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Jean Germain (évêque de Nevers et Chalon-sur-Saône)

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Jean Germain
Biographie
Naissance vers 1400
Cluny
Décès
château de la Salle
Évêque de l'Église catholique
Dernier titre ou fonction évêque de Chalon-sur-Saône
évêque de Chalon-sur-Saône
évêque de Nevers
Autres fonctions
Fonction religieuse
prêtre séculier
doyen de la Sainte-Chapelle de Dijon
Fonction laïque
docteur en théologie
chancelier de l'Ordre de la Toison d'or ; écrivain

Blason
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Jean Germain, né à Cluny vers 1400 et mort le au château de La Salle en Bourgogne, est un prélat français du XVe siècle, évêque de Nevers de 1430 à 1436 puis évêque de Chalon-sur-Saône de 1436 à 1461, conseiller du duc de Bourgogne Philippe le Bon et écrivain.

Le père de Jean Germain, Jacques Germain, est né serf du comte de Nevers ; affranchi, il s'enrichit, devient bourgeois de Cluny. Il meurt le et est enterré à l'église des Carmes de Dijon où son fils lui fera élever plus tard un tombeau[1],[2],[3].

Jean Germain est gratifié d'une pension par le duc de Bourgogne et fait des études de théologie à l'université de Paris, où il obtient son grade de docteur en théologie. Il est chargé de missions par le duc de Bourgogne à partir de 1421, est nommé conseiller ducal et maître des requêtes en 1429, chanoine puis doyen de la Sainte-Chapelle de Dijon. Il est le premier chancelier de l'ordre de la Toison d'or lors de sa création à Bruges par Philippe le Bon en janvier 1430, chargé de garder les sceaux de l'ordre et de prononcer les discours aux chapitres[4],[5].

En juillet 1430, à la mort de Robert de Dangeau, les chanoines de Nevers fixent leur suffrage sur Pierre de Pougues comme évêque, mais cette élection reste sans effet : le pape Martin V, sur les instances du duc, nomme Jean Germain évêque de Nevers en décembre[5].

Philippe le Bon l'envoie en ambassade à plusieurs reprises. En 1433, il le délègue pour parler en son nom au concile de Bâle, où Jean Germain défend la suprématie papale et l'orthodoxie catholique ; en sa qualité de député du concile, il souscrit au traité d'Arras (1435) qui réconcilie le roi Charles VII et le duc Philippe le Bon. En 1438, au concile de Ferrare-Florence, il joue un rôle non négligeable dans la tentative de réunification des églises catholique et grecque[5].

En 1436 Jean Germain est transféré à l'évêché de Chalon-sur-Saône - il est le deuxième du nom à cet évêché, le premier Jean Germain ayant occupé ce siège de 1357 à 1361[6].

Il y fait terminer les voûtes en pierre de la cathédrale de Saint-Vincent ; il s'attache à réformer la formation des clercs et la pastorale que les prêtres devaient conduire auprès des fidèles, développe le culte marial et fonde dans la cathédrale en 1451 la chapelle Notre-Dame-de-Pitié, qu’il érige en lieu de pèlerinage[7]. Il fonde à Verdun-sur-le-Doubs la chapelle Notre-Dame-de-Pitié sur les bords du Doubs[8]. En 1448 il consacre l'église de Sainte-Madeleine à Tournus et celle de Sainte-Marie, au faubourg de Chalon[note 1]. En 1452, il bénit la première pierre du couvent des franciscains que le duc Philippe le Bon fait élever à Chalon.

Il décède le dans sa résidence du château de La Salle, à La Salle dans l'actuelle Saône-et-Loire. Il est enterré dans la cathédrale Saint-Vincent à Chalon, dans un tombeau avec son gisant sculpté, devant la chapelle de Notre-Dame-de-Pitié ; le gisant est mutilé en 1562, lors de la mise à sac de la cathédrale par les protestants, et remplacé au XVIIIe siècle par une simple dalle de pierre[7],[6]. Son épitaphe, bien conservée, est visible, avec son blason sculpté et peint, sur le mur près de la porte menant vers le cloître de la cathédrale[2].

Plaque funéraire de Jean Germain à la cathédrale Saint-Vincent de Chalon.

