Angiostrongylus cantonensis
| Règne | Animalia |
|---|---|
| Embr. | Nemata |
| Classe | Secernentea |
| Ordre | Strongylida |
| Famille | Metastrongylidae |
| Genre | Angiostrongylus |
Angiostrongylus cantonensis est une espèce de nématodes, dont l'adulte parasite les artères pulmonaires du rat et dont les larves au stade 3 peuvent évoluer chez l'espèce humaine en donnant la méningite angiostrongylienne à éosinophiles.
Caractéristiques
[modifier | modifier le code]A. cantonensis est un nématode parasite du genre Angiostrongylus. Les femelles mesurent 21 à 25 mm de long, tandis que les mâles mesurent 16 à 19 mm de long.
Le nématode Angiostrongylus cantonensis a été découvert pour la première fois en 1935 par le parasitologue chinois Hsin-Tao Chen dans les artères pulmonaires et le coeur de rats domestiques à Guangzhou, en Chine.
Les vers matures vivent dans les artères pulmonaires des rats et pondent des œufs fertilisés qui se transforment en larves de premier stade. Ces larves migrent d'abord vers la trachée et sont ensuite dégluties et éliminées dans les excréments. Elles demeurent viables et infectieuses dans les excréments ou l'eau douce pendant plusieurs semaines. Le cycle de vie n'est complété que si ces larves sont ingérées par un mollusque (limaçons ou limaces), qui agit en tant qu'hôte intermédiaire. Environ deux semaines plus tard, les larves atteignent le stade de maturité, soit le troisième stade, c'est-à-dire qu'elles deviennent alors infectieuses pour le restant de la vie des mollusques. Les crevettes, les poissons, les crabes, les grenouilles, les planaires terrestres ou les varans peuvent dévorer les mollusques infectés et servir d'hôtes paraténiques. Les rongeurs ingèrent les mollusques ou les hôtes paraténiques et deviennent alors infectés.
Chez l'humain (cul-de-sac parasitaire), l'infection est causée par l'ingestion de la chair crue d'hôtes paraténiques ou intermédiaires contaminés ou par l'ingestion de légumes ou de jus contaminés par des larves de troisième stade. En 1961, l’américain Alicata avait noté que les patients présentant des symptômes de méningite avaient l'habitude de manger des escargots ou des crevettes crues dans les semaines précédant l'apparition des symptômes. Cette observation, ainsi que l'épidémiologie et l'autopsie de cerveaux infectés, ont confirmé l'infection humaine par A. cantonensis comme la cause de la majorité des cas de méningite à éosinophiles en Asie du Sud-Est et dans les îles du Pacifique.
Écologie et comportement
[modifier | modifier le code]Le rat élimine avec ses matières fécales les larves du 1er stade, qui doivent obligatoirement séjourner chez un mollusque — hôte intermédiaire — pour aboutir à la larve du 3e stade, seule infectieuse pour l'hôte définitif. Différents mollusques terrestres et aquatiques peuvent jouer ce rôle, parfois relayés par certains crustacés d'eau douce qui servent d'« hôte paraténique » (crevettes, crabes de mangrove…).
L’écologie complète d’A. cantonensis est encore largement méconnue, sachant notamment que le taux d’infection varie en fonction de l’espèce des escargots. Il est généralement plus élevé pour les espèces terrestres (Achatina fulica 83-97 %, Hemiplecta distincta 69-84 %) que pour celles d’eau douce.
Répartition
[modifier | modifier le code]Le transport accidentel de rats reste le principal agent d’expansion d’A. cantonensis à travers la planète. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le parasite s'est propagé passivement depuis l'Asie du Sud-Est vers les îles du Pacifique à travers la Micronésie, la Mélanésie, l'Australie et la Polynésie, à cause des rongeurs séquestrés dans les navires et le matériel de guerre .
A. cantonensis existe à l'intérieur de la ceinture intertropicale : très répandu en Extrême-Orient, en Australie, dans toutes les îles du Pacifique, notamment à Hawai ou il constitue un probleme de santé publique. Retrouvé depuis 1951 en Nouvelle-Calédonie, son épidémiologie est particulièrement bien documentée [1].
