Couvent des Dominicains de Guebwiller

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Couvent des Dominicains de Guebwiller
Présentation
Type
Propriétaire
Collectivité européenne d'Alsace
Patrimonialité
Logo monument historique Classé MH (1920, église)
Logo monument historique Classé MH (1976, couvent)
Site web
Localisation
Département
Commune
Adresse
34 rue des Dominicains
Coordonnées
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Le couvent des Dominicains est un monument historique situé à Guebwiller, dans le département français du Haut-Rhin.C'est un haut lieu du patrimoine architectural alsacien classé monument historique en 1920 et 1976. Le couvent abrite aujourd'hui un Centre culturel de rencontres consacré à la musique et aux arts numériques, labelisé par le Ministère de la Culture et de la Communication en 2013. Il héberge également un Centre AudioVisuel au service des nouvelles technologies, notamment du mapping vidéo[Quoi ?], dont les créations sont régulièrement exposées sur les murs du couvent[1] et dans un dôme géodésique.

Historique[modifier | modifier le code]

Les Dominicains à Guebwiller : installation de l’ordre et construction du couvent[modifier | modifier le code]

Dès ses origines, ce couvent se destine à l’ouverture sur le monde[Interprétation personnelle ?]. Arrivés le dimanche des Rameaux à Guebwiller en 1294 sous l’égide du prince abbé de Murbach – seigneur du territoire et chef religieux –, les frères Dominicains concrétisent leur installation au sein des remparts de la ville pour être proches de la population. Ils acquièrent pour trois cent vingt marcs et trois livres pfennig la maison de la douane et ses dépendances[réf. nécessaire]. Leur présence s’explique sans doute[Interprétation personnelle ?], car l’abbaye bénédictine de Murbach connaît un affaiblissement à partir du XIIIe siècle ; la noblesse locale s’étant imposée au détriment de la vie monacale[réf. nécessaire]. Dans leur volonté d’échanger constamment avec le peuple[Interprétation personnelle ?], ces frères érudits spécialistes de la religion prêchent en transmettant la bonne parole. Outre l’instruction des fidèles par le biais de l’enseignement de la foi, les frères Dominicains devaient suivre la règle de Saint Augustin élaborée au IVe siècle, comportant le vœu d’obéissance, c’est-à-dire le devoir d’obéir au prieur et au maître de l’ordre, le vœu de chasteté en restant célibataire, et le vœu de pauvreté promulguant la mendicité tout en vivant de dons utilisés pour leurs besoins et l’entretien du couvent. Publiée en 1844 mais écrite un siècle plus tôt, la Chronique de Guebwiller de Séraphin Dietler[2],[3], prieur du couvent, renseigne avec une verve d’orateur habile[Interprétation personnelle ?] sur le quotidien de ces prêcheurs, voués à la recherche de la Vérité. Relatant des faits avérés de 1124 à 1723, elle joue un rôle assurément théologique[Interprétation personnelle ?], en illustrant par ailleurs la prédication. Témoin direct de la vie des frères, l’auteur rend compte de l’histoire de la ville et notamment celle des Dominicains.

La réforme des Dominicains (dont agrandissement)[modifier | modifier le code]

Maître de l’ordre, Raymond de Capoue insuffla la réforme de la stricte observance. Contre les excès et l’enrichissement des frères, cette réforme instaurée en 1461 va bouleverser les six couvents alsaciens des Dominicains. Les avis divergent entre les opposants, c’est-à-dire Wissembourg, Strasbourg et Haguenau, et les partisans de la réforme à savoir Colmar, Sélestat et Guebwiller soutenu par Jean Kreutzer[4], recteur de l’Université de Bâle et prêcheur expérimenté reconnu dans le monde rhénan. En rejoignant l’ordre la même année, ce dernier fait appliquer la réforme avec autorité et refrène l’engouement de la congrégation guebwilleroise à obtenir davantage de richesse, ce qui va assurément à l’encontre du vœu de pauvreté prononcé. En effet, la fortune de la communauté religieuse provenait essentiellement des biens personnels des frères reçus en héritage, des propriétés communes, ainsi que des rentes diverses ; l’influence économique des Dominicains est telle, qu’ils deviennent de véritables partenaires financiers et de forts créanciers. Soumis à la nouvelle doctrine, les Prêcheurs acceptent de négliger leurs vignes et leurs études, au profit d’une plus grande humilité en donnant l’exemple de renoncement. De nombreux religieux vont ainsi se déplacer et changer de couvent selon leurs accointances. D’ailleurs, le couvent de Guebwiller a vu augmenter son effectif jusqu’en 1789[réf. nécessaire].

