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{{citation étrangère|lang=en|To keep for a long time unsuspected, yet always working itself out, another purpose originating in that leading incident, and turning it to a pleasant and useful account at last, was at once the most interesting and the most difficult part of my design. Its difficulty was much enhanced by the mode of publication; for it would be very unreasonable to expect that many readers, pursuing a story in portions from month to month through nineteen months, will, until they have it before them complete, perceive the relations of its finer threads to the whole pattern which is always before the eyes of the Story-weaver at his loom}}
{{citation étrangère|lang=en|To keep for a long time unsuspected, yet always working itself out, another purpose originating in that leading incident, and turning it to a pleasant and useful account at last, was at once the most interesting and the most difficult part of my design. Its difficulty was much enhanced by the mode of publication; for it would be very unreasonable to expect that many readers, pursuing a story in portions from month to month through nineteen months, will, until they have it before them complete, perceive the relations of its finer threads to the whole pattern which is always before the eyes of the Story-weaver at his loom<ref>Charles Dickens, « ''In Lieu of Preface'' », {{lien web|url=http://www.online-literature.com/dickens/mutual/68/|titre=Postface de Dickens|consulté le=3 juillet 2014}}.</ref>.}}
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{{citation|Garder longtemps caché et pourtant se développant sans cesse, un autre but généré par [un] incident majeur, puis en rendre enfin compte de manière plaisante et utile s'est avéré la partie à la fois la plus intéressante et la plus difficile de ma conception de l'intrigue. Cette difficulté s'est trouvée encore accrue par le mode de publication ; il serait en effet fort peu raisonnable de s'attendre à ce que beaucoup de lecteurs, suivant une histoire découpée en portions mensuelles pendant dix-neuf mois, puissent, avant qu'ils ne soient parvenus à leur terme, percevoir les relations reliant les fils les plus ténus au schéma général sur lequel le tisseur d'histoire à son métier garde les yeux rivés}}
{{citation|Garder longtemps caché et pourtant se développant sans cesse, un autre but généré par [un] incident majeur, puis en rendre enfin compte de manière plaisante et utile s'est avéré la partie à la fois la plus intéressante et la plus difficile de ma conception de l'intrigue. Cette difficulté s'est trouvée encore accrue par le mode de publication ; il serait en effet fort peu raisonnable de s'attendre à ce que beaucoup de lecteurs, suivant une histoire découpée en portions mensuelles pendant dix-neuf mois, puissent, avant qu'ils ne soient parvenus à leur terme, percevoir les relations reliant les fils les plus ténus au schéma général sur lequel le tisseur d'histoire à son métier garde les yeux rivés.}}
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Le vocabulaire employé ici est très révélateur : contrairement à des auteurs comme [[Samuel Richardson]] au {{s-|XVIII|e}}, [[Jane Austen]], [[George Eliot]] ou [[Henry James]] au début et à la fin du {{s-|XIX|e}}, Dickens ne cherche pas à créer l'impression que son intrigue se développe sur son élan comme mue par la logique interne aux événements. Dans ''L'Ami commun'', forme et sens ne fusionnent pas organiquement, mais sont reliés par un processus de manipulation délibérée. Pour reprendre la propre image de Dickens, les thèmes fournissent la trame de base sur laquelle s'entrecroisent les fils d'épisodes divers pour former un schéma complet et cohérent s'imposant finalement au lecteur<ref>E. D. H. Johnson, {{lien web|url=http://www.victorianweb.org/authors/dickens/edh/4.html|titre=Dickens's Narrative Art|consulté le=30 juin 2014}}.</ref>.
Le vocabulaire employé ici est très révélateur : contrairement à des auteurs comme [[Samuel Richardson]] au {{s-|XVIII|e}}, [[Jane Austen]], [[George Eliot]] ou [[Henry James]] au début et à la fin du {{s-|XIX|e}}, Dickens ne cherche pas à créer l'impression que son intrigue se développe sur son élan comme mue par la logique interne aux événements. Dans ''L'Ami commun'', forme et sens ne fusionnent pas organiquement, mais sont reliés par un processus de manipulation délibérée. Pour reprendre la propre image de Dickens, les thèmes fournissent la trame de base sur laquelle s'entrecroisent les fils d'épisodes divers pour former un schéma complet et cohérent s'imposant finalement au lecteur<ref>E. D. H. Johnson, {{lien web|url=http://www.victorianweb.org/authors/dickens/edh/4.html|titre=Dickens's Narrative Art|consulté le=30 juin 2014}}.</ref>.

De fait, si l'intrigue de ''L'Ami commun'' apparaît, au bout du compte, relativement simple, elle s'avère, vue de l'extérieur, redoutablement complexe. Le cadre général peut être ainsi tracé : un riche héritier, en route pour recevoir son héritage et se soumettant à la clause exigeant son mariage avec une femme qu'il ne connaît pas, disparaît à son arrivée, son corps ayant été retiré des eaux de la [[Tamise]]. En son absence, la fortune revient à un quasi simple d'esprit vertueux mais incapable de gérer la manne financière qui lui tombe du ciel. Bien sûr, de nombreuses forces hostiles se dressent pour le dépouiller, en particulier un colporteur de ballades unijambiste, un taxidermiste et un couple sinistre qui, après s'être mutuellement berné, s'associe dans l'art de l'escroquerie<ref name="Thornton">John Thornton, {{lien web|url=http://classiclit.about.com/od/ourmutualfriendcd/fr/aa_ourmutual.htm|titre=Compte rendu de ''Our Mutual Friend''|consulté le=3 juillet 2014}}.</ref>.

Cependant, de nombreuses intrigues secondaires commencent à se greffer sur la trame générale, couvrant presque toutes les strates de la société. Il y a là {{citation|une abondance de matériaux apparemment disparates qu'un écrivain moins accompli que Dickens aurait sans doute rassemblé en un galimatias indéchiffrable ; mais à ce stade de sa carrière, Dickens est tout-à-fait capable de tirer les traits nécessaires entre les différents mondes sociaux et les groupes de personnages, rassemblant ces apparents éparpillements en un tout aussi compliqué que le réseau d'usines dominant ''[[Les Temps difficiles]]''<ref name="Thornton"/>}}. Les intrigues se suivent et s'accumulent en douceur et soudain, les groupes sociaux apparemment à des années lumière les uns des autres se rejoignent, {{citation|ce qui apparaît comme l'un des points saillants du roman<ref name="Thornton"/>.}}

'''(à suivre)'''


==Thématique==
==Thématique==

Version du 3 juillet 2014 à 11:34

L'Ami commun
Image illustrative de l’article L'Ami commun
Couverture de l'édition en volume

Auteur Charles Dickens
Pays Angleterre
Genre Roman psychologique et social
Version originale
Langue Anglais
Éditeur Chapman and Hall)
Lieu de parution Londres
Version française
Traducteur Mme Henriette Loreau sous la direction de Paul Lorain.
Éditeur Librairie Hachette et compagnie
Lieu de parution Paris
Date de parution 1885
Illustrateur Marcus Stone
Chronologie

L'Ami commun (Our Mutual Friend), quatorzième et dernier roman achevé de Charles Dickens, a été publié en vingt feuilletons, comptant pour dix-neuf, par Chapman and Hall en 1864 et 1865, avec des illustrations de Marcus Stone, puis en deux volumes en février et novembre 1865, enfin en un seul la même année. Situé dans le présent, il offre une description panoramique de la société anglaise, la troisième après La Maison d'Âpre-Vent et La Petite Dorrit, si bien qu'il se rapproche beaucoup plus de ces deux romans que de ses prédécesseurs immédiats, Le Conte de deux cités et Les Grandes Espérances.

