Georgette Kokoczynski
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Georgette Léontine Roberte Brivadis |
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La Mimosa, Mimosa |
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Georgette Kokoczynski, née le 16 août 1907 à Paris et morte le 16 ou 17 octobre 1936 à Perdiguera (Espagne), est une actrice, chanteuse et infirmière anarchiste française.
Née Georgette Léontine Roberte Brivadis, puis devenue Georgette Ango, avant de prendre le nom de mariage Kokoczynski, elle est également connue sous les noms de Georgette Brivady et Mimosa. Elle est connue sous son nom d'artiste Mimosa quand elle rejoint une troupe de théâtre d'inspiration libertaire à Paris, tout en terminant ses études d'infirmière. Après le début de la guerre civile espagnole, elle rejoint en septembre 1936 le groupe international de la colonne Durruti et est affectée sur le front d'Aragon. Elle est tuée un mois plus tard lors de la bataille de Perdiguera près de Saragosse.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse
[modifier | modifier le code]Georgette, Léontine, Roberte, Augustine, née Brivadis (du nom de sa mère, Léontine Brivadis)[1], naît le 16 août 1907 à Paris, dans le 6e arrondissement[1],[2] ou à Versailles[3] selon d'autres sources. Son père est Robert Ango, peintre en bâtiment, et sa mère Léontine Brivadis, domestique[4]. En 1908, son père la reconnaît, et elle prend alors son nom, Ango[5]. À seize ans, elle est recueillie par le poète André Colomer et sa compagne Madeleine, qui vivent à Paris. Ils lui font découvrir les idées anarchistes[6].
Engagement dans le mouvement anarchiste
[modifier | modifier le code]À l'âge de dix-huit ans, elle rejoint l'anarchiste Fernand Fortin et devient membre du groupe Éducation Sociale, que Fortin a fondé à Loches. Elle commence à participer à des rassemblements et à des fêtes[3]. En 1928, elle revient à Paris sous le nom de scène de « Mimosa ». Elle rejoint une troupe de théâtre qui anime des rencontres et des festivals libertaires. Elle joue et chante à Montmartre au Lapin Agile et au Grenier de Gringoire[7]. Elle vend également des numéros de La Revue anarchiste, réalisée par son partenaire Fortin et notamment le supplément Choses d’Espagne, ainsi que L'Insurgé, L'Anarchie[7]. À cette époque, elle termine ses études d'infirmière[1].
Le 7 novembre 1931, elle épouse le journaliste français Miecsejslaw Kokoczynski, dont elle prend le nom de famille. Celui-ci fait partie du XIVe secteur parisien de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO)[3]. Il semble alcoolique et brutal[2].
Implication dans la guerre d'Espagne
[modifier | modifier le code]Dès le déclenchement de la guerre d'Espagne, Georgette Kokoczynski participe à un rassemblement à Paris. Dès septembre 1936, elle se rend en Espagne et rejoint le Groupe international de la Colonne Durruti à Barcelone[1]. Le 3 octobre, elle est affectée au front d'Aragon pour s'occuper de la cantine et de l'infirmerie, notamment avec les militantes allemandes Augusta Marx, surnommée Trude, issue du Parti socialiste ouvrier d'Allemagne[8] et proche de la Jeunesse communiste ibérique[9], et Madeleine Gierth[10],[1].
Georgette Kokoczynski meurt le 16 ou 17 octobre 1936 lors des combats livrés autour du village de Perdiguera, près de Saragosse, avec d'autres infirmières et des dizaines de volontaires étrangers[3],[11]. Les conditions précises de son décès sont troubles et font l'objet de plusieurs hypothèses. Les troupes nationalistes prennent d'assaut un bâtiment occupé et défendu par elle et ses camarades du Groupe international. Elle est soit tuée sur le coup, soit capturée et exécutée ensuite, avec un possible déchaînement de violence et de cruauté[1]. Selon le témoignage d'Antoine Gimenez, Augusta Marx et Georgette Kokoczynski auraient, après leur capture, été dénudées et éventrées par les nationalistes qui les auraient ensuite jetées encore vivantes sur la ligne de front, et un milicien anarchiste les aurait alors achevées[3],[2]. Un article du journal catalan La Vanguardia du 11 novembre 1936 explique que les deux femmes ont été capturées, puis fusillées et jetées dans une meule de foin[12], que les nationalistes auraient ensuite enflammée[13]. Une autre version, de Lola Iturbe, décrit Georgette retranchée dans une maison avec des camarades français, italiens et allemands qui refusent de se rendre malgré les menaces des nationalistes d'incendier la maison – menace mise ensuite à exécution, et tout le groupe aurait alors périt dans l'incendie[8]. Une autre version, donnée par des membres de la Fédération anarchiste ibérique (FAI), décrit Georgette et d'autres femmes bombardées par un avion[8].
