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'''Salah Farhat''', nationaliste tunisien et l’un des fondateurs du [[Destour]] créé en 1920, après avoir milité dans le mouvement [[Jeunes Tunisiens]], est né le 26 juillet 1894 au palais de Kobbet Ennehas à [[La Manouba]], banlieue de [[Tunis]]. Il est issu d’une riche famille de [[Mamelouk|mamelouks]], d’origine grecque.
'''[[Salah Farhat]]''', nationaliste tunisien et l’un des fondateurs du [[Destour]] créé en 1920, après avoir milité dans le mouvement [[Jeunes Tunisiens]], est né le 26 juillet 1894 au palais de Kobbet Ennehas à [[La Manouba]], banlieue de [[Tunis]]. Il est issu d’une riche famille de [[Mamelouk|mamelouks]], d’origine grecque.


== Biographie ==
== Biographie ==
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Aussitôt un mouvement pour le retour du Bey légitime sur son trône, connu sous le nom de Moncefisme, se constitue et unifie toutes les tendances politiques du pays pour la défense de Moncef Bey accusé d’être contre les Alliés et pour les puissances de l’Axe, alors qu’il n’a cessé d’affirmer la neutralité de la Tunisie et que la France ne lui reproche en réalité que son indépendance à l’égard des autorités du Protectorat. Salah Farhat a soutenu par ses interventions, ses visites, ses lettres, ses articles et ses télégrammes de protestation le Moncefisme et le Bey pendant son exil du 14 mai 1943 au 1er septembre 1948, date de son décès à Pau, en France. Moncef Bey a entretenu une nombreuse correspondance avec Salah Farhat approuvant sa lutte, l’encourageant dans la défense du Moncéfisme et lui recommandant d’œuvrer pour l’unité nationale contre le colonialisme.
Aussitôt un mouvement pour le retour du Bey légitime sur son trône, connu sous le nom de Moncefisme, se constitue et unifie toutes les tendances politiques du pays pour la défense de Moncef Bey accusé d’être contre les Alliés et pour les puissances de l’Axe, alors qu’il n’a cessé d’affirmer la neutralité de la Tunisie et que la France ne lui reproche en réalité que son indépendance à l’égard des autorités du Protectorat. Salah Farhat a soutenu par ses interventions, ses visites, ses lettres, ses articles et ses télégrammes de protestation le Moncefisme et le Bey pendant son exil du 14 mai 1943 au 1er septembre 1948, date de son décès à Pau, en France. Moncef Bey a entretenu une nombreuse correspondance avec Salah Farhat approuvant sa lutte, l’encourageant dans la défense du Moncéfisme et lui recommandant d’œuvrer pour l’unité nationale contre le colonialisme.


A partir de 1944, au décès de Cheikh Thaalbi, Salah Farhat devient le chef du parti. Le 30 octobre 1944, 17 personnalités tunisiennes, dont Salah Farhat, représentant les différentes tendances nationalistes, signent la Charte Tunisienne qui constitue la base du Front National qui a réuni ces différentes tendances après la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Le 23 août 1946, lors du Congrès de la Nuit du Destin, dont il a été l’instigateur, un front commun se forme entre toutes les tendances politiques et notamment entre Salah Farhat, secrétaire général du Vieux Destour et [[Salah Ben Youssef]], secrétaire général du Néo-Destour et revendique l’indépendance totale, mais les forces d’occupation interrompent la réunion et arrêtent les deux leaders avec un grand nombre de responsables politiques qu’ils écrouent à la prison civile de Tunis. Salah Farhat y restera incarcéré avec d’autres nationalistes pendant un mois.
A partir de 1944, au décès de Cheikh Thaalbi, [http://fr-fr.facebook.com/notes/salah-farhat/biographie-de-salah-farhat-1894-1979-/129431573768911 Salah Farhat] devient le chef du parti. Le 30 octobre 1944, 17 personnalités tunisiennes, dont Salah Farhat, représentant les différentes tendances nationalistes, signent la Charte Tunisienne qui constitue la base du Front National qui a réuni ces différentes tendances après la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Le 23 août 1946, lors du Congrès de la Nuit du Destin, dont il a été l’instigateur, un front commun se forme entre toutes les tendances politiques et notamment entre Salah Farhat, secrétaire général du Vieux Destour et [[Salah Ben Youssef]], secrétaire général du Néo-Destour et revendique l’indépendance totale, mais les forces d’occupation interrompent la réunion et arrêtent les deux leaders avec un grand nombre de responsables politiques qu’ils écrouent à la prison civile de Tunis. Salah Farhat y restera incarcéré avec d’autres nationalistes pendant un mois.


