Martin Bécan
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Martin Bécan (forme latine : Becanus), né à Hilvarenbeek (Brabant-Septentrional) le et décédé à Vienne (Autriche) le , est un jésuite des Pays-Bas espagnols, théologien et controversiste catholique de la Contre-Réforme.
Éléments biographiques
Son vrai patronyme serait Schillebeckx ou Schellekens. Il fit ses études au Collegium Tricoronatum[1] de Cologne, et une fois devenu maître ès arts () entra dans la Compagnie de Jésus le suivant. Il enseigna au même Collegium les humanités jusqu'en 1590, puis la philosophie de 1590 à 1593. Il poursuivit des études de théologie et fut reçu docteur dans cette discipline en 1594.
Il enseigna ensuite la théologie catholique pendant vingt-deux ans, d'abord à Wurtzbourg, puis à Mayence, enfin à Vienne (appelé dans cette dernière ville par l'empereur Matthias Ier en 1613). À partir de 1620, il fut confesseur de l'empereur Ferdinand II.
Il étonnait la cour en refusant l'aide de tout domestique, faisant lui-même son lit, passant le balai dans sa chambre et allant chercher lui-même l'eau nécessaire à sa toilette.
Théologien et bibliste
- Comme théologien, son œuvre principale est une Summa theologiæ scholasticæ en deux parties, dont la première édition se fit à Mayence, en quatre volumes, en 1612 (ensuite : Lyon, A. Pillehotte, 1620 ; Paris, F. Jacquin, 1625 ; Douai, G. Patté, 1627 ; Paris, M. Guillemot, 1634 ; Lyon, N. Gay, 1644 ; Paris, J. Jost, 1645 ; Rouen, R. Lallement et J. Behourt, 1651 ; Paris, Bechet et Billaine, 1658 ; Paris, M. Coustelier, 1666 ; Paris, Ch. Cabry, 1679 ; Lyon, de Ville, 1690 ; Paris, 1724). Le contenu est très proche, en plus court, du grand commentaire de la Somme théologique de Thomas d'Aquin par Francisco Suárez. La partie consacrée à la Prima secundæ devint un manuel de casuistique très répandu.
- On lui connaît également un Tractatus de Deo et attributis divinis (Munich, 1611).
- En matière d'exégèse biblique, il est l'auteur d'un autre ouvrage longtemps très répandu : Analogia Veteris ac Novi Testamenti, in qua primum status Veteris, deinde consensus, proportio et conspiratio illius cum Novo explicatur, Mayence, 1620 (et ensuite Douai, 1632 ; Louvain, 1661 ; Bruxelles, 1705, etc., jusqu'à Malines, 1831). Cet ouvrage est longtemps resté un livre de référence dans beaucoup de séminaires de France et de Belgique.
Écrits polémiques
Mais c'est surtout comme infatigable polémiste anti-protestant qu'il est passé dans l'histoire. En la matière, ses principales publications furent les suivantes :
- De desperata Calvinistarum prædestinatione, Mayence, 1602.
- Brevis refutatio quarundam propositionum Philippi Plessæi Calvinistæ de Eucharistia (réfutation du livre de Philippe Duplessis-Mornay sur l'eucharistie).
- Aphorismi doctrinæ Calvinistarum, ex eorum libris, dictis et factis collecti, Mayence, 1608 (livre conçu comme une réplique aux Aphorismi doctrinæ Jesuitarum et aliorum aliquot pontificiorum doctorum qua verus christianismus corrumpitur, un pamphlet calviniste publié à Francfort la même année).
- Serenissimi Jacobi, Angliæ regis, Apologiæ et monitoriæ Præfationis ad imperatorem, reges et principes refutatio, Mayence, 1610 (réfutation de l'Apologie que le roi anglais Jacques Ier fit publier après la conspiration des poudres, justifiant l'imposition d'un serment de fidélité à ses sujets catholiques).
- Duellum Martini Becani cum Guilielmo Tooker de primatu regis Angliæ, Mayence, 1612 (polémique avec William Tooker, chapelain du roi d'Angleterre).
