Abbaye de Himmelkron

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Abbaye de Himmelkron
image de l'abbaye
L'abbaye de Himmelkron vue du sud.
Nom local Kloster Himmelkron
Corona cæli
Diocèse Bamberg
Patronage Sainte-Marie
Fondation
Début construction 1279
Dissolution 1569
Abbaye-mère Langheim
Abbayes-filles Aucune
Congrégation Ordre cistercien
Coordonnées 50° 03′ 44″ N, 11° 35′ 36″ E[1]
Pays Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Duché Souabe
Land Bavière
District Haute-Franconie
Commune Himmelkron
Géolocalisation sur la carte : Bavière
(Voir situation sur carte : Bavière)
Abbaye de Himmelkron
Géolocalisation sur la carte : Allemagne
(Voir situation sur carte : Allemagne)
Abbaye de Himmelkron

L’abbaye de Himmelkron était une abbaye de religieuses cisterciennes située à Himmelkron en Haute-Franconie, dans l'archidiocèse de Bamberg du XIIIe au XVIe siècle. Par la suite, elle a servi de résidence d'été et de pavillon de chasse aux margraves de Bayreuth jusqu'au XIXe siècle. Aujourd'hui, il s'agit d'une résidence et d'un centre d'accueil de jour pour les personnes souffrant de handicaps mentaux.

L'église du monastère, d'origine gothique, a été remaniée dans le style baroque aux XVIIe et XVIIIe siècles. Aujourd'hui, la collégiale Sainte-Marie est une église paroissiale protestante luthérienne. Parmi les bâtiments restants du monastère, seule une aile du cloître gothique a été conservée ; les bâtiments actuels ont été construits, pour la plupart, entre le XVIe et le XVIIIe siècle. L'ensemble des bâtiments est inscrit sur la liste des monuments bavarois (Bayerische Denkmalliste) à la fois comme monument architectural et comme site archéologique.

Localisation[modifier | modifier le code]

Photographie couleur d'un village dominé par un clocher, au cœur d'une large vallée.
Le site de Himmelkron.

L'abbaye de Himmelkron est située au cœur du village du même nom, dans la vallée du Weißer Main, sur lequel un Mühlbach (bief de moulin) a été aménagé au droit de l'abbaye[2].

Histoire[modifier | modifier le code]

Fondation[modifier | modifier le code]

L'abbaye est fondée le par le comte Otto III de Weimar-Orlamünde (de) et sa femme Agnes von Truhendingen, qui souhaitent qu'elle prenne le nom d'Himmelkron ou, en latin, Corona cæli (« Couronne des cieux »)[3]. Il choisit également l'abbaye comme lieu d'inhumation, pour lui comme pour son fils. D'autres familles nobles des environs obtiennent également ce privilège. Le projet initial était de fonder un monastère masculin. Cependant, en raison de la proximité avec l'abbaye de Langheim, le chapitre général cistercien choisit de fonder plutôt une communauté féminine, dont les premières sœurs viennetn de l'abbaye de Sonnefeld (de)[4],[5].

Moyen Âge[modifier | modifier le code]

Photographie d'une épitaphe en relief montrant une femme qui tient une crosse et aux pieds de laquelle deux blasons sont posés.
Épitaphe de l'abbesse Agnes von Orlamünde.

En 1338, l'abbaye échoit aux margraves de Brandebourg-Bayreuth, même si, à cette époque, ce lien n'est pas comparable à la commende et ne signifie rien d'autre qu'un fort lien territorial, affectif et bien sûr mortuaire[5]. Sont enterrés en effet dans l'abbaye des membres des familles Orlamünde-Plassenburg, mais aussi des comtes de Hirschberg, des familles nobles Förtsch von Thurnau, von Künsberg, von Wirsberg, von Streitberg, von Wallenrode. Des épitaphes en témoignent dans l'église[6].

En 1430, durant les guerres hussites, l'abbaye est ruinée[7].

Le chantier d'un nouveau cloître démarre en 1473, sous l'abbatiat d'Élisabeth de Künsberg ; à cette époque, le monastère est sous l'objet d'une surveillance accrue du chapitre général cistercien, qui y mène des visites extraordinaires en 1456, 1481 et 1497 ; lors de cette dernière, une réforme de la règle est convenue. Le couvent est épargné par la guerre des Paysans allemands[5].

Réforme et fermeture de l'abbaye[modifier | modifier le code]

La Réforme protestante arrive en 1529 en Bavière, et les margraves de Brandebourg-Bayreuth y adhèrent. Ils tentent alors de faire passer l'abbaye dans le protestantisme, et finissent par y parvenir en 1548, avec la conversion de l'abbesse Marguerite de Döhlau ainsi que de plusieurs religieuses ; cependant l'abbaye conserve sa structure jusqu'à la mort de cette dernière en 1569 ; à cette dernière date, l'abbaye est officiellement sécularisée. Entretemps, la seconde guerre des Margraves a provoqué d'assez importants ravages dans l'abbaye[5].