Après le Congrès de la Nuit du Destin, Salah Farhat joue un rôle important dans la réunification des deux Destour, en l’absence de [[Bourguiba]]. La collaboration étroite entre Salah Farhat et Salah Ben Youssef prouve que les deux Destour avaient les mêmes conceptions et employaient les mêmes méthodes pour résister contre le colonialisme. Malgré certaines réformes et promesses des autorités coloniales, Salah Farhat continue son combat en défendant les libertés publiques et en réclamant l’indépendance totale, sans accepter aucune des responsabilités gouvernementales proposées. Pressenti en effet dès 1947, pour la constitution d’un gouvernement tunisien, Salah Farhat refuse, estimant qu’il n’existe aucune garantie d’aboutir à l’indépendance. En 1951, il réitère son refus de faire partie de la nouvelle équipe du second ministère Chenik, pour les mêmes raisons.
Après le Congrès de la Nuit du Destin, Salah Farhat joue un rôle important dans la réunification des deux Destour, en l’absence de [[Bourguiba]]. La collaboration étroite entre Salah Farhat et Salah Ben Youssef prouve que les deux Destour avaient les mêmes conceptions et employaient les mêmes méthodes pour résister contre le colonialisme. Malgré certaines réformes et promesses des autorités coloniales, Salah Farhat continue son combat en défendant les libertés publiques et en réclamant l’indépendance totale, sans accepter aucune des responsabilités gouvernementales proposées. Pressenti en effet dès 1947, pour la constitution d’un gouvernement tunisien, Salah Farhat refuse, estimant qu’il n’existe aucune garantie d’aboutir à l’indépendance. En 1951, il réitère son refus de faire partie de la nouvelle équipe du second ministère Chenik, pour les mêmes raisons.

Version du 18 août 2010 à 22:09

Salah Farhat, nationaliste tunisien et l’un des fondateurs du Destour créé en 1920, après avoir milité dans le mouvement Jeunes Tunisiens, est né le 26 juillet 1894 au palais de Kobbet Ennehas à La Manouba, banlieue de Tunis. Il est issu d’une riche famille de mamelouks, d’origine grecque.

Biographie

Inscrit au Lycée Carnot de Tunis, il réussit au baccalauréat français en 1914. Il suit en parallèle des cours d’arabe à l’Université Zitouna. Il obtient la licence en droit à la Faculté d’Alger en 1917. Il travaille comme interprète jusqu’à son inscription, retardée par la guerre, au Barreau de Tunis en 1919. Il se spécialise en droit foncier pour sauvegarder la propriété agricole tunisienne et en droit pénal pour défendre les nationalistes.

En 1921, il est élu membre du bureau exécutif du Destour et de la commission juridique du parti et milite au profit du Croissant Rouge turc en récoltant des fonds et des aides. En 1922, Salah Farhat et le Destour sont accusés de mener une campagne politique anti-française en conciliant les principes destouriens avec les prétentions communistes. Salah Farhat dément formellement dans plusieurs articles de journaux tout lien entre le Destour et le communisme. En 1923, au départ de cheïkh Abdelaziz Thâalbi, fondateur du Destour, en exil, il devient secrétaire général adjoint du Destour, avec Ahmed Safi comme secrétaire général.

Il participe activement à la vie politique du pays par des contacts directs avec les militants de base, avec les syndicats et les ouvriers, par la création de cellules destouriennes dans les régions les plus reculées du pays. Journaliste et théoricien du parti, il définit les principes directeurs du Destour par ses nombreux écrits dans la presse d’expression française. Les revendications politiques, sociales et syndicales du Destour se font par des contacts directs avec la France et un dialogue avec les socialistes et les autorités coloniales, fondés sur le respect des traités, du droit international et de la politique de la non violence. Salah Farhat est fidèle au programme du Destour et à la politique des étapes inaugurée par ses prédécesseurs et lui restera fidèle, lorsqu’il prendra la direction du parti. Toute revendication, toute action du parti doit tendre à un but final, l’indépendance de la Tunisie qui doit être garantie par écrit et fixée à une date déterminée.

