Blague de pet

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Péter de bonne humeur, 1798
Concours de pets représenté sur le rouleau He-gassen de l'Université Waseda</link>

Une blague de pet est tout type de blague, de farce ou de tout autre humour décalé lié aux flatulences.

Même s’il est probable que l’humour provoqué par les flatulences ait longtemps été considéré comme drôle dans les cultures qui considèrent que l’émission de gaz en public est impoli, de telles blagues sont rarement écrites. Il a été suggéré que l'une des blagues les plus anciennes enregistrées était une blague sur les flatulences des Sumériens, datée de 1 900 av. J.-C.[1].

« Une chose qui n'est jamais arrivée depuis des temps immémoriaux : une jeune femme qui pète en étant assise sur les genoux de son mari »

Deux premiers textes importants sont les pièces du Ve siècle av. J.-C. Les Chevaliers et Les Nuées, toutes deux d'Aristophane, qui contiennent de nombreuses blagues sur les pets[2],[3]. Un autre exemple de l'époque classique est apparu dans Apocoloquintose ou La transformation de Claudius en citrouille, une satire attribuée à Sénèque sur le défunt empereur romain :

« At once he bubbled up the ghost, and there was an end to that shadow of a life…The last words he was heard to speak in this world were these. When he had made a great noise with that end of him which talked easiest, he cried out, "Oh dear, oh dear! I think I have made a mess of myself."[4] »

« D'un coup le fantôme s’échappa dans un bruit de bulles, et ce fut la fin de cette ombre de vie... Les derniers mots que l'on entendit de lui furent ceux-ci. Alors qu'il venait de faire un grand bruit avec cette extrémité qui parlait le plus aisément, il s’écria: " oh! oh! je crois que je me suis mis dans la merde" »

Il explique plus tard qu'il est arrivé dans l'au-delà avec une citation d'Homère :

« "Breezes wafted me from Ilion unto the Ciconian land."[4] »

« (traduction à vérifier) Les brises me portèrent depuis Ilion jusqu'au pays Circonien »

L'archéologue Warwick Ball affirme que l'empereur romain Elagabalus faisait des farces à ses invités, en utilisant un appareil semblable à un coussin péteur lors des dîners.

Dans la version traduite des Contes des Mille et Une Nuits de Penguin, une histoire intitulée "Le pet historique" raconte l'histoire d'un homme qui fuit son pays à cause de l'embarras de péter à son mariage, pour revenir dix ans plus tard et découvrir que son pet était devenu si célèbre que les gens utilisaient l'anniversaire du fait pour dater d'autres événements. En apprenant cela, il s'est exclamé : "En vérité, mon pet est devenu un événement ! On s'en souviendra pour toujours !" Son embarras est tel qu'il retourne s'exiler en Inde[5].

Dans la même veine, Brief Lives de John Aubrey raconte ce qui suit à propos d'Edward de Vere, 17e comte d'Oxford : "Le comte d'Oxford, rendant obéissance à la reine Elizabeth, a laissé un pet, ce qui l'a tellement gêné et honteux qu'il est allé à Travell pendant 7 ans. À son retour chez lui, la reine l'a salué, aurait dit " Mon Seigneur, j'avais oublié le Pet[6]."

L'un des incidents d'humour flatuleux les plus célèbres dans la première littérature anglaise se trouve dans The Miller's Tale de Geoffrey Chaucer, qui date du XIVe siècle ; The Summoner's Tale en a un autre. Dans le premier, le personnage de Nicolas sort ses fesses par la fenêtre la nuit et humilie son rival Absolom en lui pétant au visage. Mais Absolom se venge en enfonçant une lame de charrue chauffée au rouge entre les fesses de Nicolas (" ammyd the ers ")

« 

"Sing, sweet bird, I kneen nat where thou art!"
This Nicholas anon let fle a fart
As greet as it had been a thonder-dent
That with the strook he was almost yblent (blinded)
And he was ready with iron hoot
And Nicholas ammyd the ers he smoot
[7].

 »

Le livre de blagues latin médiéval Facetiae de Poggio Bracciolini comprend six contes sur le pétage.

Les contes de François Rabelais sur Gargantua et Pantagruel sont remplis d'actes de flatulences. Au chapitre XXVII du deuxième livre, le géant Pantagruel lâche un pet qui "fit trembler la terre sur vingt-neuf milles à la ronde, et l'air vicié qu'il souffla créa plus de cinquante-trois mille hommes minuscules, nains et créatures de formes étranges, puis il a émis un gros pet humide qui s'est transformé en autant de petites femmes courbées"[8].

Les pièces de William Shakespeare incluent plusieurs références humoristiques aux flatulences, dont celles d' Othello suivantes :

« 

CLOWN: Are these, I pray you, wind instruments?
FIRST MUSICIAN: Ay marry are they, sir.
CLOWN: O, thereby hangs a tail.
FIRST MUSICIAN: Whereby hangs a tail, sir?
CLOWN: Marry, sir, by many a wind instrument that I know[9].

