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Ferme de l'abbaye de Villers-la-Ville

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Ferme de l'abbaye de Villers
Aile sud-ouest
Présentation
Destination initiale
Ferme abbatiale
Destination actuelle
Logement
Construction
XVIIIe siècle
Patrimonialité
Localisation
Pays
Région
Province
Commune
Coordonnées
Carte

La Ferme de l'abbaye de Villers (dite ferme de la Basse-Cour[1],[2]) est, avec la chapelle Saint-Bernard, l'ancienne pharmacie, la Porte de Namur, la Porte de Bruxelles, la Porte de Nivelles et l'ancien moulin abbatial, un des principaux vestiges de l'abbaye de Villers-la-Ville situés en dehors du site des ruines de l'abbaye, à Villers-la-Ville, commune belge du Brabant wallon.

Localisation

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L'ancienne ferme se situe hors de l'enclos actuel de l'abbaye à environ 600 m au sud de l'entrée des ruines de l'abbaye de Villers-la-Ville, sur les hauteurs qui dominent l'avenue Georges Speeckaert (et plus précisément au numéro 24 de cette avenue[1]).

Elle est reliée à l'abbaye par une drève (allée bordé d'arbres) prenant son origine derrière l'ancien moulin à eau[1].

La ferme vue du sud.

L'ensemble des bâtiments actuels de la ferme remonte au XVIIIe siècle[1],[3].

La ferme est exploitée par les moines de l'abbaye jusqu'en 1796[3].

Le , l'abbaye est mise en vente publique[2] et vendue en trois lots : l'abbaye, le moulin et la ferme[4],[5].

Le troisième lot garda sa vocation agricole jusqu'en 1985[5].

Les façades et toitures de la ferme font l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le [6].

La ferme a fait l'objet d'une rénovation en 2011-2012.

Architecture

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La ferme présente un plan en carré comprenant :

  • le corps de logis et le pigeonnier à l'est ;
  • la grange à l'ouest ;
  • les étables au sud ;
  • le portail principal au nord.

Maçonneries et toitures

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La plupart des bâtiments sont couverts d'une toiture en bâtière, sauf la grange qui est couverte d'une bâtière à croupettes. Les toitures sont couvertes d'ardoises.

La ferme est édifiée principalement en moellons de grès local et en pierre bleue[3].

La pierre bleue est utilisée, d'un côté, pour l'encadrement des portails, portes et fenêtres et, de l'autre, pour la corniche du corps de logis et de la grange, pour ses modillons, pour le bandeau de pierre qui supporte ceux-ci et, enfin, pour les trous de boulin (trous destinés à ancrer les échafaudages).

L'usage de la brique est limité au pigeonnier et aux étables de l'angle sud-ouest (partie supérieure de la façade côté cour, pignon à épis, extrados de l'arc du portail côté sud, ainsi que quelques traces de réfection au niveau des petites baies extérieures).

Le corps de logis

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Le corps de logis occupe l'angle nord-est du bâtiment.

Sa façade nord est précédée d'un perron qui mène à une porte à encadrement de pierre bleue et linteau bombé dont les piédroits se prolongent pour englober une baie d'imposte à linteau bombé et clé d'arc rectangulaire. La travée de porte est encadrée de bandes de pierre bleue[3] qui montent jusqu'à la corniche. Le rez-de-chaussée est percé de hautes fenêtres rectangulaires à traverse et meneau tandis son étage est percé de petites fenêtres à meneau, dépourvues de traverse. La façade, percée de trous de boulin, est surmontée d'une corniche en pierre supportée par des modillons carrés réalisés eux aussi en pierre bleue.

À l'est, le logis présente un pignon cantonné de chaînages d'angle en pierre bleue et percé de quatre niveaux de baies et de quelques trous de boulin.

Côté cour, le logis présente deux portes surmontées chacune de deux baies d'imposte superposées ainsi qu'une porte dont la clé est ornée d'un blason frappé du millésime de 1805[3].

La dalle armoriée

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Feuilles de chêne.

Au pied du mur pignon du logée, posée sur des blocs reposant à même le sol, se trouve une dalle armoriée portant un cartouche ovale à l'intérieur duquel est gravé un blason gravé d'une mitre flanquée de crosses en sautoir (symbole d'une double dignité) et portant la devise « Concordantia et Fervore »[3].

Cette dalle porte la date incomplète de « 179x », les chiffres « 17 » et « 9 » étant gravés de part et d'autre des guirlandes de feuilles de chêne qui encadrent le blason du dernier père-abbé de l'Abbaye de Villers[7].

Le portail principal

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Le portail principal.

À mi-distance entre le logis et la grange, la façade nord est percée en son centre par un grand portail daté du milieu du XVIIIe siècle dont l'arc cintré s'inscrit sous un linteau « écorné » surmonté d'une baie à meneau[3].

Les piédroits harpés de ce portail sont redoublés par des pilastres de pierre bleue qui montent jusqu'aux modillons qui soutiennent la corniche[3].

