Angèle Moreau

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Angèle Moreau
Cliché de Carjat dans le rôle de Louise dans des Deux Orphelines de d’Ennery et Cormon (1874).
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activité

Angèle Moreau, née le à Nogent-sur-Marne et morte le à Paris 8e, est une comédienne française.

Biographie[modifier | modifier le code]

Depuis son enfance, Angèle Moreau est attirée par le théâtre, mais sans avoir la possibilité d’accomplir des études d'art dramatique en raison du peu de fortune de son père, artisan peintre. Guidée par son seul instinct, sans avoir jamais reçu les leçons d’aucun professeur ou suivi aucun cours de déclamation, elle va, un jour, frapper à la porte du théâtre de Montmartre[1].

Elle fait ses débuts sur la scène en juillet 1869, dans le rôle de Rose de Noël des Mohicans de Paris d’Alexandre Dumas. Après avoir débuté dans un rôle important sur un petit théâtre, elle devient rapidement une étoile au théâtre Montmartre. Repérée par les directeurs du boulevard, après une brillante représentation dans Nos bons villageois de Victorien Sardou, elle refuse, effrayée du luxe de toilettes[pas clair] qu’il lui faudrait avoir, un engagement au théâtre du Vaudeville, et reste sur la scène où elle était aimée et fêtée, jusqu’au siège de Paris et à la Commune[1].

Forcée de renoncer à jouer dans son théâtre pendant une longue année, elle accepte, pendant l’été de 1871, un engagement provisoire au théâtre du Palais-Royal, où elle joue durant un mois dans la Commode de Victorine d’Eugène Labiche, mais refuse de rendre cet engagement définitif, toujours tourmentée par les inquiétudes vestimentaires qui l’ont assaillie, lorsqu’il s’est agi d’entrer au Vaudeville[1].

Retournée au théâtre de Montmartre, elle y reprend sa position de premier sujet, lorsqu’Eugène Ritt, l’ayant vue jouer, en 1872, dans la Marraine d’Eugène Scribe, au moment où il travaille à composer sa troupe de la Porte-Saint-Martin, apprécie son talent plein de naturel. Cette fois, elle finit par accepter les propositions d’engagement relativement avantageuses qui lui sont faites[1].

Elle fait ses débuts à la Porte-Saint-Martin avec un travesti, dans Henri III et sa cour, de Dumas, à la suite de quoi sa grâce lui fait confier sans hésitation par Ritt et Larochelle, l’interprétation du personnage de Louise dans Deux Orphelines d’Ennery et Cormon, rôle qu’elle appréhende non sans crainte, à mesure qu’elle l’apprend, au point d’avoir éprouvé, à plusieurs reprises, l’envie d’y renoncer avant la première représentation. Inquiétudes vaines puisque le succès est au rendez-vous : la presse loue unanimement son naturel enchanteur, sa grâce naïve et touchante[2]. Le moment où elle chante, en grelottant dans ses guenilles, près des marches de l’église, où la force à mendier la Frochart, est particulièrement remarqué du public, remué et conquis par son air mélancolique et sa timidité[1].

En 1874, elle joue le rôle du petit moine Pueblo dans le Don Juan d’Autriche, de Casimir Delavigne[1]. En 1876, à la Porte-Saint-Martin, elle joue dans Jean la Poste, drame anglais de Dion Boucicault et Eugène Nus[3] ; en 1879, la Dame de Monsoreau[4]. En juin 1882, elle incarne Blanche de Nevers dans Le Bossu d’Anicet Bourgeois et Paul Féval, à la Porte-Saint-Martin[5]. En 1885, elle joue en province dans Antoinette Rigaud de Raimond Deslandes[6].

Après un long stage à la Porte-Saint-Martin, elle passe vers 1892 au Châtelet, où elle crée le Tour du Monde, les Exilés d’Eugène Nus, Le Prêtre de Charles Buetetc. mais aucune de ces créations ne consacre sa réputation comme Louise, l’aveugle des Deux Orphelines[7]. Elle reprend d’ailleurs ce rôle, toujours avec le même succès à l’Ambigu en juin 1878[8].

Son dernier succès est le rôle de Marie, dans La Grâce de Dieu de d’Ennery, qu’elle affectionne particulièrement, et où elle déploie de rares qualités de tendresse et de mélancolie[9]. Après cela, malade, elle ne fait, dans ses dernières années, que de rares apparitions au théâtre[10].

Iconographie[modifier | modifier le code]

Le sculpteur Charles Kotra (d) Voir avec Reasonator a sculpté sa statuette dans le rôle de Louise dans les Deux Orphelines qu’elle a créé à la Porte-Saint-Martin en 1874[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Félix Jahyer, « Angèle Moreau », Paris-Théâtre, Paris, vol. 2, no 45,‎ (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  2. Henry Lyonnet, Dictionnaire des comédiens français, ceux d’hier : biographie, bibliographie, iconographie, t. 2. E-Z, Paris, Ernest Jorel, , 171 p., 2 vol. 29 cm (OCLC 18918519, lire en ligne sur Gallica), p. 652-4.
  3. « Théâtres », La Lanterne de Boquillon, Paris, vol. 9, no 158,‎ (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  4. Arthur Kahn, « Paris », L’Abeille, Angers, vol. 4, no 74,‎ , p. 2 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  5. « Aujourd’hui », La Porte St Martin, Paris,‎ (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  6. « Théâtre de Chinon », Journal de Chinon, Chinon, vol. 42, no 48,‎ , p. 1 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  7. Turlupin, « Une artiste… », Gil Blas, Paris, vol. 19, no 6318,‎ , p. 3 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  8. Un monsieur du parterre, « Courrier des théâtres », La Lanterne, Paris, vol. 2, no 426,‎ , p. 2 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  9. « Nécrologie », Le Progrès artistique, Paris, no 975,‎ , p. 2 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  10. « Une touchante artiste… », La Justice, Paris, no 6264,‎ , p. 2 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  11. Charles Kotra, Angèle Moreau dans Les deux orphelines : sculpture, Paris, , 1 sculpture : terre cuite peinte ; 28 x 10 x 8 cm (lire en ligne sur Gallica).

Liens externes[modifier | modifier le code]