Dans les années 1980, il a ensuite été signalé en Afrique, mais la contamination humaine y semble exceptionnelle, et dans les Caraïbes, où il est responsable de cas humains sporadiques, notamment à Cuba et en Martinique [2], et de contamination de voyageurs, notamment en Jamaïque et en République Dominicaine, destinations fortement touristiques.
Classification
[modifier | modifier le code]L'espèce a été décrite en 1935 par le parasitologue chinois Chen Xin-tao (d) (1904-1977)[3].
Il s'agit d'un nématode, à savoir un ver rond et effilés, de vers non segmentés; recouverts d'une épaisse cuticule.
Le premier cas humain de méningite à éosinophiles mettant en cause le nématode a ensuite été décrit à Taiwan en 1945. Cependant, les travaux étant publiés en japonais, l’importance d’ A. cantonensis dans les méningites à éosinophiles resta largement méconnue[4].
En 1955, les australiens Mackerras et Sandars ont bien retracé le cycle de vie du nématode, notamment l'importance de ses hôtes intermédiaires et des mollusques[5].
Impact sanitaire
[modifier | modifier le code]La première épidémie a été décrite d'abord en 1948 à Ponape, en Micronesie, puis en Nouvelle-Caledonie en 1953.
En 1961, l’américain Alicata a noté que les patients présentant des symptômes de méningite avaient l'habitude de manger des escargots ou des crevettes crues dans les semaines précédant l'apparition des symptômes. Cette observation, ainsi que l'épidémiologie et l'autopsie de cerveaux infectés, ont confirmé l'infection humaine par A. cantonensis comme la cause de la majorité des cas de méningite à éosinophiles en Asie du Sud-Est et dans les îles du Pacifique [6].
Les larves au stade 3 peuvent évoluer chez l'humain en donnant la méningite angiostrongylienne à éosinophiles.
Simple curiosité nosologique dans les régions où la contamination est purement accidentelle, la méningite angiostrongylienne devient endémo-épidémique dans toutes celles où cette contamination est liée à des coutumes alimentaires dangereuses (Thaïlande, Polynésie...).
Clinique
[modifier | modifier le code]- L'incubation muette dure 2 à 3 semaines.
- La période d'état est marquée par l'installation brutale d'un syndrome méningé typique auquel peuvent s'associer une atteinte des paires crâniennes (paralysie faciale, diplopie...) et des troubles de la sensibilité subjective (dysesthésies, paresthésies...). L'examen du LCR montre une forte éosinophilie, une hypercytorachie entre 100 et 500 éléments par mm³ et une albuminorachie modérée. L'éosinophilie sanguine est augmentée parallèlement aux environs de 30 %.
- L'évolution se fait presque toujours vers la résolution sans séquelles en quelques semaines. Toutefois, tout dépend de la charge parasitaire : la mortalité est faible, mais la morbidité peut être sévère et les symptômes sont susceptibles de persister pendant des mois ou des années, entraînant une altération de l’état général importante. Bien que l’infection à Angiostrongylus soit décrite comme spontanément résolutive, la présentation clinique peut être grave et même ressembler à la sclérose en plaques en raison de la démyélinisation des nerfs. Plusieurs cas de décès de nourrissons sont mentionnés dans la littérature. Selon divers titres de presse[7], en 2010, un patient australien serait devenu paraplégique après avoir ingéré une limace porteuse d'Angiostrongylus cantonensis. Il est décédé en 2018.
Diagnostic
[modifier | modifier le code]Le diagnostic repose sur la constatation de l'éosinophilie rachidienne, la notion de contexte épidémiologique et le mode d'évolution.
Un diagnostic définitif de l’angiostrongylose humaine ne peut être établi avec certitude que lors de la découverte visuelle du parasite (figure 3) ou par la détection de l'ADN d’A. cantonensis dans le LCR. De fait, un diagnostic définitif est rare [8]..