Dickens s'emploie à dénoncer la superficialité de cette société fissurée en divisions de classes, corrompue par l'avidité du gain, l'incompétence du pouvoir, le gaspillage de la vie urbaine vouée au matérialisme et les relations prédatrices qu'entretiennent entre eux les êtres humains. Pour symboliser la déréliction de ce monde en décomposition, il utilise les tumuli d'objets entassés pèle-mèle (dust heaps), le cours du fleuve charriant des cadavres, les oiseaux de proie humains détroussant les morts et fouillant sans relâche dans les décharges. Ainsi, il associe une satire mordante à un réalisme noir, un fond traditionnel de contes de fée et de fantastique à une mise en garde contre les périls montants et, comme toujours dans ses romans, propose en antidote les valeurs morales fondées sur la bonne volonté et un altruisme bien orienté.

Il révèle aussi un effort d'originalité, une recherche surtout orientée vers la construction de l'intrigue, et malgré un ou deux intermèdes, le récit est d'une technique innovatrice que signalent sa cohérence, voire un certain raffinement dans la complexité ; de plus, la surabondance de cadavres, de testaments et de complots, n'exclue pas les scènes humoristiques où fraicheur d'observation et verve se déploient avec audace. En effet, considérant qu'une voix unifiée ne saurait à elle seule représenter la fragmentation de la société industrielle moderne et rendre compte de l'instabilité du monde qu'elle génère, Dickens donne à son narrateur une amplitude de tons encore jamais atteinte, tour à tour ironique et désinvolte, sérieux et comique, solennel et léger.

Si la critique contemporaine reste divisée sur son intrigue et ses personnages, L'Ami commun est aujourd'hui reconnu comme l'un des chefs-d'œuvre de la dernière manière de Dickens. Quoique moins courtisé par les adaptateurs que certains ouvrages précédents, le roman a inspiré plusieurs réalisateurs de cinéma ou de télévision, et même le poète T. S. Eliot ou le chanteur Paul McCartney.

Genèse

La gestation de L'Ami commun s'est avérée particulièrement longue et frustrante[1]. Lorsque le roman commença à se dérouler chaque mois en mai 1864, il s'était passé une quasi décennie depuis que Dickens s'était consacré à ce genre, son dernier livre publié en feuilleton, La Petite Dorrit, datant de 1855-1857. L'intervalle avait été occupé par des œuvres plus courtes, destinées à une publication hebdomadaire dans sa revue All the Year Round, exigeant une discipline tout autre que celle des romans plus ambitieux. De plus, distrait de sa tâche par ses tournées de lecture publiques et ses activités journalistiques, affaibli par la maladie, même si l'idée en avait germé bien plus tôt, il lui en coûta de se mettre à l'ouvrage et en deux années, il n'avait écrit que cinq numéros[2].

La gestation

Entre 1860 et 1861, Dickens choisit son titre et discute avec John Forster de quelques idées figurant dans son Book of Memoranda. Elles concernent en premier lieu nombre de noms figurant dans le roman, Podsnap, Lightwood, Riderhood, Wegg, Boffin, Headstone, Twemlow et Wilfer, en deuxième l'intrigue qu'il se prépare à développer[1] : un homme « se faisant passer pour mort, et bel et bien mort pour que ce qui li est extérieur à lui ; un pauvre imposteur épousant une femme pour son argent, et elle l'épousant pour son argent, tous les deux se rendant compte de leur erreur après la célébration, et signant uns sorte de pacte contre la gent humaine en général ; chacun d'eux est en relation avec des gens "flambant neuf" [sic] et un "père sans instruction en futaine avec un garçon à lunettes instruit" [sic][3],[4] ».

Au cours des années qui suivent, les lettres de Dickens se transforment une longue litanie de malheurs et de soucis[1] ; il n'arrive pas à entrer dans l'histoire, puis, une fois ce premier pas franchi, il éprouve les plus grandes difficultés à poursuivre : en avril 1862, il écrit à Forster « Hélas ! Je n'ai rien trouvé pour mon histoire ; j'essaie sans cesse, mais cette petite maison[N 1] semble avoir étouffé et obscurci mon imagination[5] ». Six mois plus tard, il confie à Forster « Je doute fort pouvoir sortir un livre au forceps[6] ». En 1863, il se lamente toujours, cette fois auprès de Wilkie Collins : « Je pense toujours à écrire un long livre, mais n'arriverai jamais à me me mettre à la tâche[7]. » Octobre arrive et il n'a, comme il l'explique à Forster, toujours pas commencé, encore, ajoute-t-il, qu'il en voit l'ouverture avec beaucoup de netteté ; il lui faut, pense-t-il, cinq numéros sous la main avant publication, « sinon, je risque encore de dériver et d'avoir à subir ces affres de nouveau[8]. »

Enfin, le 15 janvier 1864, il annonce triomphalement à Wilkie Collins qu'il a fini les deux premiers numéros et qu'il s'est mis au troisième : « C'est un mélange de drôlerie et de romanesque qui exige beaucoup d'efforts et d'élagage de points qui pourraient pourtant être amplifiés, mais enfin, j'espère que ça sera très bon [sic][9]. » ; ce qui ne l'empêche pas, deux mois après, de récriminer contre sa lenteur d'écriture[10].

Les affres des feuilletons

Déraillement de Staplehurst (Illustrated London News). Le wagon où voyagent Ellen, sa mère et Dickens est à droite, en suspens sur un débris du pont.

La parution en feuilleton débute en mai 1864, mais dès l'été, son avance s'est érodée, « panne non pas de courage, écrit-il à Forster, mais d'invention[11] », et en mai 1865, il lui confie qu'il est au bord de l'effondrement[1].

L'accident de chemin de fer de Staplehurst le retarde considérablement. Le train le ramenant de France, en compagnie d'Ellen Ternan et de sa mère, dans un wagon de première classe en tête de convoi déraille entre Headcorn et Staplehurst le . Les huit premiers wagons basculent dans la petite rivière Beult, en contrebas d'un viaduc peu élevé et dépourvu de rambardes, et de nombreux passagers restent coincés dans les décombres[12]. Grâce à sa taille menue, Dickens réussit à s'extirper par la fenêtre, et à dégager ses accompagnatrices, mais l'accident se solde par dix morts et quarante blessés[13],[14], et lorsque L'Ami commun sera publié, le public apprendra par une postface ironique que le manuscrit du dernier épisode étant resté dans son manteau, au bout de trois heures, Dickens se rappela soudain les feuillets, se hissa dans le wagon suspendu à l'oblique et réussit à les récupérer[15],[16].

Son retard l'inquiète et il se dit « enchaîné par la jambe à [s]on livre[17] », et à Maceady et Wills, il écrit qu'il « travaille comme un dragon[18],[19]. »

Enfin, le roman est achevé le 2 septembre[20],[21].

Illustrations

L'Ami commun a été illustré par Marcus Stone, fils d'un ami et voisin cher à Dickens, Frank Stone, mort en 1859. Dickens avait pris ce jeune homme sous son aile, le traitant comme l'un des membres de la famille[22], et il lui confia le travail[21]. Marcus[N 2],[23] avait déjà réalisé le frontispice de l'édition bon marché de La Petite Dorrit et huit estampes pour l'édition dite de bibliothèque de Les Grandes Espérances, et Dickens, qui recherchait davantage le réalisme, appréciait qu'il se démarquât de la tradition des caricatures à la Hogarth qu'aussi bien Cruikshank et Hablot Browne avaient suivie[21]. Les personnages de Stone étaient plus grands et plus vraisemblables, et ses gravures, selon Jane Rabb Cohen, « plus ornementales qu'intégrales[24] ».

Dickens a trouvé la jaquette (wrapper) excellente, mais a fait plusieurs suggestions concernant des détails ; en particulier, il voulait que le mot Our apparût en aussi gros que le reste du titre et que Boffin, tout en étant bizarre, restât une personne sympathique, ou encore que l'éboueur eût un visage drôle sans être « horrible »[25]. Cela dit, il autorisa Stone à choisir certains de ses sujets, par exemple de quel côté Wegg devait avoir sa jambe de bois[26]. Il n'empêche que ses exigences pouvaient se faire très précises, par exemple quelle devaient être exactement l'attitude de Boffin et de l'éboueur sur le frontispice[27],[28].

