Georges Bontemps

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Georges Bontemps
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Distinctions

Georges Bontemps est un ingénieur français[Note 1], administrateur de la Manufacture de Choisy-le-Roi, fabricant de verre français éminent au XIXe siècle. Il est né à Paris le , et mort le [1].

Début de carrière[modifier | modifier le code]

Il était le fils d'un officier de l'Empire qui a appartenu à la première promotion de l'école polytechnique, mais n'ayant pas été reconnu par lui il n'a pas pu entrer à l'école en 1817 malgré sa réussite à l'examen. Il devient un assistant de d'Artigues qui possédait trois cristalleries. Il est entré en 1822 dans la cristallerie de Choisy-le-Roi fondée en 1805[2] dont il est devenu le directeur en 1823. Il commence des recherches sur le verre coloré en rouge dans la masse par de l'oxyde de cuivre. Le résultat de ses recherches est publié en 1826 par le chimiste Jean-Pierre-Joseph d'Arcet (1777-1844).

Augustin Fresnel a travaillé avec Georges Bontemps pour lui fournir des blocs de verre jusqu'en 1826 mais ses résultats sont toujours insatisfaisants car ils éclatent pendant le polissage.

En 1829, il y a ouvert un atelier de peinture sur verre. Il confie la direction au peintre verrier anglais Edward Jones[3],[4]. Edward Jones était venu à Paris en 1826 à la demande du préfet Chabrol pour réaliser des vitraux à l'église Sainte-Élisabeth-de-Hongrie posés en 1828. Les peintres verriers Eugène-Stanislas Oudinot, Henri Gérente et Gaspard Gsell (1814-1904) se sont formés dans cet atelier. Henri Gérente et Gaspard Gsell ont réalisé les cartons des vitraux de la chapelle de la Vierge de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais entre 1841 et 1845[5].

En 1830, il a agi comme agent de l'Anglais Robert Lucas Chance (en) pour l'aider dans le recrutement des ouvriers verriers français et belges pour travailler pour lui. Chance cherchait des moyens d'améliorer la production de verre plat dans son usine nouvellement ouverte à Smethwick, Birmingham.

Il a présenté à l'Exposition des produits de l'industrie française de 1834 « de superbes rouges », « des beaux jaunes de tons variés, des bleus à deux couches ». Alexandre Brongniart s'est servi des verres colorés de Choisy dès 1839 et en vante la qualité. La manufacture reçoit une médaille d'or à l'Exposition de 1839 où la cristallerie de Choisy-le-Roi présenta ses premières pièces en ouraline[6].

En 1834 et 1844, la manufacture de Choisy a été chargée des verrières neuves et des compléments de vitraux anciens du déambulatoire de l'abbatiale Saint-Denis[7]. Cela ne l'empêche pas d'écrire en 1845 que si tous les éléments techniques existaient pour réaliser des vitraux semblables à ceux du XIIIe siècle, il n'existait pas encore d'artistes capables de « mettre leurs œuvres en parallèle à celles des anciens »[8][réf. incomplète].

En 1837, la Société d'encouragement pour l'industrie nationale propose un prix de 10 000 francs à décerner au fabricant pouvant fournir le meilleur flint-glass pour permettre de fabriquer une optique achromatique à partir d'une licence donnée à John Dollond en 1759. À cette date, seuls les Anglais savaient le produire. Il reçoit le prix en 1840 à égalité avec Henri Guinand (1771-1852)[Note 2],[9] dont le père, Pierre-Louis Guinand (1748-1824)[10],[11], un ouvrier suisse né aux Brenets, avait trouvé le moyen de produire des disques de 30 à 35 cm de diamètre de qualité supérieure aux verres anglais[12]. De ses voyages en Angleterre, il a rapporté de nouveaux procédés pour la fabrication des verres colorés et des verres d'optique.

À l'Exposition des produits de l'industrie française de 1844, la verrerie de Choisy-le-Roi expose tous les types de verres qu'elle peut produire : cristal blanc, cristal coloré et décoré, verre à vitres, globes de grandes dimensions, flint-glass et crown-glass pour les besoins de l'optique, vitres colorées dans la masse, et vitraux peints[13]. Les cartons de plusieurs vitraux qui sont présentés, réalisés par Karl-Hauder et André, Lusson, et Émile Laurent, sont d'Henri Gérente. Gaspard Gsell a dessiné les cartons réalisés par Maréchal, de Metz, pour l'église Saint-Vincent-de-Paul[14].

