Wikipédia:Romanisation du biélorusse

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Cette page présente les principes spécifiques de romanisation du biélorusse en usage sur Wikipédia en français. Elle complète la page générale Wikipédia:Romanisation du cyrillique.

Par défaut, les noms et mots biélorusses sont romanisés selon les règles de transcription présentées ci-dessous, sauf s’il est démontré, sources francophones de qualité à l’appui, que le sujet est notoirement connu sous un autre nom dans le monde francophone (auquel cas c’est cet autre nom romanisé qui est utilisé).

Vérification avant transcription : de quelle langue s'agit-il ?[modifier le code]

Bilinguisme russe-biélorusse[modifier le code]

La Biélorussie est un pays bilingue : la majorité de la population parle à la fois le russe, langue prédominante en milieu urbain et dans le monde politique, et le biélorusse, reconnu « langue nationale » mais pratiqué principalement dans les campagnes. Ce bilinguisme s'étend jusqu'aux noms propres : les personnes et lieux biélorusses peuvent être désignés par deux formes différentes de leur nom, une forme biélorusse et une forme russe. Dans ces conditions, il est important de savoir à quelle langue on a affaire avant toute transcription.

Un moyen sûr de différencier le russe du biélorusse consiste à vérifier la présence des lettres « і » et « ў », ainsi que de la combinaison « шч ». Si l'une des trois est présente dans le mot ou nom à romaniser, il s'agit de biélorusse et la table ci-dessous s'applique ; en revanche, si « и » ou « щ » est utilisé, il s'agit de russe et l'on se référera à Wikipédia:Romanisation du russe. Autres différences : dans les syllabes inaccentuées, le biélorusse a généralement « а » là où le russe aurait « о » (le nom d'Alexandre Loukachenko s'écrit Лукашенко/Loukachenko en russe, mais Лукашэнка/Loukachenka en biélorusse), tandis que les ди/di et ти/ti russes correspondent souvent à дзі/dzi et ці/tsi en biélorusse (Жодзiна/Jodzina s'écrit en russe Жодино/Jodino).

Si l'on a le choix entre les formes russe et biélorusse pour intituler un article sur un lieu en Biélorussie, on utilisera préférentiellement la forme biélorusse. Pour les articles biographiques, il n'y a pas de principe directeur, si ce n'est que la forme retenue doit être cohérente avec la langue d'expression du sujet et la désignation utilisée dans les sources de qualité ; l'autre nom doit toujours faire l'objet d'une redirection et être mentionné dans le résumé introductif, voire en sous-titre s'il se rencontre dans une partie non négligeable des sources.

Orthographe classique ou officielle[modifier le code]

Le biélorusse peut s'écrire en cyrillique suivant deux normes orthographiques : l'orthographe classique biélorusse ou tarachkievitsa (тарашкевіца), norme littéraire initialement codifiée en 1918, et l'orthographe officielle biélorusse (be-tarask) ou narkamawka (наркамаўка), orthographe russifiée adoptée par les autorités soviétiques en 1933. Ces deux normes coexistent encore aujourd'hui, et ont d'ailleurs chacune leur propre version de Wikipédia (Wikipédia en biélorusse classique, code be-tarask, et Wikipédia en biélorusse officiel, code be). Généralement considérée comme plus fidèle aux spécificités de prononciation et de grammaire de la langue biélorusse, l'orthographe classique est toutefois principalement utilisée dans les milieux intellectuels et la diaspora biélorusse, tandis que l'orthographe officielle, jugée trop proche du russe par ses détracteurs, reste malgré tout l'orthographe de référence en république de Biélorussie.

Pour cette raison, c'est à partir de cette dernière norme que les noms et mots biélorusses sont généralement romanisés : on écrira ainsi Уладзімір/Ouladzimir (orthographe officielle) plutôt qu'Уладзімер/Ouladzimier (orthographe classique), ou Аляксандр/Aliaksandr (orthographe officielle) plutôt qu'Аляксандар/Aliaksandar (orthographe classique). Néanmoins, il est possible, et même souhaitable dans le cas de personnalités historiques, de localités ou d'éléments de la culture traditionnelle biélorusse, d'indiquer dans le résumé introductif ou en note le nom du sujet en orthographe classique (cf. par exemple l'introduction de l'article Alexandre Loukachenko).

