Front national pour la défense de la démocratie

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Front national pour la défense de la démocratie
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Le Front national pour la défense de la démocratie (FNDD) est une organisation politique mauritanienne opposée au coup d'État d'août 2008 organisé par le général Mohamed Ould Abdel Aziz.

Le FNDD est d'abord le fer de lance de l'opposition au nouveau président putschiste. En , le FNDD signe l'Accord de Dakar avec le pouvoir militaire, qui permet l'organisation de l'élection présidentielle en . Après la victoire du général Mohamed Ould Abdel Aziz à celle-ci, le FNDD éclate, et est remplacé par la Coordination des forces de l’opposition démocratique (CFOD, puis COD) en .

Plate-forme de l'opposition[modifier | modifier le code]

Le Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD), dirigé par le président de l’Assemblée nationale Messaoud Ould Boulkheir, mène l'opposition intérieure au coup d’État d'août 2008[1] organisé par le général Mohamed Ould Abdel Aziz[2]. C'est la plate-forme de l'opposition au putsch[3],[4],[5], créée immédiatement après celui-ci[6].

Manifestation du FNDD à Nouadhibou ().

Le FNDD s'organise au cours du mois d'août 2008[7]. Il regroupe douze partis politiques, dont les plus importants sont : le Pacte national pour la démocratie et le développement (PNDD-Adil, fidèle au président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi chassé du pouvoir), l’Alliance populaire progressiste (APP, parti du président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir), l’Union des forces de progrès (UFP, parti « d’intellectuels de gauche » assez influents), le Parti pour l’égalité et la justice (PLEJ, micro-parti africain-mauritanien) et le Rassemblement national pour la réforme et le développement (RNRD-Tawassoul, le principal parti islamiste)[4]. Le mot Tawassoul est un acronyme arabe qui signifie « rencontre, connexion »[8]. Le FNDD est en résumé une tentative de construction d'une alliance solide entre la gauche et les islamistes[9].

Appuyé par des syndicats et des ONG[7], le FNDD organise régulièrement des manifestations[10], durement réprimées par la police[7], alors que le putsch plonge la Mauritanie dans une crise profonde[11],[8].

En mai 2009, le FNDD approuve publiquement la position des États-Unis, qui ne soutiennent pas le pouvoir militaire de Mohamed Ould Abdel Aziz. Il dénonce l'action de la France, qui lui semble être alignée sur le président putchiste. Toutefois, une des composantes du FNDD, le parti Tawassoul se démarque de cette position de façon surprenante[12].

L'accord de Dakar[modifier | modifier le code]

Le FNDD refuse le rôle de médiateur que voudrait jouer le colonel Kadhafi parce que ce dernier semble être un partisan du pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz[13],[4]. Il accepte toutefois la médiation conduite par le président du Sénégal, Abdoulaye Wade, qui aboutit à l'accord de Dakar du signé entre les militaires au pouvoir, le FNDD et le Rassemblement des forces démocrates (RFD, dirigé par Ahmed Ould Daddah)[4].

L'accord de Dakar prévoit qu'un gouvernement transitoire d’unité nationale dirige le pays jusqu’à l’élection présidentielle, fixée au . Ce gouvernement provisoire est composé d'une part de partisans de Mohamed Ould Abdel Aziz et d'autre part de membres du FNDD et du RFD qui contrôlent les ministères de l'Intérieur, des Finances et de la Communication[4].

Éclatement et recomposition[modifier | modifier le code]

Après l'accord de Dakar, le FNDD décide de soutenir un candidat unique à l'élection présidentielle, Messaoud Ould Boulkheir (APP, également soutenu par l’UFP et le PNDD-Adil). Messaoud Ould Boulkheir obtient 16,3% des voix. Il est affaibli par la candidature dissidente présentée par Tawassoul, qui ne suit pas la consigne d'union, même si le candidat du parti Tawassoul, Mohamed Jemil Ould Mansour ne réunit que 4,8% des suffrages[4]. Pour Tawassoul, il s'agit d'obtenir de la visibilité et de pouvoir négocier un éventuel ralliement en cas de second tour[12], mais l'élection présidentielle est remportée dès le premier tour par Mohamed Ould Abdel Aziz avec 52,6% des voix[4].