Jean Germain est l'auteur d'ouvrages de théologie, de discours et d'ouvrages de polémique religieuse :

  • La Mappemonde spirituelle composée en 1449 ; l'ouvrage, auquel était jointe une carte aujourd’hui perdue et dont seule la version en français est conservée, est une histoire sainte du monde, qui s'inscrit dans le mouvement de propagande pour la croisade autour de Philippe le Bon dans les années 1440-1450[9],[10], ; c'est l'une des sources de la Topographia sanctorum publiée à Venise en 1568 par Francesco Maurolico à la suite de son Martyrologium[11].
  • Débat du Crestien et du Sarrazin, touchant nostre loy et leur secte de Mahomet, 1450. Jean Germain, dans cet ouvrage polémique contre la religion musulmane, y évoque le déclin du christianisme en Orient et la progression de l'islam ; il met en scène deux « chevaliers et princes en l'ostel de l'empereur des Maures, l'ung Sarrazin et l'autre Crestien », chacun exposant les principes et l'histoire de sa religion ; à la fin, le Sultan, vaincu par la force d'argumentation du chrétien, arbitre en sa faveur[12],[10],[13]. Le texte ne vise pas à nouer un dialogue avec l’islam, défini comme une apostasie, mais à raffermir la foi dans le cœur des chrétiens[14].
  • Discours du voyage d’outre-mer, prononcé devant le roi de France Charles VII au nom du duc de Bourgogne en 1451, pour l'exhorter à la croisade[15],[13].
  • Liber de virtutibus Philippi Burgundiae ducis, manuel d’éducation princière composé en 1451-1452 et dédié à Charles le Téméraire, avec une série de discours légitimant le projet politique de la Maison de Bourgogne[16].
  • Les Deux pans de la tapisserie crestienne (ou Le chemin de paradis. L'interpretacion de Tapisserie chrestienne), en 1457, œuvre théologique et morale destinée aux clercs du diocèse de Chalon et aux chrétiens en général, avec une satire de toutes les composantes de la société qui n'épargne par les clercs[10],[17].

Ses traités sont conservés dans plusieurs manuscrits du XVe siècle, certains enluminés comme celui de la Mappemonde spirituelle à la Bibliothèque municipale de Lyon[18], dont les illustrations sont attribuées à Antoine de Lonhy[19], ou le Débat du Crestien et du Sarrazin dans le manuscrit Fr. 948 de la Bibliothèque nationale de France[20]. Les ouvrages de Jean Germain n'ont pas fait l'objet d'éditions imprimées avant la fin du XIXe siècle.

Notes et références

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  1. L'église de Sainte-Marie à Chalon est située rue de Germigny, au bord de la Saône.