La colonne Durruti mène quelques jours plus tard une contre offensive pour libérer le village de Perdiguera. Ils retrouvent morts la totalité des défenseurs espagnols et internationaux. Ces morts, et en particulier celles des jeunes femmes du groupe (Georgette, mais aussi Augusta Marx, Suzanne Hans et probablement Juliette Baudart), provoquent une grande émotion parmi les survivants du Groupe international. Le Libertaire communique la nouvelle les 6 et 20 novembre 1936, avec la publication d'une lettre faire-part de Fernand Fortin pour le Groupe des Amis de la Revue Anarchiste[1].
Journal intime
[modifier | modifier le code]Kokoczynski tient un journal depuis son départ de Paris en septembre 1936 jusqu'à son arrivée sur le front d'Aragon, en octobre 1936. Il comprend 45 pages, incomplètes, que Fortin a copiées après sa mort[1]. Il est découvert par Édouard Sill dans les collections de l'Institut international d'histoire sociale (IISG) d'Amsterdam sous le titre Journal de ma Campagne en 2006[14].
Voici un extrait daté de septembre 1936[1] :
« Le sort en est jeté, je vais au front moi aussi, je l’ai demandé expressément. Je crois que je ne reviendrais pas, mais cela est sans importance, ma vie a toujours été amère et le bonheur n’existe pas. Le bonheur n’a pas de visage, il n’a pas d’armoiries et pas de couleurs et je ne l’ai pas su trouver. J’avais des trésors de tendresse, des désirs qui n’étaient pas la souffrance des autres et je n’ai pas pu donner assez et je n’ai rien reçu, tristesse ! Vais-je apprendre à tous ces furieux qu’ils méprisent la seule chose vraie, la seule !...la vie qui respire, celle qui consiste à voir les bourgeons éclore, le soleil se lever et les étoiles au ciel. Le bonheur ! Vous ne savez pas comme je l’ai cherché, je m’en souviens à peine moi-même ; dans les livres graves, dans les lits douteux, dans la simplicité des choses. Enfin je vais partir, le bonheur ! C’est peut-être le repos des âmes éteintes. »
Voici deux autres extraits, non datés[15] :
« Je suis seule et femme. Ils sont 200. »
« Il faut rivaliser de force avec ces hommes. Faire aussi bien qu'eux, aussi rapidement. Il faut faire oublier à tous que je suis une femme. »
Reconnaissance
[modifier | modifier le code]- En mai 1937, un groupe francophone de la Fédération anarchiste ibérique (FAI) formé dans le district de Gràcia à Barcelone, et dont Fortin était membre, prend le nom de « Mimosa » en l'honneur de Kokoczynski[1].
- Le 19 juillet 1937, la syndicaliste et journaliste Lola Iturbe, sous son pseudonyme Kyralina, lui rend hommage dans la revue Mujeres Libres[16].
- Dans les années 1960, l'ancienne milicienne et membre de la résistance néerlandaise Carolina Bunjes fonde l'Hôtel Mimosa, dans la ville génoise de Sestri Levante, l'ayant visiblement nommé en hommage à Kokoczynski[17].