- Controversia Anglicana de potestate regis et pontificis, contra Lancelottum Andream, sacellanum regis Angliæ, qui se episcopum Eliensem vocat, pro defensione illustrissimi cardinalis Bellarmini, Mayence, 1612 (contre Lancelot Andrews, évêque d'Ely et aumônier du roi Jacques Ier, et en soutien au cardinal jésuite Robert Bellarmin ; livre sur le pouvoir du pape et des rois qui fut considéré comme « exagéré » à Rome même, où on le mit à l'Index le pour éviter une condamnation par la Sorbonne qui aurait comporté des paragraphes contre l'autorité du pape ; corrigé par l'auteur et republié avec une dédicace au pape Paul V).
- De republica ecclesiastica libri quattuor, contra Marcum Antonium de Dominis, archiepiscopum Spalatensem, nunc desertorem et apostatam, Mayence, 1618 (contre le De republica christiana, traité anti-papiste publié en Angleterre en 1617 par Marco Antonio de Dominis).
- Manuale controversiarum theologicarum hujus temporis, in quinque libros distributum, Wurtzbourg, 1623 (ouvrage qui eut une très grande diffusion, avec plus de vingt éditions dans toute l'Europe catholique, une version abrégée intitulée Compendium manualis... (le « petit Bécan », paru dans environ 55 éditions jusqu'à la fin du XVIIIe siècle[2]), des traductions en plusieurs langues, dont une en arabe par le missionnaire jésuite Pierre Fromage)[3].
Trente-sept de ses opuscules anti-protestants furent bientôt rassemblés sous le titre Opuscula theologica : Paris, Jérôme Drouart, 1617-31 (trois volumes, dont le second a 957 pages) ; Mayence, 1631 ; Paris, 1632 ; Douai, 1634 ; Francfort, 1649 ; Rouen, 1657.
En dehors de nombreuses réponses et réfutations opposées aux ouvrages particuliers de Bécan, il s'est publié plusieurs livres du genre Anti-Becanus, entre autres celui du calviniste allemand Johannes Crocius[4] (2 vol., Marbourg, 1626), celui du luthérien Johann Matthäus Meyfart (Anti-Becanus, sive Manualis controversiarum theologicarum confutatio, 2 vol., Leipzig, 1627), l'ouvrage collectif (cinquante dissertations) publié sous la direction de Johannes Cocceius (Refutation Compendii Manualis Martini Becani jesuitæ, Franeker, 1647).
Beaucoup d'ouvrages de Martin Bécan furent repris dans l'arrêt du Parlement de Paris du visant la « Société soi-disant de Jésus » (les Jésuites) (au titre de « l'enseignement et pratique d'attentats à l'autorité et à la vie des rois par les membres de ladite Société ») et condamnés à être « lacérés et brûlés dans la cour du Palais, au pied du grand escalier d'icelui, par l'exécuteur de la haute justice ».
Notes et références
- Collegium Tricoronatum ou Collège des Trois Couronnes : collège de l'ancienne université de Cologne, fondé en 1450, pris en charge par la municipalité en 1552 (d'où son nom, venant des trois couronnes qui figurent sur les armes de Cologne), confié aux jésuites officiellement en 1582.
- Werner Raupp, Becanus, Martinus, dans: Frühe Neuzeit in Deutschland, 1620–1720 (VL 17) (cf. Bibliographie), col. 491, 497.
- « BIBLIOGRAPHIE », dans Energie, Elsevier, (ISBN 978-0-08-024782-3, lire en ligne), p. 491–497
- Johannes Crocius (1590-1659), frère de Ludovicus Crocius (1586-1653 ou 55).
Annexes
Bibliographie
- Martin Bécan, dans Louis Ellies Dupin, Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, chez Pierre Humbert, Amsterdam, 1711, tome XVII, p. 62-63 (lire en ligne)
- Jean-Noël Paquot, Mémoires pour servir à l'histoire littéraire des dix-sept provinces des Pays-Bas..., t. VIII, p. 343-369.
- Carlos Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. I, p. 1091-1111.
- Werner Raupp: Becanus (Bécan, Verbee[c]k, Van der Bee[c]k; Schellekens, Scell-), Martinus (Martin), dans : Frühe Neuzeit in Deutschland, 1620–1720. Literaturwissenschaftliches Verfasserlexikon (VL 17), t. 1, Berlin/Boston: De Gruyter 2019, col. 481–502 (avec bibliographie détaillée).
Article connexe
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :