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Jean Soler

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Jean Soler
Jean Soler en 2006.
Biographie
Naissance
Décès
(à 86 ans)
Cabestany
Nom de naissance
Jean Comes Joseph SolerVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Œuvres principales
  • Qui est Dieu ?
  • Le sourire d'Homère
signature de Jean Soler
Signature

Jean Soler, né le à Arles-sur-Tech (Pyrénées-Orientales) et mort le [1] à Cabestany, est un écrivain et philosophe français des monothéismes.

Après une carrière de diplomate culturel qui l’a conduit en Israël, en Iran et en Belgique, il s’est consacré à la rédaction d’ouvrages qui souhaitent bouleverser notre connaissance de la Bible, déchiffrer les origines de la croyance en un Dieu unique et expliquer pourquoi, selon lui, le monothéisme incline à la violence.

Biographie

Après des études secondaires au lycée François-Arago de Perpignan et une khâgne à Montpellier, Jean Soler étudie à la Sorbonne jusqu’à l’agrégation de lettres (1959)[2], tout en étant surveillant, puis bibliothécaire au lycée Chaptal de Paris.

Il enseigne les lettres classiques au lycée de Blida, en Algérie, puis, après un passage dans l’armée (1959-1961), au Lycée international de Fontainebleau (1961-1964).

Il est directeur du Centre de civilisation française et d'études francophones à l’université de Varsovie de 1965 à 1968, puis conseiller culturel et scientifique à l’ambassade de France en Israël (1968-1973), en Iran (1973-1977) et en Belgique (1977-1981).

Le ministère de la Culture le nomme directeur régional des Affaires culturelles pour la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (1981-1985), puis secrétaire général du Conseil national des langues et des cultures régionales (1985-1987).

De retour au ministère des Affaires étrangères, il est de nouveau nommé, vingt ans après, au poste de conseiller culturel à l’ambassade de France en Israël (1989-1993).

Jean Soler quitte alors la fonction publique et se consacre à la rédaction de livres.

En 2009, son nom est donné à la bibliothèque-médiathèque de son village natal du Vallespir, Arles-sur-Tech.

Œuvre

  • Sémiotique de la nourriture dans la Bible, Annales, 1973[3].

Cette interprétation originale des interdits alimentaires bibliques fournit une voie d’accès à l’univers mental des Hébreux. Approuvée par Claude Lévi-Strauss, elle a été traduite aux États-Unis et publiée trois fois :

  • dans un ouvrage collectif de l’université Johns Hopkins : Food and Drink in History, 1979[4] ;
  • dans un numéro de la New York Review of Books, 1979[5] ;
  • dans une anthologie d’études considérées comme classiques sur les rapports de la nourriture et de la culture : Food and Culture (Routledge, New York et Londres, 1997)[6].

La notoriété de Jean Soler lui a valu de collaborer à deux ouvrages collectifs :

  • Histoire universelle des Juifs[7](Hachette,1992) sous la direction d’Élie Barnavi, directeur du département d’histoire à l’université de Tel-Aviv ;
  • Histoire de l’Alimentation[8] (Fayard, 1996) sous la direction de Flandrin et Montanari.

Jean Soler a publié ensuite aux éditions de Fallois, sous le titre général Aux origines du Dieu unique[9], un essai en trois volumes :

  • L’Invention du monothéisme, en 2002. Ce livre propose une explication historique et anthropologique des origines et des raisons d’être de la croyance en un Dieu unique. Il a été salué par deux prix Nobel, l'un de littérature, Claude Simon, l'autre de chimie, Ilya Prigogine, par deux professeurs du Collège de France, l'historien Paul Veyne et l'archéologue Christian Goudineau, ainsi que par le philosophe et anthropologue Edgar Morin[10].
  • La Loi de Moïse, en 2003. Jean Soler affirme que les lois attribuées à Moïse, à commencer par les Dix Commandements, ne s’adressent qu’aux Juifs et visent à assurer la cohésion de leur peuple.
  • Vie et mort dans la Bible, en 2004. Ce volume met en évidence l’usage symbolique de la nourriture dans l’alimentation, les jeûnes et les sacrifices des Hébreux.

La trilogie Aux origines du Dieu unique a été reprise dans la collection de poche « Pluriel » chez Hachette (2004, 2005, 2006).

En , paraît La Violence monothéiste[11], aux éditions de Fallois. Comparant les civilisations des dieux multiples – celles de la Chine et principalement de la Grèce – avec les civilisations du Dieu unique, Jean Soler estime que le monothéisme peut conduire à l’intolérance et à l’extrémisme. Qu’ils soient réels ou imaginaires, les meurtres et les massacres collectifs ordonnés par le dieu de la Bible obéiraient à une logique totalitaire : un seul Dieu, un seul chef et une doctrine unique au service d’un seul peuple. Cette idéologie, qui porte à l’élimination des adversaires, à l’extérieur, et des déviants, à l’intérieur, pour peu que les circonstances le permettent, se serait transférée, sous des formes variées, dans les peuples devenus chrétiens ou musulmans. Jean Soler revendique, en conclusion de la violence monothéiste, un « scepticisme constructif » qui engagerait à la tolérance.

