Aller au contenu

Cimetière de Picpus

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 7 août 2010 à 03:03 et modifiée en dernier par Président (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Cimetière de Picpus
Entrée du cimetière (portail bleu) et chapelle)
Pays
Région française
Commune
Patrimonialité
Coordonnées
Identifiants
Site web
Find a Grave
Cimetières de France
Sauvons nos tombes
Carte

Le cimetière de Picpus est un des deux seuls cimetières privés de la ville de Paris, avec le cimetière des Juifs Portugais de Paris. Il a été creusé en au fond du jardin d’un couvent dont les religieuses, chanoinesses de Saint-Augustin, ont été chassées deux ans plus tôt, pendant la Révolution française. À l'entrée du cimetière se situe la chapelle Notre-Dame-de-la-Paix de Picpus.

Situé au 35 rue de Picpus dans le 12e arrondissement, il ne se visite que l'après-midi, de 14h à 18h.

Modèle:Station du métro de paris

Histoire

Le cimetière est situé sur l'ancien domaine du couvent des chanoinesses de Saint-Augustin (dites aussi de Notre-Dame de la victoire de Lépante), installé en 1640 par Louis XIII. Il reste un pavillon de cette époque ainsi que quelques vestiges de la chapelle.

Les révolutionnaires ferment ce couvent qui est déclaré bien national. Or, à quelques minutes de ce lieu se trouve l’ancienne «  place de la Nation », alors rebaptisée « du Trône renversé », où la guillotine est érigée du 13 juin au 27 juillet 1794. La Terreur y atteint son paroxysme. Cinquante-cinq personnes par jour y sont exécutées. De toutes conditions sociales, ces personnes sont condamnées par le tribunal révolutionnaire pour leur statut (noble ou religieux) ou pour délit d'opinion.

La partie nord-est du jardin de l'ancien couvent (devenu entre temps « maison de santé, pour personnes riches désirant échapper à la guillotine, moyennant une pension exorbitante »[1] est choisi pour servir de fosses communes aux suppliciés.

Une première fosse est creusée et les corps décapités y sont jetés. Nobles, nonnes, marchands, soldats, artisans, ouvriers, aubergistes, etc mêlés. Une deuxième fosse est creusée quand la première est pleine. (Une troisième fosse a également été découverte en 1929 mais elle ne contenait pas de cadavres). La chapelle de l'ancien couvent est utilisée par les fossoyeurs comme bureau afin d'inventorier les vêtements dont ils dépouillaient les victimes[2].

Les noms des 1306 personnes qui y sont enterrées sont gravés sur deux plaques de marbre accrochées près du chœur de la chapelle. Parmi les 1 109 hommes figurent 108 nobles, 108 ecclésiastiques, 136 moines (gens de robe), 178 militaires et 579 roturiers. Parmi les 197 femmes, il y a 51 nobles, 23 nonnes et 123 roturières.

Parmi les femmes, seize carmélites de Compiègne, âgées de 29 à 78 ans, sont conduites ensemble à l'échafaud en chantant des hymnes. Elles seront béatifiées en 1906.

Le gouverneur des Invalides de l'époque, de Sombreuil, âgé lui-même de 76 ans, est tué pour la seule raison d'être noble. On compte aussi les poètes Jean-Antoine Roucher et André Chénier. Sur la plaque commémorant le souvenir de ce dernier, on peut lire : « servit les muses, aima la sagesse, mourut pour la vérité ».

Puis, le jardin et ses fosses sont entourés d'un mur.

En 1797, le jardin est acheté en secret par la princesse Amélie de Hohenzollern-Sigmaringen (épouse d'Aloys Antoine, prince souverain de Hohenzollern-Sigmaringen), car le corps de son frère, le prince Frédéric III de Salm-Kyrburg[3], guillotiné en 1794, y repose.

