Utilisateur:Claude Zygiel

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Bonjour, je suis un Zyg parmi 7,5 milliards d'autres. C trop.

Aujourd'hui n'est pas un jour drôle (lendemain de l'attentat de Nice), mais pour égayer la vie je tente parfois d'être un drôle de Zyg au taux (élevé d'endorphine). Sans l'humour, ça ne vaudrait pas le coup de rester dans ce gros déficit d'amour qu'on appelle "le monde". Les Zyg aux mâts tiquent lorsqu'ils ne comprennent pas qu'on humorise sur le mal et la mort. C'est parce qu'eux ont encore des cadavres ou des stèles à qui demander pardon d'avoir survécu. Moi pas.

G quelques études. Donc quelques lacunes dans mon ignorance.

Tous les miens et moi, on a été souvent pris pour des bœufs. Zygos peut signifier "joug". Le seul avantage c'est qu'on était ensemble sous le joug. On aussi été souvent pris pour des œufs selon le fameux dicton on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs, pondu par des gens qui voulaient bien qu'on sacrifie des vies pour tenter de rapprocher le réel de leurs mots, cocorico, pourvu que les "œufs", ce ne soit pas eux ! Zygiel peut signifier "tuile". Pour les miens et moi, ce n'est pas ce qui a manqué le plus. Malgré tout, peut-être parce que je suis agnostique, je me refuse à céder au syndrome d'Haman.

Le syndrome d'Haman (cet Iznogoud biblique du livre d'Esther) c'est de ne voir partout que des Haman, des ennemis. C'est de les re-créer lorsque la haine se tasse. C'est de toujours vouloir attiser la haine de la bête immonde de Brecht lorsque la catharsis parvient à l'atténuer. C'est, au tréfonds de soi, appeler la haine et la mort, les aimer, vouloir être pénétré par elles, anéanti par elles, avec tous les nôtres, parce que la paix et l'amour nous apparaissent comme des utopies sirupeuses vides de sens, parce que notre identité ne peut pas se construire sans avoir peur, sans être haïs... et sans haïr. Marqué par cela moi aussi, je ne pouvais pas, lorsque j'étais enfant, passer près d'une clôture sans exciter les « chiens méchants » lorsqu'il y en avait. Et plus ils grognaient et aboyaient et montraient leurs crocs contre moi, plus les choses me paraissaient normales, et si les maîtres sortaient pour m'insulter, alors tout était à sa place.

Pour les nationalistes, le syndrome d'Haman c'est de dire personne n'est inoffensif, tous les différents (d'eux) sont dangereux par nature, donc les exploiter, les maltraiter, les laisser crever, c'est légitime. Pour les religieux intégristes le syndrome d'Haman c'était de dire on ne peut vivre qu'entre nous, et encore, en se surveillant mutuellement pour ne pas dévier d'un ' de la Loi, et personne de mécréant sur terre ne peut être notre ami… donc haïr l'autre parce qu'il est autre, et au besoin le tuer par tous les moyens (y compris les plus modernes), c'est légitime. Pour les marxistes partisans de la violence révolutionnaire, le syndrome d'Haman c'était de dire personne n'est innocent, tous sont complices (sauf eux-mêmes, les violents, et encore) donc faire sauter une gare ou un avion, c'est légitime. Tous sont frères dans la confusion entre justice et vengeance, pas personnelle bien sûr, mais de « race », de classe, de confession, de tradition : c'est tellement plus doux de tuer sous une belle bannière, con-vaincus que c'est pour la bonne cause, façon Horace : dulce et decorum est pro patria caedes, et tant pis si ensuite tout reste ou redevient comme avant... ou pire.

Puisque je refuse le syndrome d'Haman, j'ai beau avoir des noms de ma famille gravés ici [1], je ne peux pas être un "bon pur" Zyg hôte aux yeux de celles et ceux qui ont ce syndrome. Ainsi je suis plus proche du Bonobo, que de l'Humain ou du Chimpanzé (si semblables l'un à l'autre). Pour ce que l'on en connaît, les Bonobos ne s'enorgueillissent pas d'être "supérieurs", d'être à l'image d'un dieu, d'avoir plus d'âme que d'autres ; ils ne s'imposent pas des listes d'interdictions génératrices de frustrations, donc de haines, ne s'entretuent pas et savent qu'ils dépendent des autres espèces et du milieu pour leur survie. Ils ne semblent pas avoir d'inconscient qui appelle de ses vœux la peur et la mort. Pour eux, c'est toute l'année kippour, pourim et soukka (dans ou sous les arbres). Voilà des primates qui savent vivre ! Certains humains comme René Goscinny, Gotlib, Guy Konopnicki, Roberto Benigni ou Michaël Youn ont essayé ou essaient de les imiter, mais il reste du chemin à faire...

Je m'inscris pour quelques pas sur ce chemin en spirale sans fin.

C.Z.

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