En , parait Qui est Dieu ? (Fallois). En quelque 120 pages, Jean Soler fait une synthèse de ses travaux qui met en lumière « six contresens sur le dieu de la Bible ». Selon Michel Onfray, (Le Point n° 2073, ) « cet agrégé de lettres classiques [sic] déconstruit les mythes et légendes juifs, chrétiens et musulmans avec la patience de l'horloger et l'efficacité d'un dynamiteur de montagne »[12]. Cet article et le livre de Soler ont été sévèrement critiqués par le rabbin massorti Yeshaya Dalsace dans La Règle du jeu[13]. De même, selon le professeur de psychologie Tobie Nathan, ce « livre ne devrait pas s'intituler Qui est Dieu, mais bien Adversus Judei [sic], « Contre les Juifs »[14]. Jean Soler, répondant à ces critiques en citant leurs auteurs, note qu'il y a chez ses détracteurs une « sainte union [...] de la malveillance et de l’ignorance »[15]. Dans ce livre, Soler explique qu'en ne s'attachant qu'au texte biblique, on en vient à la conclusion que Moïse ne croyait pas en Dieu. En effet, selon lui, les premiers juifs étaient polythéistes et que le premier commandement n'exprime pas l'existence d'un Dieu unique mais d'un Dieu qui souhaite être vénéré et dont le peuple ne doit pas vénérer d'autres Dieux. Il s'agirait donc de monolâtrie.

 : Le sourire d'Homère (Fallois, 236 pages). « J'ai voulu faire, avec Homère, pour la civilisation grecque et, plus largement, méditerranéenne, le même travail de remontée aux sources que celui que j'ai fait avec la Bible, pour la civilisation hébraïque et les monothéismes qui en sont issus, écrit Jean Soler en quatrième de couverture. Et je confronte, chemin faisant, ces deux civilisations, mères de la nôtre, afin de mieux cerner ce que chacune a de spécifique. »

 : Dieu et moi (Fallois, 340 pages). Aux livres qu’il a consacrés à la Bible, Jean Soler ajoute ce « Dieu et moi » qui clôt en quelque sorte le sujet et dont le sous-titre donne la tonalité : « Comment on devient athée. Et pourquoi on le reste ». Le récit de sa vie, et notamment de sa carrière internationale conduite autant par le hasard que par la volonté, explique comment il a pu s’engager sur des voies inexplorées de la Bible.

Références

  1. Avis de décès
  2. Site Lauréats de l'agrégation
  3. Jean Soler, 'Semiotique de la nourriture dans la Bible' in Annales: économies, sociétés, civilisations, vol. 28 (1973), pp. 943-55,
  4. Jean Soler, « The Semiotics of Food in the Bible », Food and Drink in History, édité par Robert Forster et Orest Ranum. Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1979.
  5. (en-US) Jean Soler, traduit par Elborg Forster, « The Dietary Prohibitions of the Hebrews », New York Review of Books, 14 juin 1979
  6. Jean Soler, The Semiotics of Food in the Bible, From Food and Culture: A Reader, éd. Carole Counihan et Penny Van Esterik. New York : Routledge, 1997, p. 55-66.
  7. Histoire Universelle des juifs, dirigée par Élie Barnavi, Hachette, 1993
  8. Jean Soler, Les raisons de Ia Bible: règles alimentaires hébraiques. Histoire de l’alimentation, sous la direction de Jean-Louis Flandrin et Massimo Montanari, Fayard, c1996. JFF 98-87.
  9. Jean Soler, Aux origines du dieu unique. En trois tomes : 1) L’invention du monothéisme (2002), 2) la loi de Moise (2003), 3) Vie et mort dans la Bible (2004). Éditions de Fallois.
  10. Voir leurs jugements en quatrième page de couverture de son livre La loi de Moïse
  11. Jean Soler, La Violence monothéiste, Fallois, 2008.
  12. Michel Onfray, « Michel Onfray : Jean Soler, l'homme qui a déclaré la guerre aux monothéismes », sur www.lepoint.fr, (consulté le )
  13. « Les bourdes bibliques de Monsieur Onfray », Yeshaya Dalsace, laregledujeu.org, 20 juin 2012
  14. « Qui est Jean Soler ? », L'Arche, n° 639, octobre 2012
  15. « De quoi le scandale Jean Soler est-il le nom? », entretien Jean Soler, blogelements, 7 février 2013

Liens externes