L'arc du portail principal et son linteau « écorné ».
Le portail de la grange.

La grange occupe l'angle nord-ouest du bâtiment, à l'opposé du corps de logis et à droite du portail principal.

Cette grange, couverte d'une bâtière à croupettes, est du type « grange en long »[3], c'est-à-dire une grange dont l'allée charretière est disposée dans le sens de la longueur.

La grange est percée au nord d'un portail en pierre bleue dont les piédroits harpés portent un arc en forme d'anse de panier. Un portail similaire s'ouvre sur la cour mais son arc est réalisé en briques, avec une petite clé d'arc en pierre.

La façade latérale de la grange est, comme la façade du logis, percée de trous de boulin et surmontée d'une corniche en pierre supportée par des modillons carrés.

Le pigeonnier

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À l'est, à la limite du corps de logis et des étables, se dresse le pigeonnier.

Le pigeonnier prend la forme d'une haute tour carrée en briques rouges coiffée d'une toiture pyramidale couverte d'ardoises. Au dernier niveau, il est percé de deux rangées d'oculi[Notes 1] séparées par un bandeau de pierre blanche reliant entre eux les trous de boulin.

Les étables

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Les étables côté champs
Angle sud-ouest.

La moitié sud de la ferme est occupée par les étables.

Côté champs, ces étables présentent de longues façades beaucoup plus simples que les façades du logis et de la grange (pas de corniche à modillons, pas de bandeau de pierre, pas de trous de boulin).

Ces façades sont percées d'une porte cochère dont l'arc en pierre possède un extrados en briques et d'un grand nombre de petites baies rectangulaires au linteau de grès.

Bas-relief frappé de la
devise « Mansuetudine et Justitia ».
Les étables côté cour

Côté cour, les étables présentent un aspect assez différent au sud-est et au sud-ouest.

Dans l'angle sud-est, elles présentent une architecture très simple, très rurale : les étables y sont percées de portes cintrées et de fenêtres à linteau en bâtière (ou en mitre)[3].

L'angle sud-ouest, par contre, présente un aspect beaucoup plus soigné obtenu par la combinaison de nombreux éléments :

  • la maçonnerie des murs y présente une heureuse bichromie due au contraste entre la maçonnerie de briques rouges et le soubassement en moellons de grès ;
  • chaque porte est surmontée d'un arc surbaissé agrémenté d'ancres de façade et redoublé d'un arc de briques ;
  • un bas-relief en pierre bleue inséré dans la brique affiche la devise du père-abbé Martin de Cupis-Camargo[8] « Mansuetudine et Justitia »[9] surmontée de deux blasons (le sien et celui de l'abbaye) sommés d'une mitre flanquée de crosses en X (ou en sautoir : symbole d'une double dignité).
  • les façades sont surmontées de lucarnes monte-charge à gradins[3] combinant grès et briques ;
  • les impostes de la porte cochère sont datées « Anno 1714 »[3].

L'aire de battage

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La charpente.

Au centre de la cour se dresse l'édicule qui protège l'ancienne aire de battage : il s'agit d'une construction rectangulaire délimitée latéralement par deux murs en moellons de grès soutenus par de petits contreforts.

L'édifice est protégé par une toiture en bâtière à croupes[3] soutenue par une belle charpente et couverte d'ardoises.

On trouve aux abords immédiats de la ferme :

  • des jardins publics appelés « Jardins partagés de Villers » ;
  • le « Centre Régional d'Initiation à l'Environnement » (C.R.I.E.) de Villers-la-Ville, centre consacré à la sensibilisation et à la formation à l'environnement et à la nature.

Articles connexes

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Notes et références

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  1. Oculus vient du latin et signifie « œil ».

Références

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  1. a b c et d Maison de tourisme du Pays de Villers
  2. a et b Paul Pilloy-Cortvriendt, Curtis Sancti Stephani - Guide inventaire de Court-Saint-Étienne, Editions Philsteph, p. 57
  3. a b c d e f g h i j k l et m Le Patrimoine monumental de la Belgique, Wallonie 2, Brabant, Arrondissement de Nivelles, Pierre Mardaga éditeur, 1998, p.567-569
  4. Wiki-villers-la-ville.be
  5. a et b Site de l'Abbaye de Villers-la-Ville : Le point sur les travaux en cours
  6. Liste des monuments classés de la Région wallonne
  7. Un des portraits armoriés du père-abbé Bruno Cloquette (nommé en 1788 et qui a fui l'abbaye en 1796 pour se réfugier à Bréda et est mort en 1828 à Ath) se trouve à l'église Notre-Dame de la Visitation de Villers-la-Ville.
  8. Arthur Cosyn, Le Brabant inconnu, Imprimerie Charles Bulens, Bruxelles,1911, page 166
  9. Renaud Lecat, La famille de Cupis-Camargo, Le Parchemin n°458, mars/avril 2022 »