Ashin Wirathu
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ဝီရသူ |
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Ashin Wirathu (en birman : ဝီရသူ) (né le à Kyaukse dans la région de Mandalay) est un moine bouddhiste birman du theravāda[1], à la tête du mouvement 969 s'attaquant aux Rohingya, une minorité musulmane.
Biographie
[modifier | modifier le code]Ashin Wirathu est le leader du mouvement 969 et un membre influent de l'association Ma Ba Tha (မဘသ) qui prônent notamment le boycott des commerces musulmans[2] et l'interdiction des mariages inter-religieux[3].
Il est accusé d'attiser la haine raciale et religieuse, crime pour lequel il est condamné en 2003 à 25 ans de prison. Il est libéré en 2012 lors d'une amnistie nationale. Il publie alors des livres appelant à défendre la « race » et la « nation » face à la « menace » que représenteraient les musulmans. En 2013, le ministre des Affaires religieuses déclare à leur propos : « Nous sommes dans une économie de marché, les gens consomment ce qu’ils veulent. On ne peut pas l’empêcher. Les sermons de Wirathu appellent à l’amour et à la compréhension entre les religions[4]. »
En mai 2019, un mandat d’arrêt pour « sédition » est émis contre lui. Il se rend à la police en novembre 2020, peu avant les élections législatives, au terme de dix-huit mois de cavale. Il appelle à cette occasion à en finir avec le pouvoir « maléfique » de la Ligue nationale pour la démocratie et, réitérant son soutien au Parti de l'union, de la solidarité et du développement de l'ancienne junte, demande à ses « confrères moines de tout le pays de demander à leurs fidèles de voter pour les partis œuvrant pour la protection de la race et de la religion »[4]. Il est libéré en septembre 2021 par la junte issue du coup d’État de février 2021[5].
Médiatisation
[modifier | modifier le code]Critiques dans la presse
[modifier | modifier le code]En 2013, le journaliste David Aaronovitch écrivait à son propos : « L’Hitler de Birmanie est bouddhiste et ses juifs sont les musulmans rohingyas[6]. » En juillet 2013 le magazine Time le met à la une comme étant « le visage de la terreur bouddhiste »[7] ; sa diffusion est interdite en Birmanie[8]. Le magazine The Economist le décrit comme un « chauviniste notoire », pour qui « le bouddhisme est l'équivalent d'un nationalisme étroit »[9]. Interviewé par le GlobalPost, il a déclaré : « […] les musulmans sont comme la carpe africaine. Ils se reproduisent rapidement, sont très violents et se mangent entre eux. Même s'ils sont une minorité ici [en Birmanie], nous souffrons du fardeau qu'ils nous amènent[10]. »
On le surnomme le « ben Laden birman »[11]. Son mouvement fait un large usage des réseaux sociaux pour diffuser des propos islamophobes qui se sont faits de plus en plus violents dans la période préélectorale des élections législatives de novembre 2015, favorisant la volonté du gouvernement d'exclure de ces élections les candidats musulmans et les électeurs rohingyas[12],[13].
Le clergé bouddhiste réagit en mars 2017, en lui interdisant de prêcher. Cependant, Ashin Wirathu continue d'organiser des rassemblements de milliers de personnes où il se présente, un sparadrap collé sur la bouche, avec un magnétophone qui diffuse ses anciens discours[14].
Documentaire
[modifier | modifier le code]Un film documentaire, Le Vénérable W., (2017) a été réalisé par Barbet Schroeder dans le cadre de sa « trilogie du mal »[15].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Cyrielle Cabot, « Le bouddhisme radical en Birmanie en 10 questions », sur Asialyst,
- (en) Gianluca Mezzofiore, « Fanatical Buddhist Monk Saydaw Wirathu Calling for Boycott of Myanmar Muslims », International Business Times, (lire en ligne)
- (en) Shibani Mahtani, « Myanmar Plan to Curb Interfaith Marriage Gains Support », Wall Street Journal, (lire en ligne)
- Lina Sankari, « En Birmanie, la haine s’habille en safran », sur L'Humanité,
- (en-GB) « Wirathu: Myanmar military releases firebrand Buddhist monk », BBC News, (lire en ligne)
- La Question musulmane en France, Fayard, , 352 p. (ISBN 978-2-213-68490-1, présentation en ligne), p. 65
- (en) Hannah Beech "The Face of Buddhist Terror", Time magazine, .
- (en) « 'Buddhist Terror' article banned in Myanmar », sur The Sydney Morning Herald (consulté le )
- (en) Buddhism v Islam in Asia: Fears of a new religious strife, The Economist, 27 juillet 2013.
- (en) Confronting Evil : Engaging Our Responsibility to Prevent Genocide, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-930071-6, lire en ligne), p. 182 : « Muslims are like the African carp. They breed quickly and they are very violent and they eat their own kind. Even though they are minorities here, we are suffering under the burden they bring us. »
- Judith Lachapelle, « Le moine birman Ashin Wirathu: la haine en robe safran », sur lapresse.ca,
- [1] RFI 9.09.2015
- [2] francetvinfo 14/09/2015
- Catherine Schwaab, « Aung San Suu Kyi, la dame menacée par la junte », Paris Match, semaine du 8 au 14 juin 2017, pages 105-108.
- [3]
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- « La croisade antimusulmane du moine Wirathu, à deux mois des législatives en Birmanie », sur L'Obs,
- Ressource relative à l'audiovisuel :