Dictionnaire de la langue française

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Dictionnaire de la langue française
Page de titre du Littré dans son édition de 1863.
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Dictionnaire de la langue française
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Le Dictionnaire de la langue française, communément appelé « le Littré » selon le nom de son auteur Émile Littré, est un dictionnaire de la langue française.

Description

D'abord conçu en 1841 comme un dictionnaire étymologique qui serait publié chez Hachette, le projet se transforme en 1846 en un dictionnaire étymologique, historique et grammatical, pour finalement adopter son modèle définitif. Pour cette réalisation, Louis Hachette lui adjoint ses condisciples Édouard Sommer et Bernard Jullien, et il fait appel à une équipe de lecteurs :

« M. Hachette mit à ma disposition des personnes instruites qui lurent pour moi les auteurs, et inscrivirent, sur de petits papiers portant en tête le mot et l'exemple, les phrases relevées[1] ». Des collaborateurs bénévoles « s'adjoignirent à la petite équipe, qui travaillait en relations étroites avec l'éditeur[1]. »

Littré présente ainsi son dictionnaire dans la préface :

« Je n'ai prétendu à rien de moindre qu'à donner une monographie de chaque mot, c'est-à-dire un article où tout ce qu'on sait sur chaque mot quant à son origine, à sa forme, à sa signification et à son emploi, fût présenté au lecteur. Cela n'avait pas encore été fait[2]. »

Le Littré en quatre volumes, édition de 1889.

En ce qui concerne le choix des mots à inclure, Littré ne se contente pas de reprendre les mots figurant dans le Dictionnaire de l'Académie, dont l'édition la plus récente datait de 1835, mais intègre les mots trouvés dans la littérature des XVIIe et XVIIIe siècles, ainsi que des termes techniques, des néologismes et des mots de la langue parlée[3]. Ainsi le dictionnaire intègre dans sa version la plus complète près de 80 000 entrées, ce qui en fait le dictionnaire le plus complet de son époque[4]. Il innove aussi en organisant les articles selon « un ordre à la fois logique et historique »[3]. Les articles présentent une étymologie de chaque mot (telle qu'elle était connue ou supposée par Littré, qui n'avait pas de formation philologique[3]), les différences sémantiques entre plusieurs synonymes, des remarques grammaticales sur le bon usage, et de nombreuses citations littéraires. Celles-ci sont la principale raison de la réputation de l'ouvrage et ont contribué à en faire « un des monuments les plus remarquables élevés en l'honneur d'une langue vivante »[5].

En revanche, on a critiqué le côté puriste de l'ouvrage, qui recommande parfois des prononciations tombées en désuétude[6] et peu accueillant aux termes techniques. Comme le remarquait déjà son contemporain Pierre Larousse : « Souvent entre deux mots qui se suivent, chez M. Littré, pourraient s'en glisser une vingtaine d'autres qui, sans être usuels, devraient occuper une place dans un dictionnaire aussi volumineux »[5].

Outre ces lacunes de la nomenclature et les insuffisances du savoir étymologique, les spécialistes déplorent « le désordre du classement et l'absence de référence aux grands écrivains du XIXe siècle »[5]. Dépassé sur le plan lexicologique, ce dictionnaire survit cependant à titre de monument élevé à la « religion de la langue » et continue à procurer à ceux qui le consultent « un plaisir intense, subtil [et] inépuisable », selon Alain Rey[7].

Le Dictionnaire de la langue française est publié par Hachette entre 1863 et 1872 pour la première édition ; et entre 1873 et 1877 pour la seconde édition. Il compte quatre volumes, auxquels s'est ajouté un Supplément, comprenant des néologismes et des ajouts, suivi d'un dictionnaire étymologique des mots d'origine orientale (arabe, hébreu, persan, turc, malais), par Marcel Devic.

Une version abrégée, connue en France sous le nom de Petit Littré, et au Canada sous celui de Littré-Beaujean, a été publiée en 1874 par le principal collaborateur de Littré, Amédée Beaujean.

Éditions modernes

Rééditions modernes

  • Éditions Jean-Jacques Pauvert, 1956, 13 724 pages, 26 x 13, sept tomes (a-c, c-d, d-g, g-m, m-p, p-s, s-z), reliure cartonnée-toilée
  • Dictionnaire de la langue française - Édition nouvelle en quatre tomes respectant le découpage de 1874 (a-c, d-i, j-p, q-z), maquette de Jacques Daniel, contenu expurgé des étymologies, « fausses pour la plupart ou peu précises »[réf. nécessaire], présentation sur deux colonnes
  • Éditions Encyclopædia Britannica
    • Quatre tomes + supplément, 1974
    • Six tomes + supplément, 1987

Version contemporaine

Une version mise à jour et augmentée de la version abrégée de 1874 est publiée à partir de 2004 sous les noms de Nouveau Littré et Nouveau Petit Littré. Toutefois, les versions contemporaines du Littré, en particulier les collections en plusieurs volumes (datant des années 1960 et au-delà), sont tout à fait différentes de l'édition originale, en se démarquant sur les points suivants : simplification sémantique de beaucoup d'articles, ce qui se traduit par la disparition de remarques grammaticales, des différences entre les divers synonymes, et surtout la suppression pure et simple de l'étymologie des mots.

Par ailleurs, la disposition typographique et l'organisation des articles dont le principal souci était la clarté des divers sens d'un mot (marquée par des paragraphes bien séparés dans l'édition originale) n'est plus reproduite dans le Nouveau Littré. À partir de son édition 2006, le Nouveau Littré a intégré toutes les rectifications orthographiques de 1990[8]. La dernière version en grand format aux éditions Garnier du Nouveau Littré date de 2008 (en coffret : le dictionnaire lui-même accompagné d'un second ouvrage peu épais, "le vocabulaire du français des provinces").

Notes et références

  1. a et b Georges Matoré, Histoire des dictionnaires français, Paris, éditions Larousse, 1968, p. 119.
  2. P. xxxviii. Cité par Henri Meschonnic, Des mots et des mondes, Paris, Hatier, 1991, p. 168.
  3. a b et c Georges Matoré, op. cit., 1968, p. 120-121.
  4. Alexander Geyken, « Quelques problèmes observés dans l’élaboration de dictionnaires à partir de corpus », Langages,‎ , p. 132 (ISBN 9782200924676, lire en ligne).
  5. a b et c Georges Matoré, op. cit., 1968, p. 124.
  6. Georges Matoré, op. cit., 1968, p. 122. Voir notamment l'article « Ours » disponible en ligne et dont la prononciation recommandée est toujours en vigueur au Québec.
  7. Cité par Henri Meschonnic, op. cit., 1991, p. 175.
  8. Chantal Contant, Grand vadémécum de l'orthographe moderne recommandée, De Champlain, Montréal, 2009 (ISBN 978-2-9808720-2-0), p. 11.

Annexes

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