Bien que certains commentateurs aient émis l'idée que Dickens ne s'intéressait guère aux estampes de son illustrateur[28], d'autres estiment que la collaboration entre les deux hommes est restée étroite de bout en bout et que son jugement sur le résultat s'est avéré fort judicieux[29].

D'après Kitton, c'est Stone qui emmena Dickens visiter l'établissement d'un taxidermiste, un certain Mr Willis[30], ce qui l'incita à créer le personnage de Mr Venus[31].

Publication

Sir James Emerson Tennent (1804-1869), par Andrew Nicholl.

L'Ami commun est dédié à un vieil ami de Dickens et de Forster, l'Irlandais James Emerson Tennent, voyageur et homme politique, ancien gouverneur de Ceylan.

Circonstances

Le 8 septembre 1863, Dickens écrit à Chapman and Hall pour leur proposer la moitié des droits relevant de la publication en feuilleton moyennant 6 000 £[21] ; les termes sont acceptés et le contrat est signé le 21[32], l'éditeur se réservant d'annuler l'accord pour un éventuel défaut à la fin de 1864 et de recevoir des compensations en cas de décès[33]. Dickens s'assure la part belle, écrit Patten, car si Chapman and Hall risque l'avance sans garantie, lui reçoit d'emblée 6 000 £, s'offre la moitié des bénéfices mensuels et, après la première édition en volumes, la totalité de ceux de toutes les éditions à venir[33].

Les manuscrits du roman et des notes de travail (number plans), que Dickens a donnés à E. S. Dallas pour le remercier de son compte rendu élogieux[34] sont déposés à la Pierpont Morgan Library, alors que les épreuves corrigées, offertes à Marcus Stone, sont hébergées par la Berg Collection[21].

La publication en feuilleton s'est étendue de mai 1864 à novembre 1865 ; celle en deux volumes date de février et novembre 1865. Tauchnitz a sorti une édition en quatre volumes à Leipzig de 1864 à 1865, et le Harper's New Monthly Magazine de New York a diffusé le roman en feuilleton de juin 1864 à décembre 1865. Une traduction allemande de Mary Scott a été publiée en cinq volumes dès 1864 et 1865. Enfin, l'édition « bon marché » et celle dite « de bibliothèque » ont paru en 1867, tandis que l'édition appelée « Dickens » a pris le relais en 1868[21].

Calendrier des publications en feuilleton

Première partie : ENTRE LA COUPE ET LES LÈVRES

  • I – Mai 1864 (chapitres 1–4)
  • II – Juin 1864 (chapitres 5–7)
  • III – Juillet1864 (chapitres 8–10)
  • IV – Août 1864 (chapitres 11–13)
  • V – Septembre 1864 (chapitres 14–17)

Deuxième partie : GENS DE MÊME FARINE

  • VI – Octobre 1864 (chapitres 1–3)
  • VII – Novembre 1864 (chapitres 4–6)
  • VIII – Décembre 1864 (chapitres 7–10)
  • IX – Janvier 1865 (chapitres 11–13)
  • X – Février 1865 (chapitres 14–16)

Troisième partie : LONG DÉTOUR

  • XI – Mars 1865 (chapitres 1–4)
  • XII – Avril 1865 (chapitres 5–7)
  • XIII – Mai 1865 (chapitres 8–10)
  • XIV – Juin 1865 (chapitres 11–14)
  • XV – Juillet 1865 (chapitres 15–17)

Quatrième partie : PIÈGES ET TRAPPES

  • XVI – Août 1865 (chapitres 1–4)
  • XVII – Septembre 1865 (chapitres 5–7)
  • XVIII – Octobre 1865 (chapitres 8–11)
  • XIX-XX – Novembre 1865 (chapitres 12–17 [Dernier chapitre])[35].

Accueil

Les premières ventes dépassent celles jamais atteintes par les romans précédents, et Dickens jubile : « Il n'y a rien de mieux que Notre ami, déjà à 30 000, avec une flopée de commandes[36] ». Puis le flot se ralentit et tombe à 19 000 lors du dernier épisode. Si l'auteur empoche 12 000 £, l'éditeur, lui, enregistre un déficit de 700 £[37].

Les compte rendus restent mitigés : même John Forster, l'ami privilégié, écrit que L'Ami commun « pèche par manque de fraîcheur et de développements naturels[38] ». Le jeune Henry James considère qu'il s'agit du « plus mauvais roman de Dickens […], tarabiscoté et artificiel […], un livre d'une rare intensité, mais mal vu, mal assimilé et mal ressenti[39] » ; il y faudrait, ajoute-t-il, de la « philosophie »[38]. En revanche, Henry Chorley, vante « sa richesse et sa cohérence[40] ».

La critique moderne se montre bien plus unanimement positive : nombre de commentateurs, en particulier marxistes[38], y voient une grande œuvre sociale, à l'égal de La Maison d'Âpre-Vent, La Petite Dorrit et Les Grandes Espérances. Jack Lindsay écrit en 1950 qu'il s'agit d'« une œuvre suprême, […] l'une des plus grandes œuvres en prose jamais composées, justifiant pleinement que Dickens ait droit, plus que tout autre écrivain anglais, à siéger aux côtés de Shakespeare[41]. ». D'autres s'intéressent à sa structure dont Arnold Kettle souligne la « profondeur et la cohérence artistiques[42] ». Quant à Angus Wilson, il écrit qu'il y a là un roman d'avant-garde, ayant exercé une influence notable, par exemple sur Henrik Ibsen pour Une maison de poupée et T. S. Eliot dans La Terre vaine (voir Divers), d'abord intitulée d'après la description que fait Betty Higden de Sloppy[43],[44].

Résumé de l'intrigue et recensement des personnages

Résumé

Gaffer Hexam et sa fille Lizzie à la recherche de corps sur la Tamise, Marcus Stone (1864).

Après avoir fait fortune en exploitant les décharges sauvages de Londres, appelées dustheaps, meurt un riche misanthrope, brouillé avec le monde entier à l'exception de ses fidèles employés, Mr et Mrs Boffin. Son testament stipule que sa fortune est transmise à son fils, qu'il ne voit plus, John Harmon, à la condition qu'il revienne du lointain étranger où il s'est établi, sans doute l'Afrique-du-Sud[N 3], pour le recevoir. Ces dispositions sont assorties d'une autre clause : pour entrer en possession de son héritage, Harmon doit épouser une jeune femme qu'il ne connaît pas, Miss Bella Wilfer. L'exécution des dispositions testamentaires est confiée à un notaire, Mortimer Lightwood, qui a la particularité de ne pas avoir d'autre client.

L'héritier présomptif ne se présente pas, non seulement disparu mais présumé mort par noyade à l'issue de son voyage à Londres. En effet, un corps est repêché des eaux de la Tamise par le marinier Gaffer Hexam qui, avant de les remettre aux autorités compétentes, dépouille les cadavres dérivant au gré des courants, et justement, les poches du noyé livrent des documents l'identifiant bien comme l'héritier, John Harmon. Un mystérieux jeune homme, disant s'appeler Julius Handford, assiste à l'identification officielle, puis disparaît.