En 1845, il retrouve la technique de fabrication de verre de couleur rubis qui a été d'abord utilisé par les Vénitiens au XVIe siècle.

Lors de la Révolution française de 1848, il est contraint de fuir en Angleterre. Il a trouvé un emploi chez Chance Brothers (en), en raison de son amitié avec Robert Lucas Chance datant de sa visite en France à la verrerie en 1830. Son départ a entraîné la fin de l'implication de la verrerie de Choisy-le-Roi dans la fabrication de verre pour les lentilles de Fresnel, et celle-ci ferme en 1851[15].

Développements[modifier | modifier le code]

Plaque constructeur de phare de Chance Brothers

Georges Bontemps a été employé par la société Chance Brothers au titre de surintendant des départements de couleur et d'ornement de 1848 à 1854 où il introduit la technique du guinandage[Note 3],[16], la gravure à l'acide et l'impression sur verre.

Pendant ce temps, il a contribué à donner des conseils sur le verre flint pour une utilisation dans la fabrication des lentilles de Fresnel pour les phares maritimes[Note 4],[15],[17].

Il a également contribué à la production de crown-glass, mesurant 29 pouces (74 cm) de diamètre, commandé à Chance Brothers le par Gustave Rouland, Ministre de l'Instruction publique et des cultes, pour une utilisation dans les optiques des télescopes de l'Observatoire impérial[18],[19].

Georges Bontemps a peint sur le verre l'affiche de la Grande Exposition de 1851 et a été membre du jury à l'Exposition universelle de 1862 de Londres et à l'Exposition universelle de 1867 de Paris.

En 1863, Prosper Lafaye et Michel-Eugène Chevreul ayant mis au point une technique de nettoyage de vitraux qu'ils font publier dans les comptes rendus de l'Académie des sciences en 1863, Georges Bontemps a envoyé une lettre à l'Académie en novembre 1863 dans laquelle il met en garde contre l'emploi de l'acide chlorhydrique qui risquait d'effacer les traits de grisaille[20].

Distinction[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Description du procédé de fabrication du flint-glass et du crown-glass, p. 400-404, dans Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale, 1840, 39e année
  • Exposé historique et pratique des moyens employés pour la fabrication des verres filigranes et du flint-glass et crown-glass, séance extraordinaire de la Société d'encouragement du , p. 183-195, 236-245, dans Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale, 1845, 44e année
  • Exposé des moyens employés pour la fabrication des verres filigranés, 1845
  • Peinture sur verre au XIXe siècle. Les secrets de cet art sont-ils retrouvés ? Quelques réflexions sur ce sujet aux savants et aux artistes, 1845
  • Sur les anciens vitraux colorés des églises et sur les précautions à prendre pour les nettoyer, 1863
  • Guide du Verrier, traité historique et pratique de la fabrication des Verres, Cristaux, Vitraux, 1868 (lire en ligne)
  • Il a publié en 1876 une traduction du livre du moine Théophile Schedula diversum artium.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. D'après Élisabeth Pillet, il était polytechnicien, mais d'après la Society of Glass Technology c'est son père qui était polytechnicien.
  2. Henri Guinand travaillait avec Georges Bontemps avant de s'établir à son compte, rue Mouffetard, vers 1842, où il est aidé par M. Feil. Le 25 juin 1838, Henri Guinand, pour obtenir la reconnaissance des travaux de son père, a divulgué le secret de fabrication du verre flint par brassage de la matière vitreuse (guinandage) aux deux académiciens François Arago et Jean-Baptiste Dumas.
  3. Technique de travail portant le nom de son inventeur, l'opticien suisse Pierre-Louis Guinand, qui consiste à brasser le verre en fusion (en particulier le verre optique contenant du plomb), au moyen d'un outil en matériau réfractaire (le guinand), activé par une machine à guinander, afin d'atténuer les hétérogénéités
  4. Le secret de fabrication de l'opticien Pierre-Louis Guinand transmis par Georges Bontemps à la société Chance Brothers lui a permis de devenir le principal fournisseur de lentilles de Fresnel pour l'équipement de phares dans tout le Royaume-Uni et les pays anglo-saxons