La dernière révision globale des critères de diagnostic et des symptômes, les plus étroitement liés à la NA, a été réalisée en 2023 par un consortium international[9].
Traitement
[modifier | modifier le code]Actuellement, la prise en charge d’une NA repose sur l’Albendazole pendant deux semaines, un traitement antalgique et une corticothérapie pour limiter la réaction inflammatoire. Une ponction de LCR peut être réalisée dans le but de soulager les céphalées dues à une pression intracrânienne élevée [10].
Lors du 7ème « International Workshop on Angiostrongylus and Angiostrongyliasis » la plupart des participants recommandaient pour tous les cas de NA un traitement pendant 2 semaines à l’Albendazole, un traitement antalgique et une corticothérapie.
Références
[modifier | modifier le code]- ↑ Jean-Sébastien Mora. Méningite à éosinophiles à Angiostrongylus cantonensis : investigation d’un cluster remarquable de 17 patients dans la tribu de Mucaweng, sur l’île de Lifou, en Nouvelle-Calédonie. Médecine humaine et pathologie. 2025. ⟨dumas-05300150⟩ https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-05300150v1
- ↑ Céline Dard, Eve Tessier, Duc Nguyen, Loïc Epelboin, Dorothée Harrois, Christopher Swale, André Cabié, Katia de Meuron, Charline Miossec et Nicole Desbois-Nogard, « First cases of Angiostrongylus cantonensis infection reported in Martinique, 2002–2017 », Parasite, vol. 27, , p. 31 (ISSN 1776-1042, DOI 10.1051/parasite/2020032)
- ↑ (en-GB) H.-T. Chen, « Un nouveau nématode pulmonaire, Pulmonema cantonensis, n. g., n. sp. », Annales de Parasitologie Humaine et Comparée, vol. 13, no 4, , p. 312–317 (DOI 10.1051/parasite/1935134312, lire en ligne
)
- ↑ Beaver PC, Rosen L. Memorandum on the first report of Angiostrongylus in man, by Nomura and Lin, 1945. American Journal of Tropical Medicine and Hygiene, 1964;13(4):589-90.
- ↑ Mackerras MJ, Sandars DF. The life history of the rat lung-worm, Angiostrongylus cantonensis (Chen) (Nematoda: Metastrongylidae). Aust J Zool. 1955;3(1):1–21.
- ↑ Alicata JE. The incidence of Angiostrongylus cantonensis (Chen) among rats and mollusks in New Caledonia and nearby islands and its possible relationship to eosinophilic meningitis. Tech Pap No 139. 1963 Aug, 9 pp, 14 figs, 15 refs.
- ↑ « Paralysé après avoir mangé une limace, un Australien décède après huit ans d'agonie »
- ↑ Jean-Sébastien Mora. Méningite à éosinophiles à Angiostrongylus cantonensis : investigation d’un cluster remarquable de 17 patients dans la tribu de Mucaweng, sur l’île de Lifou, en Nouvelle-Calédonie. Médecine humaine et pathologie. 2025. ⟨dumas-05300150⟩
- ↑ Graeff-Teixeira C, Sawanyawisuth K, Lv S, Sears W, Rodríguez ZG, Álvarez HH, et al. Neuroangiostrongyliasis: updated provisional guidelines for diagnosis and case definitions. Pathogens. 2023;12(4):624
- ↑ Kramer K, Yates J, McMillan JK, Gosnell WL, Murphy GS, Blalock E, et al. Special Feature: Diagnosis and Treatment of Neuroangiostrongyliasis in Hawai‘i. Hawai'i J Health Soc Welf. 2020;79(12):353.
Liens externes
[modifier | modifier le code]- (en) Catalogue of Life : Angiostrongylus cantonensis
- (fr + en) ITIS : Angiostrongylus cantonensis
- (en) Animal Diversity Web : Angiostrongylus cantonensis
- (en) NCBI : Angiostrongylus cantonensis (taxons inclus)
