Aller au contenu

Jacques Lizot

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Jacques Lizot
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 84 ans)
SaléVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Jacques Lizot

Jacques Lizot, né le à Paris et mort le à Salé au Maroc[1], est un ethnologue français, ancien élève de Claude Lévi-Strauss.

Après un premier voyage d'observation en Algérie en 1966 où il étudie les structures sociales du village de Metidja, Jacques Lizot part de 1968 à 1970 au Venezuela, dans le cadre d'une mission conjointe entre le CNRS et le CEA. Il étudie plusieurs groupes ethniques du peuple Yanomami dans une région du Haut-Orénoque isolée de la civilisation sud-américaine.

Il s'est opposé à ses confrères nord-américains qui ne percevaient pas la richesse de la vie sociale des Yanomami, qu'ils décrivaient publiquement comme un peuple violent. Ces controverses et sa présence exclusive sur le terrain lui ont causé de fortes inimitiés dans son cercle professionnel [2].

Dans un ouvrage de 2000, Darkness in Eldorado, le journaliste polémiste Patrick Tierney profère à son encontre des accusations d'abus sexuels sur des adolescents yanomamis, et impute à d'autres anthropologues des pratiques critiquables voire illégales [3],[4]. Des enquêtes indépendantes ultérieures démontrent que certaines de ces allégations étaient exagérées, fausses ou diffamatoires, mais n'ont pas remis en cause les faits attribués à Lizot [5].

En 2003, Jacques Lizot adresse un courriel à l' Association Américaine d'Anthropologie dans lequel il nie en bloc les accusations portées contre lui, dénonce les incohérences et souligne le fait que ses droits à la défense ont été bafoués[6].

En 2006, un documentaire sur Jacques Lizot "Au delà des apparences" écrit et réalisé par Margarita Cadenas[7] enquête sur la vie du chercheur du CNRS en Amazonie à partir du Haut-Orénoque jusqu'aux villages cévenols, en passant par les hauts lieux parisiens du savoir [8]. Dans ce film documentaire, présenté en avant-première au Collège de France à Paris, des témoins directs parlent de Jacques Lizot.

Ils rapportent tous son expérience unique d'immersion totale durant 24 ans chez les Indiens Yanomami du Haut-Orénoque. Son effort de socialisation dans les communautés qui l'ont accueilli, son apport scientifique et humaniste et ses pratiques professionnelles qui n'ont en rien affecté l'existence de ce groupe ethnique.

Bien au contraire, dans son célèbre livre Le cercle des feux [9], Jacques Lizot s'applique à restituer à ses lecteurs la réalité des caractéristiques humaines des Yanomami et leur mode de survie dans la jungle. Il offre un récit fidèle et émouvant enrichi de détails, de précisions et d'humour, de la réalité du vécu quotidien de ces Indiens.

Sur place, il aura méthodiquement étudié et appris la langue yanomami. Il publiera en 2004 un dictionnaire Français-Yanomami [10]. Ce sera sa façon à lui de sauver de l'extinction la vie sociale et culturelle de ce modèle d'organisation humaine et de société unique au monde.

Il cède en 2004 son fonds documentaire au Collège de France [11] puis rejoint le Maroc en 2009 où il achèvera son parcours de vie dans son riad de la ville de Salé.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Metidja, un village algérien : culture matérielle et organisation sociale, 1967.
  • Dictionnaire yanomami-français, Laboratoire d’Anthropologie Sociale, 1970.
  • "Les Indiens Yanoamas et la raison des Blancs", Critique, 1970.
  • "Compte rendu de mission chez les Indiens Yanomami", L’Homme X, 1970 (en ligne).
  • "Réponse au professeur Ettore Biocca", Critique, 1971.
  • "On reductionism in cultural ecology", Current Anthropology, 1973.
  • El hombre de la pantorilla preñada y otros mitos yanomami, Fundación La Salle de Ciencas Naturales, Caracas, 1975.
  • Diccionario Yanomami-Español, Universidad Central de Venezuela, Facultad de Ciencas Económicas y Sociales, 1975.
  • "Alliance or descent : some Amazonian contrasts", Man, 1975.
  • Le cercle des feux, Le Seuil, Collection Recherches Anthropologiques, 1976.
  • Proyecto para la Escuela intercultural bilingüe del Alto Orinoco (avec José Bortoli), Mavaca, 1977.
  • "On food taboos", Current Anthropology, 1978.
  • "Société primitive et subsistance", Libre, 1978.
  • La agricultura yanomami, Anthropologica, Fundación La Salle de Ciencas Naturales, Caracas, 1980.
  • (es) « El sistema fonológico del yãnomãmi central » (avec Marie-Claude Mattéi-Muller), Boletín Indigenista Venezolano, vol. 17,‎ , p. 117-143
  • Les Yanõmami centraux, Éditions de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, coll. « Cahiers de l’Homme » (no 22), , 282 p. (ISBN 9782713207969)
  • No Patapi Tehe - En tiempos de los antepasados, Vicariato Apostólico de Puerto Ayacucho, 1989.
  • (es) Introducción a la lengua yanomamɨ : morfología, Vicariato Apostólico de Puerto Ayacucho, UNICEF, , 264 p. (ISBN 980-07-3508-9)
  • (guu) Yãnomãmi thë pë kahiki ãhã, Caracas, Escuela Intercultural Bilingüe del Alto Orinoco, Vicariato Apostólico de Puerto Ayacucho, UNICEF, , 194 p. (ISBN 980-07-3507-0)
  • Yanomami thë pë wayamou / Discursos ceremoniales, Puerto Ayacucho, Vicariato Apostólico, UNICEF 1997.
  • (es) Diccionario enciclopédico de la lengua yãnomãmɨ, Vicariato Apostólico de Puerto Ayacucho, , 560 p. (ISBN 980-6800-00-1)
  • Les chamans yanomami, (Vidéo Ina. Portrait de l'univers) (en ligne).