Références

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  1. Francis Salet, « Le monument funéraire de Jacques Germain », Bulletin monumental, t. 123, no 1,‎ , p. 66 (lire en ligne Accès libre).
  2. a et b Jean-Bernard de Vaivre, « Les armoiries de Jean Germain », Journal des savants,‎ , p. 319-328 (lire en ligne Accès libre).
  3. Notice no 01370009206, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture.
  4. Fortuné Koller, Au service de la Toison d'or. Les officiers, Dison, G. Lelotte, , p. 3–7.
  5. a b et c Delphine Lannaud et Jacques Paviot 2019.
  6. a et b Jacques Madignier 2021.
  7. a et b Jacques Madignier, « La mort et les chapitres cathédraux dans la Bourgogne des XIIIe – XVe siècles », Le Moyen Age, t. CXXIV, nos 3-4,‎ , p. 615-650 (lire en ligne Accès libre).
  8. Michèle Beaulieu, « Sculptures anciennes de Verdun-sur-le-Doubs au musée Denon à Chalon », Bulletin monumental, t. 115, no 4,‎ , p. 299-300 (lire en ligne Accès libre).
  9. Nicole Bériou, « Représentation du monde et actualité de la croisade au XVe siècle. La Mappemonde spirituelle de Jean Germain (1449) », Publications du Centre européen d'études bourguignonnes, vol. 50 « L’Église et la vie religieuse, des pays bourguignons à l’ancien royaume d’Arles (XIVe – XVe siècle) »,‎ , p. 129-143 (lire en ligne Accès limité).
  10. a b et c François Berriot, « Images de l'Islam dans le Débat manuscrit de Jean Germain (1450) », Bulletin de l'Association d'étude sur l'humanisme, la réforme et la renaissance, no 14,‎ , p. 32-41 (lire en ligne Accès libre).
  11. Baudouin de Gaiffier, « Les sources de la Topographia Sanctorum publiée par Maurolycus », Analecta Bollandiana, no 52,‎ , p. 57-63.
  12. Yvon Lacaze, « Un représentant de la polémique antimusulmane au XVe siècle : Jean Germain, évêque de Nevers et de Chalon-sur-Saône (1400?-1461) », dans École des Chartes. Positions des thèses, , p. 67-75.
  13. a et b Yvon Lacaze 1994.
  14. Tristan Vigliano, Parler aux musulmans. Quatre intellectuels face à l’islam à l’orée de la Renaissance, Genève, Droz, coll. « Les seuils de la modernité » (no 21), .
  15. C. Schefer, « Jean Germain, Le Discours du voyage d’oultremer au très victorieux roi Charles VII, prononcé, en 1452 [sic], par Jean Germain, évêque de Chalon », Revue de l’Orient latin, vol. III,‎ , p. 303-342.
  16. Jonathan Dumont, « Une « sociodicée » des États bourguignons. Le "Liber de virtutibus Philippi Burgundiae Ducis" de Jean Germain (ca 1451-1452) », dans Ludmilla Evdokimova, Alain Marchandisse (dir.), Le Texte médiéval dans le processus de communication, Paris, Garnier, coll. « Rencontres » (no 416), (ISBN 978-2-406-09314-5).
  17. (en) Katharina Smeyers, « Un cortège de triomphe chrétien : Jean Germain, Le chemin de paradis (Bruxelles, Bibliothèque Royale de Belgique, Ms. IV 823) », dans Bert Cardon, Jan Van der Stock, Dominique Vanwijnsberghe, Dudley, Peeters (dir.), Als Ich Can: Liber Amicorum in Memory of Professor Dr. Maurits Smeyers, Louvain, Peeters, , tome 2, p. 1207-1226.
  18. « Jean Germain offrant sa Mappemonde spirituelle à Philippe le Bon, premier feuillet du manuscrit P.A. 32 », sur numelyo.bm-lyon.fr.
  19. « Mappemonde spirituelle, manuscrit, Lyon, BM », sur initiale.irht.cnrs.fr.
  20. « Français 948. Jean Germain, Débat du chrétien et du sarrasin », sur gallica.bnf.fr.

Bibliographie

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  • (de) Eric Burkart, Kreuzzug als Selbstbeschreibung : burgundische Statuspolitik in den spätmittelalterlichen Traktaten des Jean Germain, Heidelberg, Heidelberg university publishing, coll. « Pariser historische Studien » (no 117), , 438 p. (ISBN 978-3-968220-02-4).
  • Yvon Lacaze, « Jean Germain », dans Robert Bossuat, Louis Pichard, Guy Raynaud de Lage, Geneviève Hasenohr, Michel Zink (dir.), Dictionnaire des lettres françaises. Moyen Âge, Paris, Fayard, , p. 781-782.
  • Delphine Lannaud (éditeur scientifique) et Jacques Paviot (éditeur scientifique), Jean Germain, évêque de Chalon, chancelier de l'ordre de la Toison d'or : actes de la journée d'étude, Chalon-sur-Saône, 27 octobre 2018, Chalon-sur-Saône, Société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-Saône, , 172 p. (ISBN 978-2-901836-01-8).
  • Jacques Madignier, « Jean Germain, évêque de Chalon-sur-Saône (1436-1461) », Images de Saône-et-Loire, no 205,‎ , p. 2-5.
  • Jacques Paviot, « Jean Germain, évêque de Nevers et de Chalon-sur-Saône, chancelier de l’ordre de la Toison d’or », Publications du Centre européen d'études bourguignonnes, vol. 50 « L’Église et la vie religieuse, des pays bourguignons à l’ancien royaume d’Arles (XIVe – XVe siècle) »,‎ , p. 109-127.

Articles connexes

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Liens externes

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