Puisque l'héritier désigné fait défaut, le testament stipule que la fortune revient à Mr et Mrs Boffin, gens plutôt naïfs et confiants, qui entendent utiliser cette manne pour se faire plaisir et procurer un peu de bonheur autour d'eux. Pour commencer, ils prennent chez eux la fiancée désignée, Bella Wilfer, déçue de la tournure des événements, et la gâtent comme si elle était leur propre fille tout en l'assurent qu'elle héritera de leurs biens le jour venu. Ils acceptent aussi l'offre de Julius Handford, se présentant désormais sous le nom de John Rokesmith, de leur servir de secrétaire privé et conseiller en affaires à titre gracieux. Le but secret de Rokesmith est d'observer et de recueillir un maximum de renseignements sur les Boffin, sur Miss Wilfer et aussi sur leurs réactions à la nouvelle de la mort de l'héritier. Enfin, Mr Boffin loue les services d'un chanteur de ballades, Silas Wegg, qu'il charge de lui faire la lecture le soir. Wegg, quant à lui, a bien l'intention de profiter de l'aubaine pour extirper d'autres avantages de la part du brave homme : ainsi, il le persuade de déménager dans une somptueuse demeure, puis s'installe dans leur ancienne résidence dont la cour recèle plusieurs décharges à exploiter et dans lesquelles il espère trouver des trésors cachés.`

Pour se venger de l'avoir remercié en tant qu'associé et aussi dans l'espoir d'empocher la récompense offerte par les autorités, Roger « Rogue » Riderhood accuse Gaffer Hexam du meurtre de John Harmon dont il a repêché le corps. Du coup, Hexam est mis en quarantaine par ses collègues et exclu de la taverne The Six Jolly Fellowship-Porters (« Les six joyeux compagnons de la guilde des portiers ») où se retrouvent tous les gens vivant de la rivière. Charley Hexam, qui désire, malgré l'opposition paternelle, devenir maître d'école, et que pousse sa sœur, la belle Lizzie Hexam, quitte le domicile familial. Lizzie, quant à elle, reste auprès de son père qu'elle couve de ses attentions.

Survient un tragique événement : avant que Riderhood ne reçoive la récompense promise pour ses fausses allégations, Hexam est à son tour retrouvé noyé dans la Tamise, et Lizzie déménage chez une couturière pour poupées, une toute jeune fille surnommée Jenny Wren vivant avec un père alcoolique qu'elle traite comme son enfant. Elle a été remarquée par un avocat plutôt nonchalant, Eugene Wrayburn, alors qu'il accompagnait son collègue et ami Mortimer Lightwood pendant l'interrogatoire de Gaffer. Son intérêt se transforme bientôt en un sentiment qui éveille la féroce jalousie de Bradley Headstone, le maître de Charley. Ce dernier exige que sa sœur lui soit exclusivement dévouée, mais essaie de la faire bénéficier de l'enseignement de Headstone, lorsqu'il découvre que Wrayburn a déjà engagé les services d'un autre maître d'école pour s'occuper de Lizzie et de Jenny. La passion de Headstone atteint un paroxysme et il demande la main de sa bien-aimée qui la lui refuse. De plus, exaspéré par la façon, qu'il juge cavalière, de Wrayburn à son endroit, il le rend responsable de tous ses revers et commence à le prendre en filature à travers les rues de la capitale le soir tombé. Quant à Lizzie, peu sûre des intentions de Wrayburn, qui avoue lui-même à Lightwood son incertitude, elle s'éloigne de ses deux prétendants et trouve un emploi en amont du fleuve hors les murs de Londres.

Mr et Mrs Boffin voudraient adopter l'orphelin dont s'occupe Betty Higden, sa grand-mère, mais le petit garçon meurt avant que les formalités ne soient terminées. Cette Mrs Higden gagne sa vie en prenant soin de jeunes enfants dans sa minding school, aidé en cette tâche par un enfant trouvé, Sloppy, maintenant adolescent dégingandé. Mrs Higden redoute l'hospice jusqu'à l'obsession, entendant à tout prix gagner sa vie par elle-même, et lorsque l'orphelin dont elle s'occupait décède, elle prend la route et survit en faisant de petits travaux de couture. Un jour, Lizzie Hexam la trouve à l'agonie et elle meurt dans ses bras après avoir reçu la promesse qu'elle ne serait pas placée à l'hospice[N 4],[45]. C'est à cette triste occasion que Lizzie fait la connaissance des Boffin et de Bella Wilfer.

Entretemps, Eugene Wrayburn a obtenu du père de Jenny les renseignements qu'il recherchait sur Lizzie Hexam et a pu retrouver celle qui, désormais, est devenue l'objet de son affection. De son côté, Bradley Headstone essaie de se concilier l'assistance de Riderhood, aujourd'hui éclusier, afin de la localiser. Un jour, Headstone suit Wrayburn sur les rives de la Tamise et le voit en compagnie de Lizzie. Aussitôt, il se jette sur lui et, après une violente bagarre, le laisse pour mort puis disparaît. Lizzie retire la victime des eaux du fleuve et le sauve de la noyade. Wrayburn, convaincu que, de toute façon, sa fin est proche, épouse Lizzie pour préserver sa réputation. Mais il survit à ses épreuves et ressent pleinement qu'elles l'ont conduit à un mariage heureux, quoique avec une conjointe de statut inférieur au sien. Lizzie, quant à elle, est bien consciente de l'abîme social qui les sépare et, sans les circonstances exceptionnelles de cette aventure, n'aurait pas consenti à l'union.

Rokesmith s'est épris de Bella Wilfer qui ne peut se résoudre à l'accepter, car elle a déjà proclamé qu'elle ne se mariera que pour l'argent. Mr Boffin a changé, corrompu, semble-t-il, par sa nouvelle richesse, sa générosité muée en avarice et sa bienveillance en dureté. Désormais, il traite Rokesmith, son secrétaire, avec mépris et même cruauté. Ce comportement éveille en Bella des sentiments de compassion et elle prend ouvertement la défense du jeune homme, surtout lorsque Boffin le renvoie pour avoir osé prétendre à sa main. Le couple passe outre et s'unit sans son consentement, vivant dans une semi-pauvreté mais sans nuage, et bientôt, Bella donne naissance à un enfant.

Mais voici que surgit un nouveau rebondissement : Bradley Headstone accuse Rogue Riderhood de l'attaque perpétrée contre Wrayburn, car il avait pris soin, lors de son forfait, de porter les même vêtements que lui. Riderhood n'est pas dupe et profite de l'occasion pour exercer un chantage sur son ancien associé. Headstone, désormais aux abois, ayant de surcroît appris que sa victime avait survécu et même épousé Lizzie Hexam, devient la proie d'une irrésistible pulsion d'autodestruction et finit par se jeter dans l'écluse en entraînant Riderhood avec lui à la noyade.

Silas Wegg, le filou beau parleur à la jambe de bois, aidé en cette tâche par Mr Venus, reconstructeur de squelette, a fouillé les décharges amassées dans sa cour et découvert un testament postérieur à celui octroyant l'héritage aux Boffin, qui cette fois, destine la fortune de Harmon à la Couronne. Silas Wegg se prépare à faire chanter les Boffin quand Venus, après réflexion, décide de tout leur révéler.

Le lecteur est peu à peu parvenu à l'idée que John Rokesmith est l'héritier présumé mort, John Harmon en personne. De fait, il s'avère que ses vêtements ont été volés avec le contenu de leurs poches par l'homme qui a retiré le prétendu noyé des eaux. Rokesmith/Harmon a gardé cet alias pour apprendre à mieux connaître Bella Wilfer avant de s'engager à l'épouser comme le stipule la clause testamentaire de son père. Mais le mariage a déjà eu lieu et comme, lors de son engagement, Bella le croyait pauvre, il peut enfin jeter sa défroque aux orties et se révéler pour ce qu'il est. Tout s'éclaire désormais, et pour le mieux : Mr Boffin, loin d'avoir changé, a joué à l'avare et maltraité son secrétaire pour mettre Bella à l'épreuve, sonder son caractère, et mesurer ses intentions et ses véritables motivations.

Silas Wegg tente de faire chanter Mr Boffin en brandissant le testament qu'il a exhumé, mais ce dernier abat une nouvelle carte, lui aussi ayant en mains un document encore plus récent qui lui attribue bel et bien la fortune, même au dépens du jeune John Harmon. De toute façon, tout finira bien, car le couple Boffin a déjà pris la décision de faire de John et Bella leurs héritiers. Quant à Silas Wegg, il est châtié pour son forfait et il revient à Sloppy de le charrier hors des murs de la ville. Sloppy, de surcroît, devient un excellent ami de Jenny Wren dont le père alcoolique est mort.