En 1803, une souscription est organisée pour acquérir l’ancien couvent des chanoinesses ainsi que les terrains avoisinant les fosses communes. Des familles dont les membres avaient été exécutés, fondent le Comité de la Société de Picpus pour l'acquisition du terrain, afin d'y établir un second cimetière près des fosses (il n'y a pas de date précise de la fondation de la Société, mais la liste de souscriptions enregistre son premier versement en et close en 1819). Dans une réunion tenue en 1802, les souscripteurs désignent onze d’entre eux pour former le Comité :

  1. Mme de Montagu, née L. D. de Noailles, présidente
  2. M. Maurice de Montmorency
  3. M. Aimard de Nicolaï
  4. Mme veuve Le Rebours, née Barville
  5. Mme veuve Freteau, née Moreau
  6. Mme la marquise de La Fayette, née Adrienne de Noailles
  7. Mme veuve Titon, née Benterot
  8. Mme veuve de Faudoas, née de Bernières
  9. Mme veuve Charton, née Chauchat
  10. M. Philippe de Noailles de Poix
  11. M. Théodule de Grammont

Beaucoup de ces familles nobles utilisent encore le cimetière comme lieu d'inhumation. On y trouve également des plaques commémoratives en mémoire des membres de ces familles qui ont été déportés et morts dans les camps durant la Seconde Guerre mondiale.

Une communauté religieuse dirigée par la Mère Henriette Aymer de la Chevalerie et l’Abbé Pierre Coudrin s’installe à Picpus en 1805. Ce sont les Sœurs de la Congrégation des Sacrés Cœurs de Marie et de Jésus de l’Adoration Perpétuelle (pères et religieuses des Sacrés-Cœurs de Picpus) qui assurent, dès lors, un service à la mémoire des victimes et de leurs bourreaux.

Pendant la commune de Paris, cette communauté est de nouveau touchée lorsque quatre-vingt-quatre religieuses et quatre pères sont tués par les Communards.

Sur le prospectus remis aux visiteurs de ce lieu de mémoire, il est précisé : « Comme l'ont voulu les fondateurs, l'on prie ici (...) non seulement pour les victimes mais aussi pour leurs bourreaux, victimes eux aussi d'une des premières manifestations du totalitarisme opposé à toute dignité humaine. Picpus est également un lieu de méditation et de pardon pour l'excès des hommes égarés par les idéologies matérialistes, et, avec la participation de la Congrégation des Sœurs, un lien d'amour des hommes et de confiance dans l'avenir ».

Le major général de l'armée américaine, lieutenant de l'armée française, député de la Seine-et-Marne, Gilbert du Motier, marquis de La Fayette, y est inhumé à côté de sa femme, née Adrienne de Noailles, de Louise, une des quatre sœurs, de sa mère, née Henriette d'Aguesseau et de sa grand-mère paternelle, Catherine de Cossé-Brissac. Ils figurent parmi ceux qui sont décapités et jetés dans les fosses communes.

Son cercueil est recouvert avec la terre qu'il a ramenée de Brandywine. Un drapeau américain, qui flotte en permanence au-dessus de sa tombe est renouvelé tous les 4 juillet, date anniversaire de l'Indépendance des États-Unis. L'ambassadeur des États-Unis vient lui rendre hommage ainsi que des représentants de la Ville de Paris, du Sénat et des communautés d'amitié du "héros des deux Mondes".

L'entrée du cimetière est située 35 rue de Picpus, dans le 12e arrondissement. La chapelle, où se trouve la liste des victimes est très simple et tenue par les sœurs des Sacrés-Cœurs. Pleine de finesse, elle est faite de bois sombre et recouverte d'une couronne dorée. Elle porte le nom de la statue de Notre-Dame de la Paix qui tient l'Enfant Jésus sur son bras gauche, et qui est exposée à gauche du chœur. Sculptée vers 1530, offerte par Henri de Joyeuse aux capucins du monastère de la rue Saint-Honoré, elle a la réputation d'être à l'origine de nombreuses guérisons[4]. C'est pourquoi une chapelle plus vaste a été construite que le roi Louis XIV aurait inauguré le 7 juillet 1658. Un an plus tard, le Roi-Soleil est, dit-on, miraculeusement guéri[5] d'une des nombreuses maladies dont il souffrait.

Le 16 août 1658, Louis XIV témoigne lui-même de sa reconnaissance pour cette guérison dans la chapelle[6].

Tombes célèbres

Liens internes

Références

  1. Vie et histoire du 12e arrondissement, Hervas - 1999
  2. G. Lenotre, Le Jardin de Picpus, Librairie académique Perrin, Paris, 1928.
  3. d'une branche de la maison de Salm
  4. Histoire de cette statue.
  5. fête de Notre Dame de la Paix, sur le site de la congrégation des sacrés cœurs
  6. Vie et histoire du 12e arrondissement, Hervas, 1999.

Sources

Liens externes

Bibliographie

  • G. Lenotre, Le Jardin de Picpus, Librairie académique Perrin, Paris, vers 1930