Le 11 mai 1924, après la victoire de la gauche lors des élections en France, le Destour décide d’envoyer Salah Farhat, son secrétaire sénéral adjoint, en France, pour féliciter les élus du Cartel des Gauches et spécialement le président du parti radical Édouard Herriot, pour exposer les revendications tunisiennes et préparer le terrain à l’envoi d’une nouvelle délégation en France. Fin 1924, il fait partie de la troisième délégation tunisienne chargée de défendre à Paris les revendications tunisiennes auprès du gouvernement français. La délégation, composée de maître Ahmed Safi, secrétaire sénéral du Destour et chef de la délégation, de maître Salah Farhat, secrétaire général adjoint, de Ahmed Taoufik El Madani et de maître Taieb Jémaïl, est éconduite, car le gouvernement français l’accuse de connivence avec les communistes et de double langage entre la presse arabe qui est virulente dans ses attaques contre le colonialisme et la presse d’expression française qui est plutôt conciliante.

Salah Farhat est considéré par les autorités du protectorat comme « un propagandiste dangereux qui peut favoriser ou prendre la direction de tous les mouvements hostiles à la France ou au gouvernement du protectorat. Ses écrits ou ses discours ne laissent aucun doute sur ses sentiments. C’est un membre très influent du parti et un véritable agitateur »[1]. Les autorités coloniales essayent alors, à plusieurs reprises, de le faire radier du barreau pour mettre fin à sa carrière professionnelle et à sa carrière politique et décapiter ainsi le Destour.

Le 18 septembre 1926, Salah Farhat épouse Kalthoum Khaznadar, sœur de Chédly Khaznadar, poète nationaliste, et l’un des ténors du Destour.

Après la scission du Destour et la création du Néo-Destour en 1934, Salah Farhat est nommé dans une commission pour sauvegarder l’unité du parti. Mais tous ses efforts et ceux du Destour sont restés vains. En 1935, après le décès de Ahmed Safi, il est élu secrétaire général du Destour, puis président du parti. Il seconde Thâalbi, dès son retour en Tunisie en 1937, pour la réunification du mouvement national et la formation d’un front commun contre le colonialisme, mais sans résultat.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale et lors de l’occupation de la Tunisie par les troupes de l’Axe, il est nommé ministre de la justice de Son Altesse Moncef_Bey, qui a constitué un Gouvernement indépendant issu de toutes les tendances politiques du pays, avec le premier ministère Chenik du 1er janvier 1943 au 14 mai 1943. Salah Farhat et les autres ministres donnent leur démission du gouvernement, après la libération de la Tunisie par les Alliés, la destitution de Moncef Bey par le général Giraud et son exil à Laghouat dans le sud algérien.

Aussitôt un mouvement pour le retour du Bey légitime sur son trône, connu sous le nom de Moncefisme, se constitue et unifie toutes les tendances politiques du pays pour la défense de Moncef Bey accusé d’être contre les Alliés et pour les puissances de l’Axe, alors qu’il n’a cessé d’affirmer la neutralité de la Tunisie et que la France ne lui reproche en réalité que son indépendance à l’égard des autorités du Protectorat. Salah Farhat a soutenu par ses interventions, ses visites, ses lettres, ses articles et ses télégrammes de protestation le Moncefisme et le Bey pendant son exil du 14 mai 1943 au 1er septembre 1948, date de son décès à Pau, en France. Moncef Bey a entretenu une nombreuse correspondance avec Salah Farhat approuvant sa lutte, l’encourageant dans la défense du Moncéfisme et lui recommandant d’œuvrer pour l’unité nationale contre le colonialisme.

A partir de 1944, au décès de Cheikh Thaalbi, Salah Farhat devient le chef du parti. Le 30 octobre 1944, 17 personnalités tunisiennes, dont Salah Farhat, représentant les différentes tendances nationalistes, signent la Charte Tunisienne qui constitue la base du Front National qui a réuni ces différentes tendances après la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Le 23 août 1946, lors du Congrès de la Nuit du Destin, dont il a été l’instigateur, un front commun se forme entre toutes les tendances politiques et notamment entre Salah Farhat, secrétaire général du Vieux Destour et Salah Ben Youssef, secrétaire général du Néo-Destour et revendique l’indépendance totale, mais les forces d’occupation interrompent la réunion et arrêtent les deux leaders avec un grand nombre de responsables politiques qu’ils écrouent à la prison civile de Tunis. Salah Farhat y restera incarcéré avec d’autres nationalistes pendant un mois.