Une intrigue secondaire concerne le couple Lammle qu'un malentendu sur la richesse de chacun a uni, mais quand la vérité se dévoile, loin de s'en vouloir, ils unissent leurs effort pour mieux extorquer leurs victimes. Comme agent d'exécution de leur plan, ils utilisent les services de Fledgeby qu'ils envoient à l'assaut de l'héritière Podsnap, puis de Bella Wilfer. Fledgeby camoufle ses forfaits sous le couvert du bon Mr Riah, ce vieux juif toujours prêt à venir en aide à qui en a besoin. Les manigances du trio d'escrocs ne sont pas sans conséquence, au moins temporairement, car Mr Riah se brouille avec Jenny Wren qu'il a pourtant pris sous son aile. Cependant, les usurpateurs sont démasqués et, même si, en une dernière ruade, Lammmle s'emploie à rosser Fledgeby qu'il rend responsable de ses malheurs, le couple véreux se voit forcé de quitter l'Angleterre. Ainsi, comme toujours chez Dickens, la justice a prévalu, les méchants ont perdu la partie et restent des couples heureux qu'unit l'amour et non l'appât du gain.

Recensement

Principaux personnages

  • John Harmon, héritier de la fortune familiale, mais à la condition qu'il épouse Bella Wilfer. Présumé mort pendant la majeure partie du roman, il vit en réalité sous une fausse identité en tant que John Rokesmith. Employé comme secrétaire par les Boffin, il essaie de mieux connaître Bella et aussi de se faire une idée de l'opinion générale quant à la « mort » de Harmon. Il utilise également le pseudonyme Julius Handford, adopté lors de son retour à Londres.
  • Bella Wilfer, née dans la pauvreté, elle n'a jamais abandonné l'espoir d'épouser l'homme riche qui lui a été promis et ainsi, de profiter de la fortune du vieux Mr Harmon, espoir que la nouvelle du meurtre de John Harmon réduit à néant. D'autant que l'héritage a été transmis aux Boffin, ce qui leur apporte d'ailleurs plus de soucis que de satisfaction. Elle rejette une proposition de mariage de Rokesmith, puis se ravise et accepte. D'abord décrite comme « une jeune femme intéressée avec pas plus de personnalité qu'un canari[46] », elle change au cours du roman et, quoique toujours préoccupée par l'argent, apparaît bien plus complexe qu'au début lorsqu'elle finit pas défier la pression sociale pour parvenir au bonheur indépendamment de la richesse, si bien qu'elle est souvent louée par la critique pour sa vivacité et aussi sa vraisemblance en tant que personnage de femme[47]. En effet, elle apparaît plus complexe et moins statique que nombre d'autres personnages. Sa relation avec son père qu'elle aime à la folie, appelle « chérubin » et traite comme un petit enfant est quasi maternelle, ce qui permet à Dickens de créer un puissant contraste avec les rapports qu'elle entretient avec sa mère et sa fille.
  • Nicodemus (Noddy) Boffin, « L'Éboueur d'or » (« The Golden Dustman ») devient membre de la catégorie des nouveaux-riches lorsque l'héritier du vieux Mr Harmon est déclaré mort. Illettré, il aspire à rejoindre l'élite des gens de bien et, à cette fin, loue les services de Silas Wegg, chargé de lui faire la lecture pour l'instruire et lui donner de bonnes manières, mais qui, en fait, le fait quasiment chanter. Il vit cependant en avare pour montrer à Bella les dangers de la richesse, puis finit par reconnaître qu'il lui jouait la comédie et laisse toute sa fortune à ses enfants adoptifs. Son innocence, sa curiosité naïve et son désir sincère de se cultiver s'opposent à « sa performance très sophistiquée dans son rôle d'avare[47] », si bien que les critiques se demandent si ce rôle avait vraiment été prévu par Dickens, arguant du fait qu'il ne paraît guère compatible avec l'ignorance crasse dont cet homme simplet fait preuve en bien des occasions[48]. Quoi qu'il en soit, Boffin présente une fraîcheur s'opposant « sainement »[48] à la superficialité hautaine des « vrais riches » que sont les Veneering et les Podsnap. Il est vraisemblable qu'il a été inspiré à Dickens par le cas de Henry Dodd qui, à l'origine garçon de ferme, a accumulé une fortune avec les ordures de la capitale.
  • Mrs Henrietta Boffin, épouse de Noddy. C'est une personne très maternelle qui persuade son mari d'adopter un petit orphelin, John, ce qui témoigne d'une « évolution chez Dickens qui, de plus en plus, confère à ses personnages féminins un rôle actif dans la réforme sociale[49] ». Elle finit par comprendre que Rokesmith n'est autre que Harmon, autre prétexte pour que Boffin joue les avares.
  • Lizzy Hexam, fille de Gatter Hexam et sœur de Charley Hexam. C'est une fille affectueuse envers les siens, mais convaincue que Charley doit échapper aux conditions de vie familiales pour trouver la réussite. Elle lui donne de l'argent et l'aide à partir pendant une absence du père tandis qu'elle reste dans la pauvreté. Objet des sollicitudes de Bradley Headstone et Eugene Wrayburn, elle craint la violence amoureuse de Headstone et secrètement penche pour son concurrent, encore qu'elle soit tout à fait consciente de leur différence de statut social. Elle le sauve d'une attaque de Bradley et l'épouse. Lizzie représente le pivot moral de toute l'histoire, de loin « le meilleur de tous les personnages, presque entièrement dépourvue d'égo […] avec une puissance d'abnégation à peine plus crédible que l'élégance de son discours[47] ». Ces qualités innées la rendent parfois peu crédible, surtout si on la replace dans le milieu familial. Quoi qu'il en soit, elle mérite plus que tout autre la récompense qui lui est attribuée, le bonheur avec Eugene.
  • Charley Hexam, fils de Jesse « Gaffer » Hexam et frère de Lizzie. Au départ, il se montre plein d'attentions pour sa sœur, mais lorsque son statut social gagne en importance, il s'écarte d'elle pour ne pas subir la honte de sa pauvreté. Sous la férule de Headstone, il reçoit en effet une bonne instruction lui permettant de devenir maître d'école. Dickens l'utilise pour critiquer le système éducatif réservé aux pauvres[50], et aussi « la corruption morale des parvenus qui les conduit à s'éloigner de leurs proches au nom de leur réussite[49] ».
  • Mortimer Lightwood, homme de loi, connaissance des Veneering et ami d'Eugene Wrayburn. C'est par lui que les lecteurs, comme les autres personnages, apprennent l'existence du testament du vieux Harmon. En cela, il assume le rôle de « raconteur »[47]. Il ressent une véritable amitié envers Wrayburn, éprouve du respect pour Twemlow, mais sous le masque de l'ironie[47]. Il sert aussi de commentateur et représente la voix de la conscience[48], le sarcasme couvrant souvent le souci qu'il porte aux gens.
  • Eugene Wrayburn, considéré comme le second héros de l'histoire, est avocat. Gentleman de naissance, il est doté d'un caractère filou et isolent. Ami de Mortimer Lightwood, il devient partie d'un triangle formé avec Lizzie Hexam et Bradley Headstone, tous les deux servant de miroir pour mieux le révéler, Lizzie se situant à l'opposé de ses aspects négatifs et Headstone paraissant si noir qe par comparaison, il en devient presque vertueux. Comme Harmon/Rokesmith, il « renaît » après l'incident du fleuve[51], retrouve ses valeurs morales et apparaît, surtout après avoir épousé Lizzie, pourtant de statut bien inférieur, pour sauver sa réputation, en vrai gentleman, et sympathique de surcroît[52].