Alors que le FNDD dénonce une « fraude massive »[14], Tawassoul reconnaît rapidement le résultat de cette élection et le pouvoir d'Ould Abdel Aziz. En fait, Tawassoul cherche à s'intégrer au système et s'allie au parti du nouveau président lors des élections sénatoriales de novembre 2009[8],[12]. Le FNDD éclate de fait[4].

En décembre 2009, une nouvelle organisation oppositionnelle est créée pour remplacer le FNDD. Il s'agit de la Coordination des forces de l’opposition démocratique (CFOD, puis COD), qui regroupe neuf partis politiques. Les islamistes de Tawassoul n'en font pas partie parce qu'ils se sont rapprochés du président Mohamed Ould Abdel Aziz, mais la nouvelle structure enregistre l'entrée du RFD, le parti d’Ahmed Ould Daddah[4].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Ahmed Salem Ould Bouboutt, « La révision constitutionnelle du 20 mars 2012 en Mauritanie », L’Année du Maghreb, no 10,‎ (ISSN 1952-8108, DOI 10.4000/anneemaghreb.1982, lire en ligne, consulté le ).
  2. « Coup d'État militaire en Mauritanie », sur Le Figaro, (consulté le )
  3. Florence Beaugé, « "Je suis fermement décidé à lutter pour faire échouer ce coup d'Etat" : Sidi Ould Abdallahi, président déchu de Mauritanie », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. a b c d e f g h et i Alain Antil, « Mohamed Ould Abdel Aziz l’alchimiste », L’Année du Maghreb, no 6,‎ , p. 357–372 (ISSN 1952-8108, DOI 10.4000/anneemaghreb.921, lire en ligne, consulté le ).
  5. Riccardo Ciavolella et Marion Fresia, « Entre démocratisation et coups d'État. Hégémonie et subalternité en Mauritanie », Politique africaine, vol. 114, no 2,‎ , p. 5–23 (ISSN 0244-7827, DOI 10.3917/polaf.114.0005, lire en ligne, consulté le ).
  6. « Des centaines de personnes manifestent contre le putsch », sur France 24, (consulté le ).
  7. a b et c Alain Antil et Céline Lesourd, « Non, mon Président ! Oui, mon général ! Retour sur l’expérience et la chute du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi », L’Année du Maghreb, no 5,‎ , p. 365–383 (ISSN 1952-8108, DOI 10.4000/anneemaghreb.620, lire en ligne, consulté le ).
  8. a b et c Zekeria Ould Ahmed Salem, « Les mutations paradoxales de l’islamisme en Mauritanie », Cahiers d’études africaines, nos 206-207,‎ , p. 635–664 (ISSN 0008-0055, DOI 10.4000/etudesafricaines.17110, lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) Matt Buehler, Why Alliances Fail: Islamist and Leftist Coalitions in North Africa, Syracuse (NY), Syracuse University Press, , 289 p. (ISBN 978-0-8156-5458-2, lire en ligne), p. 83.
  10. « Manifestation contre le scrutin présidentiel du 6 juin », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. Florence Beaugé, « Impasse à Nouakchott, malgré la semi-liberté octroyée au président déchu », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. a b et c Zekeria Ould Ahmed Salem, Prêcher dans le désert : Islam politique et changement social en Mauritanie, Paris, Karthala, coll. « Les Afriques », , 336 p. (ISBN 978-2-8111-0908-0, lire en ligne), p. 130-132.
  13. « Khadafi en Mauritanie : l’échec d’une médiation », sur Afrique magazine (consulté le )
  14. « Mauritanie : l'opposition dénonce une fraude massive, prépare un recours », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]