Chalet Lang

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Chalet Lang
Présentation
Type
Destination initiale
Résidence vacancière
Style
Architecte
Construction
août-décembre 1950
Démolition
2013 (démontage)
Commanditaire
Georges Lang
Propriétaire
Patrimonialité
Localisation
Pays
France
Région
Département
Commune
Coordonnées
Carte

Le chalet Lang est un chalet construit par l'architecte Denys Pradelle en 1950 à Saint-Bon-Tarentaise, en France, pour l'industriel Georges Lang. Actuellement démonté, il attend un nouvel emplacement pour être reconstruit.

Localisation[modifier | modifier le code]

Le chalet se trouve dans la localité de Saint-Bon-Tarentaise, dans la commune de Courchevel, dans le département de la Savoie en région Auvergne-Rhône-Alpes, en France. Il se situe exactement dans le lieu-dit de Bellecôte, dans la station de sport d'hiver de Courchevel (anciennement Courchevel 1850)[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

Dans les années 1940, Courchevel 1850 était une localité dépourvue de constructions. En 1946, le Conseil général de Savoie et le Ministère de la reconstruction et de l’urbanisme ambitionne un développement plus important de Courchevel pour à la fois lancer le développement économique de la Savoie et offrir des loisirs à prix modestes pour rendre la montagne accessible à tous. Le conseil général fait alors appel à l'architecte urbaniste Laurent Chappis et à l'ingénieur Maurice Michaud dans le but d'aménager les sites[2]. Les nouvelles constructions doivent être chacune reliée aux pistes de ski.

Dans ce contexte, l'industriel Georges Lang souhaitant se construire un chalet pour sa famille, achète un lot de terrain pentu dans la localité de Courchevel 1850, au lieu-dit de Bellecôte, en janvier 1950. Ces terrain de faible largeur et très pentu qui se trouvaient alors en bordure des pistes de ski. Laurent Chappis lui propose les services de l'architecte Denys Pradelle qui propose six projets de chalet en mars 1950. Le projet sélectionné est « un chalet surélevé par rapport au sol, permettant de bénéficier d'un maximum de vues, malgré la disposition défavorable des terrains, et offrant une grande façade au sud ». Denys Pradelle décrit ainsi le projet : « C’est un chalet familial de vacances conçu pour un habitat saisonnier. Il permet la détente que viennent chercher ses hôtes au contact de la nature en intégrant la nature dans son décor. Il montre le paysage et s’ouvre au soleil. Pour rester dans le cadre d’une économie raisonnable, le volume construit est au maximum utilisé. La salle de séjour, lieu de vie commune, est grande. Les chambres, où l’on séjourne peu sont petites, allant parfois jusqu’aux dimensions d’une cabine de bateau, avec couchettes superposées. L’entrée d’hiver est constituée d’un sas permettant de couper le froid par sa double porte, de ranger les skis et les anoraks, de déneiger les souliers. Ce chalet est conçu de manière à être rapidement construit, car la saison de travail est courte : de mai à octobre. En même temps que sont réalisés les travaux de terrassement et de maçonnerie du soubassement, préfabriqués en atelier dans la vallée, le maximum d’éléments des superstructures qui devront être d’un montage rapide. Système d’ossature permettant de couvrir vite pour travailler à l’abri »[3].

Construction[modifier | modifier le code]

Le chantier commence en août et se termine en décembre 1950[1]. Le chalet se décompose en deux parties, édifiées de manière différente : une structure porteuse en béton armé est construite sur laquelle est posée une superstructure préfabriquée avec l'aide de l'ingénieur Henri-Luigi Trezzini.

Composé d'un seul niveau avec une dalle mince de 8 cm d’épaisseur, le chalet repose sur des poutres en béton armé formant nervures. En amont de la pente, le bâtiment est porté sur un socle maçonné en pierre. À l'aval, il est porté sur un portique trapézoïdal en béton armé[4].

La partie supérieure est en bois et est associée à des panneaux de solomite. La charpente en bois est composée de sept poutres en chêne, constituées chacune de deux pièces assemblées par trait de Jupiter sur lesquels reposent pannes et chevrons en épicéa[4]. Le plafond est habillé de lames de pin. Une volige de planches d’épicéa recouvre l’ensemble de la toiture sur laquelle est posée l’étanchéité, puis les plaques de zinc. Les arbalétriers reposent chacun sur trois fers en T fixés sur la dalle de plancher, constituant l’ossature métallique du chalet. La paroi extérieure est revêtue de planches de mélèze. Sur les parois intérieures, des lames de pin sont fixées. La toiture est à un seul versant et faiblement incliné sur laquelle sont apposée des plaques de zinc[4].

Classement[modifier | modifier le code]

Dans les années 1980, les idées d'architecture de montagne changent : il ne faut plus des chalets modernistes mais traditionnels. Les constructions existantes sont transformées voire détruites. Cette vison conduit à la disparition progressive des premières réalisations de Courchevel d’inspiration moderne.