  • Jenny Wren, de son vrai nom Fanny Cleaver, couturière pour poupées, chez qui Lizzie réside après la mort de son père. C'est une infirme au dos brisé, mais sans que sa difformité ne la rende laide. Elle s'occupe en mère de son père alcoolique qu'elle appelle « son mauvais garçon », et en cela, elle ressemble à Bella qui couve son propre père. Plus tard, elle prend soin d'Eugene alors qu'il se remet de l'attaque de Headstone. Vers la fin du roman, elle semble esquisser une affaire d'amour avec Sloppy, ce qui devrait se terminer par un mariage. Bien que ses maniérismes lui confère une certaine étrangeté[47], Dickens l'a dotée d'une intuition sans faille : c'est elle qui perçoit les intentions de Wrayburn à l'égard de Lizzie. D'après Hawes, elle joue le double rôle de « créateur » et de « ange gardien », et ses marottes plutôt gentilles à propos « des fleurs, du chant des oiseaux, du nombres des élus, des enfants vêtus de blanc » témoignent de la faculté de l'esprit de se hisser au-dessus de l'adversité[48]
  • Mr Riah, prêteur sur gages juif au grand cœur. Il vient en aide à Lizzie Hexam et Jenny Wren, entretenant avec eux, alors qu'ils sont dépourvus et isolés, une relation très chaleureuse. Certains critiques pensent qu'il a été créé à l'opposé de Fagin dans Oliver Twist pour corriger l'accusation d'antisémitisme qui avait été faite à Dickens, en particulier par Mrs Eliza Davis, dame juive connue pour ses bonnes œuvres, qui lui avait écrit que son personnage avait « causé un grand tort à tous les juifs ». Du coup, Mr Riah est parfois jugé « trop gentil pour être vrai »[53],[54].
  • Bradley Headstone, garçon indigent, il a réussi à devenir le maître d'école de Charlie Hexam et l'objet des attentions de Miss Peecher, dont il se désintéresse. Il s'éprend de Lizzie qu'il poursuit de ses assiduités avec passion. Bien que repoussé, il éprouve une violente jalousie à l'égard d'Eugene Wrayburne qu'il traque le soir tombé comme un « animal sauvage mal apprivoisé » pour essayer de surprendre le couple. Il va même jusqu'à s'habiller comme Rogue Riderhood et est sur le point de noyer Eugene lorsque Lizzie survient et le sauve. Lorsque Riderhood se rend compte qu'il usurpe son identité pour l'incriminer du meurtre, il tente de le faire chanter, manège qui finit par une lutte à mort dans le fleuve où tous les deux perdent la vie. Headstone est souvent décrit comme souffrant d'une double personnalité, à la fois « douloureusement respectable et en proie à une jalousie pathologique[55]. » Cette dichotomie trouve peut-être son explication dans ce que Collins appelle « l'insécurité intellectuelle »[55], et Romano insiste sur le comportement quasi « mécanique du personnage diurne[47] », si bien que Headstone apparaît comme le plus complexe des meurtriers de Dickens, « ressortissant plus à la catégorie des cas psychologiques qu'à celle de personnage de polar[55] ».
  • Silas Wegg, l'homme à la jambe de bois, vendeur de ballades (patterer)[N 5],[56] et « parasite social[52] », dont Boffin loue les services pour le plaisir de l'écoute et aussi pour apprendre à lire. C'est pourtant un individu quasi inculte, mais assez vicieux pour faire chanter son employeur après que Venus et lui ont trouvé le testament de Harmon dans une décharge. Son ambition suprême est, pour, proclame-t-il, retrouver sa respectabilité, de racheter sa jambe perdue dès qu'il aura assez d'argent, façon, selon certains critiques, « de se compléter[51] ». Dickens l'a doté d'un réel sens de l'humour, ce qui peut paraître assez contradictoire avec sa vilenie.
  • Mr Venus, taxidermiste de son état, amoureux de Pleasant Riderhood qu'il finit par épouser. Il rencontre Silas Wegg après lui avoir retrouvé la jambe tant convoitée et fait semblant de devenir le complice du chantage exercé à l'encontre des Boffin tout en tenant ces derniers au courant des machinations de l'unijambiste. D'après Romano, Mr Venus aurait été campé d'après un certain J. Wilis, encore que son obsession, qui semble le résumer, le renvoie « parmi les plus loufoques et les moins réalistes des personnages de Dickens[47] ».
  • Mr Alfred Lammle, mari de Sophronia Lammle. Chacun d'eux, au moment des noces, croyait épouser une fortune, alors qu'en réalité ni l'un ni l'autre n'avait le moindre sou. Aussi jouent-ils de leur charme inné mais superficiel pour se faire des relations facilement exploitables, par exemple les Veneering qu'ils flattent alors même qu'ils complotent pour leur soutirer de l'argent.
  • Mrs Sophronia Lammle, appelée « la jeune femme responsable » au cours des premiers chapitres. D'abord décrite comme tout-à-fait respectable, elle s'avère ensuite froide, avide et manipulatrice, si bien que le lecteur se rend compte assez tard que les compliments du début étaient ironiques. Lorsque le couple s'aperçoit qu'il s'est mutuellement berné, loin de se déchirer, il prend délibérément le parti de l'escroquerie pour soutirer de l'argent à qui tombe sous le charme de leur fréquentation. Sophronia manigance pour unir Georgiana Podsnap à Fledgeby, mais trouve le chemin de la repentance avant que le projet soit réalisé.
  • Georgiana Podsnap, fille de Mr et Mrs Podsnap, timide, naïve et confiante, qui se laisse facilement manipuler par des membres de la classe supérieure qui n'en veulent qu'à son argent. Ainsi se laisse-t-elle courtiser par Fledgeby, dont les intentions sont, sans qu'elle s'en doute, malveillantes, et elle est sur le point de tomber dans le filet lorsque Sophronia Lammle change enfin de conduite.
  • Mr Fledgeby, appelé Fascination Fledgeby, ami des Lammle. Corrompu et dénué de scrupules, il est propriétaire de l'affaire gérée par Mr Riah, amasse une fortune par une spéculation véreuse et, de ce fait, apparaît comme son opposé. D'après Sidney Dark, il sert surtout à montrer qu'« un juif peut être d'une extrême gentillesse et un chrétien d'une extrême cruauté[57] ». Fledgeby est sur le point d'épouser Georgiana Lammle, mais Sophronia Lammle fait marche arrière in extremis. Finalement, les Lammle piège Fledgeby et le rosse dans ses appartements.
  • Roger « Rogue » Riderhood, associé de Gaffer Hexam qui finit par le chasser après sa condamnation pour vol. Pour se venger de lui et dans l'espoir d'obtenir la prime offerte par la police, il dénonce Gaffer comme l'assassin de John Harmon. Plus tard, Riderhood devient éclusier et, cette fois, c'est Headstone qui tente de l'impliquer dans le meurtre de Eugene Wrayburn. Riderhood s'efforce alors de le faire chanter, mais leur relation se termine par une bagarre sur les rives de la Tamise où les deux hommes tombent et se noient. Romano juge qu'il incarne « littéralement une irrémédiable vilenie[47] ». Il apparaît aussi comme un opportuniste modelant sa conduite au gré des circonstances pour mieux servir ses intérêts.
  • Reginald Wilfer, père de Bella Wilfer, c'est un homme doux, aimable et naïf jusqu'à l'innocence, quoique entouré d'une épouse et d'une filles d'humeur plutôt querelleuse, et soumis à l'ingratitude des tâches dévolues à un commis de bureau. Dickens se plaît à le décrire en enfant et à l'appeler « le Chérubin ». Certains critiques ont avancé l'idée que l'exceptionnelle affection le liant à sa fille fait écho à la rupture survenue entre Dickens et sa propre fille après qu'elle s'est marié contre sa volonté[58].