Après la sécularisation[modifier | modifier le code]

Après la sécularisation, l'abbaye sert brièvement de résidence aux margraves. En 1578, elle est transformée en orphelinat, et l'église abbatiale est affectée au culte luthérien en 1590. La guerre de Trente Ans endommage à nouveau les bâtiments. Au cours du XVIIe siècle, les margraves de Brandebourg-Bayreuth l'utilisent comme bâtiment administratif, puis ils en font une résidence d'été, et y mènent en conséquence d'importants travaux de rénovation : palais princial construit entre 1699 et 1719, sur les plans de l'architecte Antonio della Porta et sous la maîtrise d'œuvre de Paul Decker. Simultanément, l'église est décorée en style baroque et adaptée à une liturgie protestante[5],[6].

De nombreux chantiers de démolition comme de construction sont menés au XVIIIe siècle. En 1735, l'ancienne crypte servant de sépulture aux religieuses est aménagée en crypte princière. En 1760, une grande partie du cloître, de style gothique tardif, est démoli, et ce n'est qu'à l'intervention du pasteur Johann Daniel Alberti que l'aile nord de ce cloître doit d'être conservée. En 1791, le margrave Charles-Alexandre vend l'intégralité du monastère en tant qu'appartements ; environ deux cents personnes vivent alors dans l'édifice. Enfin, à partir de 1893, la Diakonie Neuendettelsau (de) rachète petit à petit l'intégralité des lots pour en faire un unique établissement médico-social[5]. Depuis 1987, un musée de l'abbatiale est ouvert dans l'ancien chœur des religieuses ainsi que dans la salle dite « Johannesstübchen »[6],[8].

Liste des abbesses connues[modifier | modifier le code]

Photographie d'un sceau sur lequel est représenté une religieuse tenant une crosse.
Sceau d'Anne de Nuremberg, abbesse d'Himmelkron.

L'abbaye est fondée en 1279, mais la première abbesse connue ne meurt qu'en 1354 ; ce long délai de 75 ans entre la fondation et la mort de la supposée première abbesse suggère aux historiens qu'au moins une autre religieuse a été abbesse avant Agnès d'Orlamünde[9].

  • Agnes von Orlamünde (morte en 1354)
  • Kunigunde (ou Katharina) Notthafft von Weißenstein (morte en 1370)
  • Anna, Burggräfin von Nürnberg (de 1370 à 1383), fille de Jean II de Nuremberg
  • Ruth von Moßbach-Lindenfels
  • Agnes von Wallenrode (morte en 1409)
  • Katharina Förtsch (de 1409 à 1410)
  • Katharina Rieter (en 1410)
  • Katharina von Schaumberg (de 1410 à 1411)
  • Longa von Kotzau (de 1411 à 1428)
  • Adelheid von Blassenberg (de 1428 à 1460)
  • Elisabetha von Künsberg (de 1460 à 1484)
  • Margaretha von Zedwitz (de 1484 à 1499)
  • Magdalena von Wirsberg (de 1499 à 1522)
  • Ottilia Schenck von Siemau (de 1522 à 1529)
  • Apollonia von Waldenfels (de 1529 à 1543)[4]
  • Margareta von Döhlau (de 1543 à 1569)[5]

Architecture[modifier | modifier le code]

Photographie couleur d'une nef d'église, vue vers la façade et l'orgue, comportant deux tribunes qui courent des deux côtés.
L'église actuelle, vue vers l'orgue de tribune.
Photographie couleur d'une des coursives d'un cloître, dont les voûtes sont sculptées.
Le cloître de l'abbaye.

Les importants travaux menés à partir du XVIIe siècle dans le monastère n'ont laissé que l'église et l'aile nord du cloître dans l'état initial ; encore cet état initial est-il discutable en ce qui concerne l'église, dans laquelle deux tribunes filantes ont été ajoutées[5].