En 1994, afin de mettre en évidence les risques de disparition de certaines constructions historiques, le Ministère de la culture et de la communication engage une mission d’inventaire général du patrimoine de la station de Courchevel qu’elle confie à l’équipe d'architecture et montagne de l’École d’architecture de Grenoble. Son travail est de recenser toutes les réalisations sur le terrain, établir des dossiers documentaires, constituer un fonds d’archives et créer un fonds d’archives aux Archives départementales de Savoie : le Centre d’archives d’architecture en Savoie. La mission a permis de repérer plus de 250 constructions et d’établir 27 dossiers documentaires. En 2001, l’équipe d'architecture et montagne propose à la Commission régionale du patrimoine et des sites de la région Rhône-Alpes d’inscrire à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques quatre chalets, la chapelle Notre-Dame de l’Assomption et un grenier[N 1]. Le chalet Lang figure sur cette liste car il s'agit de l’une des constructions pionnières majeures de la station et du dernier « chalet à pattes » bâti en surplomb sur la pente[4]. Georges Lang refuse la proposition au motif de conserver la valeur de son terrain[5].

En 2010, le chalet et son terrain sont vendus pour 11 millions d’euros à un promoteur immobilier qui obtient un permis de démolir pour construire un hôtel de luxe[5]. En janvier 2012, le Ministère de la Culture décide alors de classer le chalet au titre des monuments historiques (inscription faite le 28 janvier 2012). Avec l'approbation du permis de démolir et ce récent classement, le promoteur est contraint d'obéir à des conditions spécifiques : Celui-ci doit démonter et reconstruire immédiatement le chalet Lang à un autre endroit approprié.

Démontage[modifier | modifier le code]

Cependant, le Ministère de la Culture et la commune de Courchevel cherche alors un nouvel emplacement qui sera finalement trouvé hors de la station. Cependant, la parcelle doit alors demander une procédure de modification du plan d’urbanisme conduisant à l’impossibilité de remontage immédiat.

Faute de la modification du plan d’urbanisme attendue, le chalet est finalement démonté en 2013 et entreposé dans un entrepôt à Tournon au frais du promoteur immobilier. En 2016, le promoteur immobilier disparaît et laisse derrière lui une dette de frais de stockage. La justice saisit l'affaire et les matériaux et pièces du chalet sont vendus aux enchères le 29 mars 2018[6]. L'État acquis le tout pour 10 000 euros[7],[5].

Architecture[modifier | modifier le code]

Le chalet a une surface de 125 m2. L'étage carré repose sur une dalle de béton armé portée à l'amont sur un socle en pierre (abritant le garage et les dépendances), et à l'aval sur un portique trapézoïdal en béton armé.

La façade principale sud-est est longée par un balcon en bois comprenant un escalier extérieur escamotable. Les baies sont équipées de volets coulissants verticalement devant l’allège. Ils sont en bois, recouverts de plaques d’aluminium. Une grande partie de l’aménagement intérieur est dessinée par Denys Pradelle comme la cheminée en tôle de cuivre ou la lampe sur pied et abat-jour. Les chaises sont inspirées des modèles conçus par Charlotte Perriand tout comme les fauteuils en bois cintré.

Le chalet témoigne alors de la diffusion des idées du « mouvement moderne » qui s'imposes dans les stations françaises de sports d’hiver pendant le plan neige. Sa construction montre alors la simplicité constructive, l'économie de la construction et le respect de la nature[4].

Protection au titre des monuments historiques[modifier | modifier le code]

Le chalet et les parcelles sur lesquelles il est situé ont été inscrites au titre des monuments historiques par un arrêté du [8],[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les trois autres chalets sont : le chalet Joliot Curie, le chalet Le Petit Navire et le chalet la Goupille.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Jean-François Lyon-Caen, Jean-Paul Brusson et Maryannick Chalabi (Inventaire Général du Patrimoine Culturel), « Maison dit chalet Lang » Accès libre, sur patrimoine.auvergnerhonealpes.fr (consulté le )
  2. Georges Cazes, Robert Lanquar, L'aménagement touristique et le développement durable, PUF, coll. « Que sais-je ? », , 128 p. (ISBN 2-13050-757-3), p. 88.
  3. L’Architecture d’Aujourd’hui n°44, septembre 1952
  4. a b c d et e Inventaire général du patrimoine culturel, « Projet de sauvegarde du chalet Lang à Courchevel 1850 » Accès libre, sur inventaire-rra.hypotheses.org, (consulté le )
  5. a b et c Bénédicte Chaljub (Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France), « Le chalet Lang, un Monument Historique vendu en pièces détachées ! » Accès libre, sur www.sitesetmonuments.org, (consulté le )
  6. Jacques Leleu, « Un chalet classé, mais en pièces détachées, au cœur d’une bagarre judiciaire » Accès libre, sur www.ledauphine.com, (consulté le )
  7. Olivier Masseboeuf, « Cinq ans après son démontage. Le chalet Lang racheté 10 000 euros aux enchères par l’État » Accès payant, sur www.ledauphine.com, (consulté le )
  8. Notice no PA73000024, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  9. Notice no IA73000026, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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