Personnages secondaires

  • Mr Inspector, officier de police qui témoigne lors de plusieurs événements importants, par exemple quand le corps sorti de la rivière est, à tort, identifié comme celui de John Harmon, ou encore quand Gaffer Hexam est incarcéré et lorsque le vrai John Harmon est enfin nommé par son nom[48]. Imperturbable, « omnicompétent », il allie la fermeté à la bonne humeur et sait, à merveille, jouer différents rôles[55]. En dépit de son autorité, cependant, il ne s'avère pas particulièrement habile à faire régner la loi et laisse un arrière-goût de méfiance envers le système judiciaire.
  • Mr John Podsnap, membre de la classe moyenne supérieure, caractérisé par sa solennité, sa suffisance et son chauvinisme de tous les instants. Marié à Mrs Podsnap et père de Georgiana Podsnap. Certains critiques pensent qu'il a été inspiré par John Forster, l'ami inconditionnel de Dickens et son premier biographe. Dickens s'est défendu de cette accusation, insistant sur le fait que si, en effet, il avait copié certains maniérismes de Forster, en aucun cas, son personnage ne lui ressemblait. De fait, Peter Ackroyd explique que Forster, comme Dickens, était issu d'un milieu humble et qu'il avait gravi l'échelle sociale avec difficulté[59]. Quoi qu'il en soit, Podsnap sert de porte-parole de la « bonne société », comme en témoigne son rejet du mariage entre Eugene Wrayburn et Lizzie Hexam[52].
  • Mrs Podsanp, femme de Mr Podsnap et mère de Georgiana. Si elle partage les préjugés sociaux de son mari et de sa fille, elle reste quelque peu effacée. En tant que représentante de épouses de la classe moyenne supérieure, elle est décrite comme « une grande dame »[52].
  • Mrs Wilfer, mère de Bella, jamais satisfaite. Son arrogance hautaine se manifeste particulièrement chez les Boffin qu'elle écrase de sa suffisance, et aussi lors de retour de Bella et de Rokesmith après leur mariage. L'animosité qu'elle porte à son mari, son avidité et son perpétuelle mécontentement contrastent avec, malgré ses défauts, ce qui existe de bon chez Mr Podsnap. Elle préfigure, en quelque sorte, ce qu'il pourrait advenir de Bella si elle ne venait pas à changer.
  • Lavinia Wilfer, petite sœur de Bella, fiancée à George Thomson. Elle parle beaucoup et a du caractère, seule à pouvoir défier Mrs Wilfer par à la fois l'audace et la dérision. Alors que Bella réussit à surmonter son avidité, Lavinia, elle persiste à ressentir une amère colère à demeurer dans la pauvreté.
  • George Sampson, soupirant de Lavinia après avoir poursuivi Bella de ses assiduités. Dickens l'utilise pour créer des moments de relâche amusante et comique et pour offrir un contraste avec la relation idyllique de Bella et Rokesmith/Harmon.
  • Mr Melvin Temlow, ami des Veneering, réputé avoir de l'entregent, par exemple auprès de Mr Snigsworth, et pour cela souvent courtisé par ses adulateurs. Mrs Lammle lui confie les projets de mariage entre sa fille Gorgiana et Fledgeby dont Twemlow est le débiteur. Bien qu'il soit d'abord décrit comme ressemblant à la table d'apparat des Veneering lors de leur grand dîner, il n'en reste pas moins capable de penser par lui-même et non sans sagesse. Certes, son col raide et sa cravate à l'ancienne le désignent comme un représentant d'un monde archaïque, mais c'est en vrai gentleman qu'il réagit au mariage tant décrié de Wrayburn[47].
  • Mrs Betty Higden, gardienne d'enfants au grand cœur. Elle accueille chez elle et soigne les enfants déshérités, dont Johnny, l'orphelin que les Boffin désirent adopter. Elle est déjà âgée et sans grande ressource, rongée par la crainte de mourir dans l'hospice. Lorsqu'elle sent ses forces décliner, elle s'enfuit dans la campagne et meurt dans les bras de Lizzie Hexam. Dickens, par son intermédiaire, dénonce une fois de plus les situations tragiques auxquelles les pauvres sont constamment confrontés et l'urgence d'une réforme de leur statut.
  • Johnny, orphelin, c'et l'arrière petit-fils de Betty Higden. Les Boffin ont le projet de l'adopter, mais il meurt à l'hôpital des enfants malades avant qu'ils en aient le temps.
  • Sloppy, enfant trouvé dont s'occupe Betty avec d'autres enfants résidant dans l'hospice. Il semblerait qu'il ait un retard mental, mais arrive à déchiffrer le journal et à le lire pour sa bienfaitrice. Il est constamment décrit comme plongé dans un état d'innocence perpétuelle. C'est lui qui emporte Wegg à la fin du roman et, bien que certains critiques ne voient là qu'astuce littéraire consistant à unir deux handicapés, il ébauche une affaire d'amour avec Jenny Wren[48].
  • Jesse Gaffer Hexam, marinier père de Lizzie et Charley, gagne son pain en détroussant les cadavres charriés par la Tamise. Il est à tort dénoncé comme coupable du meurtre de John Harmon par son ancien associé Rogue Riderhood lorsqu'un corps, présumé être celui du disparu, est repêché des eaux boueuses. La chasse à l'homme s'organise et il est arrêté, puis son corps sans vie est retrouvé dans son bateau. Son refus que Charley aille à l'école avait incité Lizzie à le soustraire à son milieu familial, tandis qu'elle-même restait auprès de son père. Du coup, Gaffer avait renié son fils. En quelque sorte, il est possible que son attitude ait été justifiée, car il aurait deviné que Charley, une fois instruit, suivrait de mauvais chemins.
  • Pleasant Ridrhood, fille de Rogue Riderhood ; elle travaille dans un mont-de-piété tout en prenant soin de son père, qui la maltraite, comme s'il était son enfant. Elle n'a de cesse d'essayer de corriger sa conduite, ce qui perpétue le thème dickensien des filles se sacrifiant pour leur père, qu'il le mérite ou non[60],[61]. Vers la fin du roman, elle épouse Mr Venus.
  • Mr et Mrs Veneering, couple de nouveaux riches dont la préoccupation majeure est de grimper plus haut dans l'échelle sociale. À leur table se pressent leurs nombreux invités, tous gens réputés d'influence : le mobilier brille de tous ses feux, ce qui leur paraît plus impressionnant et ils portent leurs biens, leurs connaissances et leur richesse comme autant de bijoux pour attirer, pensent-ils, le beau monde chez eux.
  • Miss Abbey Potterson, tenancière de l'auberge des Six Jolly Fellowship Porters qu'elle garde méticuleusement propre et sur laquelle elle règne sans partage, ne donnant à ses clients que ce qu'elle juge raisonnable. Dickens la lie au thème de l'éducation et en cela, lui donne des allures de Maîtresse d'école[62].
  • Miss Peecher, maîtresse d'école éprise de Bradley Headstone. D'après John Romano, c'est un personnage « bienveillant et inoffensif […] croyant naïvement à l'aspect extérieur des choses et des gens[47] », comme en témoigne son inébranlable foi en Headstone, ce filou qui se donne des airs de bonté.
  • Mr Dolls, père alcoolique de Jenny Wren, qu'elle appelle son « mauvais garçon ». D'après Adrian et Slater, elle illustre une fois de plus le thème récurrent chez Dickens des filles infantilisant leur père pour mieux les protéger[60],[61]. Eugene ne connaît pas son vrai nom et l'appelle Mr Dolls, mais comme sa fille se nomme Fanny Cleaver, il est vraisemblable qu'il est en réalité Mr Cleaver. De toutes façons, il n'est jamais appelé autrement que « mon mauvais garçon » ou « Mr Dolls » dans le roman.

Narration et caractérisation

(en construction)

Il est impossible de séparer l'étude de l'intrigue de celle des personnages, tant les divers fils de l'une et la diversité de classe des seconds semblent d'abord irréconciliables, puis savamment se rapprochent et se rejoignent pour former un tout dont la cohérence est constamment soulignée. Il y a là un tour de force que seul un romancier aussi expérimenté que Dickens pouvait mener à terme[63].