Références
[modifier | modifier le code]- Rolf Dupuy, Marianne Enckell et Edouard Sill, « KOKOCZYNSKI Georgette, dite Mimosa, dite ANGO KOKOCYNSKI Georgette », dans née ANGO Georgette, Léontine, Roberte, Augustine, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne)
- « Augusta, Mimosa - [Les Gimenologues] », sur www.gimenologues.org (consulté le )
- « KOKOCZINSKI, Georgette, Léontine [née BRIVADIS-ANGO] « MIMOSA » - [Dictionnaire international des militants anarchistes] », sur militants-anarchistes.info (consulté le )
- « KOKOCZINSKI, Georgette, Léontine [née BRIVADIS-ANGO] « MIMOSA » - [Dictionnaire international des militants anarchistes] », sur www.militants-anarchistes.info (consulté le )
- « 16 août 1907 : naissance de « Mimosa », militante anarchiste et antifasciste », sur paris-luttes.info, (consulté le )
- (es) Felipe Espílez Murciano, « Georgette Kokoczynski, alias Mimosa », sur Encima de la niebla, (consulté le )
- CIRA de Marseille, « Georgette Kokoczynski dite Mimosa (1907-1936) », sur PARTAGE NOIR, (consulté le )
- https://cras31.info/IMG/pdf/alarecherchedesfilsdelanuit.pdf
- « Juventud Comunista du 19 novembre 1936 - [Les Gimenologues] », sur gimenologues.org (consulté le )
- « Mimosa éclot », sur ALMAniak (consulté le )
- (es) Eladio Romero García, El ejemplo de la columna Durruti: De milicianos libertarios a soldados del ejército popular de la República, Ediciones Beta III Milenio, (ISBN 978-84-16809-76-9, lire en ligne)
- (es) « El exilio judeoasquenazí en Barcelona (1933-1945): Un rompecabezas que pide ser resuelto. Parte IV. | Mozaika » (consulté le )
- « Quelques petites choses de plus sur Augusta Marx, alias Trude, volontaire allemande du Groupe International de la colonne Durruti - [Les Gimenologues] », sur www.gimenologues.org (consulté le )
- (es) Edouard Sill, ¿Un coro inaudible? la obra literaria y testimonial de los voluntarios franceses y belgas, una memoria paradójica, , p. 39
- « La désillusion. Les femmes en Espagne : épisode • 2/4 du podcast Engagés volontaires, se battre pour des idées », sur France Culture (consulté le )
- (es) Espílez Murciano, « Georgette Kokoczynski, alias Mimosa », Encima de la Niebla, (consulté le )
- (ca) Marimon Molas, « Lini, l'enigmàtica miliciana fotògrafa », Ara, (ISSN 2014-010X, consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Rolf Dupuy, Marianne Enckell et Edouard Sill, « KOKOCZYNSKI Georgette, dite Mimosa, dite ANGO KOKOCYNSKI Georgette », dans née ANGO Georgette, Léontine, Roberte, Augustine, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne). .
- KOKOCZINSKI, Georgette, Léontine née BRIVADIS-ANGO, « MIMOSA » , Dictionnaire des militants anarchistes, 4 février 2008.
- Antoine Gimenez & Les Giménologues, Les Fils de la nuit. Souvenirs de la guerre d'Espagne, L'Insomniaque, 2006[1],[2]
- (es) Lola Itube, La mujer en la lucha social, Ed. Mexicanos Unidos, 1974
- (en) David Berry, French anarchists volunteers in Spain, 1997
- La Voix libertaire, 21 novembre 1936
Liens externes
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- Ressource relative à la vie publique :
- le-studio-americain.com, « Les Fils de la nuit (Antoine Gimenez & les Giménologues) // Les éditions Libertalia », sur www.editionslibertalia.com, (consulté le )
- Antoine Gimenez, Les fils de la nuit: souvenirs de la guerre d'Espagne (juillet 1936 - février 1939), suivi de A la recherche des fils de la nuit, par les Giménologues, Insomniaque ; Giménologues, (ISBN 978-2-915694-14-7)
- Femme dans la guerre d'Espagne
- Victime de la guerre d'Espagne
- Membre des Brigades internationales
- Infirmière française
- Personnalité française de la guerre d'Espagne
- Antifranquiste français
- Anarchiste français
- Naissance en août 1907
- Naissance dans le 6e arrondissement de Paris
- Décès en octobre 1936
- Décès dans la province de Saragosse
- Décès à 29 ans