 »

« (Clown: Est-ce que ce sont des instruments à vent ? Musicien: oui bien sûr - C: Alors il faut leur accrocher une queue - M: pourquoi ça ? - C: parce que plein d'instrument à vent de ma connaissance en ont!) »

Benjamin Franklin, dans sa lettre ouverte « À l'Académie Royale du Pet », propose de manière satirique que la conversion des pets en une forme plus agréable, grâce à la science, devrait être un objectif majeur de la Royal Academy[10].

Dans le pamphlet 1601 de Mark Twain de 1876, un échanson à la Cour qui est un chroniqueur rapporte :

« In ye heat of ye talk it befel yt one did breake wind, yielding an exceding mightie and distresfull stink, whereat all did laugh full sore[11]. »

« Dans la chaleur de la conversation, quelqu'un lâcha un vent, qui résulta en une puanteur puissante et pénible, à laquelle tous éclatèrent de rire à en avoir mal) »

La reine s'enquiert de la source et reçoit diverses réponses. Dame Alice dit :

« Good your grace, an' I had room for such a thundergust within mine ancient bowels, 'tis not in reason I coulde discharge ye same and live to thank God for yt He did choose handmaid so humble whereby to shew his power. Nay, 'tis not I yt have broughte forth this rich o'ermastering fog, this fragrant gloom, so pray you seeke ye further."[11] »

« (traduction souhaitée) »

Dans le premier chapitre de Moby-Dick d'Herman Melville, le narrateur déclare :

« ...I always go to sea as a sailor, because of the wholesome exercise and pure air of the fore-castle deck. For as in this world, head winds are far more prevalent than winds from astern (that is, if you never violate the Pythagorean maxim), so for the most part the Commodore on the quarter-deck gets his atmosphere at second hand from the sailors on the forecastle[12] »

« ... quand je vais en mer c'est en simple marin, à cause du bon exercice et de l'air pur du pont avant. Parce que dans ce monde, les vents de face sont plus fréquents que ceux arrière (si du moins vous ne violez pas maxime Pythagoricienne), en conséquence le Commodore sur le pont arrière reçoit l'air des marins du pont avant"... (NdT: maxime qui donne pour règle de ne pas manger de fayots.) »

Déclarations inculpatoires[modifier | modifier le code]

L'émission d'un pet implique un rituel d'affectation fréquemment utilisé pour décourager les autres de mentionner le pet ou pour transformer l'embarras de péter en un sujet agréable[13]. L'astuce consiste à rejeter la faute sur quelqu'un d'autre, souvent par tromperie. Les Anglais ont de nombreux un jeu de rimes qui globalement signifient "celui qui l'a détecté l'a aussi émis"[13].

Attribuer le blâme à un autre peut se retourner contre lui : une blague sur la royauté raconte qu'une reine, après avoir émis des flatulences, se tourna vers un page à proximité en s'exclamant : « Arthur, arrête ça ! » ; le page répond : « Oui, Votre Majesté. Dans quelle direction est-ce allé ? ».

Performance[modifier | modifier le code]

Paul Oldfield, qui jouait sous le nom de Mr. Methane[14], a joué un numéro de scène dans lequel il pétait les notes de musique[15]. Joseph Pujol, qui s'est produit sous le nom de Le Pétomane, a réalisé un acte scénique similaire pour la scène du music-hall parisien[14].  

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « World's oldest joke traced back to 1900 BC », sur reuters.com, (consulté le ).
  2. « The Knights By Aristophanes » [txt], The Internet Classics Archive, Massachusetts Institute of Technology (consulté le )
  3. « The Clouds By Aristophanes » [txt], The Internet Classics Archive, Massachusetts Institute of Technology (consulté le )
  4. a et b (en) Lucius Annaeus Seneca, Apocolocyntosis, Project Gutenberg, (lire en ligne)
  5. « Breaking Wind: Legendary Farts - The Historic Fart - 1001 Nights », University of Pittsburgh, (consulté le )
  6. Aubrey, « Brief Lives », Oxford, , p. 270
  7. The Miller's Prologue and Tale (lines 3805–3810)
  8. François Rabelais, Gargantua and Pantagruel. W.W. Norton & Co. 1990, p.214
  9. « Puns in Othello », sur Study.com (consulté le )
  10. Benjamin Franklin, « To the Royal Academy of Farting » [archive du ], teachingamericanhistory.org, c. 1781
  11. a et b Mark Twain, « [ Date, 1601.] Conversation, as it was by the Social Fireside, in the Time of the Tudors », sur Project Gutenberg, (consulté le )
  12. Herman Melville, « Moby Dick », sur Project Gutenberg (consulté le )
  13. a et b Trevor J. Blank, "Cheeky Behavior: The Meaning and Function of 'Fartlore' in Childhood and Adolescence", Children's Folklore Review, volume 32, 2010, p. 61–85.
  14. a et b Martin Kelner, « The ace of trumps », The Guardian, (archivé sur Internet Archive).
  15. Will Bennett, Will, « Mr. Methane's tunes put the wind up insurers », The Independent, (archivé sur Internet Archive).