En 1865, l'intrigue s'était vu violemmment critiquée : le New York Times parlait d'une « action dont la complication s'associe à une totale maladresse dans l'art de la présenter et la déployer[64] ». À Londres, cette fois, le London Review écrivait sous une plume anonyme que « l'intrique tout entière dans laquelle sont mêlés le mort John Harmon, Boffin, Wegg et John Rokesmith, est échevelée, fantastique et dénuée de réalisme, conduisant le lecteur à une totale confusion que l'intérêt général de l'histoire ne vient en rien compenser 1865[65] », ajoutant que « le dénouement est une nouvelle déception[65] ». Pourtant, le même London Review publiait conjointement un jugement favorable sur la psychologie de Rokesmith : « l'état mental d'un homme s'apprêtant à commettre le plus grand des crimes a rarement été dépeint avec autant de sophistication et de vraisemblance[66] ».

Pourtant, peut-être conscient de la difficulté que son intrigue rencontrerait, Dickens avait pris soin de préciser dans sa postface qu'il s'était particulièrement attaché à en préserver l'unité :

« To keep for a long time unsuspected, yet always working itself out, another purpose originating in that leading incident, and turning it to a pleasant and useful account at last, was at once the most interesting and the most difficult part of my design. Its difficulty was much enhanced by the mode of publication; for it would be very unreasonable to expect that many readers, pursuing a story in portions from month to month through nineteen months, will, until they have it before them complete, perceive the relations of its finer threads to the whole pattern which is always before the eyes of the Story-weaver at his loom[67]. »

« Garder longtemps caché et pourtant se développant sans cesse, un autre but généré par [un] incident majeur, puis en rendre enfin compte de manière plaisante et utile s'est avéré la partie à la fois la plus intéressante et la plus difficile de ma conception de l'intrigue. Cette difficulté s'est trouvée encore accrue par le mode de publication ; il serait en effet fort peu raisonnable de s'attendre à ce que beaucoup de lecteurs, suivant une histoire découpée en portions mensuelles pendant dix-neuf mois, puissent, avant qu'ils ne soient parvenus à leur terme, percevoir les relations reliant les fils les plus ténus au schéma général sur lequel le tisseur d'histoire à son métier garde les yeux rivés. »

Le vocabulaire employé ici est très révélateur : contrairement à des auteurs comme Samuel Richardson au XVIIIe siècle, Jane Austen, George Eliot ou Henry James au début et à la fin du XIXe siècle, Dickens ne cherche pas à créer l'impression que son intrigue se développe sur son élan comme mue par la logique interne aux événements. Dans L'Ami commun, forme et sens ne fusionnent pas organiquement, mais sont reliés par un processus de manipulation délibérée. Pour reprendre la propre image de Dickens, les thèmes fournissent la trame de base sur laquelle s'entrecroisent les fils d'épisodes divers pour former un schéma complet et cohérent s'imposant finalement au lecteur[68].

De fait, si l'intrigue de L'Ami commun apparaît, au bout du compte, relativement simple, elle s'avère, vue de l'extérieur, redoutablement complexe. Le cadre général peut être ainsi tracé : un riche héritier, en route pour recevoir son héritage et se soumettant à la clause exigeant son mariage avec une femme qu'il ne connaît pas, disparaît à son arrivée, son corps ayant été retiré des eaux de la Tamise. En son absence, la fortune revient à un quasi simple d'esprit vertueux mais incapable de gérer la manne financière qui lui tombe du ciel. Bien sûr, de nombreuses forces hostiles se dressent pour le dépouiller, en particulier un colporteur de ballades unijambiste, un taxidermiste et un couple sinistre qui, après s'être mutuellement berné, s'associe dans l'art de l'escroquerie[69].

Cependant, de nombreuses intrigues secondaires commencent à se greffer sur la trame générale, couvrant presque toutes les strates de la société. Il y a là « une abondance de matériaux apparemment disparates qu'un écrivain moins accompli que Dickens aurait sans doute rassemblé en un galimatias indéchiffrable ; mais à ce stade de sa carrière, Dickens est tout-à-fait capable de tirer les traits nécessaires entre les différents mondes sociaux et les groupes de personnages, rassemblant ces apparents éparpillements en un tout aussi compliqué que le réseau d'usines dominant Les Temps difficiles[69] ». Les intrigues se suivent et s'accumulent en douceur et soudain, les groupes sociaux apparemment à des années lumière les uns des autres se rejoignent, « ce qui apparaît comme l'un des points saillants du roman[69]. »

(à suivre)

Thématique

Manière d'écrire

(en construction)

Adaptations et influence

Cinéma

Deux films muets adaptés du roman restent particulièrement célèbres, celui, réalisé en 1911 et intitulé du nom d'un des personnages Eugene Wrayburn, avec Darwin Carr dans le rôle-titre, et Vor Faelles Ven (Our Mutual Friend), réalisé en 1921 par le Danois Ake Sandberg ; une version restaurée par l'Institut national du film du Danemark, mais mutilée d'environ 50% de la seconde partie, est sortie à New York en 2012 et est disponible en DVD[70]

Télévision

La BBC a produit trois séries, l'une en 1958 adaptée par Freda Lingstrom, une autre en 1976 mise en scène par Peter Hammond, et la dernière en 1998, adaptée par Sandy Welch, avec Steven Mackintosh et Anna Friel.

Radio

Le 7 novembre 2009, BBC Radio 4 a diffusé l'adaptation de Mike Walker[71].

Divers

T. S. Eliot a d'abord eu l'intention d'intituler son poème The Wasteland « He do the Police in Different Voices », d'après ce que dit Betty Higden de son fils adoptif Snoopy dans L'Ami commun : « You mightn't think it, but Sloppy is a beautiful reader of a newspaper. He do the Police in different voices[72] ».

Dans la série télévisuelle Lost, Desmond Hume sauve un exemplaire de Our Mutual Friend, le seul livre de Dickens qu'il n'ait pas encore lu[73]. En 2005, Paul McCartney a publié, dans son album Chaos and Creation in the B'ackyard, la chanson Jenny Wren concernant le personnage du même nom. Enfin, sir Harry Johnston a écrit une suite à Our Mutual Friend, intitulée The Veneerings et publiée au début des années 1920.

Bibliographie

Texte

  • (en) Charles Dickens, Our Mutual Friend, Londres, Wordsworth Classics, , 794 p. (ISBN 978-1-85326-194-7), introduction et notes de Deborah Wynn, texte de référence

Traductions en français

  • (fr) Charles Dickens et Henriette Loreau (trad. Henriette Loreau), L'Ami commun, Paris, Hachette, , traduction de référence (« Traduction d'Henriette Loreau », Wikisource).
  • (fr) Charles Dickens et Sylvère Monod (trad. Lucien Carrive, Sylvère Monod, Renée Villoteau), L'Ami commun, Gallimard, coll. « La Pléiade », , 1488 p. (ISBN 2070111997), avec Le Mystère d'Edwin Drood.

Ouvrages généraux

  • (en) Asa Briggs, Victorian People, A Reassessment of People and Themes, 1851-1867, Chicago, University of Chicago Press, , 312 p.
  • (en) Philip Hobsbaum, A Reader's Guide to Charles Dickens, New York, Syracuse University Press, , 318 p.
  • (en) Paul Schlicke, Oxford Reader’s Companion to Dickens, New York, Oxford University Press, , 675 p. (ISBN 978-0-198-66253-2).
  • (en) Charles Dickens (Lettres), The Letters of Charles Dickens, Pilgrim Edition, Oxford, Clarendon Press, 1965-2002.
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(à suivre)

Annexes

Notes

  1. Il s'agit d'une maison située à Kensington où il séjourne temporairement.
  2. Marcus Stone devint aussi l'illustrateur d'Anthony Trollope dans, par exemple, Il savait qu'il avait raison.
  3. Il s'agit-là d'une hypothèse formulée par de nombreux critiques, mais nulle part dans le texte n'est-il fait mention de cette colonie britannique.
  4. Dickens se sert de Mrs Higden pour montrer à quel point les pauvres redoutent l'institution de l'hospice paroissial, pourtant destiné à les protéger.
  5. Un patterer était un vendeur de poésie, surtout de ballades, dans les rues. Dickens le fréquentaient souvent et en 1851, un certain Henry Mayhew, lui-même patterer, raconta que le romancier était l'un des favoris de la profession.

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