Fin de la vocation religieuse du bâtiment à la Révolution française[modifier | modifier le code]

En 1789, l’édifice subit les affres de la Révolution[Interprétation personnelle ?] en actant la fin des Dominicains ; le couvent est ainsi vendu puis désacralisé, devenant désormais Bien public. Une nouvelle destinée s’offre à ce lieu au gré des propriétaires successifs, des guerres et des aléas de l’histoire locale et internationale.

Les Dominicains à l’essor industriel du Florival[modifier | modifier le code]

Manufacture, écurie, hôpital militaire, dépôt pour un teinturier-blanchisseur, le bâtiment désormais Bien national acquiert en 1836 sa fonction actuelle sous l’impulsion de Jean-Jacques Bourcart. Président de la Société de musique de 1825 à 1855, il voyait en la musique un lien entre toutes les classes sociales. En 1855, un concert spirituel est donné en hommage à Jean-Jacques Bourcart, décédé soudainement[réf. nécessaire].

L’après Bourcart : le réemploi du Couvent[modifier | modifier le code]

La nef devient une halle de marché jusqu’en 1950, puis les bâtiments sont transformés en hôpital municipal en 1838 et en hospice, investissant l’édifice jusqu’à leur fermeture en 1983 ; accréditant au monument une valeur sociale notable[Interprétation personnelle ?] – pour une utilisation de bienfaisance – appuyée par Jean-Jacques Bourcart lui-même, membre de la Société Industrielle de Mulhouse et fondateur d’une loi protégeant les ouvriers, notamment les enfants employés dans les filatures – ses propositions sont à l’origine d’une loi sociale française adoptée en 1841[réf. nécessaire].

Les héritiers Bourcart abandonnent le couvent en 1881, le cédant à la ville tout en imposant une condition, celle de maintenir sa fonction en tant que lieu de production musicale et littéraire[réf. nécessaire]. Au XXe siècle, des travaux de rénovation ont été menés, pérennisant son statut de centre culturel. Manifestations et concerts profitent de l’acoustique exceptionnelle de la nef, et le musée municipal occupe le chœur supérieur de 1948 à 1984

Un couvent d’artistes : activités numériques et labellisation du Centre Culturel de Rencontres[modifier | modifier le code]

Symbole de l’humanisme rhénan, l’ancien couvent s’érige à présent en tant que lieu musical et de culture éclectique ; en 1962, la nef sert déjà de cadre à un festival de musique. Dans la lignée de Jean-Jacques Bourcart, concerts, résidences d’artistes, école de musique ainsi qu’un Centre AudioVisuel ouvert en 2011 – spécialisé dans la création de mapping vidéo –, se partagent les murs de l’enceinte patrimoniale. D’ailleurs, le chœur inférieur est entièrement dédié à l’art numérique, puisqu’une œuvre interactive et immersive y est projetée à 360° plaçant ainsi le spectateur en son centre. En été, un dôme géodésique mobile est installé à l’extérieur, dans lequel se déploie également un mapping[Quoi ?], créé notamment par les artistes en résidence, confirmant ainsi le caractère  artistique de ce lieu.[réf. nécessaire]

Personnalités historiques marquantes[modifier | modifier le code]

Culture[modifier | modifier le code]

Centre culturel de rencontre[modifier | modifier le code]

Le couvent est labellisé Centre culturel de rencontre (CCR) en 2013[réf. nécessaire]

Têtes d’affiche[modifier | modifier le code]

Le rayonnement de Guebwiller en tant que haut lieu de la représentation musicale est attesté dans les années 1850, par la venue d’importants musiciens. Marquant cette époque faste, la pianiste Clara Schumann, épouse de l’éminent compositeur Robert Schumann, s’est produite à plusieurs reprises au sein de l’édifice dès 1858[réf. nécessaire].

Instruments remarquables[modifier | modifier le code]

Actuellement salle destinée aux représentations de spectacle ou de restauration ponctuelle, le réfectoire d’été constitue un symbole d’animation dès sa construction. Paré de peintures murales, il recèle aujourd’hui un instrument rare et inestimable, un piano Pleyel à deux claviers, ayant pour caractéristique deux systèmes de cordes entremêlés. Le piano double présenté aux Dominicains fait partie de la série éditée entre 1896 et 1943 ; il n’en resterait[réf. nécessaire] qu’une dizaine d’exemplaires en état de fonctionnement.  À ce jour propriété de la Collectivité européenne d’Alsace, il a appartenu jadis aux musiciens de renoms Jacques Pills et George Tabet, proches entre autres d’Édith Piaf. Restauré en 2006, il est utilisé lors de concerts et représentations.