Après le Congrès de la Nuit du Destin, Salah Farhat joue un rôle important dans la réunification des deux Destour, en l’absence de Bourguiba. La collaboration étroite entre Salah Farhat et Salah Ben Youssef prouve que les deux Destour avaient les mêmes conceptions et employaient les mêmes méthodes pour résister contre le colonialisme. Malgré certaines réformes et promesses des autorités coloniales, Salah Farhat continue son combat en défendant les libertés publiques et en réclamant l’indépendance totale, sans accepter aucune des responsabilités gouvernementales proposées. Pressenti en effet dès 1947, pour la constitution d’un gouvernement tunisien, Salah Farhat refuse, estimant qu’il n’existe aucune garantie d’aboutir à l’indépendance. En 1951, il réitère son refus de faire partie de la nouvelle équipe du second ministère Chenik, pour les mêmes raisons.

Le 31 octobre 1951, la Tunisie présente un mémoire officiel à la France revendiquant l’autonomie interne. La réponse du gouvernement français se fait attendre jusqu’au 15 décembre 1951 et se traduit par un refus catégorique des revendications tunisiennes. La rupture du dialogue par la France s’accompagne d’un raidissement des autorités du Protectorat. La nomination de Jean de Hautecloque comme nouveau résident général qui arrive au milieu d’un grand déploiement militaire présage d’un changement d’optique dans les relations franco-tunisiennes. La France opte pour la force et écarte toute solution négociée. Aux incidents du Sahel, le général Garbey, commandant supérieur des troupes de Tunisie, riposte par le ratissage du Cap Bon qui aura pour bilan plus de 200 morts et des centaines de blessés et de prisonniers. Persévérant dans la politique de la force, le résident général destitue le deuxième gouvernement Chenik et essaye d’isoler Lamine Bey, sans y parvenir totalement grâce au soutien d’un comité de quarante personnalités tunisiennes de toutes les tendances politiques, dont Salah Farhat. A la fin de la même année, l’organisation terroriste française de Tunisie, la Main Rouge assassine le leader syndicaliste Farhat Hached. L’emploi de la force par les autorités coloniales entraîne l’institution de la lutte armée en Tunisie et une plainte contre la France auprès du Conseil de Sécurité de l’ONU. Salah Farhat dénonce ces faits dans la presse locale et internationale.

En 1952 il se déplace à Paris avec plusieurs membres du Vieux Destour pour sensibiliser les différentes délégations des pays arabes, musulmans et non alignés, à la cause tunisienne et attirer leur attention sur la plainte engagée par la Tunisie contre la France auprès de l’ONU. En 1954, pendant la lutte armée, sa villa du Kram a été plastiquée par la Main-Rouge comme celles de nombreuses personnalités politiques.

En 1955, Salah Farhat s’oppose aux pourparlers sur l’autonomie interne et aux conventions franco-tunisiennes qui risquent de lier définitivement le sort de la Tunisie à celui de la France et de l’inclure au sein de l’Union française et affirme de nouveau que la seule revendication acceptable est l’indépendance totale du pays.

Après l’indépendance de la Tunisie, obtenue plus vite que prévu le 20 mars 1956, il décline toute responsabilité gouvernementale qui lui est proposée à titre personnel et n’incluant aucun membre du Vieux Destour et renonce finalement à toute activité politique.

Poète très apprécié d’expression française depuis son adolescence, il fait paraître, dans les journaux locaux et spécialement dans la revue Leïla, (1936-1941) certains poèmes sous le pseudonyme de Skander. En 1978, il édite un choix de poèmes dans un recueil intitulé Chants de l’amour.

Il s’est éteint à l’âge de 84 ans, le 18 mars 1979, dans sa villa du Kram et repose au cimetière de Sidi Abdelaziz à La Marsa.

Notes

  1. Ahmed Khaled, Documents secrets du 2ème Bureau, Tunisie-Maghreb dans la conjoncture de pré-guerre 1937-1940, STD, Tunis 1983, partie Index