En revanche, l'abbatiale a conservé, ce qui est extrêmement rare, le mur de séparation entre les religieuses de chœur et les converses. Un vitrail représentant la Mère de Dieu et datant du XIVe siècle est également conservé[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (it) Luigi Zanoni, « Himmelkron », sur cistercensi.info, Certosa di Firenze (consulté le ).
  2. (de) « Weißer Main Fluss in Himmelkron », Monsterfisch (consulté le ).
  3. (de) Jochen Seidel, « Das Zisterzienserkloster Himmelkron und seine Bibliothek », Himmelkron (consulté le ).
  4. a et b (de) Harald Stark, « Das Kloster Himmelkron und der Adel », Himmelkron (consulté le ).
  5. a b c d e f g et h (de) Erich Schneider, « Geschichte », sur Haus der Bayerischen Geschichte: Museum (de) (consulté le ).
  6. a b et c (de) « Stiftskirche Himmelkron », Paroisse d'Himmelkron (consulté le ).
  7. a et b Bernard Peugniez, Routier cistercien, Gaud, , 1156 p. (ISBN 2-84080-044-6, présentation en ligne), « 2 - Himmelkron », p. 531.
  8. (de) « Zwischen Kloster und Jagdschloss », Markgrafen Kirche (consulté le ).
  9. Friedrich August Zinck 1900, p. 50.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Johann Ernst Teichmann 1739] (de) Johann Ernst Teichmann (de), Historische Beschreibung des alten Frauen-Closters Himmelcron, Bayreuth, (lire en ligne)
  • [Johann Kaspar Bundschuh 1800] (de) Johann Kaspar Bundschuh (de), « Beiträge zur Geschichte des ehemaligen Klosters Himmelkron », Geographisches Statistisch-Topographisches Lexikon von Franken, Ulm, vol. 15, no 2,‎ , p. 661-662 (OCLC 833753081)
  • [Alexander Johann Bilabel 1881] (de) Alexander Johann Bilabel, « Beiträge zur Geschichte des ehemaligen Klosters Himmelkron », Archiv für Geschichte und Alterthumskunde von Oberfranken, Bayreuth, vol. 15, no 2,‎ , p. 275-317
  • [Friedrich August Zinck 1900] (de) Friedrich August Zinck, « Einiges Neues aus Himmelkron », Historischer Verein für Oberfranken, Munich / Berlin, vol. 21, no 2,‎ , p. 49-56 (ISSN 0066-6335)
  • [M. Wieland 1903] (de) M. Wieland, Das Zisterzienserinnenkloster Himmelkron, Bregenz,
  • [Ernst Kießkalt 1909] (de) Ernst Kießkalt, Die Bildwerke des ehemaligen Zistercienserinnen-Klosters Himmelkron, Bayreuth,
  • [Johann Loer 1911] (de) Johann Loer, « Kurtze Beschreibung des löblichen Jungkfrawen-Closters HimelCron, am Fluß des Mains bei Culmbach uffm Gebierg gelegen », Archiv für Geschichte und Alterthumskunde von Oberfranken, Bayreuth, vol. 24, no 3,‎ , p. 1-20
  • [Theodor Zinck 1925] (de) Theodor Zinck, Himmelkron. Beschreibung seiner Vergangenheit und Gegenwart, Bayreuth,
  • [Helmuth Meißner 1972] (de) Helmuth Meißner, « 500 Jahre Klosterkreuzgang Himmelkron », Colloquium Hist. Wirsbergense, Lichtenfels, vol. 8,‎ , p. 1-20
  • [Helmuth Meißner 1974] (de) Helmuth Meißner, « Der Klosterkreuzgang Himmelkron. Geschichte und Beschreibung », Historischer Verein für Oberfranken, vol. 54,‎ , p. 5-84 (ISSN 0066-6335)
  • [Karl Müssel 1979] (de) Karl Müssel, « Des Himmels Krone am Weißen Main. Schicksal und Wandel eines Zisterzienserinnenklosters », Unser Bayern - Heimatbeilage der Bayerischen Staatszeitung, vol. 28, no 9,‎ , p. 69-71
  • [Joachim Hotz 1982] (de) Joachim Hotz, « Zisterzienserklöster in Oberfranken », Große Kunstführer, Munich, vol. 98,‎ , p. 71-80
  • [Helmuth Meißner 1998] (de) Helmuth Meißner, « Stiftskirche, ehemaliges Kloster und Schloss Himmelkron », Große Baudenkmäler, Munich / Berlin, no 245,‎ , p. 5-84 (OCLC 183401799)
  • [Helmuth Meißner 2003] (de) Helmuth Meißner, « Wappendarstellungen in und um das ehemalige Kloster Himmelkron », Historischer Verein für Oberfranken, Munich / Berlin, vol. 83,‎ , p. 223-259 (ISSN 0066-6335)
  • [Helmuth Meißner 2005] (de) Helmuth Meißner, « Wappendarstellungen in Himmelkron », Historischer Verein für Oberfranken, Munich / Berlin, vol. 85,‎ , p. 175-192 (ISSN 0066-6335)
  • [Helmuth Meißner 2006] (de) Helmuth Meißner, « Die Orlamünde-Epitaphien in Himmelkron », Historischer Verein für Oberfranken, Munich / Berlin, vol. 86,‎ , p. 93-108 (ISSN 0066-6335)