russe
  • Jean Svagelski et Jean Michaud (dir.), « Philosophie et transformations scientifiques », L'Éthique à l'épreuve des Techniques, L'Harmattan en coédition avec l'Institut Fredrik R. Bull,‎
  • Jean Svagelski, « L’insignifiant », Cahiers Gaston Bachelard, UMR CNRS UB 5605, Centre Georges Chevrier/Centre Gaston Bachelard, no 11,‎

Communications lors de colloques :

  • "Buffon et les "Intermittences de la Nature", conférence dans le cadre du colloque " Buffon 88", in : Actes du Colloque International pour le Bicentenaire de la Mort de Buffon: Paris, Montbard, Dijon, 14-
  • "La philosophie ou l'autre représentation", conférence dans le cadre du colloque sur "La connaissance" organisé par René Moreau, directeur scientifique IBM France et vice-président du groupe "Sciences mathématiques" à l'AFAS, au Conservatoire des Arts et métiers. Publié dans la revue "Sciences", 95-1, , éd.Fondation Bull.
  • La nature, objet de connaissance. La nature, sujet de vie, communication à la Société philosophique de Bourgogne,

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Henri Vendel », sur enssib.fr (consulté le ).
  2. « ALMENECHES.PERREAUX.VENDEL... », sur blogspot.fr (consulté le ).
  3. Jean-Claude Beaune, Philosophie des milieux techniques : la matière, l'instrument, l'automate, Champ Vallon, coll. « Milieux », (lire en ligne)
  4. https://www.academiedenimes.org/site/wp-content/uploads/Pr%C3%A9sentation-Anne-Brousmiche-SM.pdf

Sources[modifier | modifier le code]

  • Jean-Claude Beaune, Philosophie des milieux techniques : la matière, l'instrument, l'automate, Champ Vallon, coll. « Milieux », (lire en ligne)
  • Pierre Guenancia, « Hommage à Jean Svagelski », Cahiers Gaston Bachelard Bachelard et la pensée allemande, no 11,‎

Liens externes[modifier | modifier le code]