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Toshiko Yuasa

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Toshiko Yuasa (湯浅年子), née à Tokyo le , morte à Rouen (France) le , est une physicienne nucléaire japonaise[1],[2]. Elle a été la première femme physicienne japonaise et elle a joué un rôle de modèle pour les femmes scientifiques japonaises similaire à celui joué par Marie Curie en France[3].

Enfance et éducation

Toshiko Yuasa est née à Tokyo dans l'arrondissement de Taitō en 1909[4]. son père était ingénieur à l'office des brevets du Japon et sa mère était issue d'une famille littéraire[5]. Toshiko Yuasa est la cinquième d'une famille de sept enfants[3]. Elle a commencé ses études scientifiques à l'école normale supérieure pour femmes de Tokyo (actuelle université féminine d'Ochanomizu) de 1927 à 1931[4]. Elle s'est ensuite dirigée vers la physique à l'Université Bunrika de Tokyo (actuelle Université de Tsukuba) de 1931 à 1934. Elle devient ainsi la première femme japonaise à étudier la physique à l'université dans une période où très peu de femmes sont physiciennes dans le monde, et où les femmes ne représentent au Japon qu'une faible partie du corps des ingénieurs et des scientifiques[4],[6].

Carrière

1934-1940: Ses débuts au Japon

Yuasa commence à enseigner à l'université Bunrika de Tokyo en tant que professeure adjointe après son diplôme de physique en 1934. Elle y a également commencé ses recherches concernant la spectroscopie moléculaire. En 1935, elle devient lectrice à la Tokyo Woman's Christian University où elle reste jusque 1937. L'année suivante, elle devient maîtresse de conférence à l'école normale supérieure pour femmes de Tokyo[7]. Yuasa a été inspirée par la découverte de la radioactivité artificielle par Irène Joliot-Curie et Frédéric Joliot-Curie à l'Institut Curie.

1940-1945: Recherches en France et en Allemagne

En raison de conditions de recherches difficiles au Japon, Yuasa se rend à Paris en 1940, alors que la Seconde Guerre mondiale vient de débuter en Europe[3]. Elle travaille sous la direction de Frédéric Joliot-Curie au laboratoire de chimie nucléaire du Collège de France, où elle a contribué à l'étude du spectre continu des rayonnements bêta émis par les corps radioactifs artificiels[4],[8]. En 1943, elle soutient sa thèse d’état sur la désintégration bêta intitulée Contribution à l'étude du spectre continu des rayons β− émis par les corps radioactifs artificiels[4]. En août 1944, Yuasa reçoit l'ordre de quitter Paris pour Berlin en raison de l'avancement des forces alliées. Elle continue ses recherches à l'Université Humboldt de Berlin où elle développe son propre spectromètre à double focalisation[3].

1945-1949: Retour forcé au Japon

En 1945, les Soviétiques lui ordonnent de repartir au Japon et elle emporte son spectromètre avec elle[3]. À son retour à Tokyo, elle enseigne à l'école normale supérieure pour femmes de Tokyo[7] mais elle est incapable de poursuivre ses travaux en raison de l'interdiction d'effectuer des recherches nucléaires imposée par les forces d'occupation des États-Unis[4]. De 1946 à 1949, elle travaille à l'institut de recherche RIKEN et est lectrice à l'institut de recherche en chimie à l'université de Kyoto entre 1948 et 1949[7].

1949-1974: Recherches en France au CNRS

Yuasa retourne en France en mai 1949 et est nommée chargée de recherches au CNRS à l'Institut de physique nucléaire d’Orsay. Elle y reprend ses travaux sur la radioactivité β notamment en se servant d'une chambre à brouillard. Dans un article de 1955, elle prévient des dangers des essais nucléaires dans l'atoll de Bikini lors de l'Opération Castle. En 1957, elle est promue maître de recherche au CNRS[3]. Dans les années 1960, elle étudie la réaction nucléaire à l'aide du synchrocyclotron. En 1962, elle achève une thèse à l'université de Kyoto intitulée Étude du type d’invariant de l’interaction Gamow-Teller en désintégration β− de 6He[4].

Mort et postérité

En 1974, Yuasa est retraitée du CNRS mais continue ses recherches en tant que chercheuse émérite à partir de 1975. En 1976, elle reçoit la médaille au ruban pourpre par le gouvernement japonais pour sa promotion des échanges culturels entre la France et le Japon[3]. Elle est hospitalisée en janvier 1980 au Centre Henri-Becquerel à Rouen[4] et meurt d'un cancer le à l'âge de 70 ans[3]. Elle reçoit la médaille de la troisième classe de l'Ordre de la Couronne précieuse à titre posthume en 1980[4]. Elle a joué un rôle de modèle pour les femmes scientifiques au Japon similaire à celui joué par Marie Curie en France. En 2002, l'université féminine d'Ochanomizu fonde le Prix Toshiko Yuasa pour aider des jeunes femmes scientifiques à voyager en France pour continuer leurs études[3]. En 2008, à l’occasion des 150 ans des relations France-Japon, l'Institut national de physique nucléaire et de physique des particules organise une cérémonie en sa mémoire, au siège du CNRS[9]. La même année, son nom été attribué au LIA (Laboratoire international associé) franco-japonais FJ-PPL. Une cérémonie équivalente a eu lieu à l'université féminine d'Ochanomizu et deux timbres ont été édités en son honneur[10].

