Emmanuel Bove

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Emmanuel Bove
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Emmanuel Bove vers 1928
Nom de naissance Emmanuel Bobovnikoff
Alias
Pierre Dugast
Emmanuel Valois
Naissance
Paris, Drapeau de la France France
Décès (à 47 ans)
Paris, Drapeau de la France France
Activité principale
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture Français
Genres

Emmanuel Bove, né le à Paris 14e et mort le dans le 17e[1], est un écrivain français, connu également sous les pseudonymes de Pierre Dugast et Emmanuel Valois.

Biographie[modifier | modifier le code]

De son vrai nom Emmanuel Bobovnikoff, il naît d'un père juif venu de Russie, sans profession fixe, et d'une mère luxembourgeoise employée de maison ; il a un frère, Léon. À l'âge de 14 ans, il décide de devenir romancier. Il fait sa scolarité à l'École alsacienne jusqu'en 1910, et poursuit ses études au lycée Calvin de Genève. À cette période, son père, sans avoir quitté sa mère, vit avec une Anglaise, Emily Overweg, dont la rencontre sera déterminante pour son écriture. En 1915, il est envoyé en pension en Angleterre, où il achève sa scolarité. Revenu à Paris en 1916, il vit, dans une situation précaire, de petits métiers. En 1917 il fait un mois de prison pour vagabondage.

En 1921, il épouse Suzanne Vallois et s'installe dans la banlieue de Vienne. C'est en Autriche qu'il se lance dans l'écriture en publiant de nombreux romans populaires sous le pseudonyme de Jean Vallois. En 1922, il revient à Paris, où il vit seul jusqu'à ce que sa femme le rejoigne en 1923. La même année, il fait ses débuts dans le journalisme, ainsi que dans la traduction, grâce à Georges d'Ostoya.

Colette remarque une de ses nouvelles et lui propose de le publier. Il lui apporte alors Mes amis, dont la publication en 1924, est un succès. Emmanuel Bove publie, en 1927, Bécon-les-Bruyères, qui annonce le genre nouveau de la littérature documentaire.

En 1928, il rencontre Louise Ottensooser, qui l'introduit dans les milieux artistiques. La même année, il remporte le prix Eugène Figuière pour Mes amis et La Coalition.

Il continue à publier régulièrement jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Mobilisé comme travailleur en 1940, il souhaite rejoindre Londres et refuse toute publication durant l'Occupation. En 1942, il parvient à rejoindre Alger, où il écrit ses trois derniers romans : Le Piège, Départ dans la nuit et Non-lieu. Ces dernières œuvres décrivent le milieu trouble de la collaboration et les incertitudes de l'époque. Il en publie deux en 1945 : Le Piège et Départ dans la nuit.

De santé fragile, très affaibli par une pleurésie contractée durant son exil algérien (paludisme), Emmanuel Bove meurt, le , à l'âge de 47 ans de cachexie et défaillance cardiaque.

Postérité[modifier | modifier le code]

Nora de Meyenbourg, la fille d'Emmanuel Bove a beaucoup contribué à la réhabilitation littéraire de son père en sauvegardant soigneusement ses manuscrits et sa correspondance, et en participant étroitement à la réédition de l'œuvre de son père. Peter Handke a été le traducteur de Bove pour l'Allemagne. Samuel Beckett dit de lui qu'"Il a le sens du détail touchant"[2].

Du 4 mars au 30 avril 2011, la Bibliothèque J-B Charcot de Courbevoie organise l'exposition "Sur les pas d'Emmanuel Bove à Bécon-les-Bruyères".

Du 7 mai au 2 juillet 2017, la Bibliothèque universitaire de Darmstadt en Allemagne présente une exposition consacrée à Emmanuel Bove avec le soutien de Peter Handke, qui présente de nombreux documents comme le manuscrit de La Mort de Dinah, un envoi de Bove à Rainer Maria Rilke, des contes inédits publiés dans Paris-Soir et des photographies de Thomas Laux qui a traduit plusieurs textes de Bove en allemand.

Œuvres principales[modifier | modifier le code]

Alors qu'Emmanuel Bove était considéré avant-guerre comme l'un des principaux écrivains français, son œuvre, rapidement tombée dans l'oubli à la Libération, est longtemps restée indisponible avant d'être rééditée à partir des années 1970.

Tombe au cimetière du Montparnasse
  • Mes amis, Ferenczi & fils, coll. "Colette", 1924[3] ; nouvelle édition en 1926 chez éditions Émile-Paul Frères, réédition Éditions L'Arbre vengeur, 2017 ; LGF, coll. « Le Livre de poche. Biblio » no 35121, 2018 (ISBN 978-2-253-10045-4) ; L'Arbre vengeur, coll. "L'arbuste véhément", 2018
  • Visite d’un soir, 1925
  • Le Crime d'une nuit, nouvelles, 1926
  • Armand, éditions Émile-Paul Frères, 1927; réédition Éditions Cent Pages, 2020 (ISBN 978-2-9163-9079-6)
  • Bécon-les-Bruyères, monographie publiée dans la revue Europe[4] en mai 1927, sur un endroit où il a lui-même demeuré ; édition originale en volume parue aux éditions Émile-Paul en 1927 dans la collection Portrait de la France; réédition, Éditions Cent Pages, 2015 (ISBN 978-2-9163-9046-8) ; réédition, Gallimard, coll. « Folio 2euros » no 6319, 2017 (ISBN 978-2-07-272303-2)
  • Un soir chez Blutel, 1927 ; réédition, Éditions Sillage, 2018 (ISBN 979-1-09-189683-2)
  • La Coalition, éditions Émile-Paul Frères, 1928 ; réédition Flammarion en 1986 et L'Arbre Vengeur en 2017 (ISBN 979-1-09-150455-3)
  • Une fugue, Les éditions de la Belle Page,1928
  • La Mort de Dinah, 1928 ; réédition Le Dilettante, 1992
  • Cœurs et Visages, roman, 1928 ; réédition, Éditions Sillage, 2016 (ISBN 979-1-09-189650-4)
  • Henri Duchemin et ses ombres (recueil de nouvelles), éditions Émile-Paul Frères, 1928
  • Un père et sa fille, roman, 1928
  • L’Amour de Pierre Neuhart, éditions Émile-Paul Frères, 1929
  • Monsieur Thorpe (Les deux masques), Éditions Lemarget, 1930
  • Journal écrit en hiver, 1931 ; réédition, Sillage, 2016 (ISBN 979-1-09-189644-3)
  • Un célibataire, 1932 ; réédition L'Arbre vengeur, coll. "L'Arbuste véhément", 2021
  • Le Beau-Fils, 1934
  • L'Impossible Amour, 1935 (paru uniquement en feuilleton) ; réédition Le Castor astral, 1994 et 2003
  • Le Pressentiment, Gallimard, 1935 ; réédition, éditions Points, coll. « Signatures », 2009 (ISBN 978-2-7578-1226-6)
  • Adieu Fombonne, 1937
  • La Dernière Nuit, 1939 ; réédition Le Castor astral, 1993, 2003 et 2017 (ISBN 979-1-02-780131-2)
  • Le Piège, éditions Pierre Trémois, 1945
  • Départ dans la nuit, 1945
  • Non-lieu, 1946
  • Un homme qui savait (écrit en 1942), la Table Ronde, 1985, réédition en 1996 et 2017.
  • Mémoires d'un homme singulier (achevé en 1939), Calmann-Lévy, 1987, réédition en 1994 puis Le Castor astral, 2018. « Je n'ai rien demandé à l'existence d'extraordinaire. Je n'ai demandé qu'une chose. Elle m'a toujours été refusée. J'ai lutté pour l'obtenir, vraiment. Cette chose, mes semblables l'ont sans la chercher. Cette chose n'est ni l'argent, ni l'amitié, ni la gloire. C'est une place parmi les hommes, une place à moi, une place qu'ils reconnaîtraient comme mienne sans l'envier, puisqu'elle n'aurait rien d'enviable. Elle ne se distinguerait pas de celles qu'ils occupent. Elle serait tout simplement respectable ».
  • Un caractère de femme, Flammarion, 1999
  • Œuvres, Flammarion, collection Mille et une pages, 1999
  • Arrestations célèbres (recueil d'articles), Éditions Cent Pages, Grenoble 2013
  • Contes inédits de PARIS-SOIR éditions Les Trompettes Marines, 2017
  • Le Remords, nouvelles, Toulouse, Éditions Ombres, coll. « Petite bibliothèque Ombres », 2017
  • « Une trilogie noire » réunit en seul volume Le Meurtre de Suzy Pommier, Un Raskolnikoff, La Toque de Breitschwanz, EST-Samuel Tastet Éditeur, 2018 (ISBN 978-2-86818-065-0)

Adaptations[modifier | modifier le code]

Au cinéma[modifier | modifier le code]

À la télévision[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Raymond Cousse et Jean-Luc Bitton, Emmanuel Bove : La Vie comme une ombre : biographie, préface de Peter Handke, Le Castor Astral, 1994
  • François Ouellet, D'un dieu l'autre. L'altérité subjective d'Emmanuel Bove, Nota bene, 1998
  • François Ouellet, Emmanuel Bove. Contexte, références et écriture, Nota bene, 2005
  • Gianfranco Brevetto, La Promenade de Charles Benesteau in "Scrivi delle belle storie e saremo felici, appunti sull'arte d'inventare la realtà" (2012)
  • Anne Laure Cayre, Ce qu'il reste de Joseph Bridet, Le personnage et la voix narrative dans Le Piège d'Emmanuel Bove, Bordeaux III, 1999

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Archives de l’état civil de Paris en ligne, acte de naissance N° 14e/2954/1898, avec mention marginale du décès
  2. « Un éblouissant désastre », sur L'Express, (consulté le )
  3. Réédité en mai 1932 dans la collection « Le Livre de demain » no 113, Arthème Fayard & Cie, avec 49 bois originaux de Paul Baudier.
  4. Europe, numéro sur Emmanuel Bove, 2003
  5. (en)Blumenstein Fernand sur l'Internet Movie Database
  6. Le Piège sur Allociné

Liens externes[modifier | modifier le code]

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