Trésor d'Arras

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 24 décembre 2020 à 03:33 et modifiée en dernier par Siren (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Revers (en bas) du multiple de 10 aurei (RIC VI, 34) de Constance Chlore frappé à Trèvs en 296 et célébrant la prise de Londres. Unicum de 52,58 g. , copie par électrotype conservée au British Museum, pièce maitresse du trésor de Beaurains (original au musée d'Arras)Avers (en haut) du multiple de 9 aurei (RIC VI, 801) de Constantin frappéà Trèves en 310, 40,25g, copie par électrotype conservée du British Museum

Le Trésor d'Arras (ou trésor de Beaurains), est un trésor monétaire découvert fortuitement en 1922 sur le territoire de la commune de Beaurains. Datant du tout début du IVe siècle, il est acquis en partie par la ville d'Arras.

Historique de la découverte

Le , des ouvriers belges qui extrayaient de l'argile pour une briqueterie à Beaurains, aujourd'hui dans la banlieue d'Arras, découvrent un pot en terre cuite contenant près de 700 monnaies romaines contenues dans un vase en argent ainsi que quelques bijoux et objets de vaisselle d'argent. Malencontreusement, le trésor n'est pas mis en lieu sûr aussitôt et passe la nuit dans une cabane de chantier non gardée. Le lendemain matin une bonne moitié du trésor avait disparu[1].

Une partie des éléments volés sont récupérés et en attendant le partage difficile entre les découvreurs et le propriétaire du terrain, le trésor est mis sous séquestre en Belgique. Là encore, certains objets auraient été frauduleusement vendus. Sur intervention de l'État français, un accord est signé et c'est la ville d'Arras qui achète une partie du trésor (les droits d'un des découvreurs) pour la somme de 35 000 francs en 1927, et pour une autre partie du trésor, une somme importante, faisant partie des donations pour la reconstruction du musée d'Arras, est mobilisée.

En , une demande d'exportation de cinq monnaies exceptionnelles du trésor, faisant partie de la part du propriétaire vendue en 1927, est déposée devant la Commission consultative des trésors nationaux. La demande est rejetée, les monnaies sont déclarées trésor national et interdites de quitter le territoire[2].

Composition du trésor

Multiple de 8 solidi de Constance Chlore frappé à Trèves, ancienne collection Carlos de Beistegui, désormais au Cabinet des médailles (BNF). Le revers évoque l'établissement de la 2e tétrarchie en 305. La provenance de cette monnaie de la trouvaille de Beaurains est fortement probable.

Le trésor n'a pas pu être inventorié dès sa découverte, une partie de ses éléments a disparu ou a été dispersés. Comme ce trésor est l'un des plus exceptionnel trouvé en Europe pour cette période, les pertes qu'il a subies sont considérées comme très graves pour la connaissance numismatique romaine[3].

Dans le trésor se trouvaient des camées, un chandelier en argent, un collier constitué d'aurei.

Le total estimé des monnaies était d'environ 700 monnaies[Note 1].

L'étude scientifique du trésor est difficile du fait de sa dispersion, elle n'a été entreprise qu'à partir de 1958 par le docteur Pierre Bastien (voir livre cité en bibliographie). Il arrive à retracer 472 monnaies :

Le trésor se distingue par la présence de ces multiples ou médaillons d'or, des pièces rarissimes, non destinées à circuler, mais frappées comme pièces d'hommage pour les dignitaires de l'Empire. Parmi ces pièces exceptionnelles, se distingue le célèbre et unique médaillon valant 10 aurei, d'un poids de 52 g, à l'effigie de Constance Chlore de l’atelier de Trèves commémorant le siège et la prise de Londres en 296. Il est conservé au British Museum à Londres.

Interprétation historique

Quelques aurei du trésor exposés au British Museum.

Les monnaies rassemblent les empereurs de la tétrarchie, de Dioclétien à Constantin Ier (avant son pouvoir unique), le trésor a donc été enfoui aux environs de 315. Ce n'est cependant pas un trésor de numéraire ordinaire car il contient un nombre important de monnaies peu courantes (certaines en unicum), en état exceptionnel, sans parler des médaillons. Les historiens en déduisent que ce trésor avait une origine proche de l'empereur, il était peut-être le trésor de guerre de l'armée impériale qui stationnait dans le secteur à cette époque.

Une hypothèse, basée sur l'étude plus précise du poids des monnaies d'or et leur répartition chronologique et de leur sujet, montrerait que le trésor serait l'accumulation de deux donativum remis à un haut officier de l'armée impériale pour marquer la fin des campagnes militaires en Gaule et en Bretagne (Angleterre)[3]. Il aurait reçu une première fois une livre d'or (60 aurei) en 297, puis deux livres (120 aurei) en 305, auxquelles s'ajoutent quelques biens personnels. Il aurait alors caché ce trésor, comptant le récupérer plus tard, mais serait mort entre-temps.

Bibliographie

Notes et références

Notes

  1. Ce nombre est peut-être largement surestimé

Références

  1. Article de La Voix du Nord, 21 septembre 2011 sur le site du journal.
  2. Avis n°2017-10 de la Commission consultative des trésors nationaux sur le site Legifrance.gouv.fr.
  3. a et b Hubert Zehnacker, « Aperçus de numismatique romaine (IV) », Vita Latina, N°130-131, 1993. pp. 3-6. [1]

Articles connexes

Sur les autres projets Wikimedia :

Autres trésors romains de monnaies d'or :

Liens externes