Classement monuments historiques[modifier | modifier le code]

Le Couvent a été classé Monument historique à deux reprises en 1920 et en 1976.

Architecture[modifier | modifier le code]

Église[modifier | modifier le code]

Construit dès 1312 selon le frère Dietler, le bâtiment se compose d’une nef – dont la première pierre daterait de 1306 d’après la chronique des Franciscains de Thann – dans laquelle se déroulaient les rencontres avec les fidèles en demande d’instruction. Témoignant de cette époque, les peintures murales ornent la salle. Perdues suite à l’application d’un badigeon en 1711, elles donnent néanmoins une idée notable sur la décoration initiale. Rares exemplaires de peintures du XIVe-XVe siècles en Alsace, leurs présences démontrent un sens esthétique perceptible[Interprétation personnelle ?] toute en étant un moyen direct de communication avec la population, à l’époque, majoritairement illettrée ; elles jouent un rôle didactique et accentuent profondément la force spirituelle des prêches acclamés. Exécutée à la fin du XVe siècle, une peinture de Sainte Catherine de Sienne, sœur dominicaine, est remarquablement préservée. Son parcours religieux est étroitement lié à la congrégation masculine, puisqu’elle est proche du maître de l’ordre Raymond de Capoue, qui insuffla la réforme de la stricte observance.

Jean-Jacques Bourcart fait construire dès 1836 une chapelle néogothique catholique dans l’ancienne salle capitulaire où se réunissaient les frères ; une sculpture de la Vierge trône au centre de vitraux. Il aménage également une chapelle protestante plus sobre – la sacristie – décorée par des gravures et des peintures mettant en scène la vie du Christ, exécutées par son fils Émile, qui a étudié l’art à Paris et à Rome ; les blasons des grandes familles seigneuriales locales couvrent le plafond en ogive. En outre, le chœur est divisé en deux parties distinctes, dans lesquelles se produisent des apartés musicaux : la partie inférieure est consacrée aux répétitions de la Société de musique et plus particulièrement aux ouvriers, en leur donnant une instruction musicale jugée nécessaire à leur émancipation. Inauguré en 1838[réf. nécessaire] par un premier concert, l’espace supérieur est quant à lui réservé aux représentations.

La nef du Couvent se distingue également par son jubé : c'est une tribune en pierre (grès des Vosges) qui sépare le chœur de la nef, et recouvert de peintures murales. Ce jubé est l'un des derniers en bon état de conservation d'Alsace.

Éléments architecturaux remarquables (pierres commémoratives, blasons, excentricités)[modifier | modifier le code]

Lorsque nous pénétrons dans le cloître, nous entrons dans un lieu vénérable, qui n’a cessé au fils des siècles de se transformer. En 1468, le cloître paisible a fait l’objet de travaux d’agrandissement pour accueillir davantage de frères de la congrégation[réf. nécessaire]. Au détour d’un tournant, une pierre taillée dans du grès rose détient le souvenir de cette métamorphose ; en levant les yeux, nous pouvons percevoir un blason composé d’une étoile de Saint Dominique à six rais d’or accompagnée de deux bâtons de prêche croisés, ainsi que la date précise de son élévation.

Galerie[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. LES DOMINICAINS DE HAUTE-ALSACE
  2. « DIETLER Frère Séraphin », sur Fédération des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie d'Alsace (consulté le )
  3. https://www.alsace-histoire.org/netdba/dietler-frere-seraphin/
  4. « KREUTZER Johann », sur Fédération des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie d'Alsace (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Antoine Gardner, « Le couvent des Dominicains de Guebwiller », dans Congrès archéologique de France. 136e session. Haute-Alsace. 1978, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 249-263
  • Patrick Ponsot, « Le décor baroque des Dominicains de Guebwiller et sa restauration en 1711 », Bulletin Monumental, vol. 164-2,‎ , p. 179-185 (ISSN 2275-5039, lire en ligne).
  • Dont paragraphes dédiés aux sources anciennes : chronique des Dominicains de Dietler et Thann DIETLER, Séraphin, Chronique des Dominicains de Guebwiller 1124-1723, Guebwiller, Société d’Histoire et du Musée du Florival, 1994 [1844] MERCIER, Dominique [Coll.], Guebwiller, une histoire, Mulhouse, Médiapop Éditions, 2022 Ministère des affaires culturelles, Guebwiller. Inventaire topographique, Paris, Imprimerie Nationale, 1972

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • Ressource relative à l'architectureVoir et modifier les données sur Wikidata :
  • Ressource relative à la musiqueVoir et modifier les données sur Wikidata :
  • « Les Dominicains », sur les-dominicains.com (consulté le )