Fedora (opéra)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Gemma Bellincioni, la soprano qui a créé le rôle-titre

Fedora est un opéra en trois actes composé par Umberto Giordano en 1898 sur un livret de Victorien Sardou et Arturo Colautti[1].

Créé pour l'actrice et chanteuse Gemma Bellincioni, Fedora est représenté au Teatro Lirico à Milan le et révèle le ténor Enrico Caruso, créateur du rôle d'Ipanoff.

C'est l'une des œuvres les plus connues d'Umberto Giordano après Andrea Chenier et Siberia.

Historique[modifier | modifier le code]

Création[modifier | modifier le code]

C'est en voyant la pièce Fédora de Victorien Sardou, pièce créée en 1882 pour la comédienne Sarah Bernhardt, que Umberto Giordano, alors peu connu, demande au grand dramaturge la permission d'adapter son œuvre pour l'opéra. Sardou donne finalement son accord après le succès d'Andrea Chenier en 1896.

Le livret est confié à Arturo Colautti.

L'opéra connait un accueil triomphal dès sa première à Milan, et fut bientôt repris au Staatsoper de Vienne par Gustav Mahler[2], puis à Paris le 13 mai 1905 au théâtre Sarah-Bernhard[3] où il a été admiré à la fois par Massenet et Saint-Saëns.

L'œuvre de Giordano est donnée pour la première fois aux États-Unis le 5 décembre 1906 au New York Metropolitan Opera. C'est le grand Caruso qui interprète à nouveau le comte Loris, Lina Cavalieri est Fedora sous la direction musicale de Arturo Vigna.

Reprises modernes[modifier | modifier le code]

Le Teatro alla Scala de Milan, donne à nouveau Fedora en 1948 pour le dernier anniversaire d'Umberto Giordano, sous la direction de Victor de Sabata et avec Maria Caniglia dans le rôle-titre[4]. Dans les années 50, Maria Callas, Renata Tebaldi et Magda Olivero donnèrent au rôle de Fedora ses lettres de noblesse.

Dans les années 1990, de nouvelles productions apparaissent, portées par les stars de l'époque, au Staatsoper de Vienne, à La Scala, au Metropolitan Opera de New York, au Chicago Lyric Opera, au Royal Opera House, à Covent Garden, au Washington National Opera et au Teatro Colón de Buenos Aires. Fedora est interprétée par Mirella Freni, Renata Scotto, Agnes Baltsa, Katia Ricciarelli et Maria Guleghina tandis que Plácido Domingo, José Carreras ou José Cura endossent le rôle de Loris. Parmi les représentations les plus récentes de Fedora figurent celles du Staatsoper de Vienne en 2003, de La Scala en 2004 et du Holland Park Opera de Londres en 2006, un enregistrement "prestige" de Deutsche Grammophon à Bruxelles en 2008[5]. Très récemment, en avril 2022, et à nouveau en octobre 2023, l'Opéra de Francfort a repris l’œuvre dans une série de représentations remarquées[6], notamment du fait de la mise en scène de Christof Loy[7]. Une nouvelle production de Mario Martone a également été présentée Teatro alla Scala de Milan en octobre 2022 avec Sonya Yoncheva dans le rôle-titre aux côtés de Fabio Sartori[8] puis, dans une mise en scène de David McVicar, toujours avec Sonya Yoncheva mais cette fois accompagnée de Piotr Beczala, en janvier 2023 au Metropolitan Opera de New York[9].

Rôles[modifier | modifier le code]

Rôles Tessiture Distribution de la Première au Teatro Lirico de Milan
Princesse Fedora Romazov soprano Gemma Bellincioni
Comte Loris Ipanov ténor Enrico Caruso
Comtesse Olga Sukarev soprano
De Siriex, un diplomate baryton Delfino Menotti
Désiré, un serviteur ténor
Dimitri, un serviteur contralto
Gretch, inspecteur de police basse
Loreck, un chirurgien baryton
Cirillo, cocher baryton
Baron Rouvel ténor
Boroff, un médecin baryton
Sergio, un serviteur basse
Nicola, une servante contralto
Michèle, une portière rôle parlé
Garçon paysan contralto

Synopsis[modifier | modifier le code]

acte 1[modifier | modifier le code]

L'action se passe à Saint-Pétersbourg en 1881 dans le palais du comte Vladimir Andrejevich

La princesse Fedora doit épouser le comte le lendemain, chante son amour pour lui (« Quanti fior ... Ed ecco il suo ritratto »). Mais elle ignore encore que le comte trahit son amour avec une autre femme. Ce dernier arrive peu après, sur une litière, grièvement blessé et meurt. Fedora jure sur la croix de joyaux qu'elle porte qu'elle vengera le comte (aria: « Dite coragio ... Su questa santa Croce »). Le comte Loris Ipanov, considéré alors comme un activiste anarchiste, est accusé du meurtre. L'enquête commence.