Table de transcription[modifier le code]

Ci-après le tableau comprenant les lettres biélorusses et françaises ainsi que les divers cas, exemples et variantes :

Lettre biélorusse Lettre ou
combinaison
française
Cas Exemple(s) Variante(s)[1]
А, а a tous les cas Уладзімір → Ouladzimir
Б, б b tous les cas БарысаўBaryssaw
В, в v tous les cas Святлана → Sviatlana w, ff
Г, г h tous les cas Магілёў → Mahiliow g, gh, gu
Д, д d tous les cas Аляксандр → Aliaksandr
Е, е e après un і ou un й ІеранімIeranim é
ïe après une voyelle autre que і ou й Някляеў → Niakliaïew ïé
ie tous les autres cas Сяргей → Siarhieï ié, é, e
Ё, ё io tous les cas Фёдар → Fiodar ë, e
Ж, ж j tous les cas ЖодзiнаJodzina g
З, з z tous les cas Казімір → Kazimir s
І, і ï après une voyelle autre que і Міхаіл → Mikhaïl
i tous les autres cas Мікалай → Mikalaï
Й, й non transcrit mots finissant par ій Арсеній → Arseni
mots finissant par ый Валерый → Valery
ï tous les autres cas Андрэй → Andreï
К, к k tous les cas Віктар → Viktar c
Л, л l tous les cas Станіслаў → Stanislaw ł
М, м m tous les cas Вадзім → Vadzim
Н, н ne en fin de mot après un і ou un ы Жлобін → Jlobine
Ярмошын → Iarmochyne
n tous les autres cas Багдан → Bahdan
Мінск → Minsk
О, о o tous les cas Гродна → Hrodna
П, п p tous les cas Філіп → Filip
Р, р r tous les cas Бабруйск → Babrouïsk
С, с ss entre deux voyelles Васіль → Vassil ç, c
s tous les autres cas Пінск → Pinsk
Т, т t tous les cas Антон → Anton
У, у ou tous les cas УладзіслаўOuladzislaw u après а, о
Ў, ў w tous les cas Браніслаў → Branislaw u, v, ŭ
Ф, ф f tous les cas Іосіф → Iossif
Х, х kh tous les cas Быхаў → Bykhaw
ХойнікіKhoïniki
ch, h
Ц, ц ts tous les cas Францыск → Frantsysk tz, c
Ч, ч tch tous les cas ЧарвякоўTcharviakow
Ш, ш ch tous les cas Лукашэнка → Loukachenka sh
Ы, ы y tous les cas Мазыр → Mazyr
Ь, ь non transcrit Il est possible de trouver ce caractère
transcrit sous la forme d'une apostrophe
Беларусь → Bielarous'
Э, э e tous les cas Лаўрэнцій → Lawrentsi é
Ю, ю ou après un і ou un й Геніюш → Heniouch
ïou après une voyelle autre que і ou й Саюз → Saïouz u
iou tous les autres cas ЮрыйIoury
Я, я a après un і ou un й Юлія → Ioulia
ïa après une voyelle autre que і, й ou ы Ціханоўская → Tsikhanowskaïa
ia tous les autres cas ЯраслаўIaraslaw
Марыя → Maryia

Exceptions[modifier le code]

Les règles ci-dessus ne s'appliquent pas aux noms biélorusses issus d'une langue à alphabet latin, qui reprennent leur orthographe originelle lorsqu'ils sont transcrits. Par exemple, le nom de l'homme politique Віктар Шэйман, qui vient de l'allemand, est préférentiellement transcrit Viktar Scheimann selon les conventions de l'orthographe allemande et non Viktar Cheïman selon celles du français.

Pour des raisons historiques ou d'euphonie, certains prénoms biélorusses relativement proches de leurs équivalents français peuvent être francisés. De tels prénoms sont cependant peu nombreux : en pratique, on ne rencontrera guère qu'Анастасія/Anastassia, francisé Anastasia, et Максім/Maksim, francisé Maxime ou Maxim.