Bibliographie

  • Nakamura, H., Reide, F., & Yuasa, T. (1973). A detection system with a large liquid scintillation counter for high energy neutron studies with neutron gamma discrimination. Nuclear Instruments and Methods, 108(3), 509-516 (http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/0029554X73905326 résumé])
  • Yagi, E., Matsuda, H., & NARITA, K. (1997). Toshiko YUASA (1909-1980), and the Nature of her Archives at Ochanomizu Univ. in Tokyo. Historia scientiarum. Second series: international journal of the History of Science Society of Japan, 7(2), 153-162.
  • Toshiko Yuasa (1909-80): the First Japanese Woman Physicist and Her Followers in Japan] ; Women in Physics, AAPPS Bulletin August 2007, Vol. 17, No. 4 239-248 (https://www.jstor.org/stable/43700345?seq=1#page_scan_tab_contents notice de présentation] et 1ère page).
  • Yuasa, T. (1937). Sur les Spectres nouveaux de Fluorure de Silicium (SiF). Science Reports of the Tokyo Bunrika Daigaku, Section A, 3(61/63), 195-203.
  • Yuasa, T. (1965). Quasi-Elastic p−α Scattering in C12. Reviews of Modern Physics, 37(3), 399 (http://journals.aps.org/rmp/abstract/10.1103/RevModPhys.37.399 résumé]).
  • Yuasa, T. (1938). Sur les bandes du fluorure d'alminium (AlF). Science Reports of the Tokyo Bunrika Daigaku, Section A, 3(65/67),
  • KOU, Emi (洪江美) (2008). Toshiko Yuasa: Workshop France-Japan Particle Physics Laboratory 2008 での講演 (平成 20 年 5 月 16 日).
  • Kawashima, K. (2012). Nobuo Yamada and Toshiko Yuasa: Two Japanese Scientists Who Became the Pupils ofthe Curies.
  • H. Matsuda, M. Yamazaki, and E. Yagi, eds., Catalog of Toshiko YUASA’s Ar-chives (Institute for Women’s Studies, Ochanomizu University, 1993)
  • H, Matsuda and M. Yamazaki, Catalog of Tosiko YUASA’s Archives (Institute for Gender Studies, Ochanomizu University, 1998), the second series.
  • M.Yamazaki, YUASA Toshiko Shiryou Souran (Catalog of T. YUASA’s archives, the third series) (Institute for Gender Studies, Ochanomizu University, 2005).
  • M. Yamazaki, Parini-ikita Kagakushya T. YUASA (Scientist YUASA‘s whole life in Paris (in Japanese); Iwanami (Paper backs), 2002), p. 196
  • T. Yuasa, “A propos des l’existence des particules positives emises par 32 P, emetteur des rayons beta”, C. R.234, 619 (1952).
  • Yuasa and J. Laberrigue-Frolow. “Rapport sur analyses fait au Japon, des cendres radio-actives projetées lors de l’explosion de Bikini du ”, Pathologie et Biologie, Annales de la recherche medicale ; 32 (3), 1-12 (1956).
  • T. Yuasa and E. Hourany, “Quasi- elastic p-α (alpha ) scattering in 12 C”, Proc. Conf. Gatlinburg (1964); Rev. Mod. Phys. 37 , 399 (1965).
  • T. Yuasa and Y. Deschamps, E. Ho - urany, S, Kakigi, and F. Reide, “A study of a large plastic scintillation fast neutron detector”, Nucl. Instr. & Meth. 155 , 135 (1978).
  • T. Yuasa and H, Nakamura-Yokota, and N. Fuziwara, “Proton induced 2 H and 3 He breakup at 156 MeV”, Suppl. Prog. Theor. Phys. 61 , 161 (1977).

Notes et références

  1. Biographie de Yuasa Toshiko par Gisèle Vergnes sur le site de l'association des Anciens et des Amis du CNRS
  2. Biographie sur le site du Laboratoire de Physique Théorique d'Orsay
  3. a b c d e f g h et i (en) Eri Yagi et Hisako Matsuda, « Toshiko Yuasa (1909-80): the First Japanese Woman Physicist and Her Followers in Japan », AAPPS Bulletin, vol. 17, no 4,‎ , p. 15-17 (lire en ligne, consulté le )
  4. a b c d e f g h et i (en) « Toshiko Yuasa (1909~1980) », université féminine d'Ochanomizu (consulté le )
  5. (en)Biographie de Toshiko Yuasa par Emi Kou sur le site du Laboratoire de Physique théorique d'Orsay
  6. (en) Naonori Kodate et Kashiko Kodate, Japanese Women in Science and Engineering : History and Policy Change, Taylor & Francis, , 158 p. (ISBN 978-1-317-59504-5, lire en ligne), p. 53
  7. a b et c (en) Catharine M. C. Haines, International Women in Science : A Biographical Dictionary to 1950, ABC-CLIO, , 341–342 p. (ISBN 978-1-57607-090-1, lire en ligne)
  8. Kawashima, K. (2012). Two Japanese scientists and the Curie family, Nobuo Yamada and Toshiko Yuasa. Actualite Chimique, 51-55 (résumé)
  9. Hommage à Toshiko Yuasa par le CNRS
  10. Toshiko Yuasa : la “Marie Curie” japonaise (1909-1980)

Liens externes