Prix et distinctions

[modifier | modifier le code]

Jacques Lizot remporte en 1976 le prix Estrade-Delcros décerné par l'Académie française pour son ouvrage Le cercle des feux. Faits et dits des Indiens Yanomami [12].

Références

[modifier | modifier le code]
  1. « matchID - Moteur de recherche des décès », sur deces.matchid.io (consulté le )
  2. Alain Kerjean, Un sauvage exil : Jacques Lizot vingt ans parmi les Indiens Yanomami, Paris, Edition Seghers, , 334 p. (ISBN 9782221045497), "...Il s'est opposé à ses confrères nord-américains qui surévaluaient la violence des Yanomami, sans voir la richesse de leur vie sociale. Ces controverses, le travail de terrain unique de l'ethnologue français et son contrôle sur ce terrain de recherche très convoité lui ont valu une féroce jalousie de ses rivaux et les calomnies les plus contradictoires, qui ne sauraient entacher la qualité et la renommée internationale de son œuvre scientifique..."
  3. (en) Hill, Jane H., « "Allegations of inappropriate sexual relationships with Yanomami by anthropologists" », American Anthropological Association El Dorado Task Force Papers Volume II,‎ , p. 101-103 (lire en ligne)
  4. Patrick Tierney, Darkness in El Dorado : how scientists and journalists devastated the Amazon, New York : Norton, , 417 p. (ISBN 978-0-393-04922-0, lire en ligne)
  5. (en) Greg Laden, « Who is Fiercer: Yanomamö Indians or Dueling Tribes of Anthropologists? », sur Slate Magazine, (consulté le )
  6. Jacques Lizot, « Darkness in El Dorado Controversy - Archived Document », sur Douglas W Hume, (consulté le )
  7. Margarita Cadenas - MC2 Production- Collaboration Alain Kerjean, « "Au delà des apparences" » Accès libre [doc] - Vidéo - Photos, sur MC2 Production, " date de publication - 2006 " (consulté le )
  8. Margarita Cadenas, « Margarita Cadenas - Réalisatrice, productrice, scénariste et photographe » Accès libre [site - doc - photos - biographie - film - publication - contact], sur Margarita Cadenas, date de publication - 2005 (consulté le )
  9. Jacques Lizot, "Le Cercle des feux" : faits et dits des Indiens yonomami, Paris, Editions du Seuil, publié en janvier 1976, 248 p. (ISBN 2020043165, lire en ligne), Le livre
    Traduit en Espagnol " El circulo de Fuego " en 2004
  10. (es) Jacques Lizot, Diccionario enciclopédico de la lengua Yänomämi, Vicariato Apostolico de Puerto Ayacucho, Vicariato Apostolico de Puerto Ayacucho, , 554 p. (ISBN 980-6800-00-1, lire en ligne)
    Avec la collaboration des Indiens Yanomami : Hepëwë, Nõhõkuwë y Tiyetirawë
  11. « Fonds Lizot », sur FranceArchives (consulté le )
  12. « Jacques Lizot », sur www.academie-francaise.fr (consulté le )

Liens externes

[modifier | modifier le code]