En dehors de ce cas précis, et contrairement à ce qui peut être observé pour le russe, le groupe кс est rarement transcrit x au lieu de ks, et cet usage est donc à éviter à moins que les sources francophones de qualité ne penchent clairement en son sens. En revanche, l'accentuation des e (donnant é ou è), préférée par certains pour sa prononciation plus naturelle, est plus répandue : non systématique malgré tout, elle est laissée à la discrétion des rédacteurs. Il sera toutefois judicieux de mettre l'accent en fin de mot, notamment pour les terminaisons de type -іне/iné afin de les distinguer de -ін/ine.

Systèmes concurrents[modifier le code]

Certaines sources, notamment celles écrites dans d'autres langues que le français, utilisent un autre système de romanisation du biélorusse. Lorsque l'on traduit en français les informations issues de ces sources, il convient d'adapter également cette romanisation aux usages francophones — à moins, conformément au principe directeur cité plus haut, que le sujet soit notoirement connu sous une autre romanisation dans le monde francophone, ce qui est par exemple le cas de nombreux sportifs[2].

Dans le monde anglophone, le principal système de transcription utilisé est la romanisation BGN/PCGN (reconnaissable par exemple à son usage de sh, zh et y avant, entre et après voyelles). Pour passer de cette transcription anglophone à la transcription francophone, il faut grossièrement remplacer :

  • ch, sh et zh respectivement par tch, ch et j ;
  • yi et iy par i ;
  • y avant ou après voyelle par i ;
  • e après voyelle autre que i par ïe ;
  • u par ou, sauf dans les diphtongues au, eu et ou où il est remplacé par w (donnant aw, ew et ow) ;
  • s entre voyelles par ss ;
  • et in et yn en finale par ine et yne.

Il convient ensuite de mettre des trémas sur les i adéquats pour restituer la prononciation. En revanche, il est difficile de savoir a priori si un -y final doit être laissé tel quel ou transformé en -i : cela dépend de la terminaison du mot biélorusse initial (si celui-ci se termine par -ы ou -ый, alors la transcription française se termine par -y, mais si la terminaison initiale est -і ou -ій, alors la transcription française donnera -i). De même, il peut être délicat de savoir si un e doit rester e ou devenir ie : le recours à la forme biélorusse est alors nécessaire. (Voir aussi ce tableau de translittération universel du gouvernement canadien.)

De nombreuses sources utilisent également l'alphabet łacinka, qui a recours à des carons (č, š, ž, ŭ), des accents aigus (ć, ś, ź) et un l barré (ł) d'origine polonaise ; la romanisation gouvernementale biélorusse de 2007 en est largement inspirée, mais s'en distingue par l'utilisation d'un l accent aigu (ĺ). Pour passer à la transcription francophone, il faut :

  • supprimer tous les accents aigus ;
  • remplacer ł par l le cas échéant ;
  • remplacer u par ou et ŭ par w ;
  • transformer ji et ij par i ;
  • transformer j avant ou après voyelle par i ;
  • remplacer c, č, š et ž respectivement par ts, tch, ch et j ;
  • remplacer s entre voyelles par ss ;
  • remplacer in et yn en finale par ine et yne ;
  • et ajouter des trémas sur les i adéquats pour restituer la prononciation.

Une autre romanisation fréquemment rencontrée à l'internationale est l'ISO 9:1995, ou sa variante académique ISO/R9:1968 (dite « romanisation scientifique » ou « romanisation des slavistes »). Elle utilise elle aussi des lettres diacritiquées de carons (č, š, ž, ŭ) et a l'avantage de pouvoir être reconvertie facilement en cyrillique, de sorte qu'en s'aidant des tableaux de la page dédiée, il est possible de reconstituer la forme originale biélorusse puis d'y appliquer les règles de transcription francophone.

D'autres systèmes de transcription (allemand, polonais…) sont plus rarement rencontrés. En cas de doute, s'adresser au Café des linguistes[3].

  1. Ces variantes, pour n'être pas conseillées, se rencontrent parfois.
  2. On parlera ainsi de Dimitri Nikulenkau et d'Ala Tsuper au lieu de Dzmitry Nikoulienkaw et Ala Tsouper.
  3. Le Projet:Biélorussie, théoriquement qualifié pour ce genre de questions, est actuellement en sommeil.