Acte 2[modifier | modifier le code]

Paris

Fedora y a suivi Loris Ipanov pour venger la mort de son fiancé. Lors d'une réception chez elle, Ipanov arrive et lui déclare son amour (« Amor ti vieta »). Fedora lui annonce qu'elle doit retourner en Russie le lendemain ce qui le met au désespoir, lui qui a été banni de Russie et ne peut pas la suivre ; il reconnait qu'il a bien tué le comte Vladimir et Fedora le dénonce auprès du chef de la police impériale en Russie. Loris revient cependant s'expliquer sur les circonstances du drame : il a tué le comte Vladimir parce qu'il avait découvert que lui et la femme de Loris, Wanda, étaient amants. Fedora se rend compte de sa méprise concernant l'homme dont elle est tombée amoureuse et qui a tué pour défendre son honneur.

Acte 3[modifier | modifier le code]

L' Oberland bernois en Suisse

Loris et Fedora se sont réfugiés en Suisse pour vivre leur amour (son bref air : « Te sola io guardo »). Mais Fedora apprend que le frère de Loris, Valeriano, a été accusé d'avoir participé au complot visant à assassiner le comte Andrejevich et emprisonné dans une forteresse sur la rivière Neva.. Une nuit, la rivière a débordé et le jeune homme s'est noyé. Lorsque la mère de Loris a appris la nouvelle, elle s'est effondrée et est décédée. Fedora se rend compte que sa dénonciation a causé deux morts tragiques (« Dio di giustizia »). Loris apprend le sort affreux de ses proches et Fedora lui avoue alors qu'elle est l'auteur de la lettre fatale et lui demande pardon. Mais il refuse et la maudit, elle avale du poison et meurt dans les bras de Loris.

Discographie[modifier | modifier le code]

Année Distribution

(Fedora Romazov, Loris Ipanov, Olga Sukarev, De Siriex)

Direction musicale

Opera et Orchestre

Label
1931 Gilda Dalla Rizza,

Antonio Melandri, Mirella Luba, Emilio Ghirardini

Lorenzo Molajoli,

Teatro alla Scala Orchestra and Chorus

Audio CD: Gala GL

Cat: 100758

1950 Maria Caniglia, Carmen Piccini, Giacinto Prandelli, Scipio Colombo, Aldo Bertocci Mario Rossi,

Orchestra Lirica e Coro di Milano della RAI

Warner Fonit, Fonit Cetra:

5050466-2909-2-2

1961 Renata Tebaldi,

Giuseppe Di Stefano, Mario Sereni, Sofia Mizzetti

Arturo Basile,

Chorus & Orch of the Teatro San Carlo, Naples

Audio CD: Allegro Corporation

Cat: OPD-1272

1969 Magda Olivero,

Mario del Monaco, Kiri Te Kanawa, Lucia Cappellino, Tito Gobbi

Lamberto Gardelli,

Opéra de Monte-Carlo Orchestra and Chorus

Audio CD: Decca Records

Cat: 433 033-2

1985 Éva Marton,

José Carreras, Veronika Kincses, János Martin

Giuseppe Patanè,

Hungarian Radio Orchestra and Chorus

Audio CD: CBS Masterworks Records

Cat: M2K 42181

1993 Mirella Freni,

Plácido Domingo, Adelina Scarabelli, Alessandro Corbelli

Gianandrea Gavazzeni,

Teatro alla Scala Orchestra and Chorus

DVD: TDK DVD

Cat: 824121001971

1996 Mirella Freni,

Plácido Domingo, Ainhoa Arteta, Dwayne Croft, Jean-Yves Thibaudet

Roberto Abbado,

Metropolitan Opera Orchestra and Chorus

DVD: Deutsche Grammophon

Cat: 00440 073 2329

2011 Placido Domingo, Angela Gheorghiu, Fabio Maria Capitanucci, Nino Machaidze[10] Alberto Veronesi

Orchestre symphonique et Chœurs de La Monnaie de Bruxelles

CD : Deutsche Grammophon

DG 477 8367

2018 Daniela Dessi,

Fabio Armiliato, Daria Kovakenko, Alfonzo Antoniozzi

Valerio Galli,

Teatro Carlo Felice Orchestra and Chorus

BD: Dynamic

Cat: 7772

Références[modifier | modifier le code]

  1. Umberto Giordano, Jolanda Turriani, Pia Tassinari et Ferruccio Tagliavini, Fedora : opéra in 3 acts, highlights, Rococo records (lire en ligne)
  2. Henry-Louis de La Grange, Gustav Mahler, Fayard, (ISBN 978-2-213-64009-9, lire en ligne)
  3. « Théâtre Sarah-Bernhardt », sur Les Archives du Spectacle (consulté le )
  4. « Ricerca - Archivio La Scala », sur www.teatroallascala.org (consulté le )
  5. « Où Domingo reprend son souffle | Forum Opéra », sur www.forumopera.com (consulté le )
  6. « Fedora d'Umberto Giordano renoue avec le succès à l'Oper Frankfurt (Chronique) | Opera Online - Le site des amateurs d'art lyrique », sur www.opera-online.com (consulté le )
  7. (de) « Frankfurt: „Fedora“, Umberto Giordano », sur deropernfreund.de, (consulté le )
  8. « Pardon pour cette femme : « Fedora » d’Umberto Giordano à La Scala de Milan », sur Crescendo Magazine (consulté le )
  9. (en-US) Javier C. Hernández, « Met Opera Takes On ‘Fedora,’ Neglected Tale of Murder and Love », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  10. « Où Domingo reprend son souffle | Forum Opéra », sur www.forumopera.com (consulté le )


Liens externes[modifier | modifier le code]