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Bontemps, Georges », base Léonore, ministère français de la Culture
  2. Giuseppe Cappa, Choisy-le-Roi (cristallerie de), p. 194, dans Le génie verrier de l'Europe, Mardaga, Sprimont (ISBN 2-87009-680-1) (lire en ligne)
  3. Voir : Glass painters, 1750-1850, Part II, p. 390-407, in The Journal of Stained Glass, vol. XIII, no 2
  4. Alison Gilchrist, Keith Barley (Barley Studio, York), Reconstruction of the ‘Charity’ Window after Reynolds for the Soane Museum, dans Vidimus, no 67 (lire en ligne)
  5. Pillet 2010, p. 269
  6. Les premières ouralines en France
  7. Hervé Cabezas, Les vitraux de la basilique de Saint-Denis au XIXe siècle, p. 31-76, dans Vitrea, 1996, volume 9
  8. Bontemps, 1845, p. 23
  9. Bérard, Dumas, Payen, Molard jeune, Péclet, Annales de l'industrie française et étrangère, ou recueil contenant les mémoires relatifs aux arts industriels, les développements théoriques utiles à leur intelligence, et toutes les découvertes qui intéressent les manufactures ou l'économie publique, Volume 2, p. 35-38, 254-257, Paris, 1828 (lire en ligne)
  10. Société neuchâteloise de généalogie : Branche de Pierre-Louis Guinand 1748 - 1824
  11. Le centenaire de Pierre-Louis Guinand, p. 177-197, dans L'Astronomie, vol. 39
  12. Édouard Garnier, Histoire de la verrerie et de l'émaillerie,, p. 308, A. Mame et fils, Tours, 1886 (lire en ligne)
  13. MM. Bontemps, Lemoine & Cie à Choisy-le-Roi, p. 470, 486-491, dans Exposition des produits de l'industrie française en 1844 - Rapport du jury central, tome 3 (lire en ligne)
  14. Peinture sur verre, p. 22-25, dans Exposition de l'industrie française, année 1844: description méthodique accompagnée d'un grand nombre de planches et de vignettes, Volume 2, Challamel éditeur, Paris (lire en ligne)
  15. a et b (en) Thomas Tag, « The Fresnel Lens Makers : Les fabricants de lentilles de Fresnel », sur uslhs.org (en) (consulté le ).
  16. « Pierre-Louis Guinand. », sur niepce-daguerre.com (consulté le ).
  17. Association Verre & Histoire : Francis Dreyer, L'innovation des lentilles à échelon des phares : un repère du niveau technique de l'industrie verrière en France au début du XIXe siècle
  18. Péligot 1862, p. 109
  19. Traces écrites, « Commande de verres spéciaux pour les télescopes de l’Observatoire impérial », sur traces-ecrites.com, (consulté le ).
  20. Pillet 2010, p. 194

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Laurence de Finance, Chronologie de la renaissance du vitrail à Paris au XIXe siècle : L’exemple de l’église Saint-Laurent, In Situ, 2008, no 9 (lire en ligne)
  • Élisabeth Pillet, Le vitrail à Paris au XIXe siècle. Entretenir, conserver, restaurer, Rennes, Presses universitaires de Rennes (Corpus vitrearum. France - Études IX), , 343 p. (ISBN 978-2-7535-0945-0), p. 68-71, 80, 81, 86, 88, 103, 141, 194, 269
  • Danielle Velde, Georges Bontemps, verrier (1799-1883), p. 10-15, dans Verre, , volume 15, no 3
  • Danielle Velde, Georges Bontemps et la verrerie de Choisy-le-Roi (1820-1847), p. 37-43, dans Verre, , volume 15, no 4
  • Eugène-Melchior Péligot, 12 leçons sur l'art de la verrerie, Paris, Bourdier, (lire en ligne)
  • Rapport fait par M. D'Arcet, au nom du Comité des arts chimiques, sur les verres colorés en rouge, fabriqués à la Verrerie de Choisyle-Roi, près Paris, p. 259-270, dans Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale, 1826, 25e année

